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Description des matières premières de l'assemblage lithique de KcFs-2

Chapitre 4 : Méthodologie

4.1 Description des matières premières de l'assemblage lithique de KcFs-2

Chapitre 4 : Méthodologie

Ce chapitre présente les diverses méthodes d'analyses et les choix d'attributs que nous avons choisi d'observer dans l'assemblage lithique du gisement archéologique de KcFs-2 concernant d'abord la description et la différenciation des matières premières, les schémas d'exploitations lithiques, l'analyse technologique et enfin la reconstitution des chaines opératoires des artéfacts lithiques. Les méthodes d'analyse seront justifiées par l'énonciation des objectifs de recherche à chacune de ces étapes de l'analyse.

4.1 Description des matières premières de l'assemblage lithique de KcFs-2

Un grand nombre de matières premières lithiques a été identifié sur le site de KcFs2. La description des matières premières sert deux buts dans cette étude. Le premier est celui d'accorder à la matière première une dimension spatiale au sein de la chaine opératoire nous informant sur sa provenance et sur la distance qu'elle a parcouru depuis sa source et le deuxième est de distinguer les artéfacts au sein de la collection selon leur matière première pour ensuite les étudier indépendamment selon les modalités de leur exploitation. C'est donc la première étape à réaliser dans cette étude.

L'objectif de cet exercice, qui précède les analyses technologiques, est plutôt celui de « distinguer » les matières les unes par rapport aux autres parmi l'assemblage de KcFs-2, plutôt que celui de faire une « identification » des matières lithiques. Il est bien évident qu’une identification serait souhaitable pour la comparaison avec les matières premières présentes dans les collections d'autres sites mais, principalement par contrainte de temps, cela est impossible dans ce travail. Cependant, cette étude a pour objectif de produire une description standardisée pour chaque matière première présente qui remplira amplement le rôle de distinction et qui servira d'outil à l'étude des schémas d'exploitation ainsi qu'à l'analyse technologique. Les provenances ou les origines géologiques des matières premières ne seront donc que minimalement abordées.

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La description fournie pour chaque matière première est essentiellement macroscopique. La très grande majorité des artéfacts a été identifiée macroscopiquement par souci d'économie de temps. Les modalités des descriptions ont été largement inspirées de celles produites par Burke (2002) pour le chert gaspésien de « La Martre » et la méthodologie proposée par Crandell (2005) pour la description des cherts en archéologie. Une nomenclature descriptive de matières lithiques connues dans l’Arctique, dont le quartzite de Ramah et le quartzite de Diana sera tirée de la littérature (de Boutray 1981, Desrosiers et Rahmani 2003). Les noms des autres matières premières ont été attribués ici en fonction de certains traits généraux les caractérisant.

Pour chaque matière première, un tableau synthèse contenant les caractéristiques notées lors de l'observation macroscopique ainsi que des photographies prise à des grossissements de 4X à 20X ont été produites à l’aide d’un trinoculaire OMAX M837T. Celui-ci sert de fiche pour l'identification géologique des artéfacts lithiques. Il est à noter que très peu de pièces lithiques présentaient une patine, ce qui a grandement facilité les observations. Lors d'incertitude quant à la distinction de deux groupes de matières premières, le trinoculaire a été utilisé pour identifier des distinctions microscopiques (40X à 100X) sans pour autant que soit fourni un descriptif de ces observations.

4.1.1 Description macroscopique

Pour chaque matière première identifiée, un artéfact a été utilisé comme échantillon de référence (num-cat de l'échantillon) et un nom lui a été accordé. Les critères d'observations concernent cinq catégories d'observations soit : la couleur, la cassure, l'apparence, les structures observables et enfin le cortex. Enfin, des photographies prises à l’aide d’un appareil photographique numérique OMAX de 2 méga pixels adapté au trinoculaire sous lumière transmise ou diffuse, ont été ajoutées à la fiche de chacune des matières premières.

L'observation de la couleur s'est faite en deux temps : la couleur principale observable dans la plus grande fréquence pour ce type de matière première et puis les couleurs secondaires qui ont également été observées pour la même matière. La cassure a été observée en termes de sa conchoïdalité et un diagnostic des propriétés de taille de la matière. La « conchoïdalité » ou la « non-conchoïdalité » des matières premières sont identifiées par les structures observables sur les éclats : la présence d'un bulbe de percussion, de lancettes et d'ondulations sur la surface

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ventrale. Ces structures sont le résultat des forces mécaniques transmises à la pierre et diagnostiques de la conchoïdalité d'une roche. L'attribution d'une évaluation des propriétés de taille d'une matière, soit une qualité « bonne », « moyenne » ou « mauvaise » est quant à elle subjective et justifiée par l’expérience de l’observateur. L'apparence de la matière première est divisée en cinq sous-observations concernant la fabrique, le lustre, la translucidité, la texture et l'hydratation de celle-ci. La fabrique, qui évalue le granoclassement des roches, est identifiée comme homogène ou hétérogène. Le lustre de la surface de la pierre en cassure fraîche (non altérée, non patinée) est défini comme « lustré », « moyennement lustré », « mât » ou « cireux ». La translucidité, évaluée par une lumière transmise à travers un échantillon fin (moins de 1 mm à 2mm), est déterminée selon les critères suivants : « translucide », « moyennement translucide » ou « opaque ». La texture, estimée au contact du doigt contre un échantillon à cassure fraîche, est marquée comme « lisse », « moyennement lisse » ou « rude ». Enfin, l'hydratation de la pierre se distingue entre un échantillon « sec » ou « hydraté ». L'hydratation, dans certains cas, permet d'évaluer les propriétés de taille de la matière. L'observation des structures concernent l'identification de composants dans la matrice de la matière première (bioforages, fossiles, inclusions minérales) et de l'organisation de ces composants. L'observation de la répartition des inclusions permet de décrire l'organisation de ces inclusions au sein de la matrice de la pièce (Ouellet 2010). La présence de bandes ou de tâches, habituellement témoin de l'hétérogénéité des roches (idem), est notée par une description de l'observation (ex : alternance de fines bandes grises et beiges). Enfin, le cortex ou la surface naturelle, lorsque présents, sont décrits par leur couleur et leur texture (« lisse » ou « rude »), ainsi que par l’origine du cortex qui se décrit de manière plus spécifique (« galet roulé », « galet altéré », « bloc anguleux », etc). Une section de commentaires est réservée pour inscrire diverses remarques pouvant permettre de décrire plus amplement la matière première. Enfin, un « type de matière première » est suggéré pour proposer une origine géologique de la pierre ; « chert », « quartzite », « ardoise », « calcédoine » ou dans le cas d'une incertitude, une genèse géologique de la pierre : « sédimentaire », « ignée » ou « métamorphique ».

4.1.2 Notes sur la description des cherts

Lors de la description initiale des cherts, treize variétés différentes ont été identifiées et huit ont été retenues après avoir procédé à un regroupement. La description ayant été faite par un analyste

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non initié au jargon géologique et pétrographique, le nombre de variétés de chert de l'assemblage de KcFs-2 pourrait être réduit par des recherches ultérieures. Ce n'est toutefois pas le cas des quartzites qui, par leur cassure fraîche et les connaissances de l'auteur sur la provenance de plusieurs d'entre elles, ont été identifiées avec confiance. Trois différentes variétés de quartzite ont été distinguées. Il est à noter que plusieurs auteurs ont discuté des variétés de quartzite du Nunavik et ont fourni d'amples descriptions de celles-ci (de Boutray 1981, Desrosiers 2009, Gramly 1978, Lazenby 1980, Loring 2002 pour le quartzite de « Ramah » et Desrosiers et Rahmani 2003 pour le quartzite de « Diana »).

4.2. Étude des schémas d'exploitation

L'étude des schémas d'exploitation des matières premières lithiques de KcFs-2 a permis de créer des catégories morpho-technologiques (Alberton 2006 : 30) pour classer les artéfacts lithiques issus des activités de débitage ayant eu lieu sur le site. L'objectif de cette analyse est de comparer les matières entres elles et de comprendre comment celles-ci s'inscrivent dans l'économie de la matière première au Dorsétien récent. La finalité sous-jacente est ainsi de déterminer comment les occupants de KcFs-2 ont organisé leur approvisionnement sur le site des dix-huit types de matières premières et comment ceux-ci ont géré leurs exploitations (leurs débitages) pour répondre à leurs besoins en outillage. Elle permet aussi de reconstituer certaines étapes de la chaine opératoire en leur associant divers types de produits débités selon leur nature, leurs stigmates et leurs dimensions. L'étude des schémas d'exploitation se base sur la présence et l'absence des produits de débitage (ou des nucléus) des différentes catégories morpho- technologiques.

Le classement des produits de débitage en catégories morpho-technologiques permet de cerner quatre scénarios d'approvisionnement du site en matière première tels qu'ils ont été imaginés et proposés par M.-L. Inizan (1995). Ce modèle théorique propose quatre schémas d'exploitation possibles auxquels sont associées plusieurs catégories morpho-technologiques :