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Chapitre 5 : Présentation des résultats

5.1. L’espace du chez-soi, une mise en contexte

5.1.2. Description

5.1.2.1. L’espace du chez soi

Pour la très grande majorité, l’espace du chez soi est un espace de confort, relié à la sérénité, au bien-être. C’est un endroit où l’on est à l’aise, où l’on se sent bien, en sécurité. Il s’agit également, et presque aussi souvent, d’un espace familier, connu, un endroit où l’on connaît et reconnaît les choses et les gens. Ceci étant dit, le fait d’être familier, de connaître un endroit n’est pas garant du fait que l’on s’y sente chez soi. Certains endroits peuvent être familiers sans qu’ils ne fassent partie du « chez soi ».32

32 Pour certains, l’espace du chez soi s’apparentait à leur définition de quartier. Au cours des entrevues, ils utilisent le

mot « quartier ». Dans les extraits qui suivent, les termes sont laissés tels qu’utilisés par les participants. Il est hors du propos de ce mémoire de discuter des écarts de définition entre la théorie et la pratique en ce qui concerne le terme

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Les participants parlent par ailleurs souvent d’un espace vécu et approprié. Ils en parlent en termes appropriatifs : c’est « mon coin », « mon environnement », « je m’en sens propriétaire », « j’ai l’impression que c’est ma cour, mon jardin » (alors que nous sommes dans un parc, par exemple). Un autre parlera de ce « territoire », « où il fait ses marques ». Par ailleurs, l’espace du chez soi est assez souvent décrit comme un endroit où l’on tisse des liens, où l’on construit quelque chose dans le temps, que ce soit avec l’espace, ou avec les gens qui y sont.33

Le chez soi est pour certains un sentiment, une impression, parfois difficile à qualifier. Il s’agit alors d’une sensation qui peut être floue, imprécise, et qui est parfois sensorielle. Ces participants feront référence au feeling d’un endroit, à son atmosphère. À titre d’exemple, un participant dira : « Je commence à me promener ici et je commence à sentir, oh je me sens vraiment chez moi ici. Vraiment. Comme un sens tactile, un sens psychologique, un sens esthétique. Je me sens chez moi » (extrait de l’entrevue 1-10).

L’espace du chez soi est également associé pour certains à un espace où l’on ne se pose pas de question, on peut s’y déposer, relaxer. On y entre comme dans un gros câlin, il s’agit d’un espace chaleureux où l’on est soulagé d’arriver. Un participante utilisera le terme golden circle (entrevue 1-09), qui matérialise bien cette idée d’un espace où l’on peut se laisser aller, un espace qui nous accueille et nous réconforte. Il peut s’agir, également, de l’endroit « où l’on passe du temps », ou encore un endroit « que l’on a choisi ». C’est un espace attrayant, esthétique. Enfin, certains parlent de l’espace du chez-soi comme d’un espace à échelle humaine, un espace « marchable », marché, vivant et vivable.

quartier. L’entrevue portait sur ces espaces « où l’on a encore l’impression d’être chez soi ». Pour certains, cet espace se nomme le quartier alors que pour d’autres, non. Toujours est-il que les participants qui utilisaient le terme quartier n’ont pas plus que les autres tracé des limites qui coïncidaient avec le quartier « officiel » qui a, de toute façon, des limites changeantes en fonction des cartographies qui en sont faites.

33 L’espace du chez soi tel que décrit et les limites qu’il a semble pour certains être relié à l’idée d’un espace du

marche. Cependant, il ne s’agit pas uniquement d’un espace de marche, et cette compréhension de l’espace du chez soi n’est pas partagée par assez de participants pour être défini comme tel.

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5.1.2.2. L’espace du non chez soi

Au contraire de l’espace du chez soi, l’espace du non chez soi est un espace qui est tout d’abord perçu comme un autre monde, quelque chose de différent, un ailleurs qui n’est pas le « Moi, Ici ». Un peu plus de la moitié des participants disent également se sentir soit mal à l’aise, soit « pas à leur place » ou encore non intégrés ou mal intégrés dans ce territoire autre, là où ils ne se sentent pas chez eux. Ils font parfois spécifiquement référence au contact qui ne passe pas avec les gens, soit les résidents, les passants, ou les commerçants. D’autres par contre font plutôt référence à un espace pour lequel ils n’ont pas d’intérêt, pas de raison d’y aller, rien à y faire, rien qui ne les y attire. Pour certains, cet espace autre est attirant, fréquenté, mais il n’est tout simplement « pas chez eux ».

Le non chez soi est, dans certains cas, également perçu comme un espace froid, qui manque de charme, qui n’est pas accueillant, qui est laid, que l’on n’aime pas. Il est parfois lugubre et déprimant, sale, bruyant, pauvre ou encore étrange.

Enfin, le non chez soi est également pour certains un endroit inconnu, un endroit où l’on se perd, où l’on ne retrouve pas ses repères.

5.1.2.3. Lieux importants

Lorsque les participants parlent des lieux importants de l’espace de leur chez soi, ils parlent principalement des parcs (incluant les espaces verts en général), des commerces (incluant les cafés, épiceries, restaurants et bars) et des rues. Les rues les plus souvent citées comme faisant partie du chez soi sont la rue Fleury (dans Saint-Sulpice), l’avenue du Parc, la rue Bernard, la rue Saint-Viateur et le boulevard Saint-Laurent (dans le Mile-End).