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La disponibilité des services de VàDA

En France, la grande majorité des services de VàDA sont accessibles via un site internet en OTT (73 % des services). Certains éditeurs développent des applications mobiles (46 % des services) ou des interfaces compatibles avec d’autres équipements connectées (téléviseurs connectés, consoles de jeux, clés HDMI, boîtiers OTT, etc.). Un tiers des services sont également repris dans les offres de services audiovisuels des distributeurs (fournisseurs d’accès à internet, Canal Plus).

Figure 18 : Disponibilité des services selon les supports (%)

CSA, Avril 2020

21 % des services sont à la fois disponibles en auto-distribution sur internet et dans les offres des distributeurs, 14 % des services sont disponibles uniquement via les offres des distributeurs et 65 % sont disponibles uniquement sur internet.

La reprise des services dans les offres audiovisuelles des FAI et de Canal Plus constitue un enjeu majeur pour les éditeurs de services de VàDA160, le téléviseur captant une part importante de la consommation de ces services (voir 2.1.1).

En France métropolitaine, au premier semestre 2020, 59,2 % des foyers équipés en téléviseur(s) reçoivent la télévision par le biais d’une offre triple-play (FAI). Ce sont autant de clients potentiels que pourraient atteindre les services de VàDA grâce à des accords de distribution avec les FAI.

En outre, sur 26,3 millions de téléviseurs connectés donnant accès à des contenus en OTT, 70 % sont connectés via le décodeur TV du FAI161. La connexion OTT du téléviseur via les

160 Aujourd’hui, plusieurs éditeurs de services disponibles uniquement en OTT confient qu’ils ne pourront atteindre leur seuil de rentabilité s’ils ne sont pas repris, à terme, dans les offres des distributeurs.

73%

46%

35%

24%

Site internet

application mobile

offres des distributeurs

site et/ou application compatibles pour d'autres équipements connectés (clés,

consoles de jeux, TV connectées…)

décodeurs TV des FAI représente donc un marché potentiel important pour les services de VàDA uniquement accessibles sur internet.

Du point de vue des distributeurs, leur appétence pour les services de VàDA dépend, d’une part, de leur propre stratégie de contenus et, d’autre part, de la nature et de l’attractivité des services de VàDA analysés au regard des coûts de développements techniques et marketing nécessaires à la reprise dudit service.

Stratégie des FAI et de Canal Plus et modalités de reprise des services par les distributeurs

Les distributeurs de services historiques sur le marché français ont perçu très tôt le risque de désintermédiation présenté par les services de VàDA. De ce fait, à l’exception de Bouygues Telecom, ils ont tous tenté d’investir ce marché :

• Free a été le premier FAI à proposer un service de VàDA en 2007, avec l’offre FHV, proposant des séries, des films de cinéma et des programmes jeunesse. Fermé en 2012, ce service a été la seule tentative en la matière de la société de l’opérateur ;

• en 2011, le groupe Canal Plus s’est appuyé sur son activité d’édition, pour proposer l’offre de cinéma et de séries CanalPlay. Le service, contraint dans son offre de cinéma par la chronologie des médias, a fermé en novembre 2019 au profit de Canal+ Séries, service exclusivement consacré à des programmes audiovisuels et lancé en mars 2019 ;

• si Orange n’a pas lancé, à proprement parler, d’offre de VàDA, le service OCS Go proposé à partir de 2013 constitue une incursion sur ce marché. Du point de vue de l’utilisateur, en effet, l’abonnement mensuel permet d’accéder en illimité à un catalogue de films de cinéma et série, préalablement diffusés sur le flux linéaire de la chaîne payante ;

• Enfin, peu de temps après son acquisition par Altice, SFR s’est aussi essayé à l’édition d’un service de VàDA en lançant Zive, avec un catalogue essentiellement tourné vers les films de cinéma162. Le service, renommé SFR Play, a été repositionné en 2018 pour devenir une offre de quatre bouquets thématiques accessibles en over the top163. Bouygues Telecom, pour sa part, a fait le choix de s’en tenir à la distribution des services de VàDA et a été le premier FAI à signer un accord de distribution avec Netflix en 2014164.

Aujourd’hui, qu’ils éditent ou non un service en propre, tous les fournisseurs d’accès internet et le groupe Canal Plus distribuent des services de VàDA français et étrangers dans leurs offres.

Ces services s’intègrent soit dans la numérotation classique des distributeurs, soit dans une mosaïque dédiée regroupant les services non linéaires165.

161 Les téléviseurs restants sont connectés par un autre mode de connexion (Smart TV, console de jeux, boitier OTT, ordinateur). Plus de 40 % des téléviseurs connectés le sont par plusieurs biais (combinaison du décodeur TV du FAI et de la Smart TV, par exemple).

162 SFR avait également acquis les droits exclusifs pour une exploitation non linéaire de plusieurs séries préfinancées par la filiale de production du groupe, Altice Studios (Les Médicis, The Same Sky, Taken).

163 Les accords avec plusieurs studios américains (notamment NBC Universal et Disney) sont arrivés à échéance et n’ont pas été renouvelés. Aujourd’hui, SFR propose quatre bouquets thématiques disponibles via un boitier ou en OTT (Découverte, Divertissement, Jeunesse, Séries), composés de services de télévision et du catalogue de VàDA de SFR Play (SFR VOD Illimité).

164 RTL, Netflix : Bouygues Télécom signe un accord avec le géant américain, 15/09/2014.

165 Selon les distributeurs, soit sur le canal zéro, soit dans une rubrique dédiée de l’interface.

Figure 19 : Services de VàDA repris dans les offres des FAI et de Canal Plus en 2020

CSA

Orange ne semble pas poursuivre de stratégie d’intégration verticale avec ses services de télévision linéaires et son service de télévision de rattrapage associé, OCS. La filiale Orange Studio se mobilise sur la production de séries mais demeure une structure modeste.

Les activités de fourniture d’accès à internet restent séparées des activités d’édition et de production.

Les accords de distribution signés par le groupe Canal Plus avec Disney+ et Netflix présentent la particularité d’intégrer des services « clé en main » dans MyCANAL (affichage en vitrine des contenus sur MyCANAL, toutefois consommés sur le service tiers).

Les différentes modalités de reprise des services de VàDA par les distributeurs Il existe aujourd’hui plusieurs modèles de distribution des services de VàDA par les FAI ou par Canal Plus. Le choix du modèle va dépendre là aussi de la stratégie du distributeur et de la nature de l’éditeur.

Parmi les services qui figurent directement sur l’interface d’accueil des décodeurs, certains concluent des accords de distribution « classiques », tandis que d’autres privilégient un modèle d’ « auto-distribution » (Netflix, Amazon et Disney+) à l’image de celui qu’a retenu le groupe Canal Plus pour ses chaînes. Dans ce second cas de figure, sans que cela ne soit perceptible du point de vue de l’interface offerte au consommateur, le distributeur perd le lien avec l’abonné car l’éditeur gère directement la relation commerciale et détient les données de consommation.

Dans le modèle de distribution classique (dit « achat pour revente »), le distributeur de services audiovisuels conclut des accords de distribution avec des éditeurs de services afin de créer des bouquets thématiques (jeunesse, sport, divertissement, etc.) et gère directement la facturation auprès de l’utilisateur final, reversant par la suite à l’éditeur la part qui lui revient.

Un partage de recettes peut s’opérer soit dès le « premier euro » soit après le versement d’un minimum garanti à l’éditeur. Dans ce modèle, seul le distributeur possède un accès aux

données d’usage lui conférant une meilleure connaissance du consommateur, l’éditeur n’ayant aucune relation directe avec les abonnés.

Aujourd’hui, la commission prélevée par le distributeur représenterait entre 10 % et 15 % du chiffre d’affaires réalisé par le service de VàDA via l’offre du distributeur. Les contrats qui lient les éditeurs de VàDA aux distributeurs ne prévoient pas de rémunération pour les abonnés des distributeurs qui ont souscrit à un abonnement au service par un autre moyen, quand bien même ceux-ci accèderaient au service via le boîtier du distributeur.

Dans le modèle d’« auto-distribution » qui est le modèle historique des chaînes Canal+, et aujourd’hui celui de Netflix, d’Amazon Prime Video ou de Disney+, l’éditeur maîtrise la relation commerciale avec l’utilisateur final et le distributeur perçoit une rémunération pour l’intégration technique du service dans les boîtiers. L’éditeur assume l’ensemble des responsabilités liées à la distribution. Il fixe les prix, contrôle et maîtrise la politique commerciale du produit. Il peut gérer lui-même la facturation ou la confier au distributeur. Il reverse au distributeur une commission perçue sur le chiffre d’affaires (les nouveaux abonnements) réalisé depuis le boîtier, soit dès le « premier euro » soit après atteinte d’un minimum garanti. L’éditeur collecte et gère le traitement des données des utilisateurs auxquelles le distributeur n’a pas accès, quelle que soit la manière dont l’abonné est facturé.

Le distributeur connaît seulement le nombre de souscriptions aux services via ses offres et le volume de trafic généré par les services sur le réseau.

Pour les distributeurs, les modalités financières de l’auto-distribution des services de VàDA sont moins avantageuses que celles du modèle classique de distribution, mais l’appétence grandissante du public pour ces services ne leur permet plus de s’en passer et déséquilibre le rapport de force.

Par ailleurs, le modèle d’auto-distribution limite la capacité de différenciation des distributeurs, ceux-ci n’ayant aucun pouvoir d’action sur le prix des abonnements et l’éditorialisation des contenus proposés par les services de VàDA. Leur rôle est alors réduit à la gestion de l’intégration technique du service dans les boîtiers et au transport des contenus sur le réseau.

De plus, un jeu de concurrence s’installe entre les services de VàDA qui pourraient, à l’avenir souhaiter ne pas faire partie de la même offre thématique que leur concurrent, ce qui compliquerait l’activité du distributeur.

Disney+ s’est distingué à son lancement par une stratégie de distribution originale, son éditeur ayant choisi de restreindre sa reprise au seul distributeur Canal Plus, en plus de son auto-distribution sur internet. Sur le même modèle que ce qui existe en sport (avec BeIN ou RMC qui sont également disponibles en auto-distribution sur internet en complément de leur reprise par des distributeurs « classiques »), les deux modes de distribution attestent de formes d'usage complémentaires.