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L’analyse des 120 sources documentaires recueillies ne nous fournit que très peu d’éléments quant aux pratiques des acteurs lors de la phase de développement de l’intervention. En effet, seulement huit de ces 120 documents proposaient des éléments partiels quant à la phase de développement de l’intervention. De plus, si les entretiens ont été la source la plus importante d’informations quant à l’identification des éléments de complexité de l’intervention, leur apport sur les pratiques de développement et d’élaboration de l’intervention, est minime s’expliquant notamment par la participation active à cette étape de seulement deux des huit acteurs rencontrés. Cela s’explique par un champ professionnel où le turn-over est important et impacte le recueil de l’histoire.

L’analyse de ces huit sources documentaires nous a permis d’identifier trois approches différentes mobilisées pour le développement des interventions.

Selon la présentation de l’évaluation nationale 2010, l’intervention de l’étude de cas 3 a été développée à partir de données probantes issues d’une étude cas-témoins multicentrique menée par l’hôpital de la Salpêtrière de Paris. Cette étude, menée en partenariat avec des chercheurs du champ médical et des professionnels de l’éducation thérapeutique du patient, avait pour objectif d’évaluer l’impact de l’intervention sur la qualité de vie de la population cible. Cependant, les documents relatifs à cette étude n’étaient pas à disposition de l’acteur la mettant en œuvre, qui ne les utilise donc pas dans sa démarche méthodologique.

Le développement de la seconde intervention propose une modélisation du processus et des résultats de l’intervention. Si elle est identifiée par l’acteur comme étant une étude pilote ou de faisabilité, cette modélisation avait pour objectif de développer un outil pédagogique proposant les éléments clés pour une offre de prévention adaptée à la population cible dans son milieu de vie, à partir des ateliers mis en œuvre au sein de leur structure. La modélisation de cette intervention, réalisée en partenariat avec des équipes de recherche en sociologie, psychologie, sciences et techniques des activités physiques et sportives et médecine de l’université de Lorraine, comprenait quatre étapes : 1. un diagnostic de santé qualitatif réalisé à l’aide d’observations et d’entretiens portant sur la géographie du territoire, sur les caractéristiques de la population et des acteurs, sur les réponses existantes, sur les freins et leviers de l’intervention quant au contexte et aux perceptions de la population cible et des relais de l’intervention; 2. la conception et la mise en œuvre des ateliers en regard des résultats du diagnostic auprès d’un faible échantillon (n<20) de bénéficiaires issus de deux quartiers différents ; 3. L’évaluation mixte par questionnaires et focus groupes auprès des bénéficiaires de l’intervention et le réajustement du processus interventionnel ; 4. la modélisation d’un outil pédagogique permettant le transfert de l’intervention.

Si cette étape est décrite dans les documents recueillis, les éventuelles étapes préalables à celle-ci comme la recherche de données probantes, n’y figurent pas ; l’acteur mettant en

œuvre cette modélisation n’étant arrivé dans le projet qu’en cours de modélisation ne disposait par ailleurs pas de ces informations.

Enfin, la dernière intervention correspond au transfert d’une intervention développée en regard de savoirs expérientiels de la structure. Dans son entretien, cet acteur en explique l’origine :

« Alors si ici on est partis sur le thème de la fête euh c’est parce qu’on a de l’expérience euh… d’actions qui marchent plutôt bien… en Meuse, à Bar-le-Duc notamment. Donc j’ai une collègue qui fait le même travail que moi sur le secteur Sud meusien et qui depuis de nombreuses années organise des soirées à destination des jeunes euh… sur Ligny-en-Barrois et Bar-le-Duc. Et pareil c’est plutôt dans le cadre de l’atelier santé ville de la commune. Et pareil elle travaille avec différents partenaires etc… […]. Donc ça fonctionne très bien depuis de nombreuses années et je m’étais ditben Lunéville c’est un petit peu, ça pourrait être un, un endroit où on pourrait développer ce type de projet là parce qu’on à tout ce qu’il faut […]. Et donc voilà, on va, en tout cas sur la partie organisation de soirée, moi je vais m’aider de l’expérience de ma collègue. ».

Comme pour l’intervention précédente, aucun document relatif au développement de cette intervention « mère » n’a été fourni à l’acteur de terrain ; l’intervention étant transmise par échanges expérientiels entre collègues.

Quelle que soit l’approche sur laquelle repose le développement de l’intervention, l’explication de celle-ci est succincte et ne repose, a priori, que peu sur des fondements théoriques. En effet, l’identification d’une ou plusieurs théorie(s) interventionnelle(s) existante(s) et/ou leur développement par de nouvelles recherches est, selon le Medical Research Council, nécessaire afin de développer une compréhension théorique du processus probable des changements attendus par l’intervention, que l’intervention soit déjà mise en

œuvre ou qu’elle soit à venir. Notre analyse montre qu’aucun des 120 documents recueillis ne propose cette compréhension théorique du processus probable des changements attendus, ni même ne fait ne serait-ce qu’une référence ou mention à une théorie interventionnelle, pourtant nombreuses dans les thématiques visées par les quatre interventions étudiées.

Par ailleurs, nous pouvons constater que les deux interventions qui proposaient au moins une des trois étapes recommandées par le Medical Research Council pour le développement d’une intervention complexe étaient développées en partenariat avec la recherche.