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composante 4 dudit projet: élaboration d'une stratégie d'industrialisation nationale, de promotion des investissements novateurs et de renforcement des capacités commerciales.

Ainsi, l'ONUDI est un partenaire important du projet de valorisation des coproduits du coton;

• La mise en œuvre du plan d'industrialisation accélérée qui est un document opérationnel qui permettra de disposer de projets concrets dans les secteurs prioritaires tels que les filières bétail-viande, coton-textile, carrières et matériaux de construction;

• Le projet d'équipement des PME exerçant dans la transformation des matières premières locales (PRCPPME/PMI) vise à apporter un appui en équipements et en formation à 130 PME/PMI (soit 10 PME/PMI par région) à fort potentiel de création de richesses et d'emplois.

Ceci permet aux bénéficiaires d'augmenter leurs capacités de production et de se lancer dans des activités qu'ils n'auraient pu mener ou qu'ils auraient menées de façon plus limitée.

3 DIAGNOSTIC DE LA FILIÈRE COTON AU BURKINA 3.1 Diagnostic de l'organisation de la filière

3.1. Le fonctionnement de la filière repose sur les deux familles qui ont constitué l'AICB (les producteurs et les sociétés cotonnières). Malgré la libéralisation de la filière, les fonctions critiques comme la fixation et la péréquation de prix uniques pour l'achat du coton graine et pour les prix de cession des intrants, le financement de la recherche et des infrastructures communautaires, etc.

sont maintenues. Plusieurs facteurs concourent à une cohésion d'ensemble des acteurs de la filière.

Il s'agit entre autres de (i) l'ouverture du capital des sociétés cotonnières aux producteurs, (ii) l'implication des producteurs dans la fixation des prix de cession des intrants et d'achat de coton graine aux producteurs, (iii) l'amélioration progressive des prestations des sociétés cotonnières vis-à-vis des producteurs (crédit, commercialisation, évacuation et payement du coton graine), (iv) la concertation permanente entre les deux familles (assemblée générale, conseil d'administration, restitution des résultats de la recherche et validation des programmes d'activités et des budgets de recherche, etc.).

3.2. Cependant, cette cohésion est quelque fois ébranlée par des mésententes entre acteurs autour de la qualité des intrants livrés aux producteurs, la fixation des prix, la mauvaise prestation de certains services des sociétés cotonnières, etc. C'était le cas lors des crises au sein de la filière en 2011 et 2018 qui se sont traduites par un boycott du coton par une partie des producteurs. La résolutin des différentes crises nécessite l'intervention de l'Etat qui assure une fonction de régulation et d'accompagnement financier sous forme de subvention comme mentionné plus haut.

3.2 Évolution des performances de la filière sur dix ans (de 2010 à 2018) 3.2.1 Production de coton graine, de fibre et de graine de coton

3.3. La production de coton graine évolue en dents de scie ces dix (10) dernières années. Elle reste inférieure à 400 000 tonnes entre 2010 et 2013, puis tourne autour de 600 000 tonnes en moyenne entre 2013 et 2017. (Tableau 2). Elle connaitra une chute de 29 % en 2018 par rapport à 2017. Les productions de coton-graine et de coton-fibre connaissent les mêmes tendances d'évolution durant cette période.

3.4. La production degraines est repartie entre les graines pour la transformation en huile (85% en moyenne) et la semence (15 %). Après les semis du coton, la semence restante est réaffectée à l'huilerie. Entre 30 et 40 % de la semence repartent en huilerie selon la qualité des semis (AICB, 2019). Le rendement moyen de fibre est de 383 Kg/ha entre 2010 et 2019. Selon les estimations de l'INERA (2010), la production de tiges de cotonnier varie entre 1,7 et 1,8 tonne/ha. Sur la base d'un rendement moyen de tiges de 1,75 tonne, la production moyenne est estimée à 1 028 421tonnes avec des extrêmes de 607 740 tonnes en 2012 et de 1 538 418 tonnes en 2018 dont moins de 15% sont réellement valorisées (INERA, 2010).

Tableau 2: Statistiques de production du coton graine, fibre et graine de coton de 2010-2018

Sources: AICB, 2019 et calculs des auteurs.

3.2.2 Estimation de la disponibilité des coproduits de la graine de coton

3.5. La quantité d'huile produite à partir des graines de coton du Burkina Faso a été en moyenne de 37 434 tonnes entre 2010 et 2019. La campagne 2014-2015 a été une année record pour la production d'huile avec une quantité de 50 300 tonnes.

3.6. La production des tourteaux a été en moyenne de 99 824 tonnes sur la période 2010-2019.

Les déchets et coques de graines sont estimés à 104 816 tonnes sur la même période (Tableau 3).

Tableau 3: Production des coproduits entre 2010 et 2018 Campagne Graines

Source: AICB et calcul des auteurs avec les huiliers.

3.2.3 Évolution de la production du coton sur les dix dernières années.

3.7. Ces dernières années, on observe une baisse tendancielle des rendements et de la production.

La situation est aussi ressentie dans les autres pays africains producteurs de coton. Au Burkina Faso, l'analyse des principaux facteurs explicatifs de la baisse de la production sont entre autres:

• la baisse des rendements au champ résultant de plusieurs facteurs: (i) la baisse de la fertilité des sols dû à la mauvaise gestion organo- minérale (ii) les pratiques approximatives des producteurs en matière d'utilisation des intrants, (iii) les changements climatiques, (iv) l'insécurité foncière, etc.,

• la désaffection des producteurs vis-à-vis de la culture du coton en raison de: (i) baisse du prix du coton et/ou augmentation du prix des intrants, (ii) mauvaises prestations de certains services par les sociétés cotonnières, (iii) mauvaise gestion du crédit intrants, (iv) mauvaise communication entre les acteurs directs de la production cotonnière;

• la situation sécuritaire du pays est un des facteurs expliquant la baisse de la production. En effet, certaines zones cotonnières notamment dans la partie Est du pays ne sont plus exploitable à cause de l'insécurité.

3.8. Le plan de relance de 2018 pour assainir le secteur coton a permis d'améliorer la production nationale de 12 et de 16% respectivement en 2019 et 2020, ceci laisse penser à une certaine stabilité voire une augmentation de la production pour les années à venir. Cependant, même si ce plan de relance a impacté positivement la production, il n'a pas fondamentalement levé les principales contraintes évoquées ici. Le Burkina Faso pourrait donc connaître une baisse importante de sa production au regard de l'évolution à la baisse des prix mondiaux de la fibre.

3.9. La baisse de la production du coton graine signifie une baisse de la matière première pour la transformation en huile et en tourteau. Il faut donc un accompagnement conséquent de l'Etat à la filière au regard de la place prépondérante qu'elle occupe dans l'économie nationale afin de profiter au mieux des opportunités qu'offre la transformation locale des coproduits.

3.3 Impact de la culture du coton sur les cultures vivrières et le revenu des ménages 3.10. L'analyse historique montre que l'accès au crédit et les subventions aux intrants grâce au système coton ont permis aux agriculteurs de remplacer leur outillage manuel par la traction attelée asine d'abord, bovine ensuite, et ensuite par la motorisation. Avec un niveau de fertilité plus élevé et une lutte plus efficace contre les adventices, les agriculteurs ont pu bénéficier de rendements supérieurs. Ces nouvelles techniques culturales n'ont pas été appliquées au seul cotonnier mais aussi aux systèmes de cultures purement vivriers.

3.11. Par ailleurs, le cotonnier a été inséré dans des rotations où les céréales et les légumineuses ont continué à tenir une bonne place. Selon Schwartz (1991), Vognan et al. (2003), Poda (2004) et Eureka (2007), la rotation coton/céréales sur une même parcelle permet à la culture céréalière de bénéficier de l'arrière-effet des engrais apportés au coton. En outre, les céréales bénéficient de la politique de développement du coton à travers les crédits intrants et équipements remboursés par le coton. La culture céréalière bénéficie aussi de l'intensification des exploitations, induite par le

"paquet technologique" appliqué au coton (FAO, 2006) ce qui se traduit par une amélioration des rendements des céréales. Les zones cotonnières contribuent à plus de 80 % de la commercialisation céréalière au Burkina Faso (Agrer, 2007). C'est ce qui fait dire à Bainville (2013) que si le pays bénéficie d'une certaine autosuffisance céréalière c'est avant tout grâce aux régions où la culture du cotonnier est la plus répandue.

3.12. L'étude de Vognan et al. (2013) analysant les impacts de l'évolution défavorable des conditions de production du coton au Burkina Faso, entre 2005, (année d'une production record de 713 000 t) et 2011 (année de reprise après une chute importante de la production jusqu'à 347 000 t en 2007) sur la production alimentaire et le revenu des producteurs montrent une forte corrélation entre culture du coton et ces deux indicateurs

3.13. Les résultats ont permis de distinguer trois types de producteurs classés selon leurs réactions à l'évolution défavorable des conditions de production du coton: (1) les producteurs qui abandonnent le coton, (2) ceux qui réduisent leur superficie de coton et (3) ceux qui maintiennent ou augmentent leur superficie de coton. Les analyses de corrélations mettent en évidence une forte corrélation entre coton-céréales-élevage et sécurité alimentaire selon le type de producteurs. Les superficies du maïs et celles du coton évoluent dans le même sens indiquant l'existence d'une corrélation forte entre ces deux cultures. L'analyse des résultats de ceux ayant maintenu la superficie du coton montre que la corrélation entre les superficies du coton et du maïs est significative et positive aussi bien en 2005 qu'en 2011 au seuil de 5% (r = 0,866). Chez ceux qui ont réduit, ce lien est confirmé par le coefficient de corrélation élevé et significatif au seuil de 1 % (0,797) entre les deux cultures le coton et le maïs. Chez ceux abandonnant le coton, la corrélation entre le maïs et le coton reste encore forte, soit 0,665 au risque de 1 %. Ces résultats confirment la corrélation positive entre le coton et les cultures céréalières.

3.14. La réduction des superficies de coton s'accompagne de celle du revenu agricole de 22,4% en moyenne. Cette réduction au niveau du revenu coton est de 56,7% chez ceux qui ont pratiquement abandonné le coton, de 20,7 % chez les producteurs maintenant ou augmentant leur superficie de coton et de 69 % chez ceux réduisant leur superficie de coton. Ces derniers optimisent le moins leur plan de production. La vente d'animaux constitue une source importante de revenu que privilégient également ceux qui ont abandonné et ceux qui ont réduit leur production pour combler le manque à gagner avec le coton.