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Les déterminants de la demande d’assurance : une analyse à

4.5 Analyse du niveau des consentements à payer à partir des caractéris-

4.5.2 Les déterminants de la demande d’assurance : une analyse à

ana-lyse à partir d’un modèle Probit

Lors de l’expérience, une des questions était : “Avez-vous souscrit un contrat

d’assurance incendie pour votre propriété forestière ?”. Nous venons d’indiquer que

9 sujets ont répondu oui et 31 non. L’objectif de cette section est de déterminer

quelles sont les variables qui expliquent le choix réel de s’assurer ou pas. Le

mo-dèle Probit est alors réalisé à partir de la seconde partie du protocole expérimental

portant sur les données réelles fournies par les propriétaires concernant leurs

ca-ractéristiques personnelles ainsi que sur les caca-ractéristiques de leur propriété. Nous

présentons successivement le cadre théorique servant de base à notre analyse ainsi

que les résultats obtenus.

Cadre théorique : un modèle de comportement

Nous utilisons un modèle simple de choix d’assurance dans lequel la décision est

supposée relever d’un choix dichotomique : soit le propriétaire forestier opte pour

une assurance complète, soit il ne s’assure pas. Cette hypothèse d’indivisibilité du

montant d’assurance est une approximation acceptable dans le cas français pour

deux raisons. Tout d’abord, l’assurance partielle (choix d’un niveau d’assurance

po-sitif mais inférieur à l’assurance complète) est relativement peu répandue. Ensuite,

lorsqu’un contrat d’assurance partielle est souscrit, il ne correspond pas à un

arbi-trage de l’assuré mais à un choix de l’assureur.

Nous supposons l’existence d’une fonction d’utilité du propriétaire forestier qui

dépend du revenuRtiré de l’activité forestière, de la perteLsubie en cas de sinistre

et du montant de la prime d’assuranceP. En situation de pleine assurance, le niveau

d’utilité atteint est : U

A

= U(R−L+L−P). En situation de non assurance, il

vaut : U

N A

=U(R−L).

Cependant, ces trois variables R, L et P ne sont pas observées. En revanche,

elles peuvent être expliquées à partir des variables exogènes portant sur les

caracté-ristiques de la propriété forestière :

Z

R

= f(Superf, Ville, AidPub, Inc, AA)

Z

L

= f(Superf, Ville, AidPub, Inc, AA)

Z

P

= f(Superf, Ville, AidPub, Inc, AA)

Les autres variables, relatives aux caractéristiques du propriétaire, sont alors

re-groupées dans Z

A

= (Rev, Age, Sexe, NivEtu, NFoy, Enf, PCS, Acquis, Patr).

Par conséquent, en situation de pleine assurance, le niveau d’utilité atteint est :

U

A

= U(Z

R

, Z

L

, Z

P

, Z

A

) alors qu’en situation de non assurance, il vaut : U

N A

=

U(Z

R

, Z

L

, Z

A

). Le propriétaire forestier s’assure lorsque :

U

A

> U

N A

, soit U(Z

R

, Z

L

, Z

P

, Z

A

)> U(Z

R

, Z

L

, Z

A

)

Appelonsy

i

≡U(Z

R

, Z

L

, Z

P

, Z

A

)−U(Z

R

, Z

L

, Z

A

)la variable latente (c’est-à dire

non observée) correspondant à la différence d’utilité selon que l’individuiest assuré

ou non. Nous pouvons séparer l’ensemble des individus N en deux sous-ensembles

de taille respectiven

1

etn

2

(N =n

1

+n

2

)selon que l’individuichoisisse de s’assurer

ou pas. L’équation de sélection peut alors s’écrire :

y

i

=Z

i

α+

i

aveci= 1, ..., N,Z

i

est l’ensemble des variables explicatives et

i

constitue le terme

d’erreur.

L’individu i choisit le régime 1 (assurance) si y

i

>0 c’est-à-dire si la différence

d’utilité entre le régime 1 et le régime 2 (non assurance) est positive. Les probabilités

d’appartenance à chacun des deux régimes sont :

P[i∈I

1

] =P[y

i

>0] =P[y

i

= 1] =P(

i

>−Z

i

α) = F(Z

i

α)

P[i∈I

2

] =P[y

i

≤0] =P[y

i

= 0] =P(

i

≤ −Z

i

α) = 1−F(Z

i

α)

Dans un modèle Probit, le terme d’erreur

i

suit une loi normaleN(0,1)et donc

F(Z

i

α) = Φ(Z

i

α), avec Φ la fonction de répartition de la loi normale standard.

Les résultats du modèle Probit

Le tableau 4.13 présente les résultats de l’estimation du modèle Probit sur un

échantillon de 40 propriétaires forestiers privés. La variable dépendante est la

va-riable dichotomiquey traduisant le fait de s’assurer ou non contre le risque

d’incen-die.

Tab. 4.13 – Modèle Probit

Variables Coef. Std. Err. t stat p-value

Constante -9,1469 3,2028 -2,8559 0,0043

NivEtu 1,4805 0,5497 2,6933 0,0071

Inc 1,7013 0,9818 1,7329 0,0831

Reven 0,4392 0,3706 1,1852 0,2359

AA 2,3329 1,3042 1,7888 0,0736

AidPub -0,5931 1,1744 -0,5050 0,6135

Log-vraisemblance−7,5591.

Pseudo R

2

de Mc Fadden 0,6456.

NOTES :N = 40 ;n1= 31 ;n2= 9.

La variable dépendante dichotomiqueyreprésente la décision de s’assurer (y= 1) ou non (y= 0).

Le modèle a un ajustement très satisfaisant aux données avec un pseudo-R

2

de 0,65. Ce résultat indique que les variables concernant les caractéristiques des

propriétaires et de leur forêt que nous avons retenues (cf. tableau 4.13) expliquent

correctement la demande d’assurance des propriétaires. De plus, le pourcentage de

bonnes prédictions du modèle est de 90%. Ce pourcentage indique que dans 90%

des cas, ce modèle prédit correctement le comportement du propriétaire forestier. Il

se décompose comme suit : 1/ le modèle prédit correctement le comportement de 29

propriétaires non assurés sur 31 ; 2/ le modèle prédit également le comportement de

7 propriétaires assurés sur 9. Le modèle Probit montrent que cinq variables (NivEtu,

Inc, Reven, AA, AidPub) expliquent principalement l’attitude des propriétaires

fo-restiers privés quant à la souscription d’une assurance contre le risque d’incendie.

Trois de ces cinq variables ont un impact significatif sur le choix d’assurance : niveau

d’étude, occurrence passée d’un incendie sur la propriété forestière, mise en place

ou non d’activités d’auto-assurance. Nous observons ainsi que la variable NivEtu a

un effet positif et significatif au seuil de 1% sur la probabilité de s’assurer. Plus le

niveau d’étude est élevé et plus la probabilité que le propriétaire souscrive à une

police d’assurance est forte. L’effet de la variable Inc (coefficient de 1,70) va dans

le même sens : si le propriétaire a déjà subi un incendie par le passé, alors il a une

probabilité plus importante de s’assurer. Finalement, le signe positif du coefficient

associé à la variable AA montre qu’un propriétaire qui met en oeuvre des activités

de prévention, de type débroussaillement, a une probabilité plus grande de

s’assu-rer. Ce comportement de prévention montre qu’il est sensible à la protection des

peuplements forestiers contre les risques.

La variable AidPub n’est pas significative (p = 0,6135) mais le signe négatif de

son coefficient semble indiquer que le fait d’avoir perçu une aide publique à la suite

d’un incendie réduit les incitations des propriétaire à s’assurer. De la même façon, les

propriétaires forestiers avec des revenus plus élevés seraient plus enclins à s’assurer,

mais l’effet ne ressort pas significatif.