• Aucun résultat trouvé

Chapitre 5 : La condition cardiorespiratoire

5.2 Définition de la condition cardiorespiratoire

La condition cardiorespiratoire représente l’intégration de plusieurs systèmes afin que le corps puisse utiliser l’oxygène disponible dans l’air pour produire de l’énergie dans le but de réaliser un travail.7 Cette mesure

reflète la capacité du corps à capter l’oxygène dans l’air par la ventilation pulmonaire et la diffusion, à faire circuler l’oxygène dans le corps afin de répondre aux besoins grâce au cœur et aux vaisseaux sanguins, ainsi que la capacité des muscles à capter cet oxygène, à l’utiliser pour produire de l’énergie et à communiquer sa demande énergétique au système cardiovasculaire. Par son intégration des systèmes pulmonaire, cardiovasculaire et musculaire, la condition cardiorespiratoire donne ainsi un portrait global de la santé physique d’un individu. Elle se traduit par la consommation maximale d’oxygène (VO2max).7 Le terme VO2max est apparu

pour la première fois dans la littérature en 1923 dans une publication de Hill et Lupton.239 Ces derniers

s’intéressaient à la consommation d’oxygène en lien avec l’exercice musculaire. Depuis, nos connaissances en lien avec cette découverte ont beaucoup évolué. Maintenant, la VO2max est souvent exprimée en millilitres

d’oxygène par kilogramme de poids par minute (ml/kg/min). Le terme VO2peak est également utilisé dans la

littérature. Techniquement, le terme VO2max implique l’atteinte d’un plateau de consommation d’oxygène malgré

d’oxygène la plus élevée atteinte lors de l’effort.240 Pour cette raison, on retrouve plus souvent le terme VO2peak

lorsqu’il est question de populations où un plateau de consommation d’oxygène est difficilement atteint à l’effort, alors que le terme VO2max est généralement utilisé lorsqu’il est question d’une population en santé. Certaines

études expriment également la condition cardiorespiratoire sous forme de MET, où 1 MET correspond à la consommation d’oxygène associée au métabolisme de repos ou 3,5 ml/kg/min.

Il est important de noter que la condition cardiorespiratoire est un puissant facteur de risque de mortalité de toute cause.7,241 En effet, plus de 6 000 hommes suivis pendant 6 ans ont été classés en 5 groupes

correspondant aux quintiles de condition cardiorespiratoire. Cette étude rapporte qu’une condition cardiorespiratoire inférieure à 5 METs est associée à un risque de mortalité de toute cause 2 fois plus élevé qu’une condition cardiorespiratoire supérieure à 8 METs. De plus, elle démontre que la survie augmente de 12 % pour chaque amélioration de la condition cardiorespiratoire de 1 MET. Elle rapporte également que la plus importante réduction du risque de mortalité est observée entre le quintile le plus bas de conditions cardiorespiratoires et le quintile suivant. Cette observation confirmée à plusieurs reprises témoigne du fait que les individus présentant une mauvaise condition cardiorespiratoire dont le risque de mortalité est augmenté sont aussi ceux qui bénéficient le plus d’une augmentation de leur pratique d’activité physique.7

La valeur pronostique de la condition cardiorespiratoire sur les maladies cardiovasculaires a également été démontrée. Une étude réalisée chez plus de 2 900 individus a rapporté une réduction du risque cardiovasculaire de 23 % chez les femmes et de 17 % chez les hommes pour chaque amélioration de la condition cardiorespiratoire de 1 MET après ajustement pour l’âge et les facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire.242 De plus, l’étude souligne aussi une réduction de la mortalité de toute cause de 25 % chez

les femmes et de 20 % chez les hommes pour chaque amélioration de la condition cardiorespiratoire de 1 MET après ajustement pour l’âge et les facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire. Sui et coll. ont démontré dans une étude réalisée aux États-Unis et comptant plus de 25 000 participants qu’une mauvaise condition cardiorespiratoire est associée à une augmentation de l’incidence d’événements cardiovasculaires.243 Une

méta-analyse parue en 2009 combinant les résultats de 33 études totalisant plus de 100 000 participants a d’ailleurs mis en évidence que les individus présentant une bonne condition cardiorespiratoire voient leur risque de mortalité et d’événements cardiovasculaires réduit de 50 % en comparaison aux individus avec une mauvaise condition cardiorespiratoire.244

Plusieurs études ont également démontré que la condition cardiorespiratoire est un facteur de risque de mortalité cardiovasculaire et de toute cause plus discriminant que les facteurs de risques traditionnels comme l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, l’hyperlipidémie et le diabète de type 2.7,241,242,244–246 Cependant,

la stratification du risque cardiovasculaire et de mortalité lorsqu’elle est combinée à ces derniers.247–250 Il a été

rapporté que l’ajout de la condition cardiorespiratoire à un modèle de prédiction du risque traditionnel (incluant l’âge, l’IMC, la TAS, le diabète de type 2, le cholestérol total et le tabagisme) améliore la prédiction du risque cardiovasculaire 30 ans plus tard.251 Une mauvaise condition cardiorespiratoire, correspondant à un VO2peak

inférieur à 21 ml/kg/min chez la femme et 28 ml/kg/min chez l’homme, est associée à une augmentation du risque de mortalité cardiovasculaire 30 ans plus tard peu importe la stratification à partir des facteurs de risque traditionnels. Par exemple, une condition cardiorespiratoire moindre est associée à un risque de 18 % de mortalité cardiovasculaire sur 30 ans en présence d’hypertension artérielle en comparaison à un risque de 10 % en présence d’une bonne condition cardiorespiratoire. Une autre étude a également confirmé l’amélioration de la stratification du risque par la condition cardiorespiratoire avec une approche semblable.252 Elle utilisait un

modèle de prédiction du risque incluant l’âge, le sexe, la TAS, le diabète de type 2, le cholestérol total et le tabagisme. L’ajout de la condition cardiorespiratoire au modèle a amélioré la stratification du risque 25 ans plus tard de 13 % chez les femmes. Chez les hommes, la stratification s’est améliorée de 29 % à 10 ans et de 11 % à 25 ans. Ces résultats témoignent que l’ajout de la condition cardiorespiratoire est souhaitable dans la stratification optimale du risque cardiométabolique. En effet, son évaluation permet l’identification des individus présentant une mauvaise condition cardiorespiratoire dont le risque cardiométabolique est élevé et qui bénéficieraient d’une augmentation de leur pratique d’activité physique régulière. En effet, cette dernière est associée à une amélioration de la condition cardiorespiratoire.

La VO2max dépend de la génétique de l’individu, mais aussi de plusieurs facteurs comme l’âge, le sexe,

les habitudes de vie et l’état de santé.253 En effet, une étude réalisée auprès de 86 familles démontre qu’environ

50 % de la VO2max est déterminée génétiquement.254 L’héritabilité de la condition cardiorespiratoire est donc

similaire à celle des autres facteurs de risque cardiovasculaire.255 Cependant, près de 50 % de la valeur de

VO2max dépend des habitudes en activité physique de l’individu.256 Il y a presque 100 ans, on rapportait déjà

qu’une pratique d’activité physique régulière pouvait induire une augmentation de la VO2max.257,258 Cette

amélioration de la condition cardiorespiratoire due à l’entrainement résulte principalement de l’augmentation du volume d’éjection systolique maximal et d’une réduction du contenu veineux en oxygène en raison d’une meilleure extraction de l’oxygène en circulation par les muscles.7 À ce jour, il n’existe pas de prescription

d’activité physique idéale afin d’améliorer la condition cardiorespiratoire. Cependant, plusieurs activités physiques peuvent améliorer la condition cardiorespiratoire si elles sont pratiquées régulièrement durant plusieurs semaines ou plusieurs mois.7 L’intensité de l’activité physique a généralement plus d’importance que

la durée ou la fréquence des entraînements afin d’améliorer la condition cardiorespiratoire. En effet, un entraînement plus intense est souvent associé à une plus grande amélioration de cette dernière. Aussi, plus un individu a une bonne condition cardiorespiratoire, plus l’intensité de l’entraînement doit être élevée afin d’entraîner des améliorations. Bien que les deux types d’entraînement permettent d’améliorer la condition

cardiorespiratoire, les données récentes suggèrent que l’entraînement par intervalles à haute intensité permet d’améliorer la condition cardiorespiratoire de manière plus importante qu’un entraînement continu à intensité modérée.7 Il est peu probable qu’un seul programme d’entraînement puisse convenir à tous les individus.

Cependant, il a été rapporté que la recommandation actuelle de 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine est suffisante afin d’améliorer la condition cardiorespiratoire chez les individus déconditionnés présentant un risque cardiovasculaire et de mortalité élevé.7 Son évaluation est donc essentielle

afin d’identifier les individus qui bénéficieraient davantage d’une prescription en activité physique dans le but d’améliorer leur condition cardiorespiratoire.

Documents relatifs