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Des titres professionnels pour promouvoir l’utilisation de matériaux biosourcés ou géosourcés

2.  L’émergence de certifications portées par des associations

2.1  Des titres professionnels pour promouvoir l’utilisation de matériaux biosourcés ou géosourcés

L’activité de formation des associations a évolué au fil du temps. Si elles ont tendance à privilégier  l’acquisition de compétences en situation de travail sur des chantiers réels et au contact de professionnels,  il s’avère de plus en plus difficile d’obtenir un financement pour des stages ne débouchant pas sur une  certification. La solution a consisté parfois à proposer des actions de formation qui s’inscrivaient dans la  préparation à une certification existante, mais dans le domaine de l’écoconstruction, ces certifications sont  rares et il faut donc envisager d’en créer, ce qui s’avère assez compliqué. La présentation en 2011 de  l’activité de formation de l’association Pégase Périgord Ecocentre (Cambuzat, 2011) illustre ce qu’a pu être  l’évolution de la démarche de nombreuses associations. 

 

« Sur le modèle de Terre Vivante qui réalise des jardins, l’association Pégase Périgord Ecocentre a décidé de  construire de petites maisons bâties à l’aide de techniques spécifiques liées à l’écoconstruction afin de les  faire visiter… Les opérations de construction se sont déroulées sur un chantier école d’une durée de six mois. 

Dix des 12 stagiaires alors accueillis sont depuis devenus des professionnels de l’écoconstruction. C’est suite  aux nombreuses demandes des personnes ayant visité les maisons réalisées et désireuses de se former aux  techniques de construction associées, qu’a été créé le premier centre de formation à l’écoconstruction.  

Aujourd’hui, ce dernier a pour projet de développer des formations sanctionnées par un diplôme. L’année  dernière, environ 1 800 journées de stages ont été organisées. Leur nombre est relativement stable. En effet,  les stagiaires peinent de plus en plus à obtenir une prise en charge de leur formation par le Pôle Emploi. De  surcroît,  les  capacités  d’autofinancement  des  citoyens  ont  diminué.  C’est  la  raison  pour  laquelle  l’association a décidé de refondre son offre de formation, afin de porter l’accent sur des parcours  professionnalisants, à défaut d’être qualifiants. 

La mixité des populations est très importante. Notre association a fait le choix, dès le départ, d’organiser  des stages mixtes, mêlant professionnels et grand public. Ce brassage des populations permet d’instaurer  un véritable dialogue et de créer des liens qui perdurent parfois au‐delà des stages. Les formateurs retenus  sont systématiquement des professionnels en exercice, désireux de parler de leur métier et de transmettre  leur savoir. En cela, ils peuvent susciter des vocations.  

Dans le champ d’action qui est le nôtre, ces formations sont à créer parce qu’elles n’existent pas. Un  chantier‐école  dédié  à  l’éco‐rénovation  énergétique  devrait  se  mettre  en  place  prochainement,  en  partenariat avec la région Aquitaine. Il permettra aux personnes qui préparent un titre professionnel de  maçon du patrimoine bâti de suivre un trimestre de formation complémentaire dédié aux problématiques  éco‐énergétiques. L’objectif est que ces formations durent trois ans ou courent sur trois exercices.  

L’obtention d’un titre professionnel est extrêmement compliquée, puisqu’il convient, pour cela, de bâtir des  référentiels de formation et de dialoguer avec les acteurs de la formation professionnelle ». 

 

2.1. Des titres professionnels pour promouvoir l’utilisation de matériaux  biosourcés ou géosourcés 

La création de titres professionnels est une démarche longue et difficile dans laquelle se sont pour l’instant  engagées  une  minorité  d’associations  ayant  décidé  de  privilégier  leur  développement  en  tant  qu’organismes de formation. Celles‐ci ont eu tendance à se regrouper en fédérations pour mettre en  commun leurs efforts. Celles‐ci ont à acquérir des compétences techniques (élaboration de référentiels), à  se familiariser avec de nouveaux rôles (certificateurs), et en même temps à concevoir les règles de leur  collaboration (services communs de gestion et de suivi de la certification).  

 

Créée en 2008 sous le nom d’OFECO (fédération nationale des organismes de formation professionnelle à  l’écoconstruction), la fédération écoconstruire s’est constituée dans la perspective d’anticiper l’émergence  des besoins en matière de formation professionnelle en écoconstruction. Elle a élaboré sa vision du profil  de formateur en écoconstruction comme celle d’un professionnel qui : 

 

 propose une vision globale du bâti (conception bioclimatique) et montre l’importance d’avoir  plusieurs compétences ; 

 partage son expérience personnelle et incite le stagiaire à faire sa propre expérience ; 

 propose sa solution sans la placer comme une vérité ; 

 interroge la norme dans sa nécessité et ses enjeux ; 

 

 a une pratique du terrain et participe à l’innovation ; 

 rend compte de la diversité des pratiques ; 

 valorise les savoir‐faire traditionnels ; 

 privilégie le travail manuel et propose une évaluation de la rentabilité du travail prenant en compte  la santé du professionnel, son risque financier et le plaisir du geste ; 

 propose de prendre connaissance de la matière et moins des produits ; 

 engage à la coopération des acteurs ; 

 insiste sur la santé des professionnels, (électromagnétique, manutention, alimentation). 

 

La Fédération écoconstruire a présenté fin 2016, un dossier pour la création d’un titre professionnel  d’ouvrier professionnel  en écoconstruction (OPEC) qui  a  été validé  par la CNCP et dont le décret  d’application devrait être très prochainement publié. Ce titre constitue le tronc commun des formations  mises en œuvre par trois de ses associations membres (Le Gabion, Batipôle en Limouxin, Aplomb). La  constitution de ce dossier a nécessité un important travail de conception et de rédaction : 

 

 désignation du métier et des fonctions visées ; 

 pertinence de la création du titre OPEC au regard du champ professionnel visé ; 

 description des activités et tâches du titulaire, l’énoncé de ses compétences et leurs critères  d’évaluation ; 

 modalités de validation des acquis de l’expérience et de constitution des jurys ; 

 présentation des résultats en termes d’insertion professionnelle de trois promotions issues des  formations préfigurant la préparation au titre OPEC ; 

 définition d’un système de veille permettant d’ajuster la certification aux évolutions ultérieures. 

 

Cela a nécessité de nombreux ajustements à la suite d’observations formulées par la personne en charge  de l’instruction du dossier à la Commission nationale des certifications professionnelles (CNCP), et qui ont  porté notamment sur l’opportunité de la certification, la distinction entre compétences et savoirs, le  respect des règles administratives et juridiques. Les auteurs du dossier OPEC ont été confrontés à des  difficultés auxquelles se heurtent également les membres des commissions chargés de l’élaboration de  référentiels de diplôme mais ces derniers peuvent s’appuyer sur l’appui d’experts habitués à la constitution  de ce genre de dossiers : ingénieurs de formation à l’AFPA et inspecteurs à l’Education nationale. Dans le  cas présent, les auteurs du rapport ont eu la charge d’argumenter sur l’opportunité de création du titre,  tâche qui incombe généralement aux organisations professionnelles pour les diplômes de l’Education  nationale et les titres du ministère de l’Emploi. Une fois accompli ce travail d’ingénierie de certification, il  faudra encore assurer sa bonne appropriation par tous les intervenants chargés de préparer au titre OPEC. 

Eu égard à la rédaction en cours de règles professionnelles relatives à la construction en terre crue et à  l’isolation thermique par l’extérieur à base de paille, les activités de maintenance du titre s’avèreront  rapidement nécessaires. 

 

Antérieurement au dépôt du titre OPEC à la CNCP, l’association Noria et Cie, autre membre de la  Fédération écoconstruire, avait obtenu en janvier 2015 la création d’un titre « maçon en écoconstruction »  inscrit au RNCP (code 22447) dont le référentiel d’activités se décompose ainsi : 

   

  par une dizaine d’organismes de formation dont précisément les associations Batipôle en Limouxin, Le  Gabion et Aplomb. Il intègre la construction de murs en pierre sèche pour laquelle un CQP ouvrier en pierre  sèche a été créé en 2010 par la CPNE du bâtiment. Il s’en distingue sur d’autres points. En dépit de  l’existence de référentiels, la comparaison entre ces titres et certifications s’avère difficile. Le découpage  des référentiels en activités et tâches, les compétences évaluées et leurs modalités d’évaluation, sont  différents. Dans ces conditions, imaginer des passerelles ou des équivalences n’est pas aisé, sauf si  s’instaurent des pratiques de validation des acquis de l’expérience réellement efficaces. Ce problème n’est  spécifique ni au domaine de l’écoconstruction ni à l’offre de certifications émanant d’organismes de  formation largement indépendants les uns des autres. Il existe par exemple entre les diplômes de  l’Education nationale et les titres du ministère de l’Emploi où la gestion des titres est cependant dans les  deux cas centralisée et régulée par les branches professionnelles. 

 

La Fédération écoconstruire peut être le lieu où l’on précise les points communs et les différences entre les  certifications  et  où  l’on  recherche  à mieux  coordonner l’ensemble. Les difficultés  sont  loin d’être  exclusivement techniques. Les certifications, lorsqu’elles sont la « propriété » d’un organisme de formation  leur confère une certaine exclusivité sur un marché concurrentiel et certains semblent d’ailleurs faire payer  cher les prestations liées à la délivrance des certifications dont elles ont la gestion. Outre cette gestion  étendue des certifications que les ministères certificateurs ont aussi du mal à mettre en œuvre ne serait‐ce 

 

qu’en listant les certifications qui s’avèrent plus ou moins proches de leurs propres titres, la création d’un  titre commun à plusieurs organismes de formation constitue une indéniable avancée. Elle a conduit les  associations concernées à se concerter sur de nombreux sujets et renforce les missions de la fédération en  termes de promotion et de gestion du titre. Elle pourrait devenir un lieu de mutualisation des informations  et des réflexions de chacune des associations ayant participé à la création du titre ou chargé de la mise en  œuvre des formations qui permettent de le préparer, et en s’appuyant sur les relations que chaque  association entretient avec son environnement – entreprises, anciens stagiaires, autres  associations  d’écoconstruction  ‐ veiller à promouvoir et faire évoluer l’offre de certifications de ses membres sans  perdre de vue ce qui fait l’originalité et la dimension innovante des démarches des associations. 

 

2.2. Différentes façons de promouvoir une offre globale par l’émergence de 

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