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Partie II : Modélisation et Expérimentation 89

6.3 Facteurs cognitifs et performances

6.3.4 Discussion

L’ensemble des résultats, synthétisé dans le tableau 6.6, montre que seules les capacités spatiales sont corrélées aux performances en réalité virtuelle, quelle que soit la tâche ou l’in-terface utilisée. La revue de la littérature proposée dans le chapitre 4 n’a identifiée que peu d’études s’étant focalisées sur les tâches de locomotion et de manipulation. La majorité des travaux s’est intéressée à la tâche de recherche d’itinéraire (Moffat et al., 1998 ; 2001 ; Cutmore

Etudes Résultats en termes de performances

IRI -Locomotion

Capacités spatiales ⇛ Locomotion sur Petit écran

Bons en capacités spatiales > Faibles en capacités spatiales Bons en capacités spatiales, très bons en locomotion amorcée Bons en capacités spatiales : petit écran = grand écran Faibles en capacités spatiales : petit écran < grand écran IRI -Manipulation

Capacités spatiales ⇛ Manipulation sur Petit et Grand écran Bons en capacités spatiales > Faibles en capacités spatiales Bons et Faibles en capacités spatiales : petit écran < grand écran CAT -Locomotion Capacités spatiales ⇛ Locomotion Amorcée

Bons en capacités spatiales > Faibles en capacités spatiales CAT -Manipulation Capacités Spatiales ⇚⇛ Manipulation

Tableau 6.15 – Synthèse des résultats sur l’impact des caractéristiques cognitives de l’utilisateur (⇛ : impliquée dans ; ⇚⇛ : reliée à)

et al., 2000). Waller (2000) est l’un des seuls auteurs à avoir étudié l’impact des capacités spa-tiales sur les performances de locomotion. Plus précisément, il s’est intéressé aux performances des utilisateurs lors de l’utilisation d’un joystick pour naviguer dans un labyrinthe virtuel. Il a ainsi montré des corrélations positives entre les performances de locomotion et les capacités spatiales des sujets. Nos résultats permettent de confirmer et de préciser ces résultats et de les étendre à d’autres configurations techniques. En effet, Waller utilisait un joystick et un écran d’ordinateur classique. Nos études, quant à elles, utilisent une interface de type tableau de bord, un nouvel interacteur (le CAT ) et différentes tailles d’écran. Ces résultats permettent également d’étendre les résultats de Waller à différentes tâches de locomotion (amorcée et naïve) et de manipulation. Les résultats obtenus lors de l’étude des tâches de locomotion amorcée et naïve indiquent que plus la tâche est facile à réaliser, plus les capacités spatiales des utilisateurs ont un impact sur la performance, quelle que soit l’interface utilisée. Nous pouvons donc faire l’hypothèse que lorsque la tâche dépasse un certain seuil de complexité, l’impact des capacités spatiales sur la performance diminue. Cette diminution de l’impact des capacités spatiales entraîne une homogénéisation des performances quelle que soit le niveau d’expertise spatiale.

De plus, les utilisateurs ayant de bonnes capacités spatiales ont des performances similaires, quelle que soit la taille de l’écran. Les utilisateurs ayant de faibles capacités spatiales ont, pour leur part, de meilleures performances avec un grand écran. L’utilisation d’un grand écran pourrait donc faciliter le traitement de l’information spatiale. Les utilisateurs auraient moins besoin de faire appel à leurs capacités spatiales pour être performants. Ce résultat confirme qu’un grand écran est une aide cognitive et qu’il facilite l’interaction pour des utilisateurs

présentant des difficultés spatiales. De nombreux résultats expérimentaux (Linn & Petersen, 1985 ; Voyer et al., 1995) ont, par ailleurs, montré que les femmes étaient souvent en difficultés dans les tâches spatiales. L’utilisation d’un grand écran pourrait alors leur permettre d’avoir de meilleures performances en réalité virtuelle.

Ces résultats expérimentaux indiquent également que les performances ne sont pas signi-ficativement corrélées aux fonctions sensorielles, motrices, mnésiques et de contrôle. En se basant sur les modèles du traitement de l’information classiquement utilisés en interaction homme-machine, nous avions fait l’hypothèse que les différentes étapes de traitement pou-vaient influencer la performance en réalité virtuelle. Nos travaux semblent contredire cette hypothèse. Cette contradiction peut, cependant, être due au choix des tests d’évaluation des fonctions cognitives. En effet, les tests utilisés dans cette expérience sont essentiellement ba-sés sur du matériel visuo-spatial. Il en résulte de très fortes corrélations entre les indicateurs des différentes fonctions cognitives (cf. tableau 6.10). Un panel plus large ou plus diversi-fié d’évaluations cognitives, notamment au niveau des fonctions de contrôle ou des habilités sensori-motrice, pourraient permettre d’identifier d’autres facteurs cognitifs impliqués dans la performance d’interaction. L’absence de corrélation entre les fonctions cognitives (autres que les capacités spatiales) et les performances en réalité virtuelle peut aussi être due à l’utilisa-tion des corrélal’utilisa-tions partielles. En effet, la matrice des corrélal’utilisa-tions simples (cf. tableau 6.10) montrent des corrélations fortes entre les performances en réalité virtuelle et les fonctions cog-nitives. Les fonctions de contrôle, par exemple, sont corrélées à l’ensemble des performances en réalité virtuelle. Pour montrer le lien entre une fonction cognitive particulière et le niveau de performance, il est donc primordial de contrôler l’impact des autres fonctions cognitives (no-tamment des capacités spatiales) sur la performance. Les travaux antérieurs mentionné dans le chapitre 4, se focalisent essentiellement sur une seule fonction cognitive et ne contrôlent pas systématiquement l’impact des autres fonctions. Aux vues des résultats de cette expérience, les conclusions de ces études doivent être nuancées.

Cette expérimentation met en relief l’impact des capacités spatiales sur les performances en locomotion et manipulation. Ces capacités spatiales ont un impact sur des tâches et des inter-faces différentes. Les résultats de ces expériences permettent de confirmer qu’un grand écran peut être une aide cognitive pour faciliter l’interaction des utilisateurs ayant des difficultés spatiales.

Pour compléter cette étude des caractéristiques de l’utilisateur, nous nous focalisons sur l’impact du niveau d’expérience et de la dépendance-indépendance à l’égard du champ sur la performance d’interaction.