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1. L'aphasie selon la classification internationale du fonctionnement et du

2.6. Les activités

2.6.3. Activités de mise en scène, d'expression en situation écologique

• Quels supports?

Les supports de départ sont variés: improvisation à partir d'une idée proposée par un patient ou un thérapeute; vidéo (film; sketch); BD; article de journal...

• Quels thèmes?

Scène de la vie quotidienne: aller acheter son pain, appeler un dépanneur de voiture, partir en vacances, thème de l'actualité, thème humoristique, parodie.

• Comment construire les dialogues?

Les saynètes peuvent être écrites à l'avance par les thérapeutes. Cependant, nous avons remarqué que cela ne permettait pas aux patients de s'investir totalement, et ne favorisait pas leur créativité. C'est pourquoi nous construisons la

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transcrivent les dialogues mais cela peut devenir un exercice de langage écrit pour l'un des patients.

Pour les patients ayant une aphasie sévère, les thérapeutes ou les autres participants du groupe proposent des idées de dialogue puis on peut travailler la production des mots et des phrases en répétition, mais aussi utiliser le langage automatique (question/réponse, expression idiomatique) en s'entraînant à enchaîner les dialogues avec les autres acteurs.

• Comment répartir les rôles?

Souvent, les rôles sont répartis de façon assez naturelle. Tout le monde sait ce qu'il veut faire, ou du moins ce qu'il ne veut pas faire. L'identification à un personnage est importante, notamment pour la mise en scène de pièces plus longues. Les patients qui ne se sentent pas à l'aise dans leur rôle peuvent en effet vite se décourager.

• Comment travailler la pièce?

Une fois la trame générale de l'histoire décidée, la pièce est divisée en petites saynètes. Chacune d'elles est travaillée séparément sur plusieurs séances.

Les patients, avec l'aide des thérapeutes rédigent une petite trame de la scène qui est d'abord jouée plusieurs fois sans parole afin de bien intégrer la chronologie des actions et de travailler la communication non verbale (mise en jeu des stratégies développées lors des exercices de communication non verbale). Par la suite, les dialogues sont rédigés avec les patients et intégrés à la trame de pièce. Il est possible d'utiliser ces dialogues comme support de travail en séance individuelle.

Des exemples de trame et de dialogues sont disponibles en annexe n°5 et 6.

• La représentation:

De manière générale, dès qu'un sketch est prêt a être présenté (et même pour des petites saynètes), on organise une petite représentation par groupe à la fin de la séance. Lorsque les pièces sont assez conséquentes, on peut les filmer afin de garder une trace: la pièce ainsi enregistrée pourra être visionnée quelques séances plus tard et servir de support de conversation.

Lors du montage d'une pièce plus conséquente (la dernière que nous avons jouée était composée de 5 scènes), une représentation un peu plus officielle est

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organisée. Chaque patient peut alors inviter une ou deux personnes de son choix (thérapeutes, familles) à venir voir le rendu du travail.

C'est ce à quoi nous avons abouti lors de la dernière session qui s'est déroulée de janvier à avril 2011. La pièce, que nous avons entièrement écrite avec les 4 patients du groupe, était composée de 5 scènes. Nous nous sommes inspirés: d'un extrait du film « Bienvenue chez les Chtis », de BD de Cauvin, de l'actualité sur des incidents dans les gares, ainsi que de toute une série de références régionales connues des patients. Après 3 séances de réflexions sur la trame à donner à la pièce, les patients se sont vite pris au jeu d'acteur, et chacun avec ses propres moyens d'expression, s'est investi jusqu'au bout pour parvenir à la représentation. En parallèle, les dialogues ont été répétés en séance individuelle, avec l'aide parfois de moyens facilitateurs (ex : MIT).

La représentation finale a nécessité plusieurs séances de répétition générale, avec décor, musique, costumes et accessoires. Puis, quelques séances avant la date de la représentation, nous avons donné un titre à la pièce et écrit des invitations à destination des familles, amis, médecins et certains thérapeutes du centre. Les patients ont pu inviter 2 ou 3 personnes de leur connaissance. Lors de la représentation, 2 des familles étaient présentes, ainsi que des patients, des médecins et d'autres thérapeute de l'Espoir. Le retour des spectateurs étaient très positif.

Un aperçu du contenu des 14 séances ayant permis l'élaboration du spectacle est présenté dans un tableau dans l'annexe n°4.

2.6.3.2. les débats de groupe

• Quels thèmes et supports?

Les débats de groupe peuvent porter sur un thème de l'actualité, sur une opinion d'un patient ou être mis en scène dans le cadre d'une histoire, d'une fiction composée par le groupe.

• Comment construire le fil conducteur?

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Les thérapeutes peuvent aussi proposer au groupe de rentrer dans une histoire afin de simuler un débat dans une situation fictive définie. On se situe dans un jeu où chaque patient entre dans la peau d'un personnage, mais la situation de communication reste naturelle. Puisqu'ils tiennent un rôle, les patients ne sont pas dans la réalité et peuvent débattre de façon plus libérée, avec moins d'appréhension.

Nous allons illustrer cette activité en rapportant 2 exemples que nous avons expérimentés lors des séances:

➔ un débat de groupe dans le cadre d'un jeu, le Loup-garou:

Il s'agit d'un jeu de rôle: on imagine un village dans lequel certains habitants, à la nuit tombée, se transforment en loup-garous et dévorent les villageois...

Au début de chaque partie, des rôles sont distribués secrètement aux participants qui deviennent soit villageois, soit loups-garous. L'animateur demande à tout le monde de fermer les yeux quand la nuit tombe: les loups garous se réveillent alors et choisissent en silence la personne qu'ils désirent éliminer. Lorsque le jour se lève, tout le monde rouvre les yeux: la personne qui a été éliminée par les loups- garous se retire du jeu. Puis, les habitants organisent un débat avant de voter pour éliminer une personne suspecte qui pourrait être loup-garou. C'est à ce moment que le jeu est intéressant: il sert de support de conversation de groupe. Chacun doit argumenter pour sa survie et donner son avis sur la personne qu'il pense être le loup-garou. On fait un tour de table pour que chacun prenne la parole. Une fois le débat clos, la personne qui a obtenu le plus de voix d'accusations se retire du jeu.

La nuit tombe de nouveau, et le cycle recommence de même jusqu'à ce que tous les villageois ou tous les loups garous soient éliminés. À la fin du jeu, les vainqueurs sont les loups-garous s'ils restent seuls survivants, ou les villageois s'ils réussissent à se débarrasser des loups garous.

Remarques:

• Le principe du jeu étant difficile à intégrer pour certains patients, nous avons trouvé approprié de jouer en petit groupe et de faire participer les thérapeutes qui peuvent animer et guider les débats.

• Il est possible de proposer à un patient qui connaît bien le principe du jeu de jouer le rôle de l'animateur avec l'aide d'un thérapeute.

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• Attention cependant à la frustration de certains participants lorsqu'ils sont éliminés trop tôt au cours de la partie.

➔ une situation fictive dont voici l'intitulé:

« Nous sommes en 2012 et les scientifiques viennent de prédire la date de la fin du monde. Afin d’échapper au déluge qui risque de tout engloutir sur notre planète, les terriens se réunissent dans un ultime conseil. Seuls certains privilégiés pourront embarquer sur le vaisseau spatial Supersonic qui les transportera vers une autre planète. A chacun de présenter son personnage et d'argumenter pour pouvoir mériter sa place sur le vaisseau. »

Analyse et remarques:

Lorsque nous avons lancé ce débat fictif, nous n'imaginions pas que le groupe serait autant à l'aise dans la situation. En fait, chacun a adhéré au débat, la plupart des patients ont choisi spontanément leur personnage, une situation de communication équilibrée s'est tout de suite installée: chacun a participé, malgré ses difficultés, et donné son avis au moins pour exprimer son accord ou son désaccord. Les tours de rôle ont plutôt été bien respectés et des initiatives de prise de parole ont été observées chez des patients d'habitude peu initiateurs.

Ainsi, l'impression de tous les thérapeutes a été positive: nous étions tout à fait dans l’échange naturel, le langage spontané (avec des contraintes à respecter: tour de parole, prise d’initiative et argumentation de discussions; pertinence du discours). Lorsqu'un patient n'était pas informatif, un feed-back fourni par un thérapeute, ou une reformulation donnée par un autre participant l'aidait à préciser sa pensée.

Ce type d'exercice semble donc bien adapté aux objectifs de la rééducation de groupe, la situation de communication est en effet plus naturelle que lors de l'activité théâtre. Cependant, il est difficile de construire un objectif concret et commun à l'ensemble du groupe (représentation, spectacle...) à partir d'un débat. En effet, il n'est jamais fini: afin d'éviter la monotonie, nous pensons qu'il ne doit pas être prolongé plus de deux séances. Par contre, et nous en avons fait l'expérience, il est un très bon support pour rebondir sur la création de nouveaux sketchs ou pièces de

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En conclusion, nous pouvons dire que si les débats privilégient des situations de communication plus naturelles, l'activité « théâtre » reste au centre des séances car elle est essentielle pour donner un objectif commun au groupe. Le fait de construire un spectacle permet de maintenir une bonne dynamique de groupe.

2.6.4. Activités collectives pour la dynamique du groupe