• Aucun résultat trouvé

1Outils d’analyse des résultats : le modèle de Kervern

1.2 Détails des cinq dimensions

Figure V.1 Représentation graphique de l’hyperespace du danger suivant les cinq dimensions [CINDYNICS]

[107]

Les acteurs de cette situation cindynogène sont placés dans cet espace. Il s’agit en pratique de définir, pour une situation donnée, les caractéristiques de chaque acteur en termes de données, modèles, objectifs, règles et valeurs. On peut alors observer qu’une situation de danger résultera :

Soit d’un écart entre les données des acteurs, leurs valeurs ou toutes autres dimensions. On parle alors de dissonances cindynogènes entre les acteurs sur un des axes.

Soit de l’absence de la représentation d’une des dimensions chez l’un ou plusieurs des acteurs. On parle alors de lacune cindynogène.

Dans notre cas, comme nous l’avons dit dans l’introduction, les dysfonctionnements à éviter et à analyser sont la non mise en place d’une analyse des risques dans la COTITEX Batna et /ou son non aboutissement. Pour étudier et analyser les blocages observés lors de l’analyse, nous commençons par étudier les caractéristiques des acteurs intervenant dans la situation qui nous préoccupe suivant les cinq dimensions proposées par Kervern.

1.2 Détails des cinq dimensions

Les cinq dimensions développées dans le modèle de l’hyperespace du danger sont [107,117] : Règles Modèles Objectifs Valeurs Données

Etude de l’Impact du Transfert de Technologie En Vue d’une Amélioration de La Gestion des Risques Industriels : Cas de l’Industrie Textile Cotitex-Batna

143

1. Les données : dimension des faits de l’histoire et des statistiques. C’est notamment ce que l’on devait mesurer (données physiques sur les procédés, données statistiques sur les pannes ou les dysfonctionnements, données économiques, etc.).

2. Les modèles : dimension des représentations et modèles élaborés à partir des faits. Les modèles sont les systèmes de représentation de la réalité. Ils peuvent être implicites, c’est à dire issus de la connaissance non formalisée des acteurs ou explicites, c’est à dire décrits de manière formelle sur des supports de communication.

3. Les valeurs : dimension qui met en jeu ce qui est comme vrai, beau, bien, selon des critères personnels ou sociaux, et sert de référence, de principe moral, [144]. 4. Les règles : dimension des normes, lois, règles, standards, routines et codes de

déontologie, obligatoires ou de libre application. Cela se matérialise par exemple sous la forme de codes, loi, règlements normes, etc.

5. Les objectifs : dimension caractérisant la volonté ou la motivation de chacun des acteurs ou réseau d’acteurs impliqués dans la situation étudiée.

Pour l’étude des dysfonctionnements et des blocages observés lors de la mise en place d’une analyse des risques dans les entreprises, il n’est pas nécessaire de faire appel à l’ensemble du modèle proposé par Kervern qui repose sur des développements théoriques et méthodologiques dont l’exposé sort des limites de cette thèse. Dans un souci de clarté de l’analyse, nous n’allons garder que le concept des cinq dimensions caractérisant les acteurs de la situation qui nous intéresse, décrire ces dimensions dans le cas présent, et voir quand et comment elles peuvent rentrer en conflit.

Notre but, dans la partie suivante est de déterminer précisément les causes qui vont perturber la mise en œuvre de l’analyse des risques dans l’entreprise, en relation avec l’articulation des cinq dimensions. Pour cela nous allons détailler le processus global de mise en place de l’analyse des risques dans une entreprise, décrire à chaque étape comment interviennent les acteurs pour en déduire leur positionnement face aux cinq dimensions qui leurs sont associées. Cette analyse permettra ensuite de proposer des pistes d’amélioration.

Dans le paragraphe suivant, nous allons décrire succinctement les données, modèles, objectifs, règles et valeurs qui caractérisent les deux acteurs principaux, les prescripteurs d’analyse des risques (telles que les CNAS, les MATE, etc.) et les entreprises.

Etude de l’Impact du Transfert de Technologie En Vue d’une Amélioration de La Gestion des Risques Industriels : Cas de l’Industrie Textile Cotitex-Batna

144

2 Acteurs

2.1 Entreprises (PME)

2.1.1 Inventaire

Les valeurs

Les valeurs qui seraient mises en avant dans le cas de nos entreprises sont des valeurs économiques : le profit, la rentabilité. D’autres valeurs qui seraient mises en avant sont la valorisation de travail du chef d’entreprise et de celui de ses employés, la valorisation de ses initiatives et de ses investissements. Le chef d’entreprise veut que son travail soit fructueux et pérenne. Il se sent également investi d’une charge de responsabilité morale vis à vis de ses employés qui peut se traduire dans certains cas par un comportement paternaliste. Cette responsabilité morale est renforcée par une responsabilité pénale, entre autres, qui elle fait partie des règles qui s’appliquent à l’entreprise.

Les règles

Les règles qui s’appliquent dans une entreprise ont deux origines possibles : les règles internes (procédure de travail, etc.), qu’elle se dicte elle-même, les règles externes que son environnement (client, institution, etc.) lui dicte. Ces règles peuvent être d’application obligatoire (règles législatives et règlementaires, etc.) ou non (normes ISO, loi du marché, etc.). Les règles externes doivent, pour être appliquée dan l’entreprise, se traduire par des règles internes.

Les objectifs

Les objectifs sont de nature essentiellement économique, liés à des contraintes de profit, de rentabilité et de croissance sans oublier l’objectif de pérennisation de l’entreprise qui est aussi un objectif fort pour le système de valeurs des employés (maintien de l’activité et de l’emploi).

Les modèles

Les modèles, les systèmes permettant de représenter la réalité, sont pour l’entreprise les modèles avant tout économiques qui définissent les conditions dans lesquelles elle pourra atteindre ses objectifs de croissance par exemple. L’entreprise possède par ailleurs peu de modèles propres, elle modélise peu son fonctionnement. Ces carences en modèles se traduisent parfois par des carences en documents décrivant son fonctionnement, ses procédés, ses flux, les dangers présentés par ses installations, etc.

Les données

Les données de l’entreprise sont l’ensemble des éléments que l’entreprise mesure, quantitativement ou qualitativement pour connaître, par exemple, son état de fonctionnement dans son environnement économique (chiffre d’affaire, marge, etc.), ou

Etude de l’Impact du Transfert de Technologie En Vue d’une Amélioration de La Gestion des Risques Industriels : Cas de l’Industrie Textile Cotitex-Batna

145

tout autre environnement : physique intérieur ou extérieur par exemple (mesure des concentrations de poussière de coton dans l’air, de concentration d’agent oxydant dans les rejets liquides) ou commercial (nombre des pièces traitées, nombre d’insatisfactions des clients, etc.).

2.1.2 Articulation

L’ensemble de ces cinq notions nous aide à comprendre le fonctionnement de l’entreprise. On observe que suivant le contexte dans lequel se trouve l’entreprise, ces cinq dimensions, qui ne sont pas indépendantes, vont s’articuler d’une certaine façon et guider son comportement.

Dans un contexte économique, c’est principalement le modèle externe du marché qui va dicter les objectifs de l’entreprise.

Face au risque, on observe que la plupart des règles suivies par l’entreprise découle, d’une part de ses valeurs (valeurs ‘’sécurité – prévention’’), et d’autre part des règles extérieures comme les règles législatives. Cet ensemble de règles (internes et externes) va ensuite permettre à l’entreprise de définir ses objectifs en matière d’analyse des risques.

Pour la réalisation de ces objectifs, l’entreprise va alors faire appel à des modèles (modèles de compréhension du risque par exemple) qui, pour fonctionner, devront être nourris de données).

On retrouve à travers ce processus les différentes phases de mise en œuvre d’une analyse de risque dans une entreprise. Et on peut concevoir que ce soit dans cette articulation entre les valeurs, les règles, les objectifs, les modèles et les données que se joue le succès d’une analyse de risque.

2.1.3 Institutions

A- Inventaire