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Description des produits portant le terme valorisant « sans OGM »

CHAPITRE IV – RÉSULTATS DES ENTREVUES

4.11 Description des produits portant le terme valorisant « sans OGM »

Question 11 : Comment pourriez-vous décrire des produits portant le terme valorisant « sans OGM » ? Pourquoi ?

39 Les descriptions spontanées ne sont pas nécessairement faciles à faire pour des experts à des entrevues en profondeur. Elles sont encore plus exigeantes lorsque le répondant a peu ou n’a pas d’expérience accumulée (par exemple, des achats répétés) par rapport à l’objet à décrire. Aucun expert interrogé n’a d’expérience cumulée avec des produits arborant un terme valorisant « sans OGM ». Nous avons donc utilisé une technique projective qui fait appel à un « effet de halo » (image issue des aspects cognitifs, affectifs et conatifs de l’individu) pour bien comprendre leurs perceptions d’un éventuel produit alimentaire arborant le terme valorisant « sans OGM ».

Il en ressort que pour la majorité des experts (14/20), un produit qui porte le terme valorisant « sans OGM » évoque quelque chose de positif. Pour quatre d’entre eux (4/14), il s’agit d’un produit plus naturel et plus sécuritaire. Pour trois d’entre eux, c’est globalement un meilleur produit. Pour deux experts, c’est un produit meilleur pour la santé. Pour un autre expert, c’est un meilleur produit pour l’environnement.

Pour cinq autres experts, un aliment qui porte la mention « sans OGM » n’évoque rien en particulier. Pour quatre d’entre eux, c’est simplement un produit exempt d’OGM, et il n’y a aucune différence avec les autres aliments.

Deux experts ont même une image négative d’un aliment étiqueté « sans OGM », car ils estiment que c’est une allégation trompeuse ou que, par abstraction, cette identification met les autres produits alimentaires sur le banc des accusés.

4.12 Avantages perçus d’un terme valorisant « sans OGM » pour les différentes parties prenantes

Question 12 : À votre avis, quels sont les avantages d’un terme valorisant « sans OGM » pour les producteurs ? Pour les transformateurs ? Pour les représentants dans la filière bioalimentaire ? Pour les consommateurs ? Pour le Gouvernement du Québec ?

4.12.1 Pour les producteurs

La moitié des experts (10/20) estiment que le principal avantage d’un terme valorisant « sans OGM » pour les producteurs serait le bénéfice d’un signe (signal) de qualité pour différencier leurs produits sur le marché. Cette différenciation apporterait une plus-value aux yeux des consommateurs, mais également des transformateurs qui les utilisent. Par exemple, un transformateur qui fabrique du tofu verrait une valeur ajoutée à un soya « sans OGM ». Il s’agirait donc d’une façon de valoriser le choix de production dans la chaîne.

Six autres experts ont souligné le fait que le terme valorisant « sans OGM » permettrait aux producteurs de répondre à la tendance des consommateurs en développant de nouveaux produits, et ainsi de développer de nouveaux marchés. Quatre de ces experts ont mentionné que cette valeur ajoutée apporterait un avantage financier aux producteurs par le développement de niches de marché qui génèrent des revenus supplémentaires. Par

40 ailleurs, deux experts mentionnent que les producteurs qui feraient les démarches requises pour apposer le terme valorisant « sans OGM » sur leurs produits pourraient également développer un avantage en termes d’image de marque. La perception négative des producteurs comme étant des pollueurs pourrait être atténuée par cet effort d’une agriculture moins dommageable pour l’environnement. Cela pourrait également se traduire par une confiance accrue des consommateurs envers leurs producteurs.

Deux experts affirment également que ce terme valorisant « sans OGM » pourrait être un avantage de différenciation à court terme pour les producteurs qui migrent d’un mode de production conventionnel vers un mode de production biologique. En effet, ce terme pourrait être un élément différenciateur immédiat durant la période de carence de trois ans exigée lors du passage de l’agriculture conventionnelle vers le mode de production biologique. Il y a effectivement un délai avant de pouvoir s’afficher « biologique » pour permettre à la terre d’être « purifiée ». Les producteurs qui s’engagent vers un mode de production biologique pourraient valoriser immédiatement leur non-utilisation des OGM durant cette période de carence exigée par le cahier de charges de l’appellation biologique.

4.12.2 Pour les transformateurs

Selon sept experts, les avantages seraient les mêmes que pour les producteurs, c’est-à-dire que le principal avantage d’un terme valorisant « sans OGM » pour les transformateurs serait de bénéficier d’un signe (signal) de qualité permettant de différencier leurs produits sur le marché et de leur ajouter de la valeur. Trois experts estiment aussi que le terme inciterait le développement de nouveaux produits et de nouveaux marchés. Deux d’entre eux sont d’avis que le terme « sans OGM » procure des avantages financiers aux transformateurs via des revenus supplémentaires et une meilleure image des produits et de l’entreprise. Selon les experts, les transformateurs de produits artisanaux pourraient plus facilement se démarquer sur le marché lorsqu’ils développent des produits de niches arborant le terme valorisant « sans OGM ».

4.12.3 Pour les représentants de la filière

La majorité des experts (11/20) ne voient pas les avantages du terme valorisant « sans OGM » pour les représentants de la filière bioalimentaire. Certains affirment même que c’est un désavantage pour la filière céréalière, puisque cette filière est actuellement très dépendante des OGM. Pour d’autres, les représentants de la filière bioalimentaire auraient des avantages semblables à ceux des producteurs ou des transformateurs en termes d’image (2/20), de différenciation (1/20), de confiance accrue des consommateurs (1/20) et de revenus (1/20). Pour un expert, l’avantage serait surtout au niveau de la filière biologique puisqu’à la base celle-ci n’utilise pas d’OGM. Ce serait donc une opportunité pour cette filière d’utiliser le terme valorisant « sans OGM ». Un autre expert souligne que l’avantage serait plutôt au niveau de l’exportation des produits québécois notamment vers l’Europe, car, compte tenu des réglementations en vigueur, les produits européens sont

41 déjà « sans OGM ». Les produits québécois deviendraient ainsi plus exportables sur ces marchés et généralement plus concurrentiels sur les marchés extérieurs.

42 4.12.4 Pour les consommateurs

Deux principaux avantages pour les consommateurs ont été mentionnés par les experts, soit au niveau du droit de savoir (8/20) et de droit de choisir (9/20).

Les arguments des experts sur le « droit de savoir » reposent essentiellement sur la demande des consommateurs en termes de transparence des entreprises. En ce sens, les consommateurs ont le droit de connaître les ingrédients et les modes de production utilisés dans les aliments qu’ils se procurent et consomment. Selon les experts, il en va de même pour la provenance et les qualités nutritionnelles des aliments. À leur avis, les consommateurs ont le droit d’avoir des informations claires et justes sur les aliments disponibles à leur consommation.

Selon les experts, le « droit de choisir » découle inévitablement du droit de savoir. Une fois bien informés, les consommateurs ont le droit de décider de consommer (ou non) un aliment qui contient (ou non) des OGM. À leur avis, c’est le droit au libre choix des consommateurs, peu importe leurs idéologies, leurs convictions ou leurs croyances.

4.12.5 Pour le Gouvernement du Québec

Les experts soulignent quatre principaux avantages d’un terme valorisant « sans OGM » pour le Gouvernement du Québec.

Selon sept experts, le premier avantage d’un terme valorisant « sans OGM » est purement politique, soit en termes d’image positive du Gouvernement face à ses citoyens pour démontrer qu’il est garant de la santé publique et de la bonne alimentation. Cependant, les experts mentionnent que cette image pourrait aussi en être une de leadership et d’innovation du Gouvernement dans des questions alimentaires, environnementales et écopolitiques, comme certains états américains (ex. : Californie, Vermont) souhaitent le démontrer. S’il saisit cette occasion, il pourrait même être parmi les pionniers sur le sujet en Amérique du Nord.

Selon quatre experts, le second avantage d’un terme valorisant « sans OGM » pour le Gouvernement du Québec est économique, puisque cette initiative permettrait de développer des marchés de niche pour mieux positionner le Québec et ses produits, tant sur le marché domestique qu’à l’international. En conséquence, ce terme valorisant « sans OGM » pourrait être un créateur d’emplois, un créateur d’activités économique et, du même souffle, avoir des impacts positifs sur la protection du territoire.

Le troisième avantage d’un terme valorisant « sans OGM » pour le Gouvernement du Québec, identifié par trois autres experts, serait d’avoir trouvé une façon de répondre aux demandes des consommateurs qui souhaitent avoir un étiquetage obligatoire des OGM. À leur avis, il s’agirait d’une façon moins radicale que l’étiquetage positif obligatoire « avec OGM » de répondre aux attentes des consommateurs, puisque volontaire.

43 Un expert a également affirmé que le Gouvernement pourrait y voir des avantages sociétaux puisque cette forme d’agriculture serait meilleure pour l’environnement. À long terme, le Gouvernement dépenserait moins pour la santé de ses citoyens et pour l’assainissement de l’environnement.

Notons finalement que huit experts n’ont pas été en mesure de voir les avantages d’un terme valorisant « sans OGM » pour le Gouvernement du Québec.

4.13 Coûts aux entreprises pour un terme valorisant « sans OGM » sur leurs produits