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Discussion et limites

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 175-179)

Problèmes de perception des distances en RA

IHM Sup. à

8.2.2.4 Discussion et limites

8.2.2.4.1 La dominance oculaire

Les résultats de cette expérimentation, bien que ne permettant pas de confirmer nos hypothèses initiales, sont particulièrement intéressants. A notre connaissance, cette étude est la première à s’intéresser à l’impact de la dominance oculaire sur la perception des distances en RA, il est donc difficile de la comparer à d’autres résultats. Cette étude ne montre pas de différence significative entre l’œil directeur et l’autre œil. L’absence d’effet de la dominance peut potentiellement s’expliquer de deux manières différentes et opposées:

- La dominance oculaire n’a aucun effet sur la perception des distances. Il y aurait donc une équivalence fonctionnelle des deux yeux sur ce type de études complémentaires confortaient ce résultat, cela impliquerait que l’on peut donc positionner le restituteur devant l’œil de notre choix sans impacter les de faciliter la gestion et l’intégration de deux images différentes simultanément.

Cependant, le restituteur employé dans le cadre de cette expérimentation ne permettait pas d’afficher la RA seulement d’un côté.

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Par conséquent, cela imposait de masquer l’œil non testé. Dans cette situation de vision monoculaire, notre système perceptif ne reçoit qu’une seule source d’informations visuelles, il n’y a donc pas de risque de conflit entre les deux yeux. Il est possible que dans ce contexte, le phénomène de dominance n’étant pas nécessaire, qu’il n’y ait aucune différence fonctionnelle entre les deux yeux.

Afin de tester cette hypothèse, il serait intéressant de reproduire cette expérimentation en utilisant un restituteur permettant d’afficher l’environnement réel en stéréoscopie et la RA seulement devant un seul œil. Ainsi, la nécessité de dominance oculaire serait préservée tout en permettant de tester indépendamment chaque œil sur la tâche d’estimation des distances.

Une deuxième explication possible de l’absence d’effet serait que la dominance oculaire, tout comme la disparité binoculaire, n’aurait un effet prépondérant sur la perception de la profondeur essentiellement qu’à courte distance (Cutting, 1995). Dans notre expérimentation, les cibles sont placées entre 8m et 33m, ce qui correspond à l’espace intermédiaire et au début de l’espace lointain dans la classification de Cutting. A l’instar des indices binoculaires, il est possible que dans ce contexte, l’effet des indices monoculaires soit plus important que celui de la dominance oculaire. Par conséquent, les indices de profondeur utilisés dans le protocole auraient donc masqué ou compensé les différences de performances entre l’œil directeur et l’autre.

Il serait intéressant, pour vérifier cette hypothèse, de reproduire ce protocole mais à courte distance (moins de 3m). Ainsi, la sensibilité de l’écart entre les deux yeux serait potentiellement suffisante pour mettre en évidence un quelconque effet de la dominance oculaire.

8.2.2.4.2 Effet du feedback visuel final

Le choix d’utiliser un feedback dans notre protocole a été motivé par les résultats de l’étude de Mohler et al. (2006). Mais contrairement à cette expérimentation, nous n’obtenons pas d’effet significatif de la présentation du feedback sur les performances d’estimation des distances. Afin d’analyser les causes de cet écart entre nos résultats, il convient d’identifier les différences expérimentales qui ont pu influencer les performances des participants.

Tout d’abord, une des principales différences entre ces deux études est la nature de l’environnement. Dans celle de Mohler, l’expérimentation s’est déroulée en réalité virtuelle et non en réalité augmentée comme dans notre situation. Cette première distinction est importante dans la mesure où, comme l’indique la revue de la littérature (voir section 0), les erreurs d’estimation des distances sont beaucoup moins importantes en RA qu’en RV. Par conséquent, il est possible que l’effet de l’apprentissage par présentation d’un feedback soit plus prononcé en RV, là, où les erreurs sans apprentissage sont très importantes.

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Par ailleurs, les auteurs de cette étude n’ont pas utilisé les mêmes méthodes d’estimation des distances que dans la nôtre. En effet, ils ont appliqué les techniques d’estimation verbale et de Blind walking et non la technique de correspondance perceptuelle utilisée dans notre expérimentation. Cette seconde distinction peut aussi en partie expliquer les différences de résultats obtenus. Comme l’indique la revue de la littérature sur les techniques d’estimation des distances (voir section 3.4.1.4), l’approche employée dans notre étude fournit les meilleures performances. Ce choix de méthode a donc potentiellement aussi participé à réduire les erreurs d’estimation recueillies.

De plus, cette différence de méthode introduit un autre aspect ayant pu participer aux écarts de résultats constatés. Dans notre protocole, les participants devaient déplacer un objet virtuel pour estimer les distances, contrairement à l’étude de Mohler et al. Le fait d’afficher un objet a permis d’introduire des indices de profondeur (taille relative et taille familière) qui n’étaient donc pas disponibles dans leur étude. Ce nombre d’indices de profondeur plus important a aussi pu permettre aux participants d’estimer plus précisément les distances et donc de réduire les erreurs. Autrement dit, les erreurs étant moins importantes dans notre étude comparativement à celle de Mohler, il est possible que l’effet de l’apprentissage soit suffisamment moins important pour ne pas être détecté par les tests statistiques que nous avons effectués.

Pour tester cette hypothèse, le plus simple serait de reproduire ce protocole en y intégrant les deux principales techniques d’estimation des distances (correspondance perceptuelle et Blind walking). Ainsi, cela permettrait de vérifier si l’absence d’effet de l’apprentissage constatée est bien due à la technique employée. Une autre solution serait de complexifier la tâche expérimentale en supprimant progressivement certains indices de profondeur afin de réduire l’effet plafond des erreurs. De plus, Cela permettrait de comparer l’efficacité des différents indices utilisés ici sur les performances d’estimation des distances.

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