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Description des matières premières lithiques de KcFs-2

Chapitre 5 : Analyse de l’assemblage lithique

5.1 Description des matières premières lithiques de KcFs-2

Chapitre 5 : Analyse de l’assemblage lithique

5.1 Description des matières premières lithiques de KcFs-2

Dix-huit matières premières ont pu être distinguées dans l’assemblage lithique de la maison 3 de KcFs-2. Les différenciations ont été réalisées à l’aide d’une analyse visuelle et macroscopique dont les critères d’observations sont spécifiés dans le chapitre précédent. Les résultats de cette analyse sont compilés dans des fiches disponibles en annexe (Annexe IV : Tableaux 10 à 28). La présente section est consacrée à compiler certaines informations supplémentaires sur les matières premières pour lesquels des sources sont connues. 5.1.1 Le « tan chert » et le « tan chert fin »

La distinction entre ces matières premières repose presque uniquement sur la grosseur des grains de la matrice. L’analyse macroscopique (4X à 20X) n’a pas permis de décrire des critères distinctifs supplémentaires. La présence potentielle de bioforages dans les échantillons analysés de « tan chert » pourrait être un critère discriminatoire supplémentaire pour le différencier du « tan chert fin », mais des analyses plus approfondies seraient nécessaires. La dénomination de ces matières s’explique par la nature du gisement et la ressemblance de celui-ci avec ce qui est connu comme le « tan chert » dans la littérature de l’archéologie de cette région. L’acquisition proposée de cette matière s’appuie sur l’exploitation de gisements à même les plages autour du site, sur les îles Nuvuk. De nombreux nodules de chert sont ainsi disponibles sur les îles et le long des côtes du Détroit d’Hudson (Odess 1996 :107-109). Le terme « tan chert » est conservé dans cette étude pour faire référence aux mêmes types d’exploitations décrits dans la littérature. Ce terme n’indique par contre pas l’existence d’une source commune. Le même choix a été fait par Desrosiers, qui a cependant décidé de franciser la dénomination pour appeler ce type de matière le « chert beige » (2009 : 145). Plusieurs auteurs ont aussi documenté ce qui est connu comme les Hudson Bay Lowland Cherts (Julig et al.1992, Pilon 2002), qui seraient issus du même type de déposition sur les côtes de la baie d’Hudson, entre la rivière Churchill et le sud de la baie James. Ces derniers seraient plutôt de couleur beige-gris avec

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à l’occasion des tons de bleu alors que ceux récoltés autour de KcFs-2 sont davantage de couleur vert-beige à gris.

5.1.2 Le chert blanchâtre

La distinction entre le chert blanchâtre, le « tan chert » et le « tan chert » fin est très claire. Toutefois, les schémas d’exploitation de ces matières sont similaires, tout comme la nature de leurs supports. Cela laisse croire que l’acquisition des supports initiaux, sous la forme de nodules altérés, ait pu être faite conjointement et possiblement sur les plages à proximité du site. Le chert blanchâtre présent dans l’assemblage de KcFs-2 présente des propriétés de taille inférieures à la plupart des matériaux cryptocristallins de la collection. Il est ainsi très peu hydraté et présente une grande fréquence de diaclase. Aucune source publiée ne décrit l’exploitation d’une matière similaire au chert blanchâtre dans la région.

5.1.3 Le chert de Southampton

Cette variété de chert constitue la matière première dominante du site T1 sur l’île de Southampton et que Collins attribue à un gisement à proximité du site (Collins 1956). Il mentionne la possibilité d’un gisement à Lake Brook sur la même île, à 35 miles (56 km) au sud-est du site (1956 : 68). La description de cette matière par Collins, puis par Desrosiers pour le site de Tayara (2009), concorde très bien avec les observations faites des petites quantités retrouvées sur KcFs-2. Desrosiers décrit le chert de Southampton comme suit : « se caractérise par son grain très fin, très bien hydraté, et sa couleur, le plus

souvent marbrée, qui comporte surtout des tons de beige, de gris et de brun rougeâtre »

(2009 : 146). Collins mentionne que celui-ci se présente sous la forme de petits nodules en dépôt secondaire ou alors imbriqués dans un substrat de calcaire.

5.1.4 Le quartz cristallin

Deux types de support en quartz cristallin composent la collection lithique de KcFs-2 : des cristaux automorphes et des cristaux xénomorphes. Les cristaux automorphes proviennent de contextes géologiques où les cristaux de quartz ont pu se développer sans obstructions (Tardy 2013). Chacun d’eux possède des caractéristiques semblables et une dénomination tripartite de leur structure. Celle-ci s’organise comme suit : le « faciès » qui correspond à la partie distale et pyramidale du cristal, « l’habitus » qui est composé des arêtes et des facettes du cristal et enfin, la « terminaison » qui est la partie proximale du cristal (Tardy

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2013). Les structures des cristaux automorphes de quartz sont importantes à la compréhension de l’exploitation qui est faite par les occupants de KcFs-2. Les cristaux xénomorphes correspondent aux mêmes caractéristiques géologiques que les cristaux automorphes, sauf que la croissance de ses cristaux a été obstruée, donnant leur forme d’agglomérat. Ceux-ci sont souvent retrouvés dans les filons rocheux (Mourre 1996, Tardy 2013). Les cristaux xénomorphes comprennent, dans cette étude, à la fois le quartz grossier et le quartz laiteux. C’est la grosseur des microcristaux agglomérés qui les différencient et qui influencera leur qualité de taille.

Une carrière préhistorique de quartz cristallin à environ cinq kilomètres de KcFs-2, à proximité de la communauté nordique d’Ivujivik, a été rapportée par Taylor (KcGl-6). Celle-ci aurait été creusée jusqu’à une profondeur de 50 centimètres sur une superficie de 4 mètres par 2 mètres (Taylor 1960 :2). Toutefois, aucune recherche ne s’est attardée à en attribuer l’exploitation à une quelconque période de la préhistoire du Nunavik. Les cristaux de cette carrière présentent des enfumures et un cortex rosé, également observé dans l’assemblage de KcFs-2 (Plumet 1985 : 75, Desrosiers 2009).

5.1.5 Le quartzite de Diana et le quartzite de Ramah

La source de quartzite de Ramah a été largement documentée dans la littérature archéologique et géologique (Lazenby 1980, Boutray 1081, Loring 2002, Desrosiers 2009) en raison de l’étendue de sa présence dans le registre archéologique de l’Amérique du nord- est. Celle-ci est située dans la baie de Ramah, sur la côte du Labrador. L’une des carrières préhistoriques célèbres est nommée le Ramah Quarry Bowl (IfCt-1). L’homogénéité, l’apparence et les propriétés de taille de cette matière en ont fait l’une des plus exploitée à certaines périodes du Paléoesquimau, principalement au Labrador jusque dans l’Ungava occidental. Le quartzite de Diana, souvent confondu avec le quartzite de Ramah, est plutôt associé à une origine dans l’Ungava occidental. Au moins une source (JfEj-3), située près de Quaqtaq dans la baie de Diana, a été étudiée par Desrosiers et Rahmani (2003). Le quartzite de Diana se différencie macroscopiquement de celui de Ramah par la finesse et l’orientation préférentielle de structures cristallines qui le compose.

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5.2 Les schémas d'exploitation des matières premières lithiques de KcFs-2

Dix-huit matières premières ont été distinguées parmi les produits de débitage et de façonnage de l’assemblage lithique de KcFs-2. Cette section est consacrée à l’illustration et la description des modalités de chacune, ainsi que la détermination du schéma d’exploitation qui lui est propre. Les schémas d’exploitation présentés ici se basent sur un échantillonnage du site tel que décrit précédemment ; d’autres activités de production ailleurs sur le site pourrait faire partie de l’organisation des activités telles qu’elles existaient au Dorsétien récent sur KcFs-2.

5.2.1. Le débitage et le façonnage du chert noir sur KcFs-2

Au total, 26 éclats de chert noir ont été mis à jour lors des fouilles de KcFs-2, en plus des 4 microlames. Ajoutée à la rareté générale de cette matière sur le site, la situation qu'illustre la Figure 12 tend à démontrer un schéma d'exploitation sur KcFs-2 correspondant au scénario C de Inizan où « seuls les produits de débitage bruts, et/ou les préformes de pièces bifaciales sont apportées au campement » (1995 : 27). En effet, les éclats proviennent en grande partie d'une taille de finition de pièces bifaciales et unifaciales (<200 mm). Un seul