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à Langoiran et à Isle-Saint-Georges

3.1.2. Les données archéologiques

Les données archéologiques et le texte ancien cité précédemment ont été fournis par Sylvie Faravel, pour Langoiran, et Anne Colin, pour Isle-Saint-Georges, toutes deux historiennes

Fig. 37 – Évolution de la Garonne sur le tronçon Langoiran-Isle-Saint-Georges depuis 1716. Sources : IGN (carte de Matis, carte topographique et photographies aériennes), Archives départementales du Lot-et-Garonne (carte de Belleyme en accès libre sur http://www.cg47.org/), Archives nationales (carte anonyme de 1868, référence F-1410059-1).L’étude diachronique des différentes archives démontre un resserrement du méandre présent vers Langoiran depuis le XVIIIe siècle. En revanche, le tracé de la Garonne ne semble pas avoir connu de changement notable au voisinage d’Isle-Saint-Georges. Entre ces deux secteurs, plusieurs îles fluviales semblent avoir disparues au cours du XXe siècle, après d’être développées au XVIIIe siècle. L’imprécision importante de la carte de Matis qui, en particulier, ne place pas le versant de rive droite au même endroit que les autres documents, incite néanmoins à la prudence concernant l’absence d’île sur cette portion du fleuve en 1716.

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et/ou archéologues au sein de l’université Bordeaux-Montaigne et de l’Institut Ausonius. Si l’histoire paléoenvironnementale est d’un grand intérêt pour les études archéologiques, ces dernières sont d’une grande utilité pour reconstituer les paléoenvironnements puisque certains vestiges archéologiques sont de très bons indicateurs de l’emplacement des paléochenaux. L’un des exemples les plus probants est la cale d’accostage qui, de fait, indique la position d’une berge. Un tel aménagement, empierré et datant du Ier siècle de notre ère, aurait été identifié dans les années 1980 à l’est du bourg d’Isle-Saint-Georges (fig. 37). Sa présence reste néanmoins incertaine car très mal documentée (Colin et al., 2015). D’autres vestiges révèlent uniquement une activité liée au fleuve et donc, potentiellement, une grande proximité du chenal. C’est le cas des nombreux plombs pour filet de pêche mis au jour à Isle-Saint-Georges (Colin et al., 2015a) et sur le castrum du Castéra de Langoiran (Faravel, 2008, 2012). Des objets a priori sans lien avec le fleuve peuvent aussi se révéler très utiles pour la reconstitution paléohydrographique. Les dragages de la Garonne ont exhumé plusieurs épées de l’âge du Bronze à hauteur d’Isle-Saint-Georges (Roussot, 1972 ; Roussot-Larroque, 1989, 1992).De telles accumulations d’armes dans les cours d’eau sont généralement attribuées à des rites ou à des combats sur les gués, ces deux hypothèses étant en confrontation (Briard, 1971 ; Pons et al., 1994). Dans les deux cas, les amas d’épées ne résulteraient pas d’un transport récent sur le fond du chenal mais d’un dépôt in situ, ce qui tend à indiquer que le fleuve occupait son emplacement actuel à certaines époques passées, du moins vers Isle-Saint-Georges. Il semblerait cependant que plusieurs épées de ce type aient aussi été trouvées dans la Garonne jusqu’à Bordeaux (Lièvre, 2001).

3.1.3. La topographie

La topographique actuelle peut aider à détecter les autres emplacements occupés par la Garonne maritime au cours de l’Holocène. En effet, les formes du relief relèvent des dynamiques naturelles (alluvionnement) et des dynamiques anthropiques (parcelles agricoles) elles-mêmes dépendantes de la nature du terrain. Elles sont donc susceptibles de mettre en exergue des paléo-formes fluviales. En outre, l’alignement des terrains et/ou les anomalies négatives du relief sont susceptibles de correspondre à d’anciens chenaux tandis que les anomalies positives peuvent correspondre à d’anciens bancs alluviaux, îles fluviales, deltas de rupture de levée ou cônes de déjection. La topographie a été étudiée à partir de quatre sources de données : 1) la carte topographique au 1/25.000 ; 2) les photographies aériennes de 0,5 m de résolution couvrant les années 2002 à 2013 (Géoportail, Google Earth ; fig. 38) ; 3) les observations de terrain et 4) les données LiDAR (Light Detection And Ranging : détection et télémétrie par ondes lumineuses) fournies par l’Institut Ausonius. Ces données LiDAR ont été acquises par l’IGN en 2011-2012. Elles offrent une haute précision de 20 cm en altimétrie et 50 cm en planimétrie (2 points de mesure/m²), ce qui s’est révélée indispensables pour distinguer des anomalies du relief car la plaine alluviale est très homogène d’un point de vue altimétrique. Par ailleurs, elles ont nécessité un traitement à l’aide d’un système d’information géographique (SIG) que j’ai effectué pour faire ressortir au mieux les anomalies du relief (fig. 39 et 40).

Fig. 38 – Détection de paléo-berges sur les photographies aériennes. Les parcelles, la végétation et le réseau de drainage semblent épouser au moins six tracés (pointillés jaune). À Langoiran, le premier (n° 1) est identifiable grâce à la présence d’une zone hydromorphe délimitée par une rangée d’arbres subparallèle à la berge actuelle. Cette zone hydromorphe était d’ailleurs abondamment boisée dans les années 1970 (fig. 37). La seconde limite identifiable marque le changement d’orientation du réseau de drainage (n° 2). Sur la commune d’Isle-Saint-Georges, l’alignement, la disposition semi-circulaire des parcelles et du réseau de drainage met en lumière trois tracés potentiels (n° 3) au sud du bourg, et un dernier au nord en bordure de la berge actuelle (n° 4).

Fig. 39 – Microtopographie du fond de vallée dans le secteur de Langoiran. Données LiDAR ©IGN-PARIS-2012, convention n°0221/GIP ATGeRi, traitées sous le logiciel Qgis. La microtopographie met en exergue quatre éléments majeurs : (1) une légère surélévation de la rive concave au sud du secteur ; (2) une zone de faible altitude au sud des gravières en eau ; (3 et 4) un secteur en « marches d’escalier » entre le Castéra de Langoiran et le chenal actuel de la Garonne qui pourrait être hérité de plusieurs paléochenaux.

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Ces diverses données ont mis en lumière de potentiels paléochenaux en rive droite du chenal actuel de la Garonne, dans le secteur de Langoiran (fig. 38 et 39) et en rive gauche au sud d’Isle-Saint-Georges (fig. 38 et 40).

Fig. 40 – Microtopographie du fond de vallée dans le secteur d’Isle-Saint-Georges. Données LiDAR ©IGN-PARIS-2012, convention n°0221/GIP ATGeRi, traitées sous le logiciel Qgis. Quatre zones surélevées par rapport à leur environnement sont mis en exergue par la microtopographie : une (1) en rive convexe à l’entrée d’Isle-Saint-Georges ; une seconde (2) correspondant au bourg d’Isle-d’Isle-Saint-Georges qui pourrait être héritée d’une ancienne île ou d’un ancien banc ; une (3) dans l’axe mis en évidence par la forme des parcelles et du réseau de drainage (fig. 38) qui, vu la forme, serait plutôt l’héritage d’un chenal ; une dernière (4) entre le bourg et le chenal actuel. Les anomalies 1 et 4 pourraient résulter de la sédimentation naturelle en rive convexe ou d’un héritage fluvial (banc ou île).