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Enfin, une dernière remarque doit être faite concernant le matériau restitué grâce à la comptabilité : tous les vêtements portés par les membres de la cour ne figurent pas dans les

registres comptables. Seules les dépenses de l’hôtel de Philippe le Bon, soit celles que le

prince a bien voulu prendre en charge, ont pu être étudiées.

Compte-tenu de ces mises en garde, il apparaît que nous ne pourrons dans cette étude

dresser un tableau complet du costume bourguignon entre 1430 et 1455. Mais nous pourrons

au moins proposer un schéma de classement, tout en accordant aux vêtements décrits une

possibilité d’évolution sur la période.

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Costume et vie sociale, op. cit., p. 166.

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1.2.2. Habillement masculin

1.2.2.1 Habillement du corps

1.2.2.1.1. Les vêtements proprement dits

1.2.2.1.1.1. La robe

La robe était le vêtement de dessus indispensable à toute garde-robe. C’est véritablement

un des éléments de base du costume. On a dénombré dans la comptabilité bourguignonne près

de 3600 robes masculines réalisées par les couturiers. En 1430, il n’évoque plus qu’un seul

vêtement, contrairement à la définition du XIVe siècle, qui en faisait un ensemble de

« garnements ». Il s’agit d’un terme générique, désignant un vêtement de dessus différent du

manteau, mais applicable à un grand éventail de formes, de matières, et d’usages différents. La

robe était toujours plus longue que la taille et sans doute assez ample, comportait des manches,

et souvent un col. La taille était généralement marquée, soit par la forme de la robe, soit à

l’aide d’une ceinture, hormis pour quelques types de robes spécifiques. A la cour de

Bourgogne, le terme de houppelande n’est plus utilisé pour le vêtement masculin entre 1430 et

1455.

Quels sont les critères utilisés dans la comptabilité pour désigner et caractériser une

robe ? D’abord la matière dans laquelle elle est taillée est un critère déterminant. Elle était

choisie pour répondre à des besoins précis, parmi lesquels le goût personnel était sans doute

important. La plupart était taillée dans des draps de laine, avant les draps de soie. Trois pièces

destinées au duc, servant à des fins militaires ont été taillées dans un cuir de chamois. Enfin,

fait unique, les six robes que le duc et ses lieutenants portaient à leur entrée à Arras en 1435

étaient faites de futaine, réalisées par le parmentier Gilles Mandousques

145

.

La couleur est aussi un critère important. Elle figure dans 50,8 % des cas. Toutes les

couleurs décrites dans la partie concernant les draps ont servi à réaliser les robes de la cour,

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dans des proportions variables, propres aux choix du duc et de son entourage. Pour le premier,

elles étaient souvent faites de noir, et il a choisi le gris et noir, puis le noir, pour les costumes

imposés à ses serviteurs. Une robe qui présentait plusieurs couleurs était dite « partie

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».

On a parfois signalé que telle robe était faite de telle « façon ». Dans la plupart des cas,

c’était à un régionalisme que cette précision faisait référence : à la façon d’Allemagne, de

Brabant, de Hollande, de France, de Bourbon ou d’Italie. Outre l’origine, on vit signaler

l’apparition de nouvelles formes par l’indication « vieille », « nouvelle » façon. La coexistence

de plusieurs modes était indiquée par des expressions telles que « d’une autre façon », de

« diverses sortes et façons ». Mais ces précisions de mode sont très peu présentes dans la

comptabilité. On ne les a indiquées que pour 223 robes. Toutefois, si ce renseignement était

parfois utile pour identifier un vêtement, il devenait désuet dès lors que la mode était

généralisée, en attendant son remplacement par une nouvelle tendance, ce qui explique que le

terme de façon était utilisé avec parcimonie.

Certaines robes avaient des caractéristiques intrinsèques variables selon leur destination.

Les « robes à relever de nuit » étaient toujours longues, probablement ouvertes sur le devant

de haut en bas, et souvent fourrées. En 1444 et 1446-1447, Philippe le Bon fit réaliser deux

robes à porter de nuit « en temps d’été » : toutes deux étaient doublées de tiercelin, et l’une

était dite plate, c’est-à-dire dépourvue de plis. Elles semblent se distinguer des autres par leur

absence de fourrure. Les « robes à chevaucher » devaient présenter une longueur moindre, et

une amplitude nécessaire à leur usage. Pour Michèle Beaulieu et Jeanne Baylé comme pour

Robert Delort elles étaient fendues devant et derrière pour être plus pratiques

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. Elles sont

souvent confondues avec celles que le duc faisait réaliser pour chasser. Celles-ci étaient

généralement de facture simple, en drap de laine ou en bougran (dans la seconde moitié de la

période), plates, doublées de drap de laine de moindre qualité quand elles étaient doublées,

fourrées d’agneau quand elles étaient fourrées. Enfin les « robes de deuil » étaient de longs et

amples vêtements sombres portés avec un chaperon enformé et souvent un manteau de même

couleur. Mais il faut distinguer les robes portées lors de services funèbres et celles que l’on

portait pour tenir le deuil : celles-ci, toujours de couleurs sombres, pouvaient suivre la mode

du moment : ainsi à l’occasion du deuil de la duchesse de Bedford sa sœur le duc fit réaliser

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ADN, B 1951, f. 208 v°.

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BEAULIEU Michèle, BAYLE Jeanne, Le costume en Bourgogne, op. cit., p. 51 ; DELORT Robert, Le commerce des fourrures en Occident, op. cit., p. 408.

une robe longue noire de drap, une chaperon assorti, un manteau de brunette traînant à terre,

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