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- Le développement soutenable: du discours à la pratique

"Nous ne pouvons pas résoudre un problème dans le même système de pensée que celui qui l'a créé"

(Einstein) Introduction

La partie théorique de ce travail a pour objectif de mettre en place les différents éléments ayant trait à l’applicabilité du développement durable. Il s'agit d’un concept relativement nouveau, dont la construction théorique est en cours. La mise en pratique de ce "concept" dans un pays, la Corée du Sud, fondé sur le système de pensée économique dominant sera abordée dans la partie suivante.

La première partie de ce travail a permis d'analyser les difficultés rencontrées par la Corée du Sud à l'aube du 21e siècle. La partie théorique consistera, dans un premier chapitre, à confronter les mécanismes du système économique qui engendrent les difficultés aux contraintes du développement durable en soi. Ce chapitre visera notamment à souligner les marges de manœuvre et la praticabilité des politiques de développement durable dans le système économique actuel. Un deuxième chapitre permettra ensuite de souligner les principaux obstacles, pratiques et théoriques, liés au système mondial actuel.

Ainsi, la réflexion pourra porter sur les obstacles à la mise en place de mesures de développement durable face au type de rationalité économique dominante nationale et aux exigences internationales.

Il faut encore souligner, avant de commencer l'analyse elle-même, que le développement durable suscite un engouement intellectuel croissant depuis une dizaine d'années et il existe de nombreux ouvrages de débats et d'analyses scientifiques, économiques, politiques, philosophiques et épistémologiques. La bibliographie et les références à ce sujet foisonnent et sont de qualités inégales.

Les références qui ont permis l'écriture de ce chapitre ne pouvant pas être exhaustives, la sélection bibliographique présente certainement des manques et des redondances, mais sont le fait de mes choix parmi l'immensité bibliographique liée à ce thème.

Rappel de la problématique du développement durable en Corée du Sud

Comme nous l'avons vu dans la première partie, la Corée du Sud a suivi une politique de développement fondée sur une croissance industrielle rapide. Suite aux échecs et réussites de sa politique, ce pays semble être une illustration des problèmes engendrés lors de la mise en place d’un développement dit "durable"

(ou soutenable comme on le verra plus tard).

Malgré les succès socio-économiques sur le plan international aussi bien que national, nous avons vu dans les premiers chapitres que cette recherche effrénée de la croissance économique a été confrontée à un certain nombre de problèmes. La Corée du Sud a traversé différents types de crises. Elle a connu une crise économique et financière, une crise politique, une crise sociale et culturelle, liées également à un contexte de globalisation qui se pose en de nouveaux termes pour elle. La Corée du Sud a amené son économie au niveau exigé pour faire partie des pays développés dans le système économique actuel.

Elle doit continuer à assurer sa stabilité économique, sociale et politique. De plus, le pays est solidement inséré financièrement, économiquement et politiquement dans la globalisation. Elle est ainsi également dépendante des choix économiques et politiques faits à ce niveau macro-étatique, et ce, d’autant plus depuis la fin de la crise asiatique. Ses marges de manœuvres de politiques économiques internes semblent déterminées en partie par cette dépendance, soit de manière positive, soit négative. Dans la mise en place de politiques de développement durable, ces dépendances à la globalisation paraissent d’autant plus marquées de par la nature même de ces politiques. Si la mondialisation économique a, dans un premier temps, bénéficié à la Corée du Sud, aujourd’hui, les transformations institutionnelles qu’elle subit sont autrement plus contraignantes en termes de marges de manœuvre pour la politique nationale.

Aujourd'hui, la Corée du Sud connaît autant de contraintes que de perspectives dans les mesures parfois paradoxales de la régulation internationale. De plus, le pays n'échappe pas aux crises écologiques qui secouent le monde industriel et s'ajuste aux exigences internationales qui donnent la priorité au développement humain, social et durable, tout en justifiant la nécessité de continuer et d'améliorer le système économique.

A l'heure des restructurations qui ont suivi les crises économiques, financières, sociales et politiques, la Corée semble se trouver à la croisée de deux chemins, celui du développement "durable" et celui de la poursuite du "tout croissance".

C'est à ce niveau que se situent les enjeux actuels. Parmi les différentes contraintes et les différents objectifs décrits tout au long de ce texte, quelles priorités veut (discours) et peut (marges de manœuvre) mettre en place le gouvernement? Comment vont s'articuler les différents partenaires et acteurs du pays, nationalement et internationalement? C'est pourquoi, bien que les différentes crises qui viennent d’être énoncées me semblent indispensables à analyser, afin de comprendre les enjeux sociopolitiques actuels de la Corée du Sud et ceux du concept général de développement durable, l’analyse théorique portera prioritairement sur les enjeux écologiques, bien que le terme de développement "durable" ou "soutenable", comme nous le verrons plus loin, inclut également des dimensions sociales et politiques. Cette priorité faite à la dimension écologique est un choix qui nous permettra d'étudier les contraintes plus spécifiques au fonctionnement et au processus de prise de décision de la politique économique en matière de développement durable, qu'elles soient nationales, internationales et du fait du changement social. Cela nous permettra de comprendre pourquoi les enjeux environnementaux sont ceux qui trouvent le moins d’écho dans les pratiques politiques, de par les difficultés liées à la construction du concept et du débat autour des enjeux eux-mêmes. Le problème environnemental se pose dans un cadre de mutations et d'épreuves beaucoup plus large que le seul domaine de l'écologie, mais il est peut-être celui qui est le moins analysé dans une nation qui tente de se restructurer économiquement, socialement et politiquement.

Les enjeux environnementaux pour un tel pays sont de retrouver une série d'équilibres dans la société entre le système économique, social, politique au niveau national et international et les écosystèmes dans lesquels ils interagissent. Il s'agit d'analyser de quelle manière le système économique dépend aussi d'autres valeurs afin de pouvoir se perpétuer, ou encore de permettre le fonctionnement de la société dans lequel il est ancré. Si le système de valeurs sociales, politiques et culturelles qui sous-tendent ce système économique est largement analysé, même de manière imparfaite, ses composantes écologiques le sont insuffisamment. Les différents équilibres écologiques sont nécessaires au fonctionnement de la société et ont certainement des répercussions économiques positives ou négatives. C'est pourquoi, il me semble important d'aborder le développement durable, dans ces dimensions idéologiques aussi bien que scientifiques, et de comprendre comment ce nouveau concept peut interagir avec la théorie économique afin

d'être appliqué au niveau pratique dans la politique générale. Ce chapitre doit répondre de manière théorique aux enjeux ci-dessus nommés avant de les appliquer à la Corée du Sud dans une troisième partie.

Idéalement, le développement durable devrait permettre une harmonie, un équilibre entre les écosystèmes, qu’ils soient d’ordre naturel, humain ou technologique. La difficulté est que le système économique actuel privilégie un certain type d’activité économique qui favorise les progrès technologiques et l’utilisation des ressources naturelles au point que l’humain a pris l'ascendant sur les autres écosystèmes et a ainsi rompu l’équilibre par sa volonté de contrôler le milieu environnemental. C'est pourquoi le développement durable permet d'interroger ce type d'activité économique, de reposer les priorités sur les fondements des équilibres entre les écosystèmes et les équilibre sociétaux.

Toutefois, de nombreuses difficultés peuvent être soulignées dès ce stade, dont voici les principales. Il se pose un problème de définitions qui restent floues, ce qui ne permet pas de donner un contenu réel au développement durable. Il n'existe quasiment pas de consensus sur la mise en pratique de ce concept. Les problèmes épistémologiques posent la question de ce que signifie intrinsèquement et philosophiquement le développement durable et amène souvent à une position idéologique, ce qui revient à poser le problème de ce qu’est l’enjeu du développement durable, ses objectifs et ses moyens d’action.

Enfin, le problème d’appropriation du concept et de sa mise en œuvre soulève de manière plus large la question de sa mise en pratique réelle dans les politiques.

Pour ce faire, des contraintes différentes interviennent selon les niveaux d’approches - local, national, régional, international. La concrétisation de ces différents objectifs devrait permettre de concevoir une approche dont le choix dépend de concepts moraux, scientifiques, d'analyses des systèmes économiques et politiques. Ces choix peuvent sembler idéologiques, cependant ils sont nécessaires pour comprendre les blocages politiques. Le principal blocage provient de l’opposition apparente entre la détérioration de l’environnement - ou encore les déséquilibres des écosystèmes - versus le bien-être de la population. En réalité, tout dépend de ce qui est compris par "bien-bien-être"

de la population : s’agit-il de la qualité de vie d’un point de vue santé ou d’une possibilité d’atteindre un niveau de vie matérielle élevé, ou encore d'une

harmonie ou de la recherche de la liberté individuelle149. Le principal enjeu est de trouver dans quel cas, si cela est possible, les deux ne sont pas en opposition et pourquoi.

Le chapitre qui suit analysera pourquoi le système économique actuel repose sur l'expansion des activités économiques, soit la croissance économique. Un premier point permettra d'expliquer les raisons historiques qui ont conduit à construire un tel système en soulignant également les raisons pour lesquelles les valeurs écologiques, les écosystèmes ont été écartés de l'analyse économique. Il semblerait que le développement durable soit en contradiction avec le principe de croissance économique. Par la suite, pour comprendre les principales contradictions entre le système économique en place et les principes du développement durable, un deuxième point discutera la mise en place du développement durable en tant que concept et les difficultés liés à son acceptation. Cela nous permettra d'aborder un troisième point qui analysera les différences entre les deux approches écologiques en théorie économique et comment elles peuvent être mises en application concrètement.

Le deuxième chapitre de cette partie théorique, soit le chapitre 5, nous permettra de comprendre les applications du développement durable au niveau de la régulation internationale et de la globalisation. L'ensemble de ces deux chapitres théoriques nous amènera à analyser les possibilités d'application en Corée du Sud, sachant que son économie est le produit du système économique décrit plus haut et qu'elle est insérée dans la globalisation.

149 Il s'agit ici de s'interroger sur les objectifs du développement et les moyens de le permettre. Il semblerait qu'aujourd'hui, le consensus économique général donne le développement humain ou social, voire durable comme objectif prioritaire, mais qui ne peut se faire qu'à travers le développement des activités économiques et l'élévation du niveau de vie matérielle. L'expansion des activités économiques permettrait la redistribution des biens matériels qui permettrait d'accéder au bien-être social, humain et durable tel que défini par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et repris par l'ensemble des organisations des Nations Unies.