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ATitiquités burgondes deFétigny

Dans le document ïi II 1883 (Page 118-125)

LitKM.Smni^iMbourg

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Tous les chefs, puisque j'ose les appeler ainsi, portaient au doigt un anneau ouvert formé d'une mince lamelle de bronze d'environ 1 cm. de largeur, et à la ceinture de grandes plaques de ceinturon en bronze (Fig. 1) on en fer (Fig. 2), celles-ci mesurant environ 1^ cm. de longueur sur 9 de largeur et ornées de damasquinures d'argent avec dessins à entrelacs (Fig. 3). Les clous à tête ronde placés aux coins de la plaque

se trouvent recourbés au-dessous en forme d'anneaux qui servaient à la fixer à la ceinture. Quelques-unes de ces plaques en fer se font remarquer par l'éclat de l'argent qui lôs entoure, malgré l'épaisse couche de rouille dcmt elles sont recouvertes;

d'autres par leur grandeur et l'élégance de leurs torsades et dé leurs entrelacs ; d'autres encore par une croix gravée au milieu (Fig. 4), le seul symbole chrétien trouvé dans ces sépultures; enfin toutes sont remarquables par leur grande variété.

Quelques chefs seulement avaient au côté gauche le scra-masax burgonde (Fig. 5 et 9) dont j'ai déjà parlé et d'autres objets de parure; entre autres, au cou une agrafe (?) en bronze (Fig. 6) de 1 et 1/2 cm. d'épaisseur, recouverte d'une mince plaque d'or pur, fixée par une sorte de ciment et enri-chie de dessins et de verroterie: de vrais chefs-d'œuvre d'orfèvrerie.

Il est à remarquer que tous les squelettes portant un anneau

— et c'est le premier objet qu'on apercevait -^ avaient encore une arme, ou un ceinturon, ou quelque objet de parure, et même les trois réunis; tandis que les squelettes régulièrement rangés dans le triangle ne portaient aucune espèce d'arme ni d'ornement quelconque. Chose remarquable encore: un des cadavres avait pour toute distinction une peignette en bronze (Fig. 7) placée sur le front.

Tous ces objets, au nombre de cent environ, compreiment une douzaine de crânes bien conservés, en tous points très différents les uns des autres ; une longue épée, trois scramasax, quelques couteaux, une vingtaine de plaques et de boucles en fer damasquiné de différentes formes; autant d'anneaux; une belle plaque en bronze (Fig. 1) ; trois agrafes plaquées en or

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(Fig. 6), et un certain nombre de menus objets de parure, tels que chaînes, fibules, épingles, perles de collier, etc. Je regrette vivement de ne pouvoir donner dès à présent des dessins exacts de toutes ces richesses archéologiques; mais je me réserve de le faire dès qu'elles seront devenues propriété du Musée cantonal, c'est-à-dire dès que la Direction aura heu-reusement clos les négociations entamées avec les possesseurs de ces précieux objets. En attendant, je ferai remarquer qu'ils ont une grande analogie, souvent une ressemblance parfaite, avec les objets de l'époque alémanique décrits par M. Meyer de Knonaii dans le 18"° volume des « Mitlheilnn-gen » de la Société des antiquaires de Zurich, lés Monuments allémaniques en Suisse, PI. l e t l l , et dans le 19°" volume, PL 12, ainsi qu'avec les objets trouvés en 1838 dans les tombes du Bel-Air, près de Lausanne, et savamment décrits par M.

Troyon dans le premier volume de la même publication, PI.

m , IV et V.

Sans doute, je pourrai avec le temps, un examen plus attentif, quelque découverte ultérieure peut-être, compléter les détails que je viens de donner; mais il est deux points sur lesquels je ne saurais me prononcer: A quelle époque exacte remontent les sépultures de Fétigny? — au 4"", au 5°° siècle?

Sous les coups de quels guerriers ont succombé ceux qui sont depuis tant de siècles ensevelis dans cette terre jadis si peu hospitalière? — est-ce aux Komains, est-ce aux Helvètes, est-ce peut-être aux Alemani qu'ils ont eu affaires?... Autant de questions dont j'abandonne la solution à des hommes plus experts et plus habiles que moi à lire dans le passé.

L. G.

3 . — C o l l e c t i o n archéoIogriQue d u Musée c a n t o n a l .

Le catalogue des collections artistiques et historiques du Musée cantonal, publié au mois de mars dernier par les soins

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du conservateur, est venu mettre le sceau à l'organisation de cet établissement et nous dispense, par le fait même, d'entrer dans des détails à son sujet. Toutefois, nous ûous faisons un devoir de rappeler que le musée le plus riche et le mieux organisé n'est pas pour cela complet, qu'il ne l'est jamais tant qu'il peut être augmenté, et qu'il serait Men malbeureux que nous dussions, pour notre part, nous contenter des ri-chesses acquises jusqu'à ce jour. C'est ce que plusieurs per-sonnes ont déjà compris, en venant, dans ces der^oiers temps encore, augmenter les dons déjà signalés; mais il est àdésirerque le nombre de ces généreux donateurs augmente à proportion de celui des visiteurs de nos collections.

Grâce au Musée Marcello, dont la renommée va toujours croissante, le Musée cantonal, si désert durant une longue série d'années, est de plus en plus fréquenté; il y a peu d'étrangers ou de touristes qui s'arrêtent à Fribourg sans le visiter; pas un train de plaisir, pas une noce villageoise, pas une promenade d'école, sans que les nombreuses salles reten-tissent de pas, et, dison^e, de témoignages de satisfaction.

Les jours d'ouverture, surtout le dimanche, c'est un va-et-vient continuel.

Pour ne parler que de nos collections archéologiques, nous dirons — et le visiteur a pu s'en apercevoir — que ce sont toujours celles dont le développement est le plus sensible.

Notre collection lacustre surtout s'est augmentée cette- année d'une manière vraiment réjouissante pour les amateurs de ce genre d'antiquités. A la vérité, les stations lacustres des eaux fribourgeoises du lac de Neuchâtel, déjà à peu près épuisées l'année dernière, sont bien près de dire leur dernier mot; il est bien rare qu'il nous arrive de ces parages quelque objet digne d'être signalé; les explorateurs, munis de concessions de l'Etat, perdent le courage avec l'espoir en des temps plus propices; et, en attendant, les pirates staviacois viennent glaner le peu qui reste au profit des collectionneurs de la cité de Stavius. Mais nous trouvons une heureuse compensa-tion dans les stacompensa-tions du lac de Morat, et spécialement dans celles de Morat même et de Montilier. La première (de l'âge

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de la pierre) nous a fourni cette année, et en abondance, ce qui nous faisait encore presque complètement défaut: des marteaux et des haches à emmanchures de bois, une rame^

un manche de scie, différents végétaux, et, ce qu'il y a de plus intéressant, de nombreux échantillons de l'industrie lacustre, tels que fils, tresses, tissus divers, nattes, filet, cor-dages, bobines, etc. La seconde (de l'âge du bronze) nous a procuré de superbes exemplaires de haches, de faucilles^

d'épingles, etc., et un bel assortiment de vases en parfait état de conservation, entre autres un biberon, le second de notre collection cantonale.

Rendons ici un nouvel hommage bien mérité au zèle intel-ligent de M. le professeur Sûsstrunk, qui a mis le comble à son activité en étudiant à fond le vaste champ de ses explo-rations, ce qui lui a permis d'enrichir notre musée d'un joli plan en relief du lac de Morat avec ses grèves et ses pala-fittes des deux âges lacustres.

Disons encore, en terminant ce trop rapide aperçu, que notre collection d'armes et ustensiles des temps historiques (catal. p. 39 et 44) s'est augmentée aussi de quelques armes et de divers autres objets en fer trouvés dans les derniers dra-gages de la Broyé. Nous pouvons donc encore espérer des^

eaux du lac de Morat un bel avenir pour notre musée arché-ologique. L. Gr.

S, — Tabtean de Uans Friess dans l'église de Cngy.

pans l'église paroissiale de Cugy, village Mbourgeois situé sur la route de Payerne à Estavayer, il y a une chapelle foadée en 1522 et dédiée à St-Eloi. Un remarquable tableaa de Friess en orne l'autel. Ce tableau, en bois comme tous ceux de cet artiste, mesure 1 m. 48 de hauteur sur 0,96 de-largeur et paraît avoir été peint à l'huile sur une légère couche de craie. En voici le sujet :

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Le Christ en croix en occupe le centre. Au-dessus apparaît une main tenant par son anneau une clef représentée verti-calement. A droite du Christ, soit à gauche du visiteur, se trouve un autel devant lequel un prêtre dit la messe. Une main planant au-dessus de lui et entourée, comme la première, d'une nimbe d'or, donne la bénédiction. Vis-à-vis, à gauche du Christ, on voit une troisième main, entourée de cette même auréole, plongeant un glaive dans la nuque d'une jeune femme à genoux, vêtue d'une robe verte décolletée. Elle tient de la main gauche un crâne qu'elle paraît baiser. Ses yeux sont recouverts d'un bandeau blanc et une couronne tombe de sa tête. Derrière elle se dresse un serpent dont la partie supé-rieure ligure un buste de femme nu, couronné, et paraissant lui parler à l'oreille. Aux pieds de cette femme agenouillée est affaissé un âne mourant.

Au-dessous de ces figures, qui occupent la plus grande moitié supérieure du tableau, suit immédiatement une autre représentation de plus petite dimension:

Au pied de la croix reparaît le Sauveur, inais ressuscité. Il a pour tout vêtement un manteau drapé autour du corps. A sa droite, il repousse du bois d'un gonfalon Satan dans le gouffre où St-Jean-Baptiste, un vieillard (patriarche), des hommes et des femmes (les Justes de l'ancienne alliance), à moitié engloutis, implorent le Sauveur. Des lutins, portant des instruments de supplice, entourent le gouffre. Devant le Sauveur apparaît une main, de nouveau entourée d'une auréole d'or, qui tient un grand marteau. Derrière le Eédempteur, à gauche du spectateur et sous l'égide du gonfalon, apparaissent, sortant de la terre entrouverte, les têtes de nombreux petits enfants. Le fond de tout le tableau est en partie le ciel azuré, en partie un mélange confus de lambeaux noirs et jaunes.

Tout fait présumer que l'artiste a voulu représenter dans ce tableau les âmes sauvées des Limbes par la Résurrection et le sacrifice de la messe. Cette peinture, qui présente de grands rapports avec le genre gothique, est soigneusement exécutée; le nu surtout, aux tons chauds, y est délicatement autant qu'habilement modelé. La figure recueillie du prêtre à

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l'autel paraît être une étude d'après nature. Enfin toute la manière dont cette singulière peinture a été traitée s'accorde parfaitement avec les tableaux connus du peintre Mbourgeois Hans Friess (f après 1518), bien que la lettre F, peinte au bas à droite, n'ait été ajoutée que plus tard ')•

L. G.

H » >>•

l i e nese r o u g e .

Un bon bourgeois, affligé d'un appendice nasal d'une gran-deur démesurée, se désolait de voir ses narines prendre les teintes purpurines d'une crête de coq. Dernièrement notre homme se crut sauvé, il avait reçu un prospectus ainsi conçu:

« Eecette infaillible pour changer la couleur des nez rouges.

Envoyer 5 francs en timbres ou mandat. » Aussitôt il écrit à l'adresse indiquée, et attend la réponse avec une indicible impatience. Deux jours après il reçoit une lettre avec ces mots: « Buvez jusqu'à ce que votre nez devienne bleu. »

£ie v i g n e r o n v a n d o i s .

Le vignerop vaudois, boit sec et souvent. Il commence de grand matin, et, en vidant à la cave son premier verre, il a l'habitude de lui dire: « Toi, va te cacher dans ton petit coin, tu verras défiler la procession. »

1) D'après le professeur Rahn. Voir; Indicateur d'antiquités suisses de 1882, N» 3, p. 305.

Dans le document ïi II 1883 (Page 118-125)