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PARTIE 3 : SUIVI DE TRAITEMENT

3. E DUCATION THERAPEUTIQUE

3.1. D

EFINITION

A ces débuts, l’éducation thérapeutique était présentée comme ayant pour but d’améliorer l’observance des traitements, dans les pathologies chroniques. Cette notion s’est développée et enrichie. Depuis 2009, elle entre dans la cadre de la loi HPST (Hôpital, Patient, Santé, Territoire). Le patient n’est plus simplement un individu porteur d’un virus qu’il faut guérir. Aujourd’hui, il est considéré comme un malade dont il convient de prendre en compte le degré d’acceptation de la maladie et de son environnement, qui seront décisifs dans sa motivation à se soigner. L’éducation thérapeutique est un processus continu, qui fait partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient.

Ainsi, son objectif est de placer le patient au cœur de la prise en charge thérapeutique. Le but est d’augmenter son autonomie et d’améliorer son adhésion au traitement. Il devient l’acteur principal de sa prise en charge, tout en prenant en compte ses morbidités, sa qualité de vie et le soutien psychologique dont il aura besoin.

L’éducation thérapeutique doit être proposée à tous les patients et adaptée à chacun d’eux, y compris ceux en attente d’un traitement et ceux en réponse virologique soutenue.

L’éducation thérapeutique est le résultat d’une collaboration entre le patient, une association de patients et une équipe de professionnels de santé incluant l’hépato-gastroentérologue, le médecin traitant, le pharmacien ou encore l’infirmier[191][192][193].

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3.2. E

DUCATION THERAPEUTIQUE ET HEPATITE

C

L’éducation thérapeutique est essentielle dans l’hépatite C chronique. En effet, il s’agit d’une pathologie dont l’éradication virale permet de diminuer sensiblement la morbidité et la mortalité. A l’heure actuelle, les nouvelles stratégies thérapeutiques à base d’AAD sont de plus en plus performantes. Cependant, les effets indésirables et les interactions médicamenteuses peuvent limiter l’adhésion du patient au projet thérapeutique. De surcroît, la grande efficacité de ces traitements dans l’éradication du virus repose sur l’observance. Ainsi, cette dernière devient un enjeu majeur au cœur de l’éducation thérapeutique.

La réalisation consciencieuse du traitement dans son ensemble permet d’obtenir des taux de RVS très élevés. En revanche, un suivi négligent ou non optimal expose à une diminution de l’efficacité (rechute) et à un risque d’échappement thérapeutique ou à l’émergence de variants de résistance[191].

3.3. D

EROULEMENT DE L

EDUCATION THERAPEUTIQUE

3.3.1. Etape pré-thérapeutique

Elle donne lieu au premier contact entre le patient et les professionnels de santé. Elle permet d’évaluer la compréhension de la maladie par le patient, afin de faciliter son acceptation.

Un diagnostic éducatif est primordial à l’identification des besoins et des attentes du patient. Il conduit donc à fixer les objectifs avec le patient. Il permet aussi de prendre en compte son environnement socioprofessionnel et familial, ses comorbidités pouvant se répercuter sur l’évolution de la maladie et son traitement habituel. Ce dernier point permet d’évaluer les interactions médicamenteuses et renforce donc le rôle du pharmacien dans l’accompagnement thérapeutique. Le patient est ainsi informé du déroulement chronologique du traitement et des effets secondaires possibles. De plus, il est averti de l’importance de l’observance dans l’obtention de l’éradication virale.

Cette étape va également donner au malade les moyens permettant de limiter la transmission du virus, ainsi que les facteurs susceptibles d’aggraver les lésions hépatiques (alcool, surpoids).

Un accompagnement spécifique et complémentaire sera proposé aux patients en situation socio- économique difficile (troubles psychiques, addictions, situation de vulnérabilité)[191][192][194].

3.3.2. Etape thérapeutique

Il s’agit de la phase d’accompagnement du patient tout au long du traitement. Elle sert à évaluer l’efficacité du schéma thérapeutique et de la bonne observance. Elle permet d’ajuster le traitement en fonction de la tolérance individuelle et de l’évolution de la maladie.

Durant cette étape, les professionnels de santé s’assureront du maintien des posologies prescrites, de la conduite à tenir en cas de prises oubliées et de l’absence d’interactions médicamenteuses. Des consultations visant à gérer les effets indésirables et à les traiter seront également essentielles.

88 Elle permet de mesurer l’impact sur la qualité de vie du patient, et lui permet d’exprimer son vécu de la maladie et sa manière de la gérer au quotidien[191][193][195].

3.3.3. Etape post-thérapeutique

La guérison virologique ne signifie pas la guérison du malade et la fin du suivi thérapeutique. C’est pourquoi, cette étape a pour objectif de s’assurer de l’élimination du virus sur le long terme, et de l’amélioration de la maladie hépatique.

Elle va permettre de ne pas négliger les comorbidités (alcool, surpoids, diabète, addictions, complications métaboliques) et de contrôler l’absence de complications à long terme. En effet, le risque de carcinome hépatocellulaire diminue après l’éradication virale mais ne disparaît pas complètement.

Le traitement a un retentissement important sur le patient. La phase post-thérapeutique est donc nécessaire pour vérifier l’amélioration de son état de santé et sa qualité de vie, ainsi que de son insertion socioprofessionnelle.

Le suivi post-thérapeutique est également indispensable en cas de rechute, parce que la déception du patient est immense et les conséquences psychologiques importantes. La prise en charge est alors fondamentale pour que le malade ne perde pas espoir et envisage de nouvelles solutions thérapeutiques[191][192].

3.4. C

ONSEILS AUX PATIENTS

Comme il a été mentionné précédemment, les malades doivent apprendre à limiter les dommages causés à leur foie. L’un des phénomènes les plus délétères est la consommation d’alcool. Celle-ci peut favoriser le développement d’une stéatose hépatique, accélérer la progression de la fibrose et le risque de carcinome hépatocellulaire. D’après l’OMS, le risque de problèmes liés à l’alcool est fortement accru au-delà de 30g d’alcool par jour pour les hommes et de 20g pour les femmes. Le « binge-drinking », caractérisé par la consommation d’au moins 60g d’alcool au cours d’une seule occasion, est également très défavorable. Toute personne débutant un traitement devrait donc s’abstenir de boire de l’alcool. La consommation chronique d’alcool n’est cependant pas une contre- indication à la thérapie antivirale. Elle invite, cependant, à une prise en charge adéquate pour faire diminuer, voire cesser la consommation et s’assurer de l’observance au traitement.

Au cours de l’étape pré-thérapeutique, les patients sont informés des précautions à prendre pour éviter d’exposer d’autres personnes au virus de l’hépatite C. Ceci est particulièrement important chez les usagers de drogues, car la transmission du virus dans cette population est considérable (du fait de l’échange de matériels d’injection). La prise en charge de ces patients doit donc être multidisciplinaire et s’effectuer au sein de structures adaptées. Ces dernières s’assureront de la bonne observance, de la prise en charge des problèmes sociaux coexistants et de limiter le risque de nouvelles contaminations.

Le diabète, le syndrome métabolique ou l’obésité sont des facteurs de risque de progression de la fibrose par développement d’une stéatohépatite. Les patients souffrant de ces pathologies doivent ainsi suivre des consultations visant à les aider à perdre du poids, à faire de l’exercice et à augmenter leur résistance à l’insuline.

89 La vaccination contre le virus de l’hépatite A, le virus de l’hépatite B et le pneumocoque est recommandée.

L’évaluation de l’état de fibrose est obligatoire, afin de déterminer la meilleure stratégie thérapeutique et de la nécessité de débuter des mesures supplémentaires pour la surveillance de la cirrhose (comme le dépistage du CHC).

A cause du risque d’interactions médicamenteuses, les professionnels de santé doivent également expliquer aux patients que la prise concomitante de certains aliments est à proscrire, comme le jus de pamplemousse (augmentation de la fréquence et de la gravité des effets indésirables) ou le Millepertuis (diminution de l’efficacité thérapeutique)[76][191][196].

3.5. C

ONCLUSION

Avec l’avènement des antiviraux à action directe, l’éducation thérapeutique a vu son utilité s’agrandir. Elle permet d’améliorer l’adhésion du patient au traitement et de souligner l’importance de l’observance, indispensable au succès thérapeutique.

L’éducation thérapeutique fait partie de la prise en charge à long terme. C’est un processus continu, adapté au mode de vie du patient et à l’évolution de la maladie. Elle se construit avec le malade et doit également inclure les proches pour être encore plus efficace.

Cependant, le faible recul, depuis la mise sur le marché de ces AAD, ne permet pas d’assurer l’absence d’effets indésirables rares et graves non mentionnés dans les études.

Enfin, l’un des obstacles majeurs à la mise en place de l’éducation thérapeutique reste le manque de financement[191][192][193].

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