• Aucun résultat trouvé

Notre corpus se constitue d'une série d'enregistrements composée de 77 spots publicitaires radiophoniques. Étant donné qu'ils sont émis oralement, nous pouvons montrer les marques de l'oralité qui y résident, y compris certaines variations constatées.

• La suppression de la marque de négation: Exemple:

// Quoi? T'as pas entendu parler de Tombola l alm ?//

Dire: // Quoi? Tu n'as pas entendu parler de Tombola l alm? //

• La chute (glissement) des voyelles « u » et « e » : Exemple:

// Si j' gagne un milliard de centimes // je vais m'achter un appart //

Dire: // Si je gagne un milliard de centimes // je vais m'acheter un appart //

// T'es tout le temps collé à ton téléphone! Mais qu'est-ce que tu fais ?//

Dire: // Tu es tout le temps collé à ton téléphone! Mais qu'est-ce que tu fais? //

• Le recours aux abréviations dans la publicité radiophonique: Exemple:

// Je vais m'achter un appart.//

CHAPITRE 2 : DESCRIPTION DU CORPUS « A « ET DEPOUILLEMENT DES DONNEES

Contact des langues dans le message publicitaire radiophonique maghrébin : étude comparative entre la chaîne 3

( en Algérie) et Medi 1 ( au Maroc) . Page 108

//Avec Nedjma, il y a une supère promo…//

Dire: // Avec Nedjma, il y a une supère promotion…//

L'abréviation aussi est une marque de l'oralité, vouloir lancer un message court et concis est aussi l'une des stratégies publicitaires. Un message long ne peut que susciter l'ennui et le désagrément de l'interlocuteur (l'auditeur).

• Il y a les marqueurs conversationnels (hein, ah, oui) appuyant l'interrogation et (oui, et, oh) éléments phatiques dont le rôle est de signaler le début ou la fin de prise de parole.

• Variation dans la composition de certains lexèmes: Exemple:

1- // asm:! :j ! Tu ne vas rencontrer personne….//

Dire : / Ecoute …/

2-//…. les frais mn ani //.

Dire : // ….de moi-même//.

Dans l'exemple (1) le lexème « asm: » qui appartient à l'arabe dialectal est en fait un lexème à catégorie verbale qui a subi une variation phonétique et il est emprunté de l'arabe classique. Aussi l'annonceur publicitaire (le locuteur du message) prononce ce lexème en prolongeant à la fin la voyelle « a » en « : » ce qui lui permettrait un allongement ou une extension pour le lexème ainsi que pour le sens.

Dans l'exemple (2), en disant « mn ani » qui veut dire « une chose venant de moi ou de ma part », le locuteur emploie un lexème emprunté aussi de l'arabe classique avec une certaine variation phonétique mais avec une petite différence: « ani » est prononcé oralement avec la voyelle « a » alors qu'en arabe classique nous disons « indij » avec un « i » et en étendant la voyelle.

Ces variations se manifestent surtout dans le parler quotidien des Algériens. A l'oral, nous nous avons un certain langage, l'essentiel c'est que le destinataire comprenne ce que nous voulons lui transmettre à condition de partager le même répertoire linguistique.

Il est à remarquer que nous avons trouvé peu d'exemples sur les emprunts au français :

CHAPITRE 2 : DESCRIPTION DU CORPUS « A « ET DEPOUILLEMENT DES DONNEES

Contact des langues dans le message publicitaire radiophonique maghrébin : étude comparative entre la chaîne 3

( en Algérie) et Medi 1 ( au Maroc) . Page 109

1- // Carta waa fijha 4 recharges… fi la même carte rahi kjna une autre recharge, la 5ème ta❑r tawsl ta l maljun la anak zhar!//.

Dire : // une seule carte a 4 ……, dans la ….il y a une autre…. la 5ème peut aller jusqu’à un million si tu as de la chance//.

2- //……. Samir U:f m abš j soi //. Dire: // ……Samir …n’aime pas sauter //.

3- Inspecteur Tahar: // ya:lamlik ma :iskitijš”: bzf wkul//.

Dire: // svp, (qu’allah le mésirécordieux de tes parents), ne parle pas trop et mange//.

La très grande majorité des verbes empruntés au français est du 1er groupe. Il y a très peu du 2ème et

du 3ème groupe. Comme l'a dit « Brunot » (1949: 358) d'après (Ali BOUAMRANE): « Il y a là tout un

domaine à exploiter, celui des mots qu'on n'emprunte pas »131.

Dans l'exemple (1), le locuteur utilise deux substantifs français empruntés par l'arabe dialectal algérien :

-« Carta »: (cart.) Lexème français + (a) morphème arabe (qui indique le féminin)

Dérivé de « carte » avec une légère variation phonétique entre le « a » et le « e ».

Et nous avons aussi le substantif :

-« maljun » dérivé de « million » et qui a subit une variation morphologique et phonétique.

De même, nous avons pu relever que les verbes du premier groupe de notre corpus changent de terminaison devenant un / i/ à la place du / e/. En voici des exemples :

Dans l'exemple (2), le locuteur utilise cette fois-ci un verbe français emprunté par l'arabe dialectal algérien : « jsoi » : (j) morphème + (sot) lexème + (i) morphème.

Dérivé du verbe « sauter », verbe du 1er groupe.

CHAPITRE 2 : DESCRIPTION DU CORPUS « A « ET DEPOUILLEMENT DES DONNEES

Contact des langues dans le message publicitaire radiophonique maghrébin : étude comparative entre la chaîne 3

( en Algérie) et Medi 1 ( au Maroc) . Page 110

Dans l’exemple (3) : « ma :iskitijš »: dérivé du verbe français « discuter » du 1er groupe: « ne discute pas ». Préfixe de négation en arabe (ne) + verbe discuter (variation sur le plan phonétique): le /u/ est remplacé par un / i / +suffixe en arabe (pas).

Nous pouvons dire que les substantifs et les verbes français empruntés par l'arabe dialectal algérien sont présents dans les spots publicitaires et qu’ils sont très usuels dans le parler quotidien des locuteurs algériens.

4 : // s:bi / taraf kijf:h ? : di najaalkcm ://

Dire : // Mon ami, tu sais comment ? je vais les appeler tous //

5 : //❑uli! Kijf:š dijr kun tarba milliard centimes? //

Dire : « dis-moi, comment tu vas faire si tu gagnes un milliard de centimes ? ».

Nous avons constaté dans l'exemple (4) qu'un lexème peut subir une variation d'une région à une autre en Algérie : « kijf : h » et « Kijf:š » : deux monèmes fonctionnels qui se terminent par deux morphèmes différents:

kijf : + (h) et kijf : + (š) et qui veulent dire en français « comment ».

Monème appartenant au parler oranais monème appartenant au parler algérois

Khaoula Taleb IBRAHIMI l’a si bien dit dans son article paru dans l’ouvrage « Trames de langues.

Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb », il n’y a pas juste un contact entre une

langue haute et une langue basse mais un contact même entre les variétés d’une même langue :

« Certes, le paysage linguistique algérien est connu par sa mosaïque et par sa pluralité langagière en présence du français et de l'arabe, toute fois ce métissage est présent même dans sa diversité dialectale (arabe et berbère) et les différents parlers régionaux de l'Algérie (le parler algérien, le parler oranais …) »132.

Ces différences sont minimes et n'effacent pas du tout la compréhension entre les locuteurs vu que ces lexèmes sont compris à l'échelle nationale.

132

ire de métissage : Un cas exempla

Les pratiques langagières des jeunes Algériens «

2004), , ( Khaoula Taleb IBRAHIMI -

CHAPITRE 2 : DESCRIPTION DU CORPUS « A « ET DEPOUILLEMENT DES DONNEES

Contact des langues dans le message publicitaire radiophonique maghrébin : étude comparative entre la chaîne 3

( en Algérie) et Medi 1 ( au Maroc) . Page 111

Il apparaît un exemple dans lequel la langue (2) qu'est le français offre généralement la structure lexicale et que la langue arabe se limite aux unités élémentaires, c'est-à-dire aux items grammaticaux: certains substituts sont accompagnés de déterminants possessifs ou articles de la langue (1) comme dans les deux exemples ci-après, les emprunts prennent des marques dialectales comme l’article (L) :

6 - // l portable t:ak l rri //

Dire: // le portable (le tien) aux enfants…….ton portable aux enfants //

7- // l’réseau…….// le réseau //

Il est à noter aussi que certaines expressions qualifiées de « expressions stéréotypées » restent particulière au contexte algérien: exemples:

-« ya:lamlik »……… qui veut dire « Allah le mésirécordieux de tes parents. »

-« bzf »………….. qui veut dire « c’est trop ».

-« Kijif kijif »……… c’est un emprunt à l’arabe « même chose ».

-« ▪ rmnkum avec Renault Algérie »…….. « Bon Ramadan ».

-« Basah » passe moi ma femme……. « C’est vrai ».