• Aucun résultat trouvé

Contrôle du degré de compression interlabiale

gestes de production des occlusives labiales

2. Résultats sur le contrôle musculaire des gestes d’ouvertures, fermetures et compression des lèvres

2.2. Contrôle du degré de compression interlabiale

Pour étudier de manière statistique le contrôle musculaire du degré de compression labiale, nous réalisons les 20 partitionnements mono-paramétriques et récursifs suivant :

DegComp ~ MUSCLE_Pi | contexte + voisement + groupe

avec MUSCLE ∈ {DIG, MENT, DLI, OOS, OOI} et Pi ∈ {P1, P2, P3, P4}

Chacune des partitions récursives peut être composée d’un ou plusieurs nœuds (séparations statistiquement significatives de deux ensembles de relation MUSCLE_Pi <-> DegComp dûes à l’effet d’une des variables conditionnelles : contexte, voisement, ou groupe). La Figure 69 propose un exemple de partition récursive, pour étudier l’influence de l’activité du muscle OOS en phase P1 sur la variation du degré de compression labiale (DegComp). Les relations entre les activités du muscle OOS en phase P1 et le degré de compression labiale sont

124

significativement différente selon le groupe considéré (p < 0.001). Voici les coefficients de régression linéaire (intercepts, et pentes) pour les 3 nœuds que l’on voit sur la Figure 69:

(Intercept) OOS_P1 2 7.475677e-09 -0.23637979 4 -1.199534e-03 0.06217532 5 1.821281e-03 0.27201287

Ici, il faut lire que selon le groupe de sujets considéré, augmenter d’une unité l’activité du muscle OOS en phase P1 entraine une diminution (de 0.24 unités) la distance interlabiale (donc une augmentation du degré de compression) pour le groupe 2 (nœud 2) mais une diminution du degré de compression pour les groupes 1 et 3 (nœud 4 et 5) (comprise entre 0.06 et 0.27 unités de distance interlabiale).

Figure 69 : exemple de partitionnement récursif : Deg.Comp ~ OOS_P1 | contexte + voisement + groupe

Nous allons rechercher les activités musculaires qui présentent des relations avec le degré de compression de signe constant au sein de chaque groupe de sujets, quels que soient la consonne labiale et le contexte vocalique. Une relation MUSCLE(i) 1unité à DegComp n unité, pour le groupe j signifie que le musclei participe activement au geste de compression, tandis qu’une relation MUSCLE(i) 1unité à DegComp n unité, pour le groupe j signifie que le musclei s’oppose à la compression. Dans les deux cas, il s’agit d’une relation de contrôle du degré de compression propre au groupe de sujets j.

Un coefficient de corrélation de Pearson (R2) est associé à chaque régression linéaire obtenue par partitionnement récursif. Les relations qui ne permettent pas d’expliquer au moins 10% de la variance sont considérées comme peu significatives.

Le Tableau 17 synthétise les pentes de régression linéaire des relations entre le degré de compression labiale et l’activité de 5 muscles dans les 4 phases du mouvement, par groupe de

125 sujets. En rouge, les relations dont le coefficient de corrélation (R2) est strictement supérieur à 0.1 et qui sont de signe positif (i.e. quand on augmente l’activité du muscle on augmente le degré de compression). En bleu les relations dont le coefficient de corrélation (R2) est strictement supérieur à 0.1 et qui sont de signe négatif (i.e. quand on relâche l’activité du muscle on augmente le degré de compression). En gris, les relations dont le coefficient de corrélation (R2) est inférieur à 0.1 : la flèche indique tout de même le sens de la relation. Les cases en noires correspondent à des stratégies différentes selon le contexte et le voisement au sein d’un même groupe de sujets. On considèrera pour les cases noires que le muscle dans la phase du mouvement en question ne contribue pas de manière significative à la variation du degré de compression.

Tableau 17 : synthèse des pentes des relations entre les activités des muscles péri-oraux dans chacune des phases du mouvement et le degré de compression. En rouge, les relations dont le coefficient de corrélation est

strictement supérieur à 0.1 et qui sont de signe positif (i.e. quand on augmente l’activité du muscle on augmente le degré de compression). En bleue les relations dont le coefficient de corrélation est strictement supérieur à 0.1 et qui sont de signe négatif (i.e. quand on relâche l’activité du muscle on augmente le degré de

compression). En gris, les relations dont le coefficient de corrélation est inférieur à 0.1 : la flèche indique tout de même le sens de la relation. Les cases en noires correspondent à des stratégies différentes selon le contexte

et le voisement au sein d’un même groupe de sujets

Ces résultats peuvent se lire de la manière suivante :

- Une augmentation (d’1 unité) l’activité du muscle OOS en phase P2 est associée à une augmentation du degré de compression (de 0.44 unités), quel que soit le groupe de sujets : plus le muscle OOS est recruté au cours de la phase de compression (P2), et plus la compression est importante.

o Pour les groupes de sujets G2 et G3 (environ ¾ des sujets, cf. section 2.1), augmenter d’1 unité les activités de chacun des autres muscles (DIG, MENT, DLI, et OOI) en phase P2 entraine une augmentation du degré de compression de 0.45 unités en moyenne. Pour ces sujets, le fait que l’ensemble des muscles péri-oraux (agonistes et antagonistes au mouvement de compression) participe simultanément au contrôle du degré de compression labiale fait penser que les muscles sont co-activés dans la phase P2 pour stabiliser l’atteinte de la cible articulatoire. Il est surprenant que l’on puisse dire que l’activité des muscles DLI et OOI (qui sont des abaisseurs de la lèvre) contrôle le degré de compression labiale au cours de la phase de compression.

- Une augmentation (d’1 unité) les activités des muscles MENT, DLI et OOI en phase P3 est associée à une augmentation du degré de compression (d’environ 0.4 unités), quel que soit le groupe de sujets. Plus la compression a été forte, et plus les activités du muscles DLI sont grandes au cours de la phase de décompression (les muscles abaisseurs sont agonistes de la décompression). Nous pourrons discuter dans la section 3 du CHAPITRE 7 la corrélation

126

forte observée de façon plus surprenante entre les activités des muscles MENT et OOI en phase P3 et le degré de compression.

o Pour les sujets des groupes G2 et G3, augmenter d’1 unité les activités de chacun des autres muscles en phase P3 (DIG, OOS) entraine une augmentation du degré de compression de 0.35 unités en moyenne.

- Aucune des activités des muscles en phase P1 et P4 n’est systématiquement significative. Synthèse : le geste de compression des lèvres semble contrôlé chez tous les sujets par le recrutement du muscle OOS en phase 2, associé à une activité significative des muscles MENT, DLI, et OOI en phase 3 corrélée au degré de compression.

Pour les sujets des groupes G2 et G3, cette stratégie générale s’accompagne en plus d’une activité des autres muscles (DIG, MENT, DLI et OOI) en P2, et des muscles DIG, MENT et OOS en P3.