3 L’EPILEPSIE OU MALADIE EPILEPTIQUE 25
3.5 Diagnostic 31
La notion de crises épileptiques répétées est nécessaire pour diagnostiquer l’épilepsie. Le fait d’avoir fait une crise d’épilepsie ne suffit pas pour poser le diagnostic ; en effet la crise peut demeurer un événement unique dans la vie du patient, être accidentelle et faire suite à une agression cérébrale aiguë qui n’engendrera pas de récidive [21]. Ce diagnostic est parfois difficile à établir car certaines crises rassemblent les symptômes les plus classiques de la maladie, d’autres en revanche peuvent résulter de troubles divers [28]. Le diagnostic est avant tout clinique : il n‘y a pas d’épilepsie sans crise clinique ; mais il peut être également conforté par l’utilisation de l’EEG et l’ensemble des techniques de l’imagerie médicale [16].
3.5.1 Diagnostic clinique
Il passe d’abord par un interrogatoire poussé du patient, de ses antécédents médicaux, son mode de vie, de l’existence ou non d’antécédents familiaux… Le meilleur examen complémentaire du diagnostic de crise d’épilepsie est d’interroger l’entourage du malade ; les témoignages permettent souvent de décrire et reconstituer les évènements critiques survenus lors de la crise [28].
Sur le plan clinique, les arguments en faveurs du diagnostic positif sont :
- le caractère paroxystique (début et fin brutaux et durée de quelques secondes à quelques minutes),
- la stéréotypie d’une crise à l’autre,
- la séméiologie clinique s’enchaînant selon un « tempo » et une progression logique, - et éventuellement le contexte étiologique.
Des examens cliniques et biologiques complètent cette somme d’informations et peuvent parfois mettre en évidence d’éventuels facteurs favorisants. En pratique, il convient de préciser les circonstances exactes de survenue de la crise, le caractère brutal du début et la description des premiers symptômes [16].
3.5.2 Diagnostic par exploration cérébrale
Les crises d’épilepsie sont des phénomènes dynamiques, avec un début, une évolution et une fin. C'est donc logiquement par l'enregistrement d’un EEG et éventuellement d’un enregistrement vidéo (vidéo-‐EEG) que débute l'enquête. En effet l’EEG est le seul examen complémentaire contribuant au diagnostic positif d’une crise épileptique [16].
Les patients candidats à une chirurgie, vont subir des tests plus poussés. Ils sont soumis à un bilan préchirurgical qui associe des investigations neurologiques, électrocliniques et neuropsychologiques. Les données sont recueillies par des examens électrophysiologiques et d’imagerie cérébrale.
3.5.2.1 L’électroencéphalographie
C’est la méthode de référence et la plus ancienne concernant l’enregistrement de l’activité électrique du cerveau. C’est un examen indolore et non-‐invasif qui consiste à enregistrer l’activité électrique à la surface du cerveau, grâce à des électrodes positionnées sur des zones bien définies du crâne. Les électrodes transmettent les signaux électriques à un appareil où ils sont amplifiés et affichés sous forme de courbes. Cette technique permet de reconnaître des anomalies appelées « pointes » ou « pointes-‐ondes » (selon leur forme sur l’EEG), correspondant à la somme des potentiels excitateurs et inhibiteurs de milliers de neurones. Leur aspect, leur fréquence et leur topographie permettent parfois de caractériser leur signification pathologique et souvent leur localisation cérébrale [28]. Il faut cependant souligner que la seule existence d’anomalies de l’EEG ne suffit pas à définir l’épilepsie et encore moins à débuter un traitement [16].
Pour étudier les crises, l’EEG peut être couplé à des enregistrements vidéo. La vidéo-‐EEG est l’enregistrement simultané et synchronisé de l’EEG et du comportement du patient. Il est très courant que l’épilepsie provoque des mouvements non coordonnés du corps qui pourront donc être enregistrés et analysés grâce à cet outil [44].
3.5.2.2 Autres techniques d’investigation
Ce n’est que dans des cas où les données cliniques et le tracé de l’EEG orientent vers des hypothèses lésionnelles que le recours à la neuro-‐imagerie est utile. L’ensemble de ces techniques est utilisé pour examiner la structure du cerveau [35].
L’IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique) permet de définir et de visualiser avec une grande précision les structures du cerveau par une image en 3D en réalisant des coupes dans tous les plans de l’espace. Tous les courants électriques produisent des champs magnétiques et l’IRM mesure la force de ces champs [14]. Il est ainsi possible de déterminer avec précision la position exacte de lésions autrement invisibles. Cependant, même une IRM de haute qualité d’exécution ne permet pas toujours de déceler toutes les lésions existantes ; d’autres investigations plus sophistiquées peuvent alors être demandées [35]. Les explorations isotopiques permettent de mesurer les modifications du débit sanguin et de l’activité métabolique cérébrale qui sont en relation avec la zone épileptogène [5].
La tomographie par émission de positons (TEP) est une technique d’imagerie fonctionnelle semi-‐invasive très spécialisée, coûteuse et peu accessible. Elle consiste à administrer par voie intraveineuse un isotope radioactif afin de suivre par détection externe le fonctionnement d’un organe. Le traceur se fixe sur les tissus et émet temporairement des rayonnements suivis par une caméra y étant sensible [45]. Dans le cas de l’épilepsie, elle est employée pour mettre en évidence les zones d’hypométabolisme de la zone épileptogène entre les crises.
Le principe de la tomographie d’émission monophotonique (TEM) est pratiquement le même que celui de la TEP, mais cette technique, beaucoup moins couteuse et plus simple sur le plan technique, utilise la rotation d’une gamma-‐caméra autour du patient. Elle permet de visualiser la zone épileptogène et les réseaux de propagation des crises sous forme d’une augmentation de débit sanguin cérébral pendant les crises et d’une diminution de débit entre les crises [46].
Ces techniques participent au bilan préchirurgical des patients souffrant d’une épilepsie partielle pharmacorésistante, elles sont complémentaires de l’IRM en permettant de faciliter la localisation de la zone épileptogène [47].