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Entretien semi directif à destination des NPS avec Mme H 

4°) QUELLE DEFINITION DONNEZ VOUS DU CONTEXTE DIFFICILE ?

- Est-ce qu’il s’agit d’un contexte difficile c’est-à-dire du milieu des enfants en zone d’éducation prioritaire. Parce que là on a souvent des enfants issus de milieux défavorisés, où on n’a pas l’adhésion des parents, on n’a pas le soutien des parents, donc l’école est obligée de faire seule et on sait bien que quand on a l’adhésion des parents, on arrive plus facilement à cette réussite éducative.

- Un contexte difficile ça peut être avec des élèves en grosses difficultés dans la classe en attente d’orientation. Ca peut être difficile à vivre pour l’enseignant car cela ne relève pas de sa compétence ni de celle du RASED. Du fait des lenteurs administratives, ces élèves sont dans la classe et demandent une grosse dépense d’énergie.

- Cela peut être lié à l’enseignant lui-même, qui vit une souffrance, une période difficile, qui fait que cela altère son fonctionnement, ses capacités, ses compétences professionnelles. Ça on le voit de plus en plus, si il y a une prise en charge, on peut limiter les dégâts. Souvent on n’ose rien dire car c’est un enseignant méritant qui a toujours été reconnu pour ses compétences, donc on attend en se disant que cela va passer, mais ça ne passe pas. Une année passe, deux années passent et on a deux générations d’enfants qui en subissent les conséquences.

- On peut avoir un contexte difficile au sein d’une équipe, quand il y a conflits, mésententes. Alors tout projet, de classe, de cycle, rien n’aboutira parce que le contexte de l’équipe va nuire à la bonne marche de l’école.

- Tous les conflits avec les parents, l’incompréhension des parents sur la pédagogie mise en place par exemple.

- Des élèves très perturbateurs, difficiles à gérer, élèves agressifs, un élève ayant agressé un enseignant par exemple, si ça se fait en début d’année, il faut pouvoir supporter l’enfant toute l’année, en sachant que la loi interdit toute violence envers l’élève que ce soit verbale ou physique. - La perte dramatique d’un élève qui crée un malaise au niveau de la classe, il faut mettre en place une cellule d’écoute pour résoudre rapidement le problème.

- Il y a contexte difficile intrinsèque à l’enseignant et contexte difficile extrinsèque : intrinsèque, il s’agit d’un enseignant en position de fragilité et devant une petite difficulté ça deviendra tout de suite une grosse montagne.

- Pour nos NPS placés en binôme, cela peut être un contexte difficile. Ne serait ce que la façon de gérer les tables et les chaises quand les enseignants sont en binôme. Certains vont d’emblée changer la disposition sans poser de question. D’autres vont se demander s’ils peuvent ou non ? Comment ils vont faire ? Ils vont se casser la tête sur des détails. Quelque chose de pragmatique devient un problème. Le plus simple est d’adopter la disposition qui nous convient et si ce n’est pas celle de mon binôme, à mon départ je remets les choses en place comme elles étaient. Il y a beaucoup d’interrogations et de peur pour certains. Le fait de mettre deux NPS dans la même classe n’est pas profitable aux élèves. Je m’explique : je pense qu’il faudrait un titulaire. Choisir ce titulaire par exemple un MAT et lui adjoindre un NPS. Évidemment, quand on débute, on fait des erreurs. Tout le monde fait des erreurs, mais les erreurs du débutant auraient pu être rattrapées par le professeur titulaire. En tout cas plus facilement. Tandis que dans notre cas, il met en place des choses pendant 5 semaines, puis un autre arrive. Prenons le cas de la rentrée en septembre. Le deuxième NPS arrive en octobre, c’est la première fois qu’il prend la classe. Donc, c’est comme si c’était une rentrée pour lui. Donc, c’est un recommencement. Donc, il faut déjà comprendre, quel est le fonctionnement de l’autre. Comment il fonctionnait ? Pourquoi il faisait ça et pourquoi moi je dois faire autrement ? Et pourquoi moi je dois m’inscrire dans la continuité ? Ce n’est pas évident. Tandis que si il y avait un NPS et un titulaire en alternance, tout de suite par un échange avec le NPS, le titulaire arrive à comprendre où il en est, et on peut continuer.

L’ancien principe de la triplette, un titulaire et deux stagiaires étaient plus judicieux. Malheureusement il y a eu des postes à pourvoir et le titulaire est resté sur un poste et les stagiaires ont hérité d’un poste en commun. On ne met pas les NPS ni au CP ni en CM2, c’est déjà bien. Les élèves des NPS en binôme, auront toute l’année des professeurs qui vont tâtonner, expérimenter des choses, et en plus pas la même personne, parce que si s’était la même personne, elle aurait tâtonné au début, mais au bout d’un moment elle aurait trouvé ses marques et fini par donner le rendu de ce que l’on attend d’un professeur. Mais là, au bout de 5 semaines vous décrochez, vous partez en formation chez un EMF, ensuite vous partez en formation dans une classe, ensuite vous partez encore en formation à l’ESPE. Puis quand vous revenez, c’est un peu comme des élèves qui sont partis en vacances un mois, à la rentrée on a l’impression qu’ils ont tout oublié. Je ne dis pas que les NPS ont tout oublié, au contraire, ils sont partis en formation, mais ils ont perdu le lien avec la classe, le contact avec la classe. Alors on demande aux deux NPS du binôme de faire une liaison, mais est ce que cette liaison est efficace, et effective ? Comment ça se passe ? Est-ce que c’est juste faire un point rapide en dix minutes ? Est ce que c’est s’assoir et dire voilà « j’ai évalué, j’ai mis ça en place, voilà, il y a tel élève qui a besoin de ça. Il faut l’accompagner. » On sait bien que même si la passation dure une matinée, mais les élèves sont là, comment gérer ce temps et faire une bonne passation ? Ce n’est pas pertinent et même nous qui devons faire un entretien avec les NPS devant les élèves, ce n’est pas facile, car toutes les deux, trois minutes selon le niveau de classe, on doit s’arrêter pour leur demander de faire silence. Il y en a un qui vient vous déranger pour vous demander quelque chose même si vous avez demandé de ne pas vous déranger. Donc les deux enseignants essayant de se faire une passation dans ces conditions pour moi ce n’est pas évident, efficient. Ça ne devrait pas se faire dans ces conditions là. Pour avoir de meilleures conditions, ça voudrait dire faire du hors temps scolaire, et là on touche à un domaine privé. Mais c’est la seule condition pour que cela fonctionne. Bon il y a les mails, mais est-ce suffisant ?

5°) QUELLES STRATEGIES LES NPS PLACES EN CONTEXTE DIFFICILE VONT-ILS