4. DISCUSSION
4.1. Critique méthodologique
Les 3 résultats des analyses multivariées qui appellent à une discussion critique sont :
o Les patients en obésité sont moins bien dépistés que les personnes maigres.
o Plus un patient est âgé et plus il bénéficiera d’un dépistage de la dénutrition.
o Plus un médecin généraliste est expérimenté moins il dépistera son patient.
Nous verrons la représentativité de l’échantillon, puis les limites de l’étude, et ensuite la
discussion des trois résultats principaux, enfin l’ouverture et les perspectives des potentielles
analyses à faire ultérieurement.
4.1.1. La représentativité de l’échantillon
4.1.1.1. Les médecins
L’âge moyen des médecins généralistes de l’étude (51 ans) est semblable à celui déclaré
en France métropolitaine (52 ans) par le Conseil National de l’Ordre des médecins (40).
4.1.1.2. Les patients
La démence
En population générale, la démence est estimée à 10 à 20 % des personnes âgées de plus
de 75 ans (41), et est de 12 % chez les personnes de plus de 75 ans vivant à domicile (42), ce qui
est à peu près similaire aux chiffres que nous avons trouvés (9,7%).
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L’hypertension artérielle
Dans l’étude Obépi 2012, 44 % de la population des plus de 65 ans déclarent être traité
de l’HTA (43). Dans l’étude Mona Lisa, 80 % des hommes et 71% femmes de 65 à 74 ans sont
hypertendus (44). Dans notre étude il y a 63% de personnes âgées de plus de 75 ans qui sont
hypertendues.
Les différences sont expliquées par :
o Dans notre étude, ce sont les médecins qui ont pesé les patients et déclaré leurs
antécédents médicaux. Tandis que dans l’étude Obépi, les poids et les informations ont
été donnés par les patients eux-mêmes, et ils ont pu être sous-estimés.
o De plus dans l’étude Obépi, sont étudiés seulement les patients traités pour la
pathologie. Les patients non traités n’ont pas été inclus. Donc il est normal d’obtenir
une proportion plus importante dans notre étude où les médecins donnaient les
antécédents des patients, peu importe le traitement et la gravité. Sachant que 91 % de
patients hypertendus de 65 à 74 ans sont traités pour l’HTA (44), on peut estimer à partir
de la proportion obtenue dans l’étude Obépi que 48% des plus de 65 ans seraient
réellement hypertendus.
o La prévalence de l’hypertension artérielle augmentant avec l’âge (43), ce dernier
pourcentage est cohérent avec nos chiffres.
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Le diabète
Dans l’étude Obépi 2012, 14 % de la population des plus de 65 ans déclare être pris en
charge pour un diabète (règles diététiques seules comprises) (43). D’après le BEH 2006 la
prévalence du diabète traité (par anti-diabétiques oraux ou insuline) chez les plus de 65 ans
était de 11 % (45). Dans notre étude 30 % de la population des plus de 75 ans sont diabétiques.
La prévalence de diabète augmente légèrement avec l’âge (43) mais pas au point d’expliquer
cette différence.
De la même façon que précédemment, la proportion de patients se déclarant traité pour
un diabète a dû être sous-estimée : seulement 0,8% se dit être traité pour un diabète par
régime seul (43). On peut supposer qu’un grand nombre de diabétiques ne se sont pas déclarés
diabétiques car ils ne prenaient pas de traitement.
Cette différence peut également être expliquée par un biais de sélection des patients de
la part des médecins. Ils étaient informés que l’étude portait sur les problèmes de poids chez les
personnes âgées. Même s’il leur était recommandé de choisir des patients sans tenir compte
des pathologies, ils ont probablement choisi plus de patients diabétiques. Il semble que les
médecins pensent plus aux diabétiques lorsqu’on évoque la nutrition.
La dyslipidémie
Le taux de patients dyslipidémiques dans notre étude, était de 37,5 % des plus de 75 ans
contre 39 % de patients déclarant être traités pour une dyslipidémie dans une population de
plus de 65 ans (43). La prévalence de la dyslipidémie diminuant avec l’âge, on peut considérer
que notre population est représentative (43).
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Dans l’étude Obépi, la population des patients excluait les sujets vivant en institution, en
foyer, en résidence en communauté, ou sans domicile fixe. Donc il s’agissait globalement de la
même population que dans notre étude : c’est-à-dire des patients de la France entière, traités
en ambulatoire. De façon générale, les différences de proportions d’HTA entre notre étude et
l’étude Mona Lisa peuvent être liées au fait que dans l’étude Mona Lisa, la population étudiée
est celle de 3 départements français seulement, tandis que notre étude s’intéresse à la France
entière. De plus la sélection de la population s’est faite sur les listes électorales, donc les
personnes institutionnalisées étaient étudiées. Il en est de même pour les chiffres du BEH de
2006 sur le diabète, utilisent les données de l’assurance maladie pour lesquelles il y a une
prescription médicale. Les personnes institutionnalisées présentent plus de pathologies
chroniques que celles en ambulatoire. Donc la population de ces deux dernières études n’était
pas tout à fait en adéquation avec la notre.
Enfin, notre échantillon de patients n’est pas représentatif de la population générale, car
il y a théoriquement autant de patients maigres que de patients en obésité. Or dans la
population générale, il y a près de dix fois plus de patients en état d’obésité (17% des plus de 75
ans) que de patients maigres (2% des plus de 75 ans) (43).
4.1.2. Biais et limites
Répartition géographique des médecins
De nombreux médecins contactés ne souhaitaient pas participer par manque de temps
ou d’intérêt, donc leur pratique n’a malheureusement pas pu être étudiée. L’objectif étaient de
trouver entre 5 et 10 médecins par départements qui étaient d’accord pour participer en
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communiquant leur adresse mail. Ce nombre n’a pas été adapté au nombre total de médecins
par département. De plus les réponses étaient anonymes. Donc malgré l’effort de sélectionner
un échantillon représentatif de la population, le nombre de médecin inclus et le nombre de
réponses finales ne correspondent pas au pourcentage exact du nombre de médecins dans
chaque département.
Recueil de certaines données sur l’année
Le moment où le questionnaire de dépistage de la dénutrition type MNA a été réalisé n’a
pas été précisé. Il en est de même pour les conseils de prise ou perte de poids. Donc on ne peut
pas conclure à l’effet de la prise en charge médicale sur la modification du poids du patient.
Utilisation du test MNA
Les analyses ont étudié l’association des caractéristiques des médecins et des patients
en fonction de la réalisation du dépistage de la dénutrition avec l’outils biologique, mais n’ont
pas été réalisées en fonction du dépistage en général (c’est-à-dire avec la réalisation du
questionnaire MNA).
Durée d’exercice de la médecine
La durée d’exercice de la médecine pouvait porter à confusion, car les médecins les plus
âgés étaient tentés de considérer la durée d’exercice à partir du moment de leur thèse ou de
leur installation, tandis que les jeunes médecins pouvaient estimer qu’ils avaient débuté la
médecine au moins à partir du début de l’internat. Finalement en comparant la durée moyenne
d’exercice et l’âge moyen des médecins, le début de l’exercice était en moyenne vers 30 ans ce
qui correspond à la fin de l’internat, soit le début de la réelle prise de responsabilités.
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Définitions
Les principales limites de l’étude sont l’absence de définition consensuelle des termes
« maigreur », « dénutrition », patients « âgés »… Les études sur les personnes âgées concernent
des patients de 60-70 ans en général. Peu d’études s’intéressent uniquement aux patients de
plus de 75 ans qui est le seuil de la gériatrie. Il est probablement difficile d’étudier les personnes
très âgées de par leurs nombreuses pathologies, la difficulté à recueillir des informations fiables
à cause des troubles cognitifs… Notre étude s’intéresse uniquement à des patients âgés de plus
de 75 ans. La définition de la maigreur ou de l’insuffisance pondérale est définit par un IMC <
18,5 kg/m
2dans la définition de l’OMS. Dans d’autres études comme celle de Vernay et al. (46),
le seuil est différent : un IMC < 21 kg/m
2définit la maigreur. Or cette étude est une des seules à
étudier les patients de plus de 75 ans. La différence entre la dénutrition et la maigreur est
parfois ambiguë lorsque la dénutrition est définie par l’IMC seul. Par ailleurs, au travers du
questionnaire, il a été demandé aux médecins de sélectionner un patient avec un IMC < 18
kg/m2, mais les analyses ont été faites avec le seuil officiel de l’OMS, un IMC < 18,5 kg/m
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Dans le document
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE - PARIS VI
(Page 65-70)