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1. L'aphasie selon la classification internationale du fonctionnement et du

2.1. Critiques sur l'évaluation:

L'évaluation de l'efficacité d'une thérapie de groupe est soumise à de nombreuses contraintes et limites : exposons ici les quelques biais que comporte notre expérimentation.

2.1.1. A propos du protocole d'évaluation • Au niveau de la communication :

Nous avons tenu à évaluer la communication verbale et non verbale, ainsi que les aspects pragmatiques de ce domaine en situation naturelle de conversation. Le protocole d'évaluation était donc complet mais assez long (passation et analyse des résultats). Il serait difficile à appliquer entièrement par des orthophonistes en dehors d'un travail de mémoire.

En ce qui concerne l'analyse de conversation du CAPPA : il aurait fallu filmer le patient avec une personne de son entourage mais cela demandait une grande implication de la famille dans la prise en charge. Cela n'aurait été possible qu'avec un des patients, les autres vivant seuls ou étant moins soutenus par leurs proches. C'est pourquoi nous avons pris la décision de filmer une conversation avec le thérapeute qui connaissait le mieux le patient.

Cette expérience avec le CAPPA a cependant été enrichissante : elle montre la difficulté de mener une analyse de conversation avec un patient peu fluent qui ne peut participer à une conversation naturelle. Malgré la lourdeur d'analyse qui le caractérise, cet outil permet de mieux cerner les obstacles rencontrés par le patient et de se rendre compte de ses capacités en situation écologique. Les transcriptions d'extraits de conversation ont toute leur importance dans d'un bilan d'aphasie.

• Au niveau de la qualité de vie et de l'état émotionnel :

Ces deux domaines dépendent par définition de nombreux facteurs externes : l'impact de telle ou telle thérapie sur leur évolution est donc difficile à prouver

BUCHOT M., LE GOFF A., 2011 Critiques méthodologiques :

• Nous avons intégré dans l'évaluation les avis et remarques des patients et thérapeutes. La prise de notes était indispensable tout au long de la passation des épreuves. Cette évaluation reste subjective mais a permis de mieux comprendre et interpréter les évaluations chiffrées.

2.1.2. A propos des modalités d'évaluation

Il est difficile de généraliser les résultats en raison du nombre réduit de patient, ils sont cependant signifiants pour chaque patient ayant participé à l'étude.

L'absence de groupe contrôle est un biais de notre étude : nous ne pouvons attribuer les progrès effectués par les patients à la seule thérapie de groupe. En effet, pour montrer les bénéfices d'une rééducation de groupe combinée à une rééducation individuelle, par rapport à ce que pourrait apporter une rééducation individuelle seule, il aurait fallu envisager de priver de thérapie de groupe un patient ou tout un ensemble de patients qui auraient dû en bénéficier. Nous n'avons pu le faire car ce ne serait pas juste de privilégier un patient par rapport à un autre.

D'une même manière, il nous paraissait difficile de priver de thérapie individuelle un patient participant au groupe, nous ne pouvons donc pas conclure en la supériorité de la thérapie de groupe par rapport à la thérapie individuelle. Toutefois, elles sont complémentaires car leurs approches, pour l'une plus écologique, pour l'autre plus formelle se complètent.

Nous sommes par ailleurs conscientes de notre subjectivité en tant qu'examinatrices : nous participons à la thérapie de groupe et par conséquent, nous connaissons les patients ce qui peut influencer notre jugement. Pour une objectivité totale, il aurait fallu un examinateur externe qui n'aurait pas su que les patients participaient à une thérapie de groupe, mais nous n'en avions pas les moyens. Les patients, en outre, ont tendance à vouloir nous faire plaisir et montrer des évolutions positives dans leur langage et leur communication : ils n'agiraient peut-être pas ainsi avec un examinateur externe.

De plus, pour que les résultats soient probants, il est nécessaire de proposer cette rééducation durant un temps suffisant : la participation à 14 séances de groupe (à raison d'une séance de 2h par semaine pendant 3 mois) nous a paru être une durée pertinente pour voir les premiers résultats. On peut supposer qu'ils seraient

BUCHOT M., LE GOFF A., 2011 Critiques méthodologiques :

plus significatifs sur une période plus longue. Toutefois, cela ne pourrait être possible dans une structure hospitalière où les patients ne sont là que pour des périodes courtes.

La difficulté de trouver des patients aphasiques entrant dans nos critères d'inclusion nous a aussi contraintes à inclure dans l'étude un patient n'ayant pas dépassé sa période de récupération spontanée. Chaque patient de notre étude est à un stade différent de récupération, il est donc difficile de différencier l'apport de la thérapie de groupe par rapport à celui de la récupération.

Pour conclure, nous pourrons dire qu'il n'est pas aisé d'établir un protocole universel pour évaluer une thérapie de groupe : les activités proposées sont en effet différentes d'un groupe à l'autre, tout comme les patients et leurs difficultés. L'évolution est montrée seulement pour les patients ayant participé à la thérapie en question avec ses propres activités, thérapeutes et participants. Il faudrait avoir une population d'aphasiques assez nombreuse avec des troubles homogènes pour prouver statistiquement les impacts du groupe. De plus, il est quasiment impossible d'évaluer sans biais l'efficacité de cette thérapie sur tous les niveaux (notamment qualité de vie et statut psychologique) et d'en généraliser les résultats : les variables extérieures à la thérapie sont nombreuses.

Toutefois, si les résultats obtenus ne prouvent pas, ils suggèrent beaucoup de points positifs que nous allons exposer par la suite.

2.2. Enjeux et limites de la création d'un groupe de