pendamment de nous sur le terrain clinique
A. Diphtérie pure
Observation I
Dr Morax. InSociétécl'oph., Paris,1895.
B... (Emile), âgé de 10 mois, est apporté le 23 mars àla clinique
du Dr Parinaud. L'enfant étaitun peusouffrantdepuisunequinzaine
dejours: coryza, bronchite. Le 15 mars, début de l'affection par
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photophobie. Le 18, l'enfantpeut à peine entrouvrir les yeux. Le
22, au réveil, les paupièressontfortement œdématiées etl'enfant ne peut plus les ouvrir.
Le 23 mars : L'enfant nous paraît bien constitué et à partquel¬
quescicatrices d'une variole discrète, il ne présente pas de traces
d'affection antérieure, héréditaireou acquise.
Lesyeux sontcachés par legonflement despaupières qui forment
des deux côtés desbourrelets œdémateux trèsconsidérables. Le bord seul despaupières est un peu injecté; celles-ci se renversent très
facilement. Pasde sécrétion purulente. La conjonctive tarsienne et
les culs-de-sac sont uniformément recouverts par une fausse mem¬
brane grisâtre,.légèrement adhérente à la muqueuse sous-jacente,
dont on parvient àla séparer en provoquant toutefois un léger suin¬
tementsanguin. Léger chémosis de la conjonctive bulbaire.Les cor¬
nées sont intactes.
Lejour même on faitune injection de 10 cent, cubes de sérum de
Roux au niveau du flanc. Une injection de 3 cent, cubesest prati¬
quée àtitre préventifà la sœur du malade âgée de 2 ans. Comme
traitementlocal, on prescrit deslotions boriquées.
24mars : Nuit calme, sommeil. Au réveil, latuméfaction des pau¬
pièresaconsidérablement diminué etl'enfant entr'ouvre les yeux.
Lesfausses membranes sont moins épaisses et s'enlèvent aisément
par simple frottement.
23 mars : L'œdème despaupièresaconsidérablement disparu. La conjonctivite tarsienne est encore un peu injectée. Au niveau des
culs-de-sac seulement, on constate encore une exsudation pseudo¬
membraneuse très ténue.
26 mars : Les conjonctivessont parfaitement nettoyées.
28 mars : Lesconjonctives présentent un aspect absolumentnor¬
mal. Il n'existe pas de cicatrices.
Examen bactériologique : Le 22 mars, l'examen de la fausse mem¬
brane démontre la présence de bacilles de dimensions moyennes, irrégulièrement répartis entre les leucocytes.
Trois tubes de sérum ensemencésen stries donnent en24 heures des colonies abondantes de bacilles diphtéritiques. Il ne s'est pas développé d'autresespèces microbiennes,
Lebacille diphtéritiquerepiquédanslebouillonyformeuntrouble
léger etundépôt granuleux. 1 cent, cube de cette culture inoculée
sousla peaud'un cobaye de 400 gr., le tue en six jours.
Observation II
Dr M. Morax, InSociétéd'opht., Paris 1895.
Enfant de 6 ans atteint d'angine avec laryngite diphtéritique, pré¬
sente une conjonctivite tarsienne à fausses membranes d'intensité
moyenne, sans lésions cornéennes. Le traitementa consisté enins¬
tillations quotidiennesd'un collyre de nitrate à 1/40 et en une injec¬
tion de sérumde Roux; aprèsdeux jours,la faussemembrane dispa¬
rutet laconjonctivite guérit. Les cultures démontrèrent la présence
du bacille de Lœffler pur, et tuant le cobaye en trois jours avec
œdèmesous-cutané, épanchement pleural etcongestion des capsules
surrénales.
Observation III
DrM. Morax,In Sociétéd'opht., Paris1895.
Enfant de 13 mois atteint de conjonctivite pseudo-membraneuse
sans lésionscornéennes. Injectionde 10 cent, cubes de sérum; qua¬
rante-huit heuresaprès, disparition des fausses membranes. L'exa¬
men microbien donne des bacilles diphtéritiques, longs, tuant le cobaye en quarante-huit heures.
Observation IV DrCollins, In Lancet, 27 juin 1896.
Un garçon de 2 ans fut amenéà Collins. Chaqueœilétait pris. Les paupières étaienttuméfiées, rouges, dures, et difficiles à retourner
à,caused'une infiltration énorme. Lesconjonctives oculaires étaient injectées etle siège d'un chémosis intense. Les portionspalpébrales
présentaient des plaques d'exsudation membraneuse, pâles, gris
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jaunâtre qui, arrachées difficilement, laissaientune
surface excoriée
etsaignante.
Les cornées étaient légèrement troubles, maisla surface de
l'épi-thélium n'était pas détachée.
Une sécrétion blanc laiteux coulait par les fentes palpébrales et
excoriait la peau desjoues. L'enfant était abattuavec une tempéra¬
ture de 38,7, et un pouls de 100, et les urines albumineuses. Il
n'existait aucun symptôme du côté de lagorge.
Traitement par l'usage fréquent de l'aloès à la quinine (1 gr. 5
pour uneoncel, et nitrate d'argentà4 0/0.
Après quinzejours de traitemement, les cornées et la conjonctive
avaientrepris leuraspect normal.
Un mois après, on observa une parésie des musclesextenseurs de
la main etde l'avant-bras.
Observation V
Dr Aubineau In thèse de Paris, 1895-189G.
Lejeune R..., âgé de 8 ans, entre aux baraquements le 12 juillet.
Nous constatons une conjonctivite intense mais cliniquement nous n'osons pas la qualifier de diphtéritique; les fausses membranesne semblaient pas encore organisées; il y avait dansles culs-de sacdu
mucusfilantrappelant la sécrétioncatarrhale.Lespaupièrescommen¬
cent cependantà s'œdématier; elles serelèvent difficilement.
Nous pratiquons une injection de sérum de 10 cent, cubes, après
avoir ensemencé deux tubes de sérum gélatinisé.
13 juillet: Lesconjonctives palpébralessont recouvertes de fausses
membranes trèsadhérentes.
De nouveaux tubes sont ensemencés avec des parcelles de mem¬
branes.
14juillet : L'état eststationnaire.
15juillet: Amélioration. Les fausses membranes ont perdu toute
adhérence; l'œdème palpébral a presque entièrement disparu.
17juillet : Il n'yaplus de traces de fausses membranesmaisseu¬
lement du catarrhe conjonctival.
20juillet : La guérison est complète; l'état général est très satis¬
faisant.
Bactériologie : Lestubes ensemencés le jour de l'entrée donnent seulement des cocci disposés sans ordre. Ceux qui sont ensemencés le lendemain contiennent de nombreuses colonies formées deLœffler
court.
De nouveaux ensemencements pratiqués lejour de la sortie pro¬
duisent des cocci et quelques bacilles.
Observation VI
LUAubiniîau. Thèse de Paris 1895.
JulietteAmel..., âgée de 2 ans, amenée le 10juin 1895.
Le 5juin : Lamère constate une rougeur anormale des yeux ; les paupières sont collées, l'enfant souffre, se plaint de ne pouvoir ouvrir lesyeux. Quelques jours après les paupières gonflent; de la fente palpébrales'écoule un mucusjaunâtre. Le sommeil etl'appétit
nesontpas troublés.
Le 10juin : Nous constatons un gonflement très appréciable des paupières dont la surface est violacée et variqueuse. Les conjonc¬
tives sont recouvertes de fausses membranes. L'ensemble sympto-matique fait immédiatementpenserà la diphtérie.
Deux tubes de sérum sont ensemencés et uneinjection de sérum Roux (10 cent, cubes) estimmédiatement pratiquée.
Traitement local: Badigeonnagesavec du jus de citron.
11juin : L'amélioration apparaît dès le lendemain. L'œdème pal-pébral adiminué et les fausses membranes quel'on voyait desdeux côtés ont totalementdisparu à gauche.
12juin : L'enfant esten bonne voie de guérison. Pas la moindre trace de fausses membranes. L'œdème palpébral a disparu. Reste seulementde la rougeur conjonctivale.
13juin : Laguérison estparfaite; aucun trouble nepersiste.
Examenbactériologique : Deux tubes ensemencés avec les fausses membranes détachées de la conjonctive palpébrale ne présentent, après 20 heures d'incubation, aucune colonie visible à l'œil nu. Mais
des préparations microscopiques
faites
avecle produit de grattage
de la surface du sérum indiquent la présence du
Lœffler
pur. Cescultures laissées à l'étuve jusqu'au lendemain produisent de très
nombreux et de très longs bacilles diphtéritiques.
Observation VII
Dr Aubineau.ThèseParis, 1895-1896.
LouisA..., âgé de3 ans, amené le 10juin.
Lessymptômes dudébut sont les mêmes que
dans l'observation
précédente, mais ils apparurent deux jours après
(7 juin). L'enfant
ne dort pas et crie la nuit.
10juin : Gonflement énorme des paupières. Les
conjonctives sont
lisses, violacées, recouvertes de fausses membranes.
Il n'y
a pasde
pus.
Ensemencement de deux tubes de sérum.
Injection de 10 cent, cubes de sérum Roux dans la
soirée.
11 juin : Le gonflement des paupières est plus
accentué
quela
veille. Les fausses membranes sont nombreuses, mais peu adhéren¬
tes, la conjonctive esttrèssaignante.
12juin : Quarante-huit heures se sont écoulées
depuis l'injection
de sérum. L'enfant peutouvrirles yeux.Lesfaussesmembranes ont perdu leur adhérence etleur consistance, mais les
conjonctives sont
très rougeset saignantes au moindre attouchement.
Une seconde injection de sérum de 10 cent, cubes estpratiquée.
13juin : L'œdème palpébralest en grande partie disparu;
plus de
tracesde fausses membranes.
14juin : L'aspect des conjonctives prouve quel'amélioration con¬
tinue; onvoit unpeu de mucusjaunâtre.
15juin : Lasécrétion adisparu. Nous considérons l'enfant comme guéri.
Examen bactériologique : Les fausses membranes et la
sécrétion
conjonctivale servent à ensemencer, le 10juin 1895, deux tubes
de
sérum gélatinisé. Au bout de vingt-quatre heures
apparaissent de
très rareset très faibles colonies que l'on reconnaît, au microscope,
formées de bacilles longs de Lœffler. Ces colonies continuent à se
développer à l'étuve et présentent, après quarante-huit heures, un très grand nombre de longs bacillesdiphtéritiques en culturepure.
Vingt heures après une première injection de 10 cent, cubes de sérum de Roux, deux nouveaux ensemencements donnent, aubout
de vingt-quatre heures, des colonies très peu nombreuses, mais for¬
mées cependant de longs bacilles de Lœffler.
On retrouve encorele bacille diphtérique sur lesérum ensemencé
vingt heures après une seconde injection.
On ensemence du bouillon de sérum; 2 cent, cubes de bouillon ensemencé sont injectés àun cobaye. L'animalsurvit.
Observation VIII DrGayet,In Arch.oplit.,mars 1895.
Conjonctivite monoculaire de l'œil gauche datant déjà de trois semaines, chez un enfant de 16 mois. A part cela, l'enfant était bien portant. En l'absence de toute autre manifestation diphtéritique, il devenait nécessaire de bien prouverla nature de la maladie; or la culturesursérum etlemicroscopeavec la décolorationparla méthode de Gram démontrèrent qu'il s'agissaitd'une infection par le bacille de Lœffler et de ce bacille seulement. Non seulement, c'était une
infection mono-bacillaire, mais on constatait que ce bacille était le type court etde petit volume que l'on trouvedans les conjonctivites
diphtéritiquesbénignes. La seule épreuve qui futnégligée, faute d'un cobaye sousla main, fut l'inoculation du bacille, destinée à montrer
sa virulence. Les faussesmembranes jaunes, épaisses, gélatineuses s'étendaientsurles deux paupières.
Lacornée était presque complètement opalescente.
Une injection de sérum de 20 cent, cubes avait étéprécédée de cautérisations au nitrate d'argent,jointes aux instillations dejus de citron, traitementqui fut continuétout letempsquedural'affection,
bien qu'il soit, dit Gayet, un obstacle absolu pourjuger de la valeur de lasérothérapieenpareilcas. Dix jours après l'injection lesfausses membranes disparaissaient et l'on dut appliquer pendantquarante
Darracq 3
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