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descripteurs de contrôle de la production des occlusives

1.2. Descripteurs physiologiques

Pour chacune des variables autres que les caractéristiques du bruit de plosion (maximum de pression intra-orale, durée d’occlusion, degré de compression labiale et vitesse d’ouverture des lèvres pour les consonnes bilabiales, distances Xapex, Ydorsum et vitesse tangentielle d’abaissement de la langue post-tenue pour les consonnes palatales), les distributions seront tracées uniquement pour une production modale. Ce choix d’analyse descriptive est fait dans le but de simplifier la compréhension et la vérification des données.

1.2.1. Descripteurs aérodynamiques

Nous avons d’abord observé l’ensemble des signaux de Pio pour chaque sujet et chaque enregistrement. Nous nous attendons à observer un profil asymétrique de Pio pour les logatomes de type /la-C-V/ (C = {p, b}, V = {a, i}), la pression augmentant jusqu’au relâchement de la plosive labiale, et un profil à double pic pour les logatomes de type /pa-C-V/ (C = {t, d, k, g}, V = {a, i}). Dans le second cas, nous vérifions l’allure du deuxième pic de Pio correspondant à la pression intraorale de production de la consonne linguale. Le capillaire en plastique permettant de mesurer la pression intra-orale se bouchait parfois à cause de la salive des sujets, de telle sorte que la mesure de la pression Pio était faussée. Nous ne considérerons pas dans la suite de l’étude les profils de Pio qui ne correspondent pas à nos attentes, parce que le pic de pression sur la plosive d’intérêt n’est pas discernable. Pour les consonnes vélaires, l’extrémité du capillaire n’atteint que rarement la cavité derrière le lieu d’occlusion, et ce à cause de la gêne que ressentent les sujets pour un placement aussi postérieur : dans la plupart des cas, nous ne trouvons pas le profil attendu, de telle sorte que nous ne considérerons la Pio pour les consonnes vélaires.

Les Figure 46 et Figure 47 représentent les distributions des trois mesures aérodynamiques pour les productions consonantiques : le maximum de pression intraorale (maximumPio), et les amplitudes des pics de dérivée (positif et négatif) de la Pio. Ces figures représentent les paramètres pour tous les sujets, débits et efforts confondus, selon la catégorisation phonétique.

Sur la Figure 46, il semblerait que le maximum de pression intra-orale des consonnes alvéolaires (/t/, en contexte /a/ et /i/) est supérieur à ceux des consonnes labiales et alvéolaires. Ceci est conforme aux résultats décrits dans la littérature (i.e. plus la cavité derrière le lieu d’occlusion est petite et plus la pression intra-orale est élevée) (cf. CHAPITRE 2). Les pressions observables dans le cas des consonnes /d/ ne sont pas supérieures à celles observables dans le cas des labiales, ce qui est étonnant.

Sur la Figure 47, on observe que les distributions des pics positifs de dérivée de la Pio sont sensiblement similaires d’une catégorie phonétique à une autre : le profil d’augmentation de la Pio dans la cavité d’occlusion ne dépend pas de la cible phonétique. En revanche, les valeurs des vitesses de relâchement de la pression au moment de l’ouverture de la constriction sont plus élevées pour les labiales que pour les palato-dorsales.

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Figure 46 : distribution des valeurs de Pio, selon les 13 catégories phonétiques et en qualité de production modale (tous sujets, débits et efforts confondus)

Figure 47 : distribution des valeurs de pics de dérivée de Pio, avant et après le maximum de Pio, selon les 13 catégories phonétiques et en qualité de production modale (tout sujet, débit et effort confondus)

1.2.2. Descripteurs articulatoires

1.2.2.1. Descripteurs des mouvements linguaux

Pour l’ensemble des productions des consonnes palatales (/t/, /d/, /k/, /g/), nous mesurons grâce à la technique EMA 6 descripteurs du mouvement de la langue (cf. CHAPITRE 3) : les coordonnées des bobines situées sur l’Apex et le Dos de la langue (i.e. Xapex, Yapex, Xdorsum, et Ydorsum) à l’instant où le lieu d’articulation est le plus représentatif de la catégorie consonantique, et les maximas des vitesses tangentielles d’élévation et d’abaissement de la langue (précédant et suivant la phase de tenue de l’occlusion). On présente ici les distributions

77 des descripteurs linguaux selon les 3 catégories de lieu d’articulation (apicale, vélaire, et sons intermédiaires).

La Figure 48 présente les distributions des valeurs des coordonnées des capteurs Apex et Dorsum pour les différentes catégories phonétiques. Ces distributions représentent la forme de la langue au moment où elle est la plus proche de celle de la consonne cible, après que nous nous soyons efforcés de réduire l’influence de la co-articulation (plus ou moins forte, en fonction des sujets, cf. section 5 de ce chapitre). Sur cette figure, on observe les points suivants :

- Les distributions des paramètres Yapex, Xdorsum et Ydorsum sont différentes selon que les consonnes sont apicales ou vélaires. Ces différentes distributions montrent que la langue est plus haute (Ydorsum_apicale<Ydorsum_vélaire) et plus courbée (Yapex_apicale > Yapex_vélaire) dans le cas des vélaires que dans le cas des apicales. La langue est donc plus plate dans le cas des apicales (Xapex_apicale ~ Xapex_vélaire et Xdorsum_apicale > Xdorsum_vélaire).

- La coordonnée X du capteur collé sur l’apex de la langue ne semble pas informer sur la catégorie consonantique, puisque les deux distributions (tracées en vert et en bleu) sont confondues.

- Les 4 distributions tracées en jaune (positions des bobines Apex et Dorsum 20ms avant le bruit de plosion pour les répétitions des sons interméidiaires) montrent un écart-type plus important que les courbes bleues et les vertes. Ceci confirme que la tâche a généré de la variabilité dans la place d’articulation et dans le positionnement de la langue. On note également une tendance bimodale des distributions tracées en jaune qui représentent les deux catégories consonantiques entre lesquels les sons hybrides évoluent (/t/ versus /k/).

Figure 48 : distribution des valeurs des coordonnées des bobines Apex et Dorsum, pour les productions consonantiques apicales, vélaires, et interpolées. Les distributions sont tracées ici pour tous les sujets, les

débits, les efforts confondus, en production modale.

La Figure 49 présente les distributions des valeurs des maximas des pics de vitesse tangentielle (mouvements d’élévation et d’abaissement de la langue) pour les différentes catégories phonétiques. Sur la Figure 49, on observe les points suivants :

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- Globalement, l’ordre de grandeur des vitesses d’élévation de la langue est plus grand que celui des vitesses d’abaissement consécutif à la tenue. Pour les contextes vocaliques /i/, les 4 distributions des vitesses d’abaissement linguales sont peu étendues.

- Pour les consonnes vélaires et apicales il n’y a pas d’effet du lieu d’articulation de la consonne sur la distribution des maximas des pics de vitesse, autant au niveau de l’élévation que de l’abaissement de la langue.

- La vitesse d’abaissement de la langue consécutif à la tenue semble être en moyenne plus élevée pour les sons intermédiaires que pour les consonnes vélaires et apicales. De plus, pour les deux lieux d’articulation, il semble y avoir une nette différence de distribution de la vitesse d’abaissement de la langue d’un contexte vocalique à un autre. Cette observation est conforme avec le phénomène de co-articulation, qui peut modifier la trajectoire de la langue entre l’instant de relâchement de l’occlusion et la position correspondant à la production de la voyelle.

Figure 49 : distribution des valeurs des pics de vitesse tangentielle des mouvements d’élévation et d’abaissement de la langue, pour les productions consonantiques apicales, vélaires, et interpolées. Les

distributions sont tracées ici pour tous sujets, débits, efforts confondus, en production modale.

1.2.2.2. Descripteurs des mouvement labiaux

Pour l’ensemble des productions des consonnes bilabiales (/p/, /b/), nous mesurons grâce à la technique du « Lip-tracking » 3 descripteurs de l’évolution temporelle de la géométrie labiale (cf. CHAPITRE 3) : le degré d’écrasement labial maximum (i.e. le minimum de la distance inter-labiale), et les maximas des vitesses de fermeture et d’ouverture des lèvres

79 (précédant et suivant la phase de tenue). Les Figure 50 et Figure 51 représentent les distributions de ces trois descripteurs labiaux pour les différentes catégories phonétiques concernées : /pa/, /pi/, /ba/ et /bi/. Les distributions sont tracées pour les répétitions modales des logatomes, pour tous sujets, débits et efforts confondus.

Sur la Figure 50, nous observons des répartitions similaires d’un phonème à l’autre pour les valeurs de compression inter-labiale. L’écart-type est grand, et apporte la preuve qu’à l’aide des contraintes de débit et d’effort nous avons réussi à générer de la variabilité dans les productions, visible ici au niveau articulatoire. Nous étudierons plus en détails dans la suite du chapitre l’effet du débit et de l’effort sur la variabilité des variables physiques (cf. section 3). Lorsque les lèvres sont au repos, la distance inter-labiale appelée « degré de compression interlabiale » varie entre 1 et 3 centimètres, selon l’anatomie du sujet. Les ordres de grandeurs des valeurs visibles sur la figure sont donc tout à fait conformes à ceux que l’on attendait.

Les distributions des vitesses d’ouverture et des fermetures des lèvres (cf. Figure 51) sont globalement assez similaires d’une catégorie phonétique à l’autre. Les distributions des vitesses de fermeture pour le logatome /labi/ et celles de la vitesse d’ouverture pour le logatome /laba/ sont légèrement plus hautes que celles observées pour les autres cibles (plus de données dans ces catégories).

Figure 50 : distribution des valeurs du maximum de degré de compression interlabiale pour les logatomes /lapa/, /lapi/, /laba/, /labi/. Les distributions sont tracées ici pour tous sujets, débits, efforts confondus, en

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Figure 51 : distribution des valeurs des maximas des vitesses d’ouverture et de fermeture des lèvres pour les logatomes /lapa/, /lapi/, /laba/, /labi/. Les distributions sont tracées ici pour tous sujets, débits, efforts

confondus, en production modale.

1.2.2.3. Descripteurs temporels

On observe sur la Figure 52 que la tenue d’occlusion consonantique est en moyenne plus longue pour les consonnes bilabiales et les répétitions interpolées que pour les consonnes apicales et vélaires. Elles semblent en revanche être similaire pour les apicales et les vélaires. Ces résultats sont conformes à la littérature. Pour les sons intermédiaires, nous faisons l’hypothèse que les tenues consonantiques plus longues sont dues à une adaptation en temps-réel des sujets pour positionner la langue de manière optimale et tacher de respecter la déviance du son entendu.

Figure 52 : distribution des valeurs des durées de tenue de l’occlusion, pour les 13 catégories phonétiques. Les distributions sont tracées ici pour tous sujets, débits, efforts confondus, en production modale

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2. Variations de production