• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 : REGARD DES FEMMES SUR LES INÉGALITÉS

4.1 Discriminations

4.1.2 Division sexuelle

Décrivant un dîner typique, les femmes rencontrées ont souligné l’importance de la femme dans la famille. Elles affirment que les sphères d’activités intérieures se- raient exclusivement attitrées aux femmes, alors que celles extérieures étaient ré- servées aux hommes :

Woman she does everything, she take care of man’s family, she prepares food for them and for him, when her husband earn, she manages the money. Badia, 30 ans, musulmane

Family members presume that women have to do housework. Yasmin, 25 ans, musulmane

Certaines d’entre elles croient que les garçons étant perçus comme des pourvoyeurs de la famille, ils semblent par ailleurs être mieux nourris que les filles :

So many people think that boy is earning money, one day he will earn for us, so that’s why they give nice food for boy, for girl only some chuckney (sauce) and chapattis (pain) because girls have to go to anoth- er home. Karîma, 25 ans, musulmane

61

La qualité de la nourriture et la quantité servie semblent refléter l’importance d’une personne dans une famille. En revanche, certaines participantes semblent minimi- ser une discrimination réelle, soit l’existence d’une division sexuelle au sein de leur famille. Ces femmes disent que tous les membres sont égaux et mangent en même temps, alors que la société aurait une opinion différente de la leur à ce sujet. En rapport avec cette division dite égalitaire entre les membres au sein de la famille, une autre participante affirme qu’il n’existe aucune division, mais se contredit lors- qu’elle précise que les aînés sont servis en premier lors du repas et qu’ensuite les autres peuvent manger.

D’autres aspects peuvent être soulignés, comme le fait que certaines personnes peuvent ou non disposer de la nourriture, ou encore en termes de permissivité, de tolérance pour toutes autres activités du quotidien, voici un exemple relevé par Alîza:

Yes, of course for food, for watching television, (at my parents’ house, I have two brother they watch tv whatever they want.) We can’t because we are girls. The food even we have there, there is no food for us it’s ok if there is no food left, but for them (brothers) there should be food availa- ble. Alîza, 22 ans, musulmane

Les restrictions s’étendent en dehors des sphères privées et touchent les comporte- ments publics. Notamment, comme le souligne Marisa, les déplacements des filles à l’extérieur sont sujets à un degré élevé de contrôle. L’insécurité des femmes au sein de la société serait une des raisons pour lesquelles les parents ne permettent pas aux filles d’aller à l’extérieur, contrairement aux garçons :

There is violence against women. In our society if a woman talk with other man, parents do not permitted to talk with other man than her brother. After or before marriage. Many things are behind this situation, safety of women is not satisfied in areas. Many type of cases. They don’t permitted to go outside. Sexual harassment cases, parents think for the safety of the children, they don’t permitted women to go outside, but man can do. Marisa, 22 ans Hindoue

À cet égard, cette peur, à laquelle Marisa fait allusion, amène les parents à vouloir empêcher leurs filles d’être exposées à un danger éventuel, mais aussi, comme le dit Karîma, surtout pour éviter que le voisinage répande des rumeurs concernant leur

62

façon d’élever leurs enfants, plus particulièrement leurs filles. En bref, pour la communauté, le fait que les parents aient permis à leurs filles d’aller à l’extérieur pourrait être considéré comme de la négligence parentale (Voir le Tableau 1).

Tableau 1 Pratiques culturelles de socialisation de l’enfant

Selon Yasmin, on tient pour acquis dans la famille que les femmes doivent faire les tâches ménagères dans la maison, mais cette dernière ajoute qu’en fait le rôle de la femme est bien plus que cela : c’est elle qui fonde la famille. Yasmin soutient qu’il y a des inégalités dans sa famille, car il y a des différences entre les filles et les gar- çons. On porterait davantage attention aux enfants de sexe masculin, alors que ceux de sexe féminin doivent s’attendre à ce que leurs attentes ne soient pas rem- plies65. Selon Yasmin, l’attention portée aux garçons et le désir des parents de com- bler leurs besoins porteraient à croire qu’il y a une hiérarchie entre les sexes et que les garçons auraient une place privilégiée dans la famille. Elle réitère qu’il n’y a pas d’égalité entre les hommes et les femmes au sein de la société indienne. Naisha in- siste, elle aussi, sur le fait qu’il existe une division entre les sexes. Pour expliquer

65 Voir le tableau 1, intitulé Pratiques culturelles de socialisation de l’enfant. Normes éducatives

Interdictions – Filles Permissions – Garçons

Restrictions et responsabilités Privilèges et laxisme

« There is violence against women. In our society if a woman talks with another man, parents do not permit- ted to talk with other man than her brother. After or before marriage. Many things are behind this situation, safety of women is not satisfied in areas. Many type of cases. They’re not permitted to go outside. Sexual har- assment cases, parents think for the safety of the chil- dren, women are not permitted to go outside, but man can do. » Marisa

«Sex division appear in all the families. If my husband and I arrive at home, all the attention is taken to my husband. If my brother comes to job; at that time, care goes to my brother, he have an extra » Marisa

« I want to be a boy, lots of work I did, cleaning, I want

to earn, I want to go outside like a boy. » Karîma « Yes, of course for food, for watching television, (at my parents’ house, I have two brother they watch TV what- ever they want.) We can’t because we are girls. The food even we have there, there is no food for us it’s ok if there is no food left, but for them (brothers) there should be food available ». Alîza

« They can go both outside, girl should be careful, what- ever she want to do outside just complete that work. » Arya

« My boy he plays, he goes to school, but my daughter goes to school and do house cleaning. I want my girl to stay at home, if I want to buy milk, I will send my boy. I don’t allow my girl to go, because boys they tease, they comment. Neighbours they will also say, see that lady she let her girl go. » Karîma

«Boys are not good (…) Boys they do their own, whatever they want to do, and they are rooming there and there. Boys don’t take care of parents, but girls they do. » Dar- ra

63

ses propos, elle fait référence ici à l’aide quelle peut recevoir ou non de la part d’une fille et d’un garçon pour faire les tâches : « If you have a girl you can ask her for help, but if you have a boy, you cannot ask him, no one can ask. » Les filles seraient socialisées aux tâches ménagères pour aider leur mère, mais qu’en est-il des gar- çons? Aux dires de Naisha, les garçons n’auraient que des mauvaises habitudes; selon elle, ils apprennent seulement à boire.

À l’opposé, Warda66 nous mentionne que la division des sexes au sein de sa famille n’est pas présente, mais lorsqu’elle me fait part d’un exemple de tous les jours, on voit que la division est apparente : « My husband’s sister served the food, but now i’m doing it because my sister-in-law is not there. » Elle semble vouloir souligner ici que ce sont les femmes qui servent le repas et qu’en l’absence de sa belle-sœur, Warda doit faire ces tâches. En terminant, il est possible de dire que certaines des répondantes perçoivent des différences entre les sexes, mais ne sont pas nécessai- rement enclines à nommer ces différences comme étant des inégalités.

Documents relatifs