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B. Le culte d’Aphrodite

3. Autres dédicaces

Le domaine dans lequel intervient la déesse est plus difficile à préciser dans les dédicaces suivantes. La première, fragmentaire, ne contient qu’un patronyme et le nom de la déesse483. Le sexe du dédicant est inconnu et Aphrodite ne porte pas d’épiclèse permettant de préciser son champ d’action. La deuxième est une base qui porte une offrande à Hermès et à Aphrodite484. L’auteur de la dédicace, un homme, précise qu’il s’agit d’un vœu. À Paros,

477 IG XII 5, 221 (IIIe s. av. J.-C.) : [- - -]ωρ καὶ Φαῖνις Πεισιστρά[του⎜ - - -]υριοι Ἀφροδίτει Πανδή[µωι]. 478 Si -υριοι est la fin d’un nominatif pluriel reprenant les dédicants, ces derniers sont certainement de sexe

masculin. Le nom Phainis, le seul conservé intégralement, désigne néanmoins une femme dans une inscription funéraire de Cos. Cf. GVI 474. Plusieurs hommes nommés Phanis sont attestés, notamment à Paros (IG XII 5, 220). Cf. LGPN, s.v. « Φάνις ».

479 Elle apparaît à Athènes, Élis, Érythrée, Mégalopolis, Mylasa, Thèbes, Callatis, Naucratis et Amantia.

Cf. BDEG pour les références.

480 Cf. PIRENNE-DELFORGE (1994), p. 236 à propos de l’Aphrodite Pandémos d’Élis. Le danger est toutefois

grand de projeter sur d’autres cités des réalités athéniennes. Cf. p. 6.

481 À Athènes, elle « patronnait le corps civique dans son ensemble, avec, semble-t-il, une attention toute

particulière pour les transformations sexuelles de la jeunesse ». Cf. PIRENNE-DELFORGE (1994), p. 280. À Cos, le culte d’Aphrodite Pandamos semble lié à l’unification du Damos. Cf. PAUL (2013), p. 285-288. À Érythrée, elle était peut-être considérée comme la garante de l’harmonie civile. Cf. PIRENNE-DELFORGE (1994), p. 449. SCHOLTZ (2002), p. 234-242 doute de la lecture civique à Naucratis et met la déesse en relation avec la prostitution. Cependant, l’interprétation d’une Aphrodite Pandémos au caractère « vulgaire » est héritée de l’opposition Ourania/Pandémos effectuée par Platon, Banquet, 180d-e, mais elle ne correspond pas aux attributions réelles de l’épiclèse. Cf. PIRENNE-DELFORGE (1988), p. 157.

482 CROISSANT,SALVIAT (1966), p. 464.

483 IG XII 5, 224 (fin du IVe s. av. J.-C.) : [- - -]⎜ Κυδίου⎜ [Ἀφ]ροδίτει. 484 SEG48,1137 (400-350 av. J.-C.) : Εὔτυχος εὐχὴν⎜ Ἑρµῆι καὶ Ἀφροδίτηι.

Hermès apparaît dans des dédicaces seul, en compagnie des megaloi theoi ou au gymnase avec Héraklès485. Il accompagne également Aphrodite dans la dédicace de stratèges. Doit-on

par conséquent y voir un nouvel exemple d’association entre Hermès et Aphrodite dans des dédicaces publiques ? Cette interprétation est possible, mais incertaine, puisque la raison du vœu n’est pas explicitée et qu’Eutychos est inconnu en dehors de cette inscription. Hermès intervient en outre conjointement à Aphrodite dans d’autres domaines tels que le mariage486. Les deux divinités se révèlent ainsi complémentaires, autant dans le domaine du mariage que dans celui des magistrats.

Enfin, la dernière dédicace place Éros aux côtés de la déesse487. Le culte d’Éros, attesté à Paros par cette unique inscription, est généralement peu développé et lié à celui d’Aphrodite488. Sa nature est ambiguë et varie selon les sources littéraires489. Par conséquent, comment le considérer dans cette dédicace réalisée par plusieurs hommes ? Peut-être est-il présent en tant que parèdre de sa mère490. Cependant, l’absence de représentation iconographique relative au sanctuaire ne permet pas de valider cette interprétation. Sans doute Éros était-il honoré en tant qu’abstraction divinisée qui personnalise un aspect d’Aphrodite491. Cette inscription pourrait dans ce cas constituer un exemple de dédicace liée au domaine de l’ἔρος, de la sexualité492. Or, cet aspect du culte d’Aphrodite est plus difficile à assurer que son patronage des collèges de magistrats493. L’absence de contexte et de renseignements sur

485 Cf. tableau en V. 18.

486 KAHN (1978), p. 180 indique qu’« avec Aphrodite et Eros, il fera en sorte que les paroles proférées par les

époux les rapprochent ». Plut., Conseils aux fiancés, 1 (Mor. 138c-d) recommande d’honorer Hermès. Le dieu est l’un des garants privilégiés du passage harmonieux des jeunes gens au statut d’époux. Cf. PIRENNE- DELFORGE (1994), p. 453.

487

IG XII 5, 223 (époque hellénistique) : [Χ]α[ρ]ικλῆς Δειφάνου, Τεισ[- - -⎜- - - ζ]ήλου, Διότιµος [- - -⎜- - -], [- - -]ς Σωστράτου [- - -⎜Ἀφροδί]τει καὶ Ἔρωτι. La dédicace est inscrite sur un fragment de base ou d’autel.

488 FASCE (1977), p. 15-38 passe en revue les différents sanctuaires mentionnés par Pausanias : Thespies,

Leuctres, Athènes et Parion, possible colonie de Paros. Éros apparaît en revanche fréquemment dans l’iconographie, associé à la déesse. Cf. PIRENNE-DELFORGE (1994), p. 72. La présence d’une statue d’Éros dans un sanctuaire ne signifie toutefois pas qu’il y reçoive un culte. Cf. PIRENNE-DELFORGE (1989), p. 231.

489 PIRENNE-DELFORGE (1989), p. 234-235.

490 La notion de parèdre appliquée à Éros est développée par FASCE (1977), p. 150-165. La filiation entre Éros et

Aphrodite est répandue, mais elle n’est pas la seule. Cf. PIRENNE-DELFORGE (1989), p. 223-224, 230-231.

491 PIRENNE-DELFORGE (1994), p. 456. Peithô et les Charites sont aussi des abstractions divinisées qui

accompagnent régulièrement Aphrodite et qui reflètent certaines de ses prérogatives. À Paros néanmoins, aucun lien n’est attesté entre ces cultes, si ce n’est que le même Thrasyxénos, auteur d’une dédicace à Aphrodite

Timouchos, s’adresse à ces dernières dans une autre inscription (IG XII s. 206). Les Charites semblent avoir eu

une certaine épaisseur cultuelle puisqu’elles recevaient des sacrifices sans aulos ni couronne. Cf. V. 10.

492 Cf. PIRENNE-DELFORGE (1989), p. 227 : « Aphrodite préside à l’union amoureuse en suscitant le désir, tandis

qu’Eros réalise l’union proprement dite ».

493 WALLENSTEN (2009), p. 170. Éros peut en outre apparaître dans d’autres domaines, mais aucun ne semble

convenir. Il peut être lié à la vie du gymnase aux côtés d’Hermès et d’Héraklès, mais Éros apparaît uniquement dans cette inscription en compagnie d’Aphrodite. Cf. FASCE (1977), p. 39-43. Un exemple de culte public des Éros avec Aphrodite et les Charites apparait peut-être à Halicarnasse, mais le caractère public demeure incertain. Cf. ROBERT (1953), p. 568-572. Plusieurs dédicaces de statues d’Éros par des magistrats ont en outre été conservées, mais elles ne signifient par forcément un culte public d’Éros. Cf. ROBERT (1969), p. 255-261. Enfin,

ces dédicants de sexe masculin empêche donc toute certitude sur leurs intentions, même si le domaine de la sexualité pourrait être un candidat.