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Des situations professionnelles souvent précaires

CHAPITRE 3 – ETRE JEUNE : UNE GRANDE PRECARITE

2. LES JEUNES FACE A L’INSERTION PROFESSIONNELLE : UN PASSAGE OBLIGATOIRE PAR LA PRECARITE ?

2.1. L’accès à l’emploi stable, un parcours erratique

2.1.1. Des situations professionnelles souvent précaires

La participation des jeunes au marché du travail se fait sur plusieurs années après la fin des études. En 2009, parmi les jeunes sortis de formation depuis 12 mois, la moitié travaille. Plus généralement, la proportion des 18-29 ans en emploi est d’autant plus importante que la durée écoulée depuis la fin des études est longue. La proportion d’actifs occupés atteint 80% parmi les jeunes sortis depuis 5 ou 6 ans de leur formation initiale, tous niveaux de formation confondus, mais reste toutefois légèrement inférieure à celle observée pour les 30-39 ans dont 83% sont en emploi (Figure 37).

2.1.1.1.Un taux de chômage très élevé, notamment en sortie de formation

La principale caractéristique de l’emploi des jeunes est le fort taux de chômage qu’ils subissent. Il est particulièrement fort, 39%, pour les jeunes qui ont fini leur formation initiale depuis moins d’un an. De 27% pour les jeunes sortis de formation initiale un an à moins de deux ans plus tôt, il passe à 22% pour ceux sortis deux ans à trois ans auparavant (Figure 37). La proportion de jeunes au chômage diminue avec la durée écoulée depuis la fin des études, c’est-à-dire avec leur durée de présence sur le marché du travail.

Une frange de la population des 18-29 ans est en dehors du marché du travail, c’est-à- dire n’est ni en emploi ni au chômage. Cette proportion est d’autant plus faible que la durée écoulée depuis la fin des études est importante : elle est de 19% parmi les jeunes qui sont récemment sortis du système scolaire contre 9% parmi ceux qui en sont sortis depuis 5 ou 6 ans. Néanmoins, parmi les 18-30 ans qui ont fini leurs études depuis 6 ans ou plus, ce pourcentage est un peu plus élevé (13%). Cette inflexion correspond en partie au retrait du marché du travail de jeunes femmes qui deviennent mère et arrêtent de travailler, au moins temporairement. Ces situations renvoient probablement aussi à des jeunes exclus du marché de l’emploi qui s’en éloignent durablement au bout de plusieurs années après la fin de leur parcours scolaire (encadré 1).

Figure 37 : Taux de chômage et situation d’emploi des 18-29 ans, selon la durée écoulée depuis la fin des études initiales

* Le taux de chômage est la proportion de personnes au chômage dans l’ensemble des personnes au chômage ou en emploi.

Note de lecture : En 2009, parmi les jeunes sortis de formation initiale depuis moins d’un an, 19% sont inactifs, 32% sont au chômage et 49% sont en emploi. Le taux de chômage est de 39%.

Source : Enquête Emploi 2009, INSEE – exploitation CREDOC Champ : personnes de 18 à 29 ans.

Figure 38 : Chômage, emploi stable et emploi précaire des actifs de 18-29 ans, selon la durée écoulée depuis la fin des études

Exemple de lecture : parmi les des jeunes sortis depuis moins d’un an de formation initiale, 24% sont en emploi précaire (intérim, CDD de moins de 6 mois, contrat aidé), 22% sont au chômage, 39% occupent un CDI (à temps plein ou à temps partiel choisi). Les autres formes d’emploi (indépendants, CDI à temps partiel contraint et apprentissage) n’apparaissent pas sur le graphique. Le total ne fait donc pas 100%.

Encadré 1 : Les jeunes durablement éloignés de l’emploi

Un précédent cahier de recherche du CREDOC analysait la prise en charge des jeunes éloignés de l’emploi de qualité161 et avait identifié la problématique de jeunes qui ne parvenaient pas à s’insérer professionnellement jusqu’à basculer dans l’inactivité. Il peut s’agir de jeunes reconnus comme handicapés, ou de jeunes dans des situations d’addiction ou connaissant des problèmes psychologiques importants. Les différentes études menées par le CREDOC sur les bénéficiaires du RMI puis du RSA complètent cet éclairage : parmi les jeunes bénéficiaires d’un minimum social, certains, sans être aussi éloignés de l’insertion professionnelle que ceux mentionnés ci-dessus, ont une image faussée du monde du travail. Ils peinent à faire leur deuil de l’emploi idéal qu’ils pensaient pouvoir trouver : proche géographiquement de leur domicile, ciblé sur leur centre d’intérêt et bien rémunéré. Enfin, les chercheuses Elisabeth Dugué et Anne Verger identifient une troisième catégorie de personnes durablement éloignées de l’emploi qu’elles qualifient d’« inemployables » 162 : des jeunes vivant en grande banlieue et ayant un rapport conflictuel avec le monde du travail parce qu’il les exclut. Comme les précédents, ils ont une image décalée de ce qu’est le monde du travail qu’ils jugent injuste. Lorsqu’ils ont des contacts avec l’emploi, la précarité des postes occupés accroît le sentiment d’échec et d’injustice.

2.1.1.2.Des premiers emplois généralement précaires : CDD courts,

intérim…

L’accès à l’emploi n’est pas toujours synonyme de stabilité professionnelle. L’accès à l’emploi de qualité, défini comme un CDI à temps plein ou à temps partiel choisi ou un poste de fonctionnaire, dépend beaucoup du temps écoulé depuis la fin des études. En 2009, parmi les jeunes actifs sortis de formation initiale depuis moins d’un an, 22% soit près d’un sur quatre a un emploi précaire c’est-à-dire occupe un CDD de moins de 6 mois, un emploi saisonnier, en intérim ou un contrat aidé (Figure 38). Cette proportion est stable, aux environs de deux tiers, parmi les jeunes actifs sortis de formation 4 ans auparavant ou depuis plus longtemps. Elle reste dans tous les cas inférieure à celle observée pour les actifs de 30 à 39 ans parmi lesquels 73% occupent un emploi de qualité. Dans l’ensemble, près d’un actif de moins de 30 ans sur six a un emploi précaire.

161 M. Angotti, I. Aldeghi, M. Brezault, C. Olm « Deuxième chance ? La prise en charge des jeunes éloignés de l’emploi de qualité », Cahier de recherche du CREDOC C 257, 2008.

Cette précarisation est liée aux évolutions des formes d’emploi. Les moins de 30 ans, particulièrement nombreux parmi les embauchés récents, sont les premiers à subir les transformations du marché du travail, et notamment, sa flexibilité croissante163.

Les nombreux changements professionnels occasionnés par la fin de contrats à durée déterminée et la récurrence des périodes de chômage contribuent également au taux de chômage élevé des jeunes pendant les trois premières années de vie active.

2.1.1.3.un tiers de jeunes en situation de déclassement

Un autre indicateur de la complexité de l’insertion professionnelle des jeunes est l’émergence du déclassement. Ce phénomène désigne « la situation des personnes qui possèdent un niveau de formation supérieur à celui normalement requis pour l’emploi qu’elles occupent ». Il peut aussi être défini en référence au salaire au lieu du niveau d’emploi, ou encore être appréhendé de façon subjective à partir de l’opinion des jeunes en emploi. La part de jeunes en situation de déclassement 3 ans après la sortie de formation varie de 29% à 36% selon l’approche retenue164.