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D'UTILITÉ PUBLIQUE

Dans le document ïi II 1883 (Page 100-105)

Aperçu historique.

a Société économique de Fribourg n'est que de trois ans plus jeune que la Société suisse d'utilité publique, à laquelle elle se rattache par l'identité du but et par les liens d'une commune origine.

Cette société naquit à Fribourg sous le ré-gime de l'Acte de Médiation, qui fut marqué dans notre ville par un réveil de la vie intel-lectualle et littéraire et plus particulièrement encore par l'élan imprimé à toutes les œuvres de bienfaisance et d'utilité publique. Devenue premier Vorort de la Suisse sous le Landam-mann Louis d'Affry, la cité de Berchtold IV de Zsehringen voyait alors affluer dans ses murs plusieurs notabilités européennes. Fri-bourg comptait aussi à cette époque, parmi ses propres citoyens, un grand nombre de personnages marquants, théologiens, érudits, homnïes de lettres, philosophes et philan-thropes. Ces différents personnages se rencontraient souvent, soit chez Mesdames de Diesbach de la Poya ou de Villarding, dans les salons desquelles on retrouvait toute l'urbanité et le bon ton qui distinguaient l'ancienne société française; soit au cercle de lecture, qui s'appela plus tard Salon littéraire et qui s'est transformé enfin en Grande société. Ce petit cénacle fribourgeois comptait en 1805 juste autant de membres que

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l'Académie française, dont il aspirait à faire revivre les tra-ditions. Ce fut là que l'on conçut le projet de fonder une société qui s'occuperait principalement des questions concer-nant « l'économie politique, l'agriculture et le commerce et

« les secours à donner aux pauvres. »

Ce projet, encore un peu vague, serait demeuré longtemps peut-être à l'état d'embryon, sans un voyage que M. Nicolas de Gady et le Ed. Père Girard, cordelier, firent à Zurich, pour assister, en septembre 1812, à une réunion générale de la Société suisse d'utilité publique, dont ils venaient d'être reçus membres. A leur retour de Zurich, nos deux compa-triotes ne savaient comment exprimer leur admiration pour tout ce qu'ils avaient vu et entendu sur les bords de la Limmat:

ils résolurent de doter leur propre canton d'institutions ana-logues à celles dont ils avaient apprécié ailleurs les bons résultats. On décida donc de créer immédiatement une société qui devait s'appeler, suivant les uns, Société des amis des pauvres, et, d'après une autre opinion. Société d'utilité

pu-blique et de prospérité cantonale. Mais le P. Girard, rejetant ces deux dénominations qui lui semblaient l'une trop restreinte et l'autre trop prétentieuse, proposa le nom plus court et plus expressif de Société économique, de deux mots grecs qui veulent dire règle ou conduite de la maison. « C'est notre

« maison fribourgeoise, ajoutait le savant religieux, que nous

« avons en vue de régénérer de nos réflexions et de nos

« conseils. »

La tâche d'organiser la nouvelle Société fut confiée à celui qui l'avait si heureusement baptisée. Le P. Girard, assisté de M. Gady et du chanoine Fontaine, se mit immédiatement à l'œuvre et rédigea un projet de statuts, qui fut soumis à l'exa-men de l'assemblée générale, dans la mémorable séance du 9 janvier i'813, date de la fondation de notre société. Les membres fondateurs étaient au nombre de 35, appartenant tous, sauf sept, aux anciennes familles patriciennes qui se distinguaient alors le plus par leur esprit éclairé et par leur patriotisme.

Soulager la misère des pauvres, tel avait été dans la pensée ' 2

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de la plupart des fondateurs le but principal de la Société économique, dont M. Gady disait qu'elle était « fille du

« Besoin et de la Pitié. » Mais ce but ne suffisait pas à l'acti-vité dévorante du P. Girard,, qui, non content de soulager l'indigence, s'attachait davantage à la prévenir et à la détruire dans son principe, en faisant rayonner partout le divin flam-beau de l'instruction populaire. Pour élargir autant que pos-sible la sphère d'activité de la Société économique, le P-Girard la divisa en cinq classes ou sections, qui devaient avoir chacune leurs réunions particulières et s'occuper tout spécialement:

1° D'économie domestique et rurale;

2° D'industrie, de fabrication et de commerce;

3° De physique et cte santé;

4° D'institutions de charité;

5» De morale publique et d'éducation.

A c es cinq classes primitives on en ajouta, le 14 septembre 1814, une sixième de statistique et d'histoire.

Ce fut en 1813, à l'époque même de sa fondation, que la Société économique fit preuve de la plus grande activité in-tellectuelle. Elle était alors dans toute la ferveur de sa jeu-nesse, et elle ne tint cette année-là pas moins de douze séances générales, fréquentées en moyenne par 25 à 30membres, sans compter les réunions des classes, qui durent être très nom-breuses, à en juger par la quantité et l'importance des travaux présentés. Les années suivantes il y eut encore quelques séances où l'on traita différents sujets scientifiques ou d'utilité publique. Mais le zèle des sociétaires commençait déjà à se refroidir, et la Société elle-même eut à se défendre contre les insinuations calomnieuses que l'on répandait contre elle, sur-tout dans les campagnes.

La crise politico-religieuse que notre canton traversa à la suite de l'appel des Ligoriens et des Jésuites ne fut guère favorable au mouvement intellectuel et amena, pendant les trois années 1818, 1819 et 1820, une interruption totale des séances de la Société économique, au point que celle-ci parut

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momentanément dissoute. Mais ce qui lui porta surtout un coup fatal, ce fut le départ du P. Girard pour Lucarne, à la suite du décret du Grand Conseil qui, dans sa séance du 4 juin 1823, avait supprimé, à la majorité de 79 voix contre 35, la méthode d'enseignement mutuel dans les écoles primaires.

Le P. Girard une fois éloigné, la Société économique, sem-blable à un corps sans âme, tomba dans une profonde léthar-gie. Elle ne s'occupa presque plus que des détails de l'ad-ministration, de l'entretien et de l'augmentation de sa biblio-thèque. Cette précieuse collection de livres, qui n'était dans le principe que l'instrument du progrès ou l'accessoire, devint dès lors la chose essentielle et comme la pierre angulaire de la Société économique dans l'âge du déclin.

Si, comme l'a dit le célèbre historien Heeren, l'histoire d'une bibliothèque est tme portion notable de l'histoire de l'esprit humain, celle de la Société économique sera sans doute intéressante à étudier. Elle nous montrera comment la culture intellectuelle s'est développée dans une ville que Cornélius Agrippa dépeignait au 16"° siècle comme dépourvue de toute espèce de science et de littérature.

La bibliothèque de la Société économique fut formée d'abord par des dons volontaires, puis par des achats succes-sifs faits au moyen de la finance de réception et des cotisa-tions annuelles payées par tous les membres actifs.

Notre collection de livres, qui n'était que de 6,000 volumes en 1832, comprend aujourd'hui 7,954 ouvrages formant de 22 à 23,000 volumes, pour lesquels M. l'archiviste J. Schneuwly, bibliothécaire actuel, a été chargé d'élaborer un nouveau catalogue.

Bien que le soin d'augmenter et de conserver la biblio-thèque ait été depuis 1823 le principal souci de la Société économique, il ne s'en suit pas toutefois qu'elle ait été com-plètement inactive et stérile sous les autres rapports. A plus d'une reprise déjà la ferveur des premiers jours s'est réveillée en elle, et, grâce surtout à l'impulsion donnée par ses trois derniers présidents MM. Maurice de Techtermann, Henri Schaller, conseiller d'Etat et Max Buman, D', elle a semblé

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renaître à une vie nouvelle. Mais l'événement le plus favora-ble pour la Société économique fut sa fusion opérée en dé-cembre 1862 avec la section de la Société suisse d'utilité publique, fondée à Fribourg cinq ans auparavant, en 1857, par M. le professeur Alexandre Dagnet.

Les deux dernières œuvres par lesquelles la Société éco-nomique a signalé son zèle sont: l'établissement du Bureau central de bienfaisance, qui s'est ouvert à Fribourg le 3 juillet 1882, et le concours pour un prix de 400 fr. à décerner au meilleur mémoire sur les moyens de faire refleurir l'industrie et d'introduire de nouveaux métiers dans notre ville.

Le système des classes subsiste encore, au moins en théorie et dans la lettre morte de nos statuts. Il faut avouer cepen-dant qu'il n'a plus guère sa raison d'être, depuis l'établisse-ment d'une foule de sociétés spéciales, de médecine, de sciences naturelles, d'agriculture et d'histoire, qui sont toutes sorties du sein fécond de la Société économique. Celle-ci pourrait donc sans inconvénient supprimer le système des classes et, tout en demeurant stimulatrice et régulatrice du progrès, se renfermer dans son rôle essentiellement philanthropique et utilitaire. C. R.

Avis anglais.

A Londres, sur les portes de beaucoup de bureaux et de magasins, on lit un petit avis très caractéristique dont voici la traduction:

Affaires. Ne vous adressez à un homme d'affaires, aux heures d'affaires, que pour affaires; faites avec lui vos affaires, et retournez à vos affaires, pour lui laisser le temps de finir ses affaires. •)

1) Call on abusiness-man, in business hours. only on business; transact your business and gô about j-our business, in orderto give him time to finish his business.

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