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Texte intégral

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19 février 2021

(21-0713) Page: 1/43

Sous-Comité du coton Original: français

ÉTUDE DE FAISABILITÉ ÉCONOMIQUE DES MARCHÉS DES COPRODUITS, SOUS–PRODUITS ET PRODUITS DÉRIVÉS DU COTON

AU BURKINA FASO RAPPORT FINAL Novembre 2020

La communication ci-après, datée du 12 Novembre 2020, est distribuée à la demande de la délégation de la République du Burkina Faso.1

_______________

1 Cette communication concerne une étude réalisée par M. Alexis Hougni et M. Gaspard Vognan, consultants indépendants, et son contenu correspond à celui de ladite étude telle que présentée lors de la Séance thématique sur le développement des coproduits du coton dans les PMAs, le 12 novembre 2020.

(2)

TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX ... 3

LISTE DES FIGURES ... 4

SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES ... 5

RÉSUME EXÉCUTIF ... 6

1 CADRE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE ... 8

1.1 Contexte et justification de l'étude ... 8

1.2 Objectifs de l'étude ... 8

1.3 Méthodologie de l'étude ... 8

1.3.1 Aperçu des coproduits du coton et leur chaîne de valeur ... 8

1.3.2 Démarche globale ... 9

1.3.3 Collecte des données ... 10

1.3.4 Échantillonnage ... 10

1.3.5 Le traitement des données et production de rapport ... 10

2 SITUATION DE RÉFÉRENCE DE L'ÉTUDE ... 10

2.1 Importance de la filière et place du coton dans les pays du C-4 ... 10

2.2 Acteurs impliqués dans la filière coton au Burkina Faso ... 11

2.3 Acteurs impliqués et rôles dans la production du coton graine au Burkina Faso ... 11

2.4 Interventions, rôles et subventions de l'État dans le secteur cotonnier au Burkina Faso ... 12

2.5 La fixation des prix d'achat de coton graine: processus et acteurs impliqués ... 13

2.6 La fixation des prix de cession des graines de coton: processus et acteurs impliqués ... 13

2.7 Analyse de l'environnement politique: cadres juridiques et réglementaires de production des sous-produits au Burkina Faso ... 14

2.7.1 Les politiques et stratégies de développement des industries de transformation ... 14

2.7.2 L'amélioration du régime général des investissements ... 14

2.7.3 Le cadre institutionnel de promotion des industries de transformation ... 15

2.7.4 Les opportunités liées à l'intégration régionale et à la mondialisation ... 16

2.7.5 Les perspectives ... 16

3 DIAGNOSTIC DE LA FILIÈRE COTON AU BURKINA ... 17

3.1 Diagnostic de l'organisation de la filière ... 17

3.2 Évolution des performances de la filière sur dix ans (de 2010 à 2018) ... 17

3.2.1 Production de coton graine, de fibre et de graine de coton ... 17

3.2.2 Estimation de la disponibilité des coproduits de la graine de coton ... 18

3.2.3 Évolution de la production du coton sur les dix dernières années. ... 18

3.3 Impact de la culture du coton sur les cultures vivrières et le revenu des ménages ... 19

4 SITUATION DE RÉFÉRENCE DES COPRODUITS DU COTON ... 20

4.1 Chaînes de valeurs des coproduits développées et principaux acteurs ... 20

4.2 Cartographie des acteurs de la valorisation des graines de coton ... 20

4.3 Types d'unités de transformation selon la technologie utilisée ... 21

4.3.1 Les unités industrielles ... 21

4.3.2 Les unités semi-industrielles ... 22

(3)

5 ANALYSE DU MARCHE DES COPRODUITS, SOUS-PRODUITS ET

PRODUITS DÉRIVES DU COTON ... 27

5.1 Contexte sous régional ... 27

5.2 Offre et demande des coproduits, sous-produits et produits dérivés du coton au Burkina Faso ... 28

5.3 Évaluation des marchés disponibles pour la consommation des coproduits, sous-produits et produits dérivés du coton au Burkina Faso ... 28

5.4 Importations des coproduits, sous-produits et produits dérivés du coton par le Burkina Faso ... 29

5.5 Exportations des coproduits, sous-produits et produits dérivés du coton au Burkina Faso ... 29

5.6 Analyse de la demande actuelle et future des coproduits, sous-produits et produits dérivés du coton au Burkina Faso ... 29

5.7 Analyse des débouchés pour les sous-produits prioritaires ... 31

5.8 Analyse des forces et faiblesses pour l'expansion de chacun des produits ... 32

5.9 Analyse des opportunités pour les partenariats public-privés (PPP) ... 35

5.9.1 Un cadre des politiques et stratégies publiques favorable au secteur privé ... 35

5.9.2 Opportunités pour le Partenariat Public Privé sur la valorisation des tiges de cotonniers ... 35

5.9.3 Opportunités pour le Partenariat Public Privé (PPP) sur le tourteau ... 36

5.9.4 Opportunités pour le Partenariat Public Privé sur la production d'huile de coton ... 36

5.9.5 Opportunités pour le Partenariat Public Privé sur la production du fil et du Coton Textiles Habillement ... 36

5.9.6 Priorisation des produits à promouvoir ... 36

5.10 Rentabilité économique... 37

5.11 Création d'entreprises de production de sous-produits de coton ... 38

6 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ... 40

6.1 Conclusion ... 40

6.2 Recommandations ... 41

DOCUMENTS CONSULTÉS ... 42

SITES WEB CONSULTÉS... 42

ANNEXE... 43

Annexe 1: Listes des structures et personnes rencontrées ... 43

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Echantillonnage pour l'enquête quantitative ... 10

Tableau 2: Statistiques de production du coton graine, fibre et graine de coton de 2010-2018 .... 18

Tableau 3: Production des coproduits entre 2010 et 2018 ... 18

Tableau 4: Type de technologie utilisée ... 23

Tableau 5: Répartition des acteurs par sexe pour la production des sous-produits de la graine de coton ... 23

Tableau 6: Niveau de satisfaction sur la disponibilité de la graine de coton ... 23

Tableau 7: Quantité et prix des graines de coton selon la disponibilité ... 24

(4)

Tableau 8: Besoins en graines de coton par promoteur par rapport à la quantité disponible ... 24

Tableau 9: Quantité de produits obtenus avec une tonne de graine de coton ... 25

Tableau 10: Chiffres d'affaire annuels des unités de transformation ... 26

Tableau 11: Répartition des unités de production par rapport aux périodes de grande vente ... 26

Tableau 12: Importation d'huile par le Burkina Faso entre 2014 et 2018 ... 29

Tableau 13: Forces, faiblesses, opportunités et menaces pour les coproduits prioritaires retenus . 33 Tableau 14: Effectifs moyens d'emplois par capacité de production ... 38

Tableau 15: Partenariats envisagés par la grappe GTPOB ... 40

LISTE DES FIGURES Figure 1: Carte des zones cotonnières au Burkina Faso ... 12

Figure 2: Répartition des unités de transformation d'huile par localité ... 21

Figure 3: Répartition des unités de production par rapport aux périodes de grande production .... 25

Figure 4: Collaboration des unités de transformation ... 27

Figure 5: Carte relationnelle de la grappe ... 39

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SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

ABNORM : Agence Burkinabè de Normalisation, de la Métrologie et de la qualité ACP : Afrique, Caraïbes et Pacifique

AFP : Agence de Financement et de Promotion AGOA : African Growth and Opportunity Act

AICB : Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina AMEFERT : Métallurgie, matériel et équipements agricoles APE : Accords de Partenariat Economique

APEX : Agence pour la Promotion des Exportations du Burkina APROCOB : Associations Professionnelles des Producteurs de Coton BIB : Banque Internationale du Burkina

BICIAB : Banque Internationale pour le Commerce, l'Industrie et l'Agriculture du Burkina Faso BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CAP : Capacité de Production

CBC : Conseil Burkinabè des Chargeurs

CCIA-BF : Chambre de Commerce, d'Industrie et d'Artisanat du Burkina Faso CCIB : Chambre du Commerce, de l'Industrie du Burkina

CCIBF : Centre du Commerce International du Burkina Faso CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest CEFAC : Centre de Facilitation des Actes de Construire

CEFORE : Centres de Formalités des Entreprises CGA : Centres de Gestion Agréés

CGU : Centres de Guichets Uniques

CPPOD : Coopérative des Producteurs de Produits Oléagineux et Divers ERI-BF : Société d'Etudes et de Réalisations Industrielles du Burkina Faso FAIJ : Fonds d'Appui aux Initiatives des Jeunes

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture FAPE : Fonds d'Appui à la Promotion de l'Emploi du Burkina Faso

FASI : Fonds d'Appui au Secteur Informel FASO COTON : Société Faso coton

FBDES : Fonds Burkinabé de Développement Economique et Social FILSAH : Société de la Filature du Sahel

FSCP : Financial Services Certified Professional GHH : Groupement des Huiliers du Houet GPC : Groupements de Producteurs de Coton

GTPOB : Groupement des Transformateurs des Produits Oléagineux du Burkina Faso INERA : Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles

MEBF : Maison de l'Entreprise du Burkina Faso

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique, du Droit des Affaires OMC : Organisation Mondiale du Commerce

ONAC : Office National du Commerce Extérieur

ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel PIB : Produit Intérieur Brut

PIPHE-SA : Projet de création et de mise en place d'Incubateurs, de Pépinières et d'Hôtel d'Entreprises dans le Secteur Agroalimentaire

PME/PMI : Petite et Moyenne Entreprise

PNDES : Programme National de Développement Economique et Social PNQ : Politique Nationale Qualité

POSTIA : Politique Sectorielle de Transformation Industrielle et Artisanale PRASP BF Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel - Burkina Faso SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée pour le Développement Durable SCOOPS-PC : Société Coopératives Spécialisées des Producteurs de Coton SDI : Stratégie de Développement Industriel

SN-CITEC : Société Nouvelle Huilerie et Savonnerie

SNE : Stratégie Nationale de promotion des Exportations SOAF : Société Ouest Africaine de Fonderie

SOBA : Société Barro pour le transport SOCOMA : Société Cotonnière du Gourma

SOFIB HB : Société de Fabrication Industrielle du Burkina-Huilerie SOFITEX : Société des Fibres et Textile

SP/CFCL : Secrétariat Permanent Chargé de la Filière Cotonnière Libéralisée T.E.C : Tarif Extérieur Commun

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine UNPCB : Union Nationale des Producteurs de Coton

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RÉSUME EXÉCUTIF

1.1. La valorisation des coproduits du coton est une opportunité pour améliorer la valeur ajoutée de la filière cotonnière. Cette étude vise à, identifier les priorités pour le développement et la valorisation des coproduits du coton au Burkina Faso, proposer des stratégies susceptibles d'attirer les investissements et enfin déterminer les besoins de transfert de technologies et de savoir-faire pour accompagner ce développement.

1.2. La présente étude s'intègre dans un cadre plus global des initiatives en cours dans les pays du C4 (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad) pour le développement des coproduits du coton.

1.3. Les données ont été collectées auprès des services,structures et acteurs impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation du coton graine Les instruments et outils de collecte des données primaires (questionnaire + guide d'entretien) ont été harmonisés dans les quatre pays concernés par l'étude (pays du C4). La collecte a touché, 45 huiliers, 3 sociétés cotonnières, 10 commerçants, 5 producteurs membres de l'UNPCB, 1 équipementier.

1.4. L'étude a permis de faire l'état des lieux de la production du coton, d'estimer le niveau de valorisation des coproduits du coton et d'établir des priorités concernant leur développement au Burkina Faso.

1.5. La filière cotonnière du Burkina Faso repose sur l'Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina Faso (AICB), une structure forte qui regroupe la famille des producteurs et celle des compagnies cotonnières qui sont les acteurs directs de la filière. Elle gère les fonctions communes à l'ensemble des acteurs de la filière telles que la fixation des prix d'achat du coton graine et les prix de cession des intrants, etc. Il ressort, cependant, que les acteurs de la transformation de la graine ne sont pas membres de cette structure alors que le prix de cession de la graine est incorporé dans le prix du coton graine; ce qui constitue un point de divergence. Les prix de cession des graines sont administrés selon un arrêté du Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat (MCIA).

1.6. Les principaux coproduits identifiés et présentant des opportunités pour le Partenariat Public- Privé (PPP) sont:

i. les tiges des cotonniers avec un potentiel disponible d'un million de tonnes pour la production industrielle du compost de 1,2 million de tonnes par an, de briquettes pour couvrir les besoins en bois énergie des régions sahéliennes et ceux des grands centres urbains, et enfin la production de panneaux de particules à usages multiples.

ii. l'huile de coton car le pays a des besoins en huile estimés à plus de 60 000 tonnes et les promoteurs peuvent compter sur la disponibilité relative de la matière première et sur les dispositifs d'accompagnement de l'Etat (politique d'industrialisation, code des investissements, etc.),

iii. les tourteaux et l'aliment bétail car ils font l'objet d'une forte demande estimée à 2,835 millions de tonnes/an pour couvrir les besoins des 9 millions de têtes de bétail du pays contre une production nationale de 100 000 tonnes en moyenne par an,

iv. les fils de coton dont la quasi-totalité de la production est exportée ne conservant que 3% pour la consommation local. La demande locale n'étant pas satisfaite, elle requiert l'importation de fils à partir de l'étranger

1.7. La valorisation des coproduits rencontre des difficultés d'ordre général (le manque d'équipements pour une transformation garantissant la qualité des produits le manque de main d'œuvre qualifiée, le coût élevé des facteurs de production, les difficultés d'accès au crédit d'investissement, etc.) et d'ordre spécifique à chaque sous-produit.

1.8. Les défis majeurs à relever pour la valorisation des tiges sont: l'accès à l'équipement pour la transformation à faible coût des tiges en compost, briquettes et panneaux de particules et le marketing sur la gamme de produits issus de la transformation. Pour l'huile, les défis sont:

l'acquisition par les promoteurs, d'équipements de transformation modernes garantissant la qualité de l'huile et permettant d'améliorer les taux d'extraction et de raffinage; la disponibilité d'un personnel qualifié dans les unités de transformation et enfin la mise en place par l'Etat d'une réglementation encadrant l'activité et les flux d'importations d'huiles alimentaires comme le prévoit

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l'article 23 de l'arrêté conjoint n°20110265/MICA/MS/MEF du 09 décembre 2013. Au niveau du tourteau et de l'aliment bétail, il s'agit d'améliorer la qualité du produit par des procédés permettant d'éliminer le gossypol et par une meilleure conservation du produit. Pour le fil de coton, c'est augmenter les capacités nationales dans le domaine de la filature pour satisfaire le marché national.

1.9. Les recommandations faites visent à contribuer à relever ces défis majeurs pour le développement durable des coproduits prioritaires identifiés.

1.10. Pour attirer les investissements, l'Etat doit encadrer les activités liées à la transformation des coproduits du coton en faisant respecter la réglementation encadrant l'activité, réguler les flux d'importations d'huiles alimentaires, sensibiliser les promoteurs sur la nouvelle politique d'industrialisation et sur les avantages résultants du nouveau code des investissements, faciliter l'accès des promoteurs aux fonds d'investissement pour l'équipement et enfin durcir les mesures de réglementation encadrant l'activité de transformation des coproduits afin d'encourager la fusion des petites unités de transformation pour constituer des pôles de production plus viables.

1.11. Pour répondre à l'insuffisance d'une main d'œuvre qualifiée, il faut évaluer les besoins en formation des unités industrielles afin de proposer un plan de formation et de recyclage du personnel, appuyer la formation des métiers au niveau de l'Ecole polytechnique de Ouagadougou (notamment option génie mécanique et industriel) et dans les centres de formation spécialisés dans l'agro- industrie, appuyer les équipementiers et maintenanciers existants par des formations techniques, des missions d'appui technique, des stages, et par la création de plateforme d'échanges de bonnes pratiques avec des sociétés industrielles des pays développés, etc.

1.12. Enfin, la disponibilité de la graine de coton va nécessité l'intervention de plusieurs acteurs dont, les producteurs et leurs organisations pour l'accroissement de la production et l'amélioration de la gouvernance au sein des sociétés coopératives et la recherche cotonnière pour la mise à disposition de paquets technologiques plus adaptés aux chocs climatiques. Le développement du secteur va également nécessité une collaboration entre l'AICB et le gouvernement pour maintenir un prix d'achat de coton graine attractif

(8)

1 CADRE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE

1.1 Contexte et justification de l'étude

1.1. Dans un passé récent, au Burkina Faso, le coton était cultivé principalement pour sa fibre, qui constitue la matière première des textiles en coton. Or il existe des applications commerciales pour d'autres parties du cotonnier, par exemple les tiges, les coques, les graines et la soie courte. Dans certains pays tels que la Chine, les États Unis et l'Inde, des produits dérivés de parties autres que la fibre ont été commercialisés, créant de la valeur ajoutée et des revenus tout en réduisant les déchets dans la chaîne de valeur du coton. Dans d'autres pays, notamment en Afrique, en raison de diverses contraintes, il existe moins de coproduits du coton, ceux-ci se limitant souvent à l'huile et aux tourteaux issus du broyage des graines.

1.2. Les coproduits du coton représentent donc pour les pays producteurs une occasion de tirer plus d'avantages de leur production de coton. Certains de ces avantages sont les suivants:

• nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs et les transformateurs;

• meilleure résilience des agriculteurs aux chocs extérieurs grâce aux nouvelles sources de revenus;

• augmentation de la valeur ajoutée nationale;

• accès à de nouveaux marchés;

• amélioration de la balance commerciale grâce à l'accroissement des exportations ou à la réduction des importations; et

• réduction des déchets dans la chaîne de valeur du coton.

1.3. Grâce à ces avantages, la transformation du coton peut contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), par exemple l'objectif 8 (travail décent et croissance économique), l'objectif 9 (industrie, innovation et infrastructure) et l'objectif 12 (consommation et production responsables).

1.4. Ayant identifié ces possibilités, de nombreux pays producteurs de coton – notamment les C4 et d'autres pays africains ont exprimé l'intention de développer les coproduits du coton avec l'accompagnement d'un transfert de technologie et d'une assistance technique pertinente.

1.2 Objectifs de l'étude

Objectif général: Réaliser une étude de faisabilité des marchés des coproduits du coton au Burkina Faso, entrant dans le cadre du projet "Transfert de technologies et de savoir-faire pour le développement des coproduits du coton dans les pays du C4".

Objectifs spécifiques:

- faire un état des lieux sur les coproduits du coton;

- identifier les coproduits à développer en priorité;

- attirer des investissements publics et privés;

- formuler des politiques de facilitation;

- acquérir et adopter des techniques/technologies et des savoir-faire appropriés en matière de transformation;

- mettre en place l'infrastructure nécessaire;

- établir des réseaux durables d'approvisionnement et de distribution des coproduits; et - formuler des politiques d'accompagnement.

1.3 Méthodologie de l'étude

1.3.1 Aperçu des coproduits du coton et leur chaîne de valeur

1.5. L'industrie du coton fournit cinq coproduits principaux: la fibre et les graines de coton obtenues après l'égrenage du coton graine, l'huile, le tourteau et les coques issus de la transformation des

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graines de coton. A cela s'ajoute les tiges des cotonniers transformées d'une part traditionnellement en fumure organique pour la fertilisation du sol, en potasse pour l'alimentation et en charbon pour la cuisson des aliments et d'autre part de manière industrielle en briquet pour la production d'énergie, en panneaux de particules et autres sous-produits, etc.

1.6. Selon Baffes (2010), les graines de coton représentent entre 60 et 65% du coton graine et la transformation de la graine produit 45% de tourteaux, 27% de coques, 16% d'huile, et 12% de déchets. Sur cette base, une tonne de graines donne 450 kg de tourteaux, 270 kg de coques, 160 kg d'huile, et 120 kg de déchets.

Graine de coton

1.7. La graine de coton peut être entièrement délintée (les linters sont un duvet recouvrant les graines), ou plus ou moins délintée. Selon les résultats de Gilles Tran (1994), la graine de coton entière contient environ 22% de protéines, 20% de matières grasses et 28% de cellulose brute (valeurs exprimées sur sec). La multiplicité des origines et des variétés fait de la graine de coton un produit très variable. La graine de coton conduit à une augmentation du taux butyreux (+ 0,2 à 0,3 points de TB) et de la quantité de lait et fait baisser légèrement le taux protéique. L'utilisation des produits du coton pour l'alimentation animale est limitée par leur teneur en gossypol, un pigment jaune polyphénolique contenu sous une forme libre dans de petites glandes présentes notamment dans l'amande et le tégument de la graine. Les formes liées ne sont pas toxiques (encore que dans certains cas, il semble possible que le gossypol lié soit absorbé par l'intestin), mais elles contribuent à dégrader la qualité protéique de la matière première. Le gossypol libre est toxique pour la majorité des espèces animales, avec des niveaux de tolérance différents. Pour les monogastriques, les niveaux maximums relevés dans la littérature sont de 100 ppm pour les porcs, 50 ppm pour les pondeuses et 150 ppm pour le poulet de chair. Les ruminants ont longtemps été considérés comme immuns au gossypol. En fait, le rumen détoxifie naturellement le gossypol libre en le liant aux protéines solubles: tant que la quantité de gossypol libre ingérée ne sature pas la capacité de détoxification du rumen, les symptômes de toxicité n'apparaissent pas. L'innocuité apparente des coproduits du coton pour les ruminants, associée à leur intérêt nutritionnel et économique, contribuent à une utilisation de plus en plus fréquente de ces produits dans tous les pays.

Le tourteau de coton

1.8. Les tourteaux de coton présentent une très forte variabilité: le taux de protéines moyen est de 42% mais varie de 28 à 58%, le taux de cellulose brute varie de 8 à 23% et le taux de matières grasses de 0,5 à 15% (valeurs exprimées sur sec) (Gilles Tran, 1994). A la variabilité de la graine de départ s'ajoute celle induite par les traitements technologiques. La graine peut en effet être délintée avant trituration pour éviter des bourrages dans les décortiqueuses. De même, une quantité optimale de coques étant requise pour le bon fonctionnement des presses, les usines choisissent soit de décortiquer partiellement les graines, soit de réincorporer une partie des coques, cette dernière méthode donnant en principe des tourteaux moins gras.

1.9. La teneur en protéines assez élevée du tourteau de coton en fait un produit intéressant.

Comparé au tourteau de soja, le coton a des valeurs UF et PDI inférieures, est moins riche en protéines et en lysine et est beaucoup plus riche en fibres et en lignine (Gilles Tran, 1994). Toutefois, la présence du gossypol dans le tourteau limite les perspectives commerciales.

Les coques et les linters

1.10. Les coques et les linters sont des matériaux très cellulosiques (respectivement 53% et 86%

de celluloses). Les coques de coton sont relativement appétentes et peuvent stimuler l'ingestion dans les rations vaches laitières pauvres en fibres.

1.3.2 Démarche globale

1.11. Elle englobe, trois phases dont i) l'exploitation des documents disponibles qui a permis de préparer l'essentiel des travaux réalisés sur les coproduits au niveau national, ii) la phase d'investigation qui a consisté à la conduite d'entretiens avec les acteurs de la chaîne de valeur des coproduits et les partenaires dans le domaine des coproduits, iii) la phase finale qui porte sur

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l'analyse des données en vue de produire un rapport provisoire à soumettre au commanditaire et de produire un rapport final après les commentaires et amendements souhaités par ce dernier.

1.3.3 Collecte des données

1.12. La collecte des données a nécessité l'utilisation de deux outils dont un questionnaire et un guide d'entretien. Le questionnaire harmonisé au niveau des quatre pays était adressé aux acteurs de la chaîne de valeur des coproduits dont les unités de transformation d'huile, les usagers des sous- produits de l'huile de coton, etc.

1.13. Le guide d'entretien était adressé aux partenaires institutionnels dans le domaine des coproduits (Ministère en charge du commerce, Chambre du commerce et de l'industriel, les sociétés cotonnières, UNPCB, personnes ressources, etc.).

1.14. Les données ont porté sur la collecte d' informations au niveau des différents acteurs:

i) caractéristiques et performances techniques et économiques, ii) forces, faiblesses et opportunités, iii) politiques nationales de valorisation des coproduits, iv) perspectives pour le développement des coproduits, v) besoins d'appui, etc.

1.3.4 Échantillonnage

1.15. Une soixantaine d'acteurs est enquêtée sur les 70 prévus (Tableau 1). Les membres de chaque catégorie d'acteurs ont été choisis de manière raisonnée en fonction des performances individuelles. Ainsi, le premier est constitué des unités industrielles (SN-CITEX et SOFIB), le deuxième des unités d'huilerie moyennement performant et enfin un troisième groupe constitué d'unités semi-industrielles de production d'huile et de tourteaux.

Tableau 1: Échantillonnage pour l'enquête quantitative

Acteurs Nombre prévu Nombre réalisé

Huiliers 50 45

Sociétés cotonnières 3 3

Membres de l'UNPCB

(Union nationale des producteurs de coton du Burkina Faso) 5 5

Commerçants grossistes 10 10

Equipementiers 2 1

Total 70 63

Source: Enquête de terrain, 2019.

1.3.5 Le traitement des données et production de rapport

1.16. Les données collectées ont été saisies, apurées et analysées avec le logiciel Stata.

2 SITUATION DE RÉFÉRENCE DE L'ÉTUDE

2.1 Importance de la filière et place du coton dans les pays du C-4

2.1. Dans les pays du C-4, la contribution du coton au PIB varie d'un pays à un autre. Ainsi, il représente 3 à 10 % du PIB au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Tchad mais moins de 2% dans les autres pays producteurs de coton en Afrique de l'Ouest. Les exportations de coton génèrent toutefois d'importantes recettes pour les économies nationales; ainsi, en 2001, les recettes des exportations du Burkina Faso représentaient 51,4%, 37,6% au Bénin et 36,2% au Tchad et 25% au Mali. Ce pourcentage varie d'un pays à un autre et dépend de la structure économique de chacun d'entre eux. Il est évident que ces revenus revêtent une importance stratégique pour la stabilité économique de ces pays et l'investissement de développement au sens plus large.

2.2. Par ailleurs l'activité cotonnière occupe entre 100 000 et 350 000 exploitations agricoles qui tirent l'essentiel de leur revenu du coton; soit entre 800 000 à 3 000 000 personnes selon les pays (8 personnes/exploitations).

(11)

2.2 Acteurs impliqués dans la filière coton au Burkina Faso

2.3. Les principaux acteurs de la filière coton au Burkina Faso sont, la famille des producteurs organisée au sein de l'Union Nationale des Producteurs de Coton (UNPCB), la famille des Sociétés Cotonnières, regroupée au sein de l'Association Professionnelle des Producteurs de Coton (APROCOB). Les deux familles forment l'Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina (AICB). Dans l'organisation de la filière, l'Etat joue un rôle de régulation à travers le Secrétariat Permanent Chargé de la Filière Cotonnière Libéralisée (SP/CFCL).

2.4. Les autres acteurs sont les chercheurs de la filière cotonnière (R&D), les banques, les fournisseurs de services (transporteurs, fournisseurs d'intrants), les triturateurs, les filateurs, etc.

La structure de la filière est présentée ci-dessous.

2.3 Acteurs impliqués et rôles dans la production du coton graine au Burkina Faso

Les producteurs

2.5. La production du coton graine est assurée par des producteurs individuels, organisés dans un premier temps en Groupements de Producteurs de Coton (GPC) à partir de 1996 puis en Sociétés Coopératives Spécialisées des Producteurs de Coton (SCOOPS-PC) en 2018 conformément à la règlementation de l'OHADA. Ils sont représentés au niveau départemental, provinciale et au niveau national par l'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). Les SCOOPS-PC au nombre de 9 750 assurent depuis la libéralisation de la filière les fonctions de i) distribution des intrants, ii) gestion des crédits court et moyen terme (octroi et récupération), iii) organisation de la collecte et la commercialisation du coton graine de leurs membres (pesées coton et paiements, etc.), iv) autres activités connexes telles que la gestion des cotisations des membres et les activités à caractère socio-économique, etc. Les producteurs sont actuellement administrateurs au sein des sociétés et détiennent des parts dans les capitaux (30% SOFITEX, 20% SOCOMA et 10% FASO COTON). Cela leur permet de se positionner en tant qu'interlocuteurs et partenaires clés dans la gestion de la filière coton à tous les niveaux.

Les sociétés cotonnières

2.6. Il existe trois sociétés cotonnières depuis la libéralisation de la filière en 2004 qui assurent: i) l'approvisionnement en intrants des producteurs sous forme de crédits de campagne, ii) la commercialisation du coton, iii) l'égrenage du coton, iv) la vente de la fibre et des coproduits du coton.

2.7. Il s'agit de: i) la SOFITEX avec un capital de dix-neuf milliards cinq cent vingt-huit millions de franc CFA (19 528 000 000 FCFA)2 , elle est située dans la partie Ouest et sud-Ouest du pays et compte 5 057 employés (permanents et saisonniers) et plus de 1 528 travailleurs dits occasionnels, ii) SOCOMA, une filiale du groupe GEOCOTON située à l'Est du pays et qui détient 75% du capital estimé à six milliards de franc CFA (6 000 000 000 FCFA) iii) la société Faso Coton, basée dans la région du centre avec un capital de trois milliards trois cents millions de franc CFA (3 300 000 000 FCFA), détenue par un consortium qui inclut: le commerçant Reinhart (31%), l'égreneur Ivoire Coton/IPS (29 %), le fournisseur d'intrants AMEFERT (20 %), le transporteur SOBA (20%), et l'UNPCB (10%).

2 Depuis 2012 source: http://www.sofitex.bf/pres_sofitex/presentation.htm.

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Figure 1: Carte des zones cotonnières au Burkina Faso

Depuis 2012, source: http://www.sofitex.bf/pres_sofitex/presentation.htm.

Chiffres de mars 2016.

Les autres acteurs: recherche cotonnière et banques

2.8. La recherche cotonnière est conduite par l'Institut de l'Environnement et de la Recherche Agricole (INERA) et joue un rôle essentiel dans le système de production depuis l'époque coloniale jusqu'à nos jours. Elle accompagne la production du coton à travers i) l'innovation par la mise au point de variétés performantes, ii) l'agronomie, le partage de techniques culturales et la gestion des ressources naturelles, iii) la défense des cultures, l'agro-socio économie et le transfert des technologies de production.

2.9. Les Banques accompagnent les sociétés cotonnières à travers entre autres, les crédits octroyés pour le financement des intrants, la commercialisation du coton-graine et les infrastructures industrielles. Avec l'accroissement des besoins de financement, l'activité cotonnière est financée par deux pools bancaires dont un national et l'autre international.

2.4 Interventions, rôles et subventions de l'État dans le secteur cotonnier au Burkina Faso

2.10. Principal actionnaire avant la libéralisation de la filière, l'Etat Burkinabè a progressivement cédé une partie importante de ses actions aux producteurs et aux privés depuis 2004. L'état détient seulement 35% des actions de la SOFITEX, le groupe français Dagris 34%, l'UNPCB 30% et les banques locales BIB et BICIAB 1%.

2.11. Actuellement l'état participe à la définition des politiques et des objectifs de production mais son principal rôle est la régulation au sein de la filière cotonnière. Cette régulation se fait à travers le Secrétariat Permanent Chargé de la Filière Cotonnière Libéralisée (SP/CFCL) créé au sein du ministère du Commerce (tutelle de la filière coton). Cependant, cette description cache le rôle capital de l'Etat dans la filière. En effet, l'Etat est toujours intervenu dans la filière cotonnière pour la subvention des intrants et l'accompagnement financier des sociétés cotonnières lors des crises cotonnières (exemple: période 2004 à 2010).

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2.12. L'appui de l'État à la filière coton se fait de plusieurs manières qui sont entre autres:

• des subventions directes à la filière en cas de déficit financiers des sociétés cotonnières,

• des détaxations ou renoncement à certaines taxes pour réduire le prix d'achat des intrants agricoles aux producteurs;

• quelques fois, apurement des impayés internes du crédit intrant des membres des organisations des producteurs en cas de crise menaçant l'avenir de la filière coton (exemple:

2 milliards de FCFA en 2019 pour l'appui aux plans de relance de la culture cotonnière, etc.).

2.5 La fixation des prix d'achat de coton graine: processus et acteurs impliqués

2.13. La fixation des prix d'achat de base du coton graine fait partie des fonctions communes gérée par l'AICB. Le défi de la filière coton est de parvenir à un équilibre entre une maximisation du revenu des producteurs de coton et une rémunération conséquente des capitaux investis par les sociétés cotonnières. La détermination des niveaux de prix d'achat des intrants et du coton graine vise à concilier les intérêts des producteurs et ceux des sociétés cotonnières. Les prix d'achat du coton- graine et de cession des intrants aux producteurs sont uniformes sur l'ensemble du territoire national et sont fixés chaque année avant les semis (Mars–Avril) par l'AICB.

2.14. Depuis 2006, l'AICB a un nouveau mécanisme de fixation des prix qui a pour objectif de maintenir le prix plancher et de minimiser les variations de ce prix d'une année à l'autre en mettant en place un fonds de lissage à la place du fonds de soutien.

2.15. S'inspirant des limites du mécanisme précédent, le lissage apporte plus de transparence et plus de garantit à la filière coton burkinabé aux yeux des producteurs. Cependant ce nouveau mécanisme conserve deux fondamentaux de l'ancien:

• Le principe d'une ristourne et surtout d'un prix d'achat plancher qui reste annoncé à la veille des semis car l'information est importante pour les producteurs.

• L'existence d'un fonds permettant de respecter ce prix plancher et de boucher les creux en écrémant les bosses; d'où l'appellation fonds de lissage en lieu et place de fonds de soutien.

2.16. Avec le mécanisme de lissage, le prix ne dépend plus des négociations menées chaque année entre producteurs et société(s) cotonnière(s). Le prix dépend dorénavant de l'évolution des cours mondiaux, déterminé chaque année à partir d'une formule mathématique permettant d'estimer ce qu'il est convenu d'appeler le prix de tendance. Il s'agit d'une moyenne mobile centrée et calculée sur la base des cours des deux dernières campagnes écoulées et des cours prévisionnels des trois campagnes à venir. Le prix de tendance est également corrigé en fonction d'un taux de change de référence.3 C'est à partir de ce prix de tendance que sont calculés les bornes du tunnel de lissage, la borne inférieure (ou prix plancher) correspondant à 95% du prix de tendance, et la borne supérieure (ou prix plafond), à 101%. Le prix de tendance est annoncé par l'AICB chaque 1er avril et calcule également le prix planché correspondant.

2.17. Selon ce mécanisme, c'est au prix planché plus une ristourne (s'il y a lieu) de la campagne précédente que sera payé le kilogramme du coton graine aux producteurs, et sera vendu à un prix dit prix de référence. Le prix de référence est ensuite comparé à l'intervalle entre le prix plafond et le prix planché.

2.6 La fixation des prix de cession des graines de coton: processus et acteurs impliqués 2.18. Le prix de la graine est incorporé dans le prix d'achat du coton graine. En réalité, le prix de la graine de coton est administré et donc fixé par l'État. Le prix en vigueur est de 80 FCFA/kg depuis 2013 auquel s'ajoute la TVA (18%) selon l'Arrêté N°2014-0070 /MICA/SG/DGC/SP-SFCL portant fixation du prix et des modalités de cession de la graine destinée à la production d'huile au Burkina Faso. Le prix de la graine est fixé sans l'implication des acteurs de la transformation qui ont toujours jugé ce prix élevé. Il faut noter que ce prix ne connaît pas de fluctuations depuis 2013 malgré les variations dans la disponibilité de la graine, elle-même en lien avec celle de la production du coton graine. Les acteurs souffrent plus de la faible disponibilité de la graine que de l'effet du prix jugé

3 Dû à la variation du dollar face à l'euro or le FCFA est directement rattaché à l'euro.

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élevé. En effet, la plus grande unité de transformation d'huile de coton, la SN-CITEX, filiale du groupe Géocoton, a le monopole sur les achats de la graine.

2.7 Analyse de l'environnement politique: cadres juridiques et réglementaires de production des sous-produits au Burkina Faso

2.19. Depuis les années 90, avec les programmes d'ajustement structurels, le Burkina Faso a résolument pris la décision de libéraliser son économie. Cela s'est manifesté par son retrait des secteurs productifs et le positionnement de son secteur privé comme moteur de croissance. Afin que le secteur privé puisse jouer pleinement ce rôle, l'État s'est investi à créer les conditions cadres propices à l'émergence d'un secteur privé dynamique et compétitif dont en mettant l'accent notamment sur l'industrie manufacturière.

2.7.1 Les politiques et stratégies de développement des industries de transformation 2.20. Le Programme National de Développement Économique et Social (PNDES), en tant que document de politique de développement, prévoit en son axe 3 la dynamisation des secteurs porteurs pour l'économie et les emplois. A travers cet axe, le Gouvernement marque une forte volonté d'influer positivement la dynamique de l'économie à travers les secteurs qui regorgent de fortes potentialités comme celui de l'industrie de transformation. Les principales politiques et stratégies dans le domaine des industries de transformation sont:

La Politique Sectorielle de Transformation Industrielle et Artisanale (POSTIA)

2.21. Adoptée le 4 avril 2018, l'objectif global de cette politique est de rendre le secteur industriel et artisanal compétitif, créateur de forte valeur ajoutée et d'emplois décents. Elle vise à rendre entre autres l'industrie manufacturière plus compétitive et créatrice davantage de richesses et d'emplois décents. À cet effet, des actions seront entreprises pour soutenir la structuration des filières et le renforcement des capacités managériales, techniques et technologiques des PME/PMI. Aussi, l'amélioration de l'accès au financement, la promotion des droits de propriété industrielle ainsi que des normes de qualité contribueront à la mise en place d'un tissu dense de PME/PMI viables et innovantes.

2.22. De plus, la POSTIA prévoit dans son axe 3 l'amélioration de l'accessibilité aux services énergétiques de qualité efficace.

Des politiques en cours de mise en œuvre

2.23. D'autres politiques en cours de mise en œuvre ont également permis de soutenir les industries manufacturières. Il s'agit de: i) la Stratégie de Développement Industriel (SDI) dont l'objectif est de créer un environnement favorable à la promotion d'industries compétitives en vue de contribuer au développement et à l'augmentation de la production industrielle, à la création d'emplois et à l'amélioration de la balance commerciale; ii) la Stratégie Nationale de promotion des Exportations (SNE) qui est le document de base autour duquel sont bâties toutes les actions de promotion des exportations des produits burkinabè.

2.7.2 L'amélioration du régime général des investissements

2.24. En sus des politiques et stratégies déjà évoquées, il faut noter l'amélioration constante du régime général des investissements à travers les réformes telles que:

la loi n°015- 2017/AN du 27 avril 2017 portant loi d'orientation de promotion des PME/PMI au Burkina, de portée générale, elle définit le cadre institutionnel et juridique de promotion des PME/PMI (dont celles de la transformation agroalimentaire), articulé autour des structures et des mécanismes de dialogue et de partenariat avec les acteurs, leurs structures faîtières et les partenaires au développement

le code des investissements (loi n°038-2018/an portant code des investissements au Burkina Faso, consultable sur internet)) qui accompagne les promoteurs dans leurs efforts d'investissement (exonération partielle des droits de douane et de la fiscalité intérieure)

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avec des avantages spécifiques pour les opérateurs intervenant dans les secteurs agro-sylvo-pastoraux.

la loi n°023-2013/AN du 30 mai 2013 portant loi d'orientation de l'investissement au Burkina Faso;

le décret N° 2017-1165/PRES/ PM/MCIA/MATD/MINEFID du 30 novembre 2017 portant adoption de la charte des petites et moyennes entreprises au Burkina Faso. Cette charte des PME est un cadre règlementaire qui vient apporter de nouvelles solutions pour la promotion et le développement des PME. Son objectif est de poursuivre et compléter l'action du gouvernement du Burkina Faso en faveur du secteur privé en général et des PME/PMI en particulier. Elle précise de manière concrète, les mesures d'aides spécifiques consenties par le Gouvernement en faveur des PME/PMI dont celles de la transformation des produits agricoles.

2.25. L'objectif ultime est d'arriver à bâtir des stratégies, programmes et actions communes porteuses, capables d'insuffler l'émergence de PME/PMI fortes et compétitives.

2.26. Toutes ces politiques et stratégies sont mises en œuvre à travers un cadre institutionnel adéquat.

2.7.3 Le cadre institutionnel de promotion des industries de transformation

2.27. La Direction des petites et moyennes entreprises et industries au sein du Ministère du commerce, de l'industrie et de l'artisanat dont l'une des principales attributions est la promotion des unités de transformation des matières premières locales.

2.28. L'Agence de financement et de promotion des PME (AFP/PME) qui a pour mission principale de contribuer au développement du secteur privé en soutenant la promotion de l'entreprenariat et l'émergence d'un tissu de PME/PMI burkinabè viables et compétitives. C'est un fonds national de financement qui vise l'émergence d'entrepreneurs capables de s'insérer dans le nouvel environnement économique qui est caractérisé par une régionalisation et une mondialisation des affaires. L'AFP/PME offre des services financiers accessibles aux promoteurs des entreprises de transformation des produits locaux, notamment agroalimentaires.

2.29. L'Agence de Promotion des Exportations du Burkina (APEX-Burkina) qui est chargée de la promotion des exportations et des produits burkinabè sur les marchés internationaux à travers la diffusion des informations sur les opportunités d'affaires. Elle est également en charge de l'organisation de manifestations commerciales au niveau international.

2.30. L'Agence Burkinabè de Normalisation, de la Métrologie et de la qualité (ABNORM) qui vise à mettre en œuvre le plan d'action de la Politique Nationale Qualité (PNQ). Au centre de l'infrastructure qualité se trouvent les 3 catégories d'activité que sont: la normalisation, la métrologie et l'évaluation de la conformité.

2.31. L'infrastructure qualité repose sur: (i) un cadre juridique avec un dispositif national, communautaire et international, (ii) le cadre technique de la normalisation, de la métrologie, de l'évaluation de la conformité, impliquant plusieurs ministères (commerce, agriculture, ressources animales, recherche scientifique), des laboratoires publics (Laboratoire National de Santé Publique (LNSP), Direction de l'Action Sanitaire (DAS) de la commune de Ouagadougou, Laboratoire National des Bâtiments et Travaux Publics (LNBTP), Agence Nationale de Biosécurité (ANB) et des organismes privés, notamment pour l'agriculture biologique et le label équitable (ECOCERT, FLO-CERT, Certisys, Lacon).

2.32. La promotion et l'accompagnement à la qualité implique: (i) les structures de promotion de la qualité ou "mouvements de la qualité", (ii) les associations de défense des consommateurs, (iii) les structures de formation et de conseil en matière de qualité, etc.

2.33. Les dysfonctionnements et lacunes du système d'infrastructure qualité burkinabé peuvent se résumer ainsi: (i) au niveau institutionnel on constate des mandats parfois inadaptés et une absence de structure de coordination, une législation pléthorique et incomplète; (ii) d'importantes lacunes

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existent au niveau technique et des insuffisances se font ressentir quant aux moyens humains et financiers.

2.7.4 Les opportunités liées à l'intégration régionale et à la mondialisation

2.34. Pays membre de l'UEMOA et de la CEDEAO, le Burkina Faso bénéficie des mesures d'intégration régionale de ces deux organisations. Les produits du cru (animaux, produits végétaux et minéraux),les produits d'artisanat ainsi que les produits transformés qui satisfont aux règles d'origine et qui sont certifiés sont censés circuler librement à l'intérieur de ces organisations. Dans un système d'intégration régionale, les approches de cadre intégré se présentent comme une grande opportunité à saisir. Elles visent à placer la politique commerciale au centre des activités de développement et faciliter la fourniture d'une assistance coordonnée dans le domaine du commerce.

Par ailleurs, la mondialisation constitue une opportunité en ce qu'elle vient briser les anciens clivages économiques et commerciaux qui favorisaient les chasses gardées rendant difficile, sinon impossible, l'accès aux différents marchés, biens et services et technologies diverses.

Le marché financier régional

2.35. Le Burkina Faso intervient sur le marché financier régional, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), par l'émission de titres et également en contribuant à la gestion des acteurs institutionnels. Les entreprises qui émettent des titres sur le marché financier régional ont recours à deux méthodes pour effectuer cette opération: l'appel privé à l'épargne qui se fait par l'émission d'emprunts obligataires privés, ainsi que l'appel public à l'épargne. Le marché financier présente de grandes opportunités de financement même si son exploitation reste encore faible.

Les préférences commerciales non réciproques

2.36. Le Burkina Faso est signataire d'accords de facilitation d'accès aux marchés des pays développés. On peut citer entre autres, l'initiative Tout Sauf les Armes (TSA) et l'African Growth and Opportunity Act (AGOA). Ces préférences commerciales non réciproques donnent un accès libre aux marchés européens et américains.

2.7.5 Les perspectives

2.37. Les perspectives portent sur l'initiative structurante que le gouvernement a entreprise pour relever les défis immenses au regard des contraintes identifiées. Il s'agit entre autres de:

• L'élaboration d'un nouveau référentiel en matière d'industrialisation en vue de promouvoir le tissu industriel du Burkina Faso;

• La relecture du code des investissements en vue de rendre plus attractif le Burkina Faso comme destination privilégiée des investissements;

• Le processus de viabilisation des zones industrielles et la création de zones économiques spéciales en vue de rendre efficace l'action du Gouvernement en matière de créations d'infrastructures de soutien à l'industrie,

• Le Projet de création et de mise en place d'Incubateurs, de Pépinières et d'Hôtel d'Entreprises dans le Secteur Agroalimentaire (PIPHE-SA) dans le souci d'accompagner les promoteurs d'entreprises et les porteurs de projets innovants du secteur agroalimentaire, depuis la phase de l'idée de projet/entreprise en passant par celle de création jusqu'à son insertion dans l'environnement réel de marché;

• L'étude de faisabilité pour la mise en place d'unités de transformation agroalimentaires selon les filières et les potentialités des zones;

• Le programme de Coopération ONUDI- Burkina Faso qui vise à réaliser une intervention stratégique et fonctionnelle dans la promotion de l'investissement, l'entrepreneuriat des jeunes, la création et la formalisation d'entreprises, ainsi que le renforcement des capacités commerciales et des interventions sectorielles dans les chaînes de valeur. Le programme pays de l'ONUDI d'une durée de quatre ans, a comme objectif global de contribuer au développement de l'industrie burkinabé à travers l'amélioration des capacités productives du secteur privé et public. Le projet de valorisation des coproduits du coton s'inscrit dans la

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composante 4 dudit projet: élaboration d'une stratégie d'industrialisation nationale, de promotion des investissements novateurs et de renforcement des capacités commerciales.

Ainsi, l'ONUDI est un partenaire important du projet de valorisation des coproduits du coton;

• La mise en œuvre du plan d'industrialisation accélérée qui est un document opérationnel qui permettra de disposer de projets concrets dans les secteurs prioritaires tels que les filières bétail-viande, coton-textile, carrières et matériaux de construction;

• Le projet d'équipement des PME exerçant dans la transformation des matières premières locales (PRCPPME/PMI) vise à apporter un appui en équipements et en formation à 130 PME/PMI (soit 10 PME/PMI par région) à fort potentiel de création de richesses et d'emplois.

Ceci permet aux bénéficiaires d'augmenter leurs capacités de production et de se lancer dans des activités qu'ils n'auraient pu mener ou qu'ils auraient menées de façon plus limitée.

3 DIAGNOSTIC DE LA FILIÈRE COTON AU BURKINA 3.1 Diagnostic de l'organisation de la filière

3.1. Le fonctionnement de la filière repose sur les deux familles qui ont constitué l'AICB (les producteurs et les sociétés cotonnières). Malgré la libéralisation de la filière, les fonctions critiques comme la fixation et la péréquation de prix uniques pour l'achat du coton graine et pour les prix de cession des intrants, le financement de la recherche et des infrastructures communautaires, etc.

sont maintenues. Plusieurs facteurs concourent à une cohésion d'ensemble des acteurs de la filière.

Il s'agit entre autres de (i) l'ouverture du capital des sociétés cotonnières aux producteurs, (ii) l'implication des producteurs dans la fixation des prix de cession des intrants et d'achat de coton graine aux producteurs, (iii) l'amélioration progressive des prestations des sociétés cotonnières vis-à-vis des producteurs (crédit, commercialisation, évacuation et payement du coton graine), (iv) la concertation permanente entre les deux familles (assemblée générale, conseil d'administration, restitution des résultats de la recherche et validation des programmes d'activités et des budgets de recherche, etc.).

3.2. Cependant, cette cohésion est quelque fois ébranlée par des mésententes entre acteurs autour de la qualité des intrants livrés aux producteurs, la fixation des prix, la mauvaise prestation de certains services des sociétés cotonnières, etc. C'était le cas lors des crises au sein de la filière en 2011 et 2018 qui se sont traduites par un boycott du coton par une partie des producteurs. La résolutin des différentes crises nécessite l'intervention de l'Etat qui assure une fonction de régulation et d'accompagnement financier sous forme de subvention comme mentionné plus haut.

3.2 Évolution des performances de la filière sur dix ans (de 2010 à 2018) 3.2.1 Production de coton graine, de fibre et de graine de coton

3.3. La production de coton graine évolue en dents de scie ces dix (10) dernières années. Elle reste inférieure à 400 000 tonnes entre 2010 et 2013, puis tourne autour de 600 000 tonnes en moyenne entre 2013 et 2017. (Tableau 2). Elle connaitra une chute de 29 % en 2018 par rapport à 2017. Les productions de coton-graine et de coton-fibre connaissent les mêmes tendances d'évolution durant cette période.

3.4. La production degraines est repartie entre les graines pour la transformation en huile (85% en moyenne) et la semence (15 %). Après les semis du coton, la semence restante est réaffectée à l'huilerie. Entre 30 et 40 % de la semence repartent en huilerie selon la qualité des semis (AICB, 2019). Le rendement moyen de fibre est de 383 Kg/ha entre 2010 et 2019. Selon les estimations de l'INERA (2010), la production de tiges de cotonnier varie entre 1,7 et 1,8 tonne/ha. Sur la base d'un rendement moyen de tiges de 1,75 tonne, la production moyenne est estimée à 1 028 421tonnes avec des extrêmes de 607 740 tonnes en 2012 et de 1 538 418 tonnes en 2018 dont moins de 15% sont réellement valorisées (INERA, 2010).

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Tableau 2: Statistiques de production du coton graine, fibre et graine de coton de 2010-2018

Campagne Superficie

(ha) Production Coton Graine (T)

Production Coton Fibre

(T)

Production Graine

Coton (T)

Semence

(T) Rendement Fibre (T/ha)

Production tiges

(T)

2010-2011 404 121 365 325 157 090 197 276 19 728 0,389 707 212

2011-2012 347 280 337 556 145 149 182 280 21 874 0,418 607 740

2012-2013 377 087 385 383 165 715 208 107 31 216 0,439 659 902

2013-2014 568 986 601 418 258 610 324 766 48 715 0,455 995 726

2014-2015 647 926 703 000 287 000 379 620 56 943 0,443 1 133 871

2015-2016 662 902 586 000 248 400 316 440 47 466 0,375 1 160 079

2016-2017 740 349 683 000 306 900 368 820 55 323 0,415 1 295 611

2017-2018 879 096 612 698 225 900 330 857 49 629 0,257 1 538 418

2018-2019 646 446 434 317 197 700 234 531 35 180 0,306 1 131 281

2019-2020 602 500 467 000 200 810 252 180 37 827 0,333 1 054 375

Moyenne 587 669 517 570 219 327 279 488 40 390 0,383 1 028 421

Sources: AICB, 2019 et calculs des auteurs.

3.2.2 Estimation de la disponibilité des coproduits de la graine de coton

3.5. La quantité d'huile produite à partir des graines de coton du Burkina Faso a été en moyenne de 37 434 tonnes entre 2010 et 2019. La campagne 2014-2015 a été une année record pour la production d'huile avec une quantité de 50 300 tonnes.

3.6. La production des tourteaux a été en moyenne de 99 824 tonnes sur la période 2010-2019.

Les déchets et coques de graines sont estimés à 104 816 tonnes sur la même période (Tableau 3).

Tableau 3: Production des coproduits entre 2010 et 2018 Campagne Graines

huilerie (T)

Linters/fibres courtes

(T)

Tourteaux de coton

(T)

Coques

(T) Huile de coton

2010-2011 174 260 5 228 69 704 73 189 (T) 26 139

2011-2012 161 014 4 830 64 406 67 626 24 152

2012-2013 183 828 5 515 73 531 77 208 27 574

2013-2014 286 876 8 606 114 751 120 488 43 031

2014-2015 335 331 10 060 134 132 140 839 50 300

2015-2016 279 522 8 386 111 809 117 399 41 928

2016-2017 325 791 9 774 130 316 136 832 48 869

2017-2018 292 257 8 768 116 903 122 748 43 839

2018-2019 207 169 6 215 82 868 87 011 31 075

Moyenne 249 561 7 487 99 824 104 816 37 434

Source: AICB et calcul des auteurs avec les huiliers.

3.2.3 Évolution de la production du coton sur les dix dernières années.

3.7. Ces dernières années, on observe une baisse tendancielle des rendements et de la production.

La situation est aussi ressentie dans les autres pays africains producteurs de coton. Au Burkina Faso, l'analyse des principaux facteurs explicatifs de la baisse de la production sont entre autres:

• la baisse des rendements au champ résultant de plusieurs facteurs: (i) la baisse de la fertilité des sols dû à la mauvaise gestion organo- minérale (ii) les pratiques approximatives des producteurs en matière d'utilisation des intrants, (iii) les changements climatiques, (iv) l'insécurité foncière, etc.,

• la désaffection des producteurs vis-à-vis de la culture du coton en raison de: (i) baisse du prix du coton et/ou augmentation du prix des intrants, (ii) mauvaises prestations de certains services par les sociétés cotonnières, (iii) mauvaise gestion du crédit intrants, (iv) mauvaise communication entre les acteurs directs de la production cotonnière;

• la situation sécuritaire du pays est un des facteurs expliquant la baisse de la production. En effet, certaines zones cotonnières notamment dans la partie Est du pays ne sont plus exploitable à cause de l'insécurité.

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3.8. Le plan de relance de 2018 pour assainir le secteur coton a permis d'améliorer la production nationale de 12 et de 16% respectivement en 2019 et 2020, ceci laisse penser à une certaine stabilité voire une augmentation de la production pour les années à venir. Cependant, même si ce plan de relance a impacté positivement la production, il n'a pas fondamentalement levé les principales contraintes évoquées ici. Le Burkina Faso pourrait donc connaître une baisse importante de sa production au regard de l'évolution à la baisse des prix mondiaux de la fibre.

3.9. La baisse de la production du coton graine signifie une baisse de la matière première pour la transformation en huile et en tourteau. Il faut donc un accompagnement conséquent de l'Etat à la filière au regard de la place prépondérante qu'elle occupe dans l'économie nationale afin de profiter au mieux des opportunités qu'offre la transformation locale des coproduits.

3.3 Impact de la culture du coton sur les cultures vivrières et le revenu des ménages 3.10. L'analyse historique montre que l'accès au crédit et les subventions aux intrants grâce au système coton ont permis aux agriculteurs de remplacer leur outillage manuel par la traction attelée asine d'abord, bovine ensuite, et ensuite par la motorisation. Avec un niveau de fertilité plus élevé et une lutte plus efficace contre les adventices, les agriculteurs ont pu bénéficier de rendements supérieurs. Ces nouvelles techniques culturales n'ont pas été appliquées au seul cotonnier mais aussi aux systèmes de cultures purement vivriers.

3.11. Par ailleurs, le cotonnier a été inséré dans des rotations où les céréales et les légumineuses ont continué à tenir une bonne place. Selon Schwartz (1991), Vognan et al. (2003), Poda (2004) et Eureka (2007), la rotation coton/céréales sur une même parcelle permet à la culture céréalière de bénéficier de l'arrière-effet des engrais apportés au coton. En outre, les céréales bénéficient de la politique de développement du coton à travers les crédits intrants et équipements remboursés par le coton. La culture céréalière bénéficie aussi de l'intensification des exploitations, induite par le

"paquet technologique" appliqué au coton (FAO, 2006) ce qui se traduit par une amélioration des rendements des céréales. Les zones cotonnières contribuent à plus de 80 % de la commercialisation céréalière au Burkina Faso (Agrer, 2007). C'est ce qui fait dire à Bainville (2013) que si le pays bénéficie d'une certaine autosuffisance céréalière c'est avant tout grâce aux régions où la culture du cotonnier est la plus répandue.

3.12. L'étude de Vognan et al. (2013) analysant les impacts de l'évolution défavorable des conditions de production du coton au Burkina Faso, entre 2005, (année d'une production record de 713 000 t) et 2011 (année de reprise après une chute importante de la production jusqu'à 347 000 t en 2007) sur la production alimentaire et le revenu des producteurs montrent une forte corrélation entre culture du coton et ces deux indicateurs

3.13. Les résultats ont permis de distinguer trois types de producteurs classés selon leurs réactions à l'évolution défavorable des conditions de production du coton: (1) les producteurs qui abandonnent le coton, (2) ceux qui réduisent leur superficie de coton et (3) ceux qui maintiennent ou augmentent leur superficie de coton. Les analyses de corrélations mettent en évidence une forte corrélation entre coton-céréales-élevage et sécurité alimentaire selon le type de producteurs. Les superficies du maïs et celles du coton évoluent dans le même sens indiquant l'existence d'une corrélation forte entre ces deux cultures. L'analyse des résultats de ceux ayant maintenu la superficie du coton montre que la corrélation entre les superficies du coton et du maïs est significative et positive aussi bien en 2005 qu'en 2011 au seuil de 5% (r = 0,866). Chez ceux qui ont réduit, ce lien est confirmé par le coefficient de corrélation élevé et significatif au seuil de 1 % (0,797) entre les deux cultures le coton et le maïs. Chez ceux abandonnant le coton, la corrélation entre le maïs et le coton reste encore forte, soit 0,665 au risque de 1 %. Ces résultats confirment la corrélation positive entre le coton et les cultures céréalières.

3.14. La réduction des superficies de coton s'accompagne de celle du revenu agricole de 22,4% en moyenne. Cette réduction au niveau du revenu coton est de 56,7% chez ceux qui ont pratiquement abandonné le coton, de 20,7 % chez les producteurs maintenant ou augmentant leur superficie de coton et de 69 % chez ceux réduisant leur superficie de coton. Ces derniers optimisent le moins leur plan de production. La vente d'animaux constitue une source importante de revenu que privilégient également ceux qui ont abandonné et ceux qui ont réduit leur production pour combler le manque à gagner avec le coton.

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