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V. B IOMONITORING : PROGRAMME DE SURVEILLANCE DES CONTAMINANTS

VI.2. A CTIVITES MINIERES

La présence en Nouvelle-Calédonie de minerai de Ni ou « or vert » fut découvert en 1774 par Jules Garnier. Depuis plus d’un siècle, la richesse des sols calédoniens en métaux -Ni, mais aussi Ag, Au, Co, Cu, Fe, Mn et Pb- a été exploitée par les industriels. Actuellement, l’essentiel de l’activité minière du Territoire concerne le Ni et, secondairement le Co. La Nouvelle Calédonie est aujourd’hui le troisième producteur de Ni à l’échelle mondiale (50 000 tonnes/an) et elle détiendrait la plus grande réserve de Ni dans ses sols (25% des réserves mondiales). L’économie calédonienne est essentiellement fondée sur l’exploitation des gisements de Ni qui représente 95% de ses exportations.

Le Ni se présente à l’état naturel sous deux formes : les minerais sulfurés, dont les gisements les plus importants se situent au Canada, Australie et Afrique du Sud, et les minerais oxydés, qui proviennent essentiellement du Pacifique Sud (Nouvelle Calédonie, Indonésie, Philippines) et d’Amérique latine (Cuba, Brésil). Les minerais oxydés se présentent sous deux formes :

- les garniérites (minerais oxydés silicatés), dont la teneur en Ni varie entre 2-3%, - les latérites (minerais latéritiques) avec des teneurs plus faibles (1-1,6%).

La principale méthode d’extraction utilisée en Nouvelle-Calédonie consiste à défricher les sommets des collines et à y creuser des mines à ciel ouvert. Elle commence par un décapage de la cuirasse ferralitique, puis des latérites à faible teneur en Ni (latérites rouges et jaunes) pour atteindre la garniérite qui constitue le minerai exploité (Fig. 5).

Figure 5. Profil vertical de l’altération de la roche mère du sol néo-calédonien riche en péridotites.

L’usine de Doniambo de la Société Le Nickel (S.L.N.) est aujourd’hui le principal site de traitement du minerai de Ni en Nouvelle Calédonie, avec une capacité de production de 50 000 tonnes par an. Cette usine utilise pour le traitement du minerai un procédé traditionnel de pyrométallurgie. Cette technique est basée sur la fusion du minerai à forte teneur en Ni (2- 3%) dans des fours. La position géographique de la S.L.N. en bord de la Grande Rade implique des rejets dans le lagon de formes liquides, dues aux eaux de refroidissement utilisées dans le processus industriels; et de formes solides, liés au déchargement des minéraliers, aux scories et aux poussières atmosphériques. Le processus d’extraction à ciel ouvert n’est pas sans danger pour l’environnement et plusieurs conséquences écologiques non négligeables résultent de ce procédé (Bird et al. 1984; Labrosse et al. 2000) :

- la déforestation, la destruction d’habitats terrestres et la disparition d’espèces endémiques,

- l’accélération du lessivage et de l’érosion des sols et, de là, l’augmentation de la quantité de particules métallifères charriées par les rivières,

- l’augmentation de la turbidité et de la sédimentation dans le lagon, - l’augmentation des apports métalliques dans la zone côtière.

Récemment, une nouvelle méthode d’extraction du Ni et du Co a été développée par la société minière Goro-Nickel (branche d’Inco Limited) qui projette d’exploiter les gisements de minerai latéritique de Ni et de Co de la région de Goro, situé dans la province Sud de la Nouvelle-Calédonie (Fig. 6A, 6B).

-A- -B-

Figure 6. -A- Terres latéritiques au Sud de l’île et -B- Vue du site de l’usine Goro-Nickel. Ce nouveau procédé permettrait d’utiliser des minerais à faible teneur en Ni (latérites) peu exploitées jusqu’alors. Le procédé de type hydrométallurgique est basé sur la lixiviation acide sous pression (LAP). Cette méthode LAP consiste en une mise en solution des métaux contenus dans le minerai, suivi d’une extraction par solvant pour séparer le Ni et le Co de la solution acide. En 1999, GNi a construit et mis en service une usine pilote à l’échelle 1:35ème

. Cette dernière avait pour principal objectif de démontrer la viabilité du procédé hydrométallurgique et de recueillir des données pour la conception de l’usine commerciale (Goro-Nickel 2001). La construction d’une usine est maintenant en cours et devrait permettre à partir de 2007 une production de 54 000 t de Ni et 5 400 t de Co par an. Le traitement hydrométallurgique des latérites permet de valoriser le Ni et le Co présent dans le minerai, à la différence du procédé pyrométallurgique axé sur la seule valorisation du Ni. La récupération du Co dans le minerai est un élément important de rentabilité : la vente de celui- ci devrait représenter environ 25% des recettes totales (Goro-Nickel 2001).

Les conséquences environnementales de ce nouveau projet d’extraction par lixiviation acide sous pression (LAP) préoccupent naturellement la population, les autorités, les organisations écologiques néo-calédoniennes et donc le groupe industriel. En effet, les effluents de l’usine présenteront des concentrations élevées en métaux autres que le Ni et le Co (retenus à 90 % par le procédé industriel), notamment pour le Mn qui présente des concentrations supérieures

aux normes autorisées par l’Arrêté 1542-99/PS de la Nouvelle-Calédonie et de l’Arrêté du 2 février 1998 imposant une limite de concentrations des rejets de 1 mg Mn l-1

. Élément Effluent (µg l-1 ) Concentration attendue dans le canal de la Havannah à 20 m du diffuseur (µg l-1 )

Eau de mer du canal de la Havannah (µg l-1

)

Norme pour l’eau de mer CCC* (µg l-1 ) As 50 0.05 1.5 36 Cd 100 0.1 0.02 8,8 Cr 50 0.05 0.3 50,0 (Cr VI) Cu 20 0.02 0.3 3.1 Mn 100000 100 3 Ni 500 0.5 0.32 8.2 Barrière 50 0.05 1.5 81

*USEPA (2004) National Recommended Water Quality Criteria. L’un des critères de qualité de l’eau d’après ses effets prévu d’après les lignes directrices de l’US EPA est le Critère de concentration continue (CCC), qui est une estimation de la concentration maximale d’une matière dans les eaux de surface à laquelle une communauté aquatique peut être exposée indéfiniment sans subir un effet indésirable.

Tableau 4. Concentrations en éléments attendues dans les effluents de l’usine pilote GNi et dans le canal de la Havannah (Goro-Nickel 2003).

Les apports accrus de ces éléments métalliques sont susceptibles d’induire des effets directs ou indirects sur les organismes et, ceci, à plus forte raison dans un système lagonaire partiellement isolé de l’océan par une barrière récifale.

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