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Définitions : des théories naïves au système central

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 65-68)

B) L’influence sociale

II. Les représentations sociales

2.1. Définitions : des théories naïves au système central

2.1.1. Les représentations sociales comme théories naïves

La notion de représentation sociale a été élaborée par Moscovici (1961, p. 48) qui propose la définition suivante : « nous ne considérons pas [les représentations sociales]

comme des opinions sur un thème ou des images, mais comme des théories, des sciences

65 collectives, destinées à l’interprétation et au façonnement du réel. » Une représentation sociale n’est pas un simple avis partagé par des individus mais un ensemble structuré de connaissances et de croyances sur un objet. C’est une théorie, qui vise à expliquer et prédire le fonctionnement d’un objet, au même titre qu’un modèle scientifique. Cependant, l’auteur distingue ces deux formes de connaissance. Les théories scientifiques se fondent sur des méthodes scientifiques, comme l’expérimentation, et sont élaborées par des « experts ». Les représentations sociales sont des théories naïves créées et diffusées entre « profanes ». Cela ne signifie pas pour autant que le contenu d’une représentation sociale est fondamentalement erroné mais simplement qu’il ne s’appuie pas sur des observations scientifiques.

Moscovici (1961) s’est intéressé aux conditions d’émergence d’une représentation sociale. La dispersion de l’information renvoie au fait que l’individu n’a pas accès à toutes les données et ne peut pas toutes les assimiler. La focalisation amène les personnes ou les groupes à sélectionner les informations disponibles en fonction de leurs préoccupations. La pression à l’inférence les pousse à compléter leurs croyances en fonction de ce que les autres pensent. Moscovici (1961) a également identifié deux processus qui permettent l’émergence d’une représentation. Lors de l’objectivation, les informations vont être sélectionnées et restructurées autour d’un noyau figuratif jusqu’à ce le groupe ne considère plus sa représentation comme une vision simplifiée de l’objet mais comme une réalité. L’ancrage permet d’intégrer la nouvelle représentation dans un système de pensées préexistant.

Les représentations sociales sont un guide pour l’action et remplissent quatre fonctions. La fonction de savoir permet à l’individu de comprendre et d’expliquer la réalité mais d’échanger et de transmettre des connaissances. La fonction identitaire contribue à la définition d’un groupe et au maintien de sa spécificité, c’est-à-dire de ce qui le distingue des autres. La fonction d’orientation renvoie au fait qu’une représentation est « prescriptive de comportements ou de pratiques. Elle définit ce qui est licite, tolérable ou inacceptable dans un contexte social donné » (Abric, 1994a, p. 17). La fonction de justification permet d’expliquer un acte a posteriori.

2.1.2. Les représentations sociales comme expressions des rapports sociaux

Pour Doise (1986, p. 85), « les représentations sociales sont des principes générateurs de prises de position liées à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports. » Selon lui, chaque

66 individu appartient à un groupe social lui-même inséré dans une société. Une représentation sociale porte sur un thème qui présente un enjeu social (e.g. élections, compétition sportive).

Chaque représentation est constituée d’une partie commune à l’ensemble de la société et d’une autre partie spécifique à un groupe social particulier. Alors que la première est partagée par tous les individus qui composent une société, la seconde ne concerne que les membres d’un groupe et dépend des rapports qui existent entre ce groupe et les autres. Doise (1986) s’intéresse plus aux différences intergroupes qu’aux consensus collectifs.

Dans cette approche, la catégorie sociale d’un individu va influencer le contenu de ses représentations, qui vont servir de prise de position par rapport à un objet. Par exemple, Bourdieu (1998) a montré qu’il existait un rapport de domination entre les hommes et les femmes et que celui-ci a une influence sur les représentations sociales des deux groupes, sur ce que les membres des deux groupes pensent pouvoir ou devoir faire.

2.1.3. L’approche structurale des représentations sociales

Une troisième conception a été élaborée par Abric (1976, 1987, 1994). Il définit la représentation sociale comme « vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de référence, donc de s’y adapter, de s’y définir une place » (Abric, 1994, p. 13).

L’auteur adopte une approche structurale dans laquelle chaque représentation est constituée de deux systèmes : un système central qui donne le sens et organise les cognitions à l’intérieur de la représentation et un système périphérique qui permet à chacun d’individualiser et d’adapter sa représentation au contexte.

C’est cette dernière conception que nous avons choisi de retenir car elle est plus appropriée à notre cadre de recherche : identifier les facteurs qui influencent les décisions de mobilité d’un individu. Notre objectif n’est pas de comparer des représentations « profanes » à des représentations « expertes » ou encore de mettre en évidence des rapports sociaux concernant les déplacements. A ce propos, plusieurs travaux en sociologie qui ont montré l’existence d’inégalités quant à l’accessibilité aux différents modes de transport (Jemelin, Kaufmann, Barbey, Pflieger, 2007 ; Rougé, 2007 ; Klein, Ortar, Pochet, 2007). Par exemple, les résidents de zone périurbaine ou rurale ont un accès limité aux transports en commun par rapport aux habitants urbains.

67 Notre but est de comprendre en quoi les représentations sociales peuvent constituer un guide pour l’action dans le cadre de la mobilité. Dans cette optique, la théorie du noyau central fournit un cadre d’analyse particulièrement opérationnel et propose plusieurs méthodes de recueil des représentations sociales.

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