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Cette étude d’une durée d’un an visait à induire des modifications au niveau des habitudes de vie par une alimentation saine et la pratique régulière d’activité physique pour obtenir une perte de poids et améliorer la santé d’hommes avec obésité viscérale. De fait, l’efficacité d’un tel programme était déjà établie [22]. Afin de présenter un profil de risque cardiométabolique détaillé des participants avec un phénotype d’adiposité abdominale, cette étude a testé ses hypothèses au-delà des mesures traditionnelles d’adiposité. Le phénotype est relié à la DDVG dans la littérature [11-13, 45, 51]. Cependant, les déterminants de la réversibilité de la DDVG ne sont pas clairement caractérisés suite à une intervention n’impliquant aucun médicament ou chirurgie. Peu d’études ont utilisé une telle approche [11-16, 18, 19]. La littérature disponible suggère donc que chez des sujets obèses, la perte de poids et l’exercice en aérobie peuvent améliorer quelques caractéristiques de la DDVG. Pour affiner l’évaluation de la réversibilité de la DDVG, notre étude a tenu compte du diagnostic de DDVG, prenant en considération toutes les caractéristiques de la fonction diastolique, dans leur ensemble, selon les recommandations [61].

Les résultats de cette étude ont démontré que la DDVG est réversible suite à un programme de modification des habitudes de vie incluant une saine alimentation et la pratique régulière d’activité physique. Bien que les participants aient significativement amélioré leurs indices d’adiposité, leur tolérance à l’effort et leur tolérance au glucose, ces améliorations ne semblent pas reliées à l’amélioration de la fonction diastolique ventriculaire gauche. Le double-produit à l’effort (RPP Max), qui est le produit de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle systolique maximale à l’effort, s’est aussi amélioré de façon significative mais cette amélioration ne corrélait pas avec l’amélioration de la fonction diastolique [112]. Il est à noter que la perte de poids atteinte (7,2% du poids initial) est sécuritaire et gage de succès à long terme [39, 80].

En décortiquant les deux groupes séparément, soit celui ayant amélioré sa DDVG et celui ne l’ayant pas améliorée, les seules différences observées concernaient certaines

caractéristiques de départ, soit : la glycémie à 180 minutes post-OGTT, les METs dépensées au quatrième palier du test à l’effort sur tapis roulant et la tension artérielle systolique maximale atteinte au même test. Tous les participants seraient classés « à risque de diabète » selon leur glycémie à jeun, supérieure à 5,6 mmol/L [2-4]. Ceux qui ont été en mesure d’améliorer leur DDVG avaient une tolérance au glucose particulièrement diminuée suite au test de l’OGTT comparativement à l’autre groupe. Ils avaient aussi une tension artérielle systolique maximale à l’effort supérieure. Enfin, ce groupe était celui ayant le mieux performé au test de tolérance à l’effort sur tapis roulant. Ainsi, ceux ne s’étant pas amélioré au niveau de la DDVG présentaient de meilleurs paramètres métaboliques, bien que moins tolérants à l’effort, au début de l’étude.

Théoriquement, la DDVG pourrait être renversée par le processus inverse qui l’a induite. En contexte d’obésité, une réduction du stress sur les parois du ventricule gauche par la réduction du volume sanguin circulant, ce dernier causé par une perte de poids total, pourrait être une façon logique de traiter la DDVG [66]. En cas d’anomalies métaboliques, la relaxation et le remplissage ventriculaire sont altérés [113]. Un meilleur contrôle glycémique aurait donc pu être un bon moyen de renverser la DDVG. Plus spécifiquement, l’obésité viscérale est associée à davantage d’anomalies métaboliques [45, 51, 53]. La diminution de l’obésité viscérale semblait donc une hypothèse valide pour déterminer l’amélioration de la DDVG. Enfin, il a été démontré que l’exercice peut entraîner une normalisation de la DDVG chez des sujets avec anomalies du métabolisme du glucose [16].

Aucune corrélation entre la réversibilité de la DDVG et les mesures d’adiposité

Contrairement aux autres études, nous n’avons pas été en mesure d’établir un lien entre la diminution des indices d’adiposité et l’amélioration de la DDVG. Il a initialement été questionné si la cause ne résidait pas dans le fait que nous avions travaillé avec des diagnostics de DDVG plutôt que les caractéristiques de cette DDVG (ondes E, A, E’, A’, E/A). Les analyses statistiques ont donc été refaites en incluant ces paramètres caractéristiques et cela ne fut pas concluant. En comparant les valeurs moyennes des

variables de fonction ventriculaire gauche aux critères diagnostiques de la littérature [64], c’est particulièrement le ratio S/D qui semble anormal (1,11 ± 0,25), tant en début d’étude qu’à la fin. Quant au ratio E/A, il pourrait représenter la normalité ou la pseudonormalisation de DDVG. Lorsque la manœuvre de Valsalva est effectuée pendant le test d’échocardiographie, la valeur du ratio E/A se retrouve dans les limites inférieures de la normalité en pré-intervention, mais est tout à fait normal en post-intervention.

Tension artérielle systolique maximale supérieure pour le groupe ayant amélioré leur DDVG

L’hypertension à l’effort est reliée à l’intolérance au glucose dans la même population de participants [101]. Le groupe ayant amélioré sa DDVG avait une tolérance au glucose diminuée comparativement à l’autre groupe, au départ. Ils étaient aussi hypertendus à l’effort (>220, 224 vs. 211 mmHg, p<0,05) [75]. Le fait qu’ils soient hypertendus à l’effort est intéressant, étant donné qu’ils ont mieux toléré le test et mieux performé. Une augmentation normale de la tension artérielle systolique devrait être de 10 ± 2 mmHg par METs dépensé, jusqu’à un maximum d’en moyenne 220 mmHg [114-117]. Dans notre échantillon, les groupes ont gagné 2,0 METs suite à l’intervention. Parallèlement, la tension artérielle systolique maximale n’a pas augmenté proportionnellement au ratio habituellement reconnu (1 MET :10 mmHg) [114]. Ceci pourrait s’expliquer, en partie du moins, par le fait que l’un deux groupes étaient en effet hypertendu à l’effort (>220 mmHg) au test maximal sur tapis roulant, dès le début de l’étude [75].

Le groupe n’ayant pas amélioré sa DDVG

Il a été rapporté que le nombre d’années d’obésité est relié à une fonction diastolique altérée [45]. Il est possible que la DDVG de longue date soit moins réversible qu’une DDVG plus récente. De plus, étant donné qu’ils étaient moins tolérants à l’effort, les participants n’ayant pas amélioré leur fonction diastolique étaient peut-être moins en mesure d’accomplir 160 minutes d’activité physique modéré à intense sur une base hebdomadaire, tel que visé par le protocole. Leur intention d’être actif physiquement et de

s’impliquer dans le programme a peut-être été plus difficile; ils en auraient donc moins ressenti d’amélioration au niveau cardiaque. Ils ont par contre amélioré leur nombre de METs au test d’effort dans la même proportion (1,9 et 2,0 METs), ce qui est probablement un indicateur objectif que leur entraînement a été le même en cours d’intervention.

Enfin, un doute est survenu quant au fait que les sujets qui avaient une fonction diastolique ventriculaire gauche normale en début d’étude aient été inclus dans le groupe « non- amélioré » puisse avoir diminué notre capacité de trouver les déterminants de la réversibilité de la DDVG. Évidemment, il n’était pas possible pour ceux qui avaient une fonction diastolique normale de l’améliorer davantage. Les analyses ont donc été effectuées à nouveau en excluant les « normaux ». Cela n’a pas changé les résultats.

Limitations

Tel que mentionné ci-dessus, cette étude ne permettait pas de recueillir des données sur la durée de l’obésité. Elle n’était pas non plus conçue pour évaluer directement le volume d’éjection systolique à l’effort, qui aurait été utile pour calculer le débit cardiaque à l’effort. Cela aurait pu se faire à l’aide d’un échocardiographie fait pendant le test d’effort. Une augmentation du débit cardiaque fait partie du continuum menant à la dysfonction diastolique, étant donné que l’obésité entraîne un surplus de volume sanguin circulant et ainsi, une pression de remplissage ventriculaire augmentée [48, 61]. La diminution du débit cardiaque pourrait hypothétiquement être un déterminant de l’amélioration de la DDVG. De plus, ce projet n’était pas conçu pour évaluer la lipotoxicité du myocarde, au niveau des parois du ventricule gauche. Cet élément fait aussi partie du continuum menant à la DDVG et serait un déterminant intéressant à évaluer. Enfin, il n’y avait pas de groupe-témoin à cette étude.

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