• Aucun résultat trouvé

Description de la subjectivité de la santé mentale : Balance entre positif

La négativité est considérée comme le facteur latent de la dépression alors que la positivité est le facteur latent du bonheur. Ainsi, la cognition négative est liée de manière importante à l’affect négatif tandis que la cognition positive est en relation de manière significative avec l’affect positif. Si, le bonheur est une prépondérance des affects positifs sur les affects négatifs, la dépression relève d’un niveau d’affect négatif élevé combiné à un niveau d’affect positif faible. Plus le niveau d’affect positif est élevé et le niveau d’affect négatif bas, plus on s’approche du bonheur. Inversement, plus le niveau d’affect négatif est élevé et le niveau d’affect positif bas, plus on s’approche du mal-être. Cette balance entre les affects positifs et les affects négatifs permet d’évaluer ainsi le degré de santé mentale sur le plan de l’affect. Il en est de même pour la dimension cognitive où le bonheur correspond à une prévalence des cognitions positives sur les cognitions négatives de manière fonctionnelle et adaptative, tandis que le mal-être renvoie à une prévalence des cognitions négatives sur les cognitions positives de manière dysfonctionnelle et inadaptative. La balance entre les cognitions positives et les cognitions négatives peut aussi permettre d’évaluer le degré de santé mentale sur le plan cognitif. Le traitement cognitif dit fonctionnel est flexible, c’est-à-dire qu’il implique des croyances fondamentales pouvant être remises en cause, des pensées plus volontaires qu'automatiques, des distorsions peu présentes ou absentes ainsi qu’un contenu cognitif diversifié (Beck, 1967, 1976 ; Beck, Rush, Shaw & Emery, 1979).

Conclusion

Diener (1984) suggéra de prendre en compte la notion de subjectivité dans la modélisation du bien-être et par conséquent dans la santé mentale, modèle où la subjectivité est constituée de l’aspect affectif et émotionnel et de l’aspect cognitif évaluatif. La dimension cognitive et la dimension affective entretiennent une relation essentielle, constituant la subjectivité individuelle, celle-ci pouvant être décrite comme adaptée ou inadaptée à la réalité. Adaptée lorsque cette subjectivité contribue de manière positive à la santé mentale, inadaptée lorsqu’elle influence négativement.

58

La subjectivité de la santé mentale peut donc être constituée d’une part de la dimension cognitive comprenant les facteurs cognition positive et cognition négative et d’autre part de la dimension affective avec pour facteurs l’affect positif et l’affect négatif. La balance entre cognitions positives et cognitions négatives, affects positifs et affects négatifs peut permettre d’évaluer le degré de santé mentale d’une personne à travers sa subjectivité. La subjectivité de la santé mentale positive correspond à une prévalence des cognitions positives et des affects positifs sur les cognitions négatives et les affects négatifs, de manière fonctionnelle et adaptative. La subjectivité de la santé mentale négative renvoie à la prévalence des cognitions négatives et des affects négatifs sur les cognitions positives et les affects positifs, de manière dysfonctionnelle et inadaptative.

Si l’on peut mesurer la santé mentale des individus par la balance entre la cognition positive et la cognition négative, entre l’affect positif et l’affect négatif, peut-on en faire de même par la balance entre le comportement positif et le comportement négatif ? La santé mentale est constituée de l’ensemble des dimensions de l’activité mentale à savoir les cognitions, les comportements et les affects, dimensions liées de manière indissociable, les cognitions étant les causes, les comportements et les affects, les conséquences. Dans les interventions en psychologie positive, les activités positives ont pour but de refléter les pensées et les comportements de personnes naturellement heureuses en favorisant des sentiments, des pensées et des comportements positifs, plutôt que de modifier directement les sentiments, pensées et comportements négatifs ou pathologiques (Layous & Lyubomirsky, 2014). Ainsi, la santé mentale positive implique une prévalence des comportements positifs sur les comportements négatifs de manière adaptative tandis que la santé mentale négative renvoie à une prévalence des comportements négatifs/ou l’absence de comportements sur les comportements positifs de manière inadaptative.

60

Chapitre IV. La perspective développementale

et fonctionnelle de la santé

mentale positive

61

Introduction

L’approche eudémonique prétend que pour connaître le bonheur, l’être humain doit s’évertuer à atteindre et à vivre en accord avec le daimon, c’est-à-dire le « vrai soi » (Norton, 1976 ; Waterman, 1993) en gardant l’objectif d’atteindre le meilleur de soi (Ryff & Singer, 2008). Cette théorie est issue de la philosophie hellénique ; elle a été mise en lumière par Aristote et son mouvement de pensée, l’Aristotélisme, qui conçoit le bonheur comme étant « l'activité de l'âme dirigée par la vertu ». L’eudémonisme d’Aristote considère le bonheur comme un principe vers lequel tend chaque être humain en orientant ses actions en vue de l’atteindre (McMahon, 2006). Le daimon renvoie aux « potentialités de chaque personne, à l’accomplissement de ce

qui représente la plus grande réalisation de la vie dont chacun est capable » (Waterman, 1993,

p.678). Cela implique des potentialités communes à tous les êtres humains ainsi que des potentiels uniques pour chaque individu et renvoie au fonctionnement psychologique optimal (Waterman, 1993). L’eudénomie est la réalisation de ces potentiels (réalisation de soi) en accord avec le vrai soi, ce qui permet d’éprouver un sentiment d’expression personnel (Waterman, 1993). Elle est susceptible d’apporter un sens et une direction à sa vie (Waterman, 1993).

La recherche eudémonique du bonheur s’inscrit à travers la théorie sur la satisfaction des besoins psychologiques (Laguardia & Ryan, 2000 ; Ryan & Deci, 2001). Le concept de besoin psychologique a été développé dans des théories du début du XXe siècle telles que les théories sur les instincts (James, 1890 ; McDougall, 1908) et sur les pulsions (Freud, 1915). En 1938, Murray propose la notion de besoins « psychogéniques », les besoins n’étant plus exclusivement conçus comme physiologiques, mais aussi comme psychologiques. Si les besoins psychologiques sont importants dans la vie psychique, quels sont leur rôle et leur place dans le développement et dans le fonctionnement psychologique de la santé mentale ? Pour Maslow (1954), si la frustration d’un besoin fondamental est liée à des troubles mentaux, alors la satisfaction des besoins psychologiques contribue de manière essentielle à la santé mentale. Maslow (1954) suggère que « de nombreux traits caractéristiques de l’adulte sain sont des

conséquences positives de la satisfaction des besoins d’amour pendant l’enfance » (p.87). La

théorie de l’attachement de Bowlby (1958) postule que la satisfaction du besoin de sécurité affective pendant la petite enfance favorise le développement d’une bonne santé mentale.

62