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Au fur et à mesure de nos recherches destinées à renforcer la consommation de culture dans notre canton, c’est la solution d’une plateforme informatique gérée par le canton qui s’est graduellement dessinée. Ses buts sont :

 de récompenser le consommateur assidu : celui-ci se rend normalement au spectacle, au musée, etc. Lors de chaque visite payante, il a la possibilité de scanner un code-barres situé sur place à l’aide de son téléphone intelligent. Il collecte ainsi des points. Dès lors, chaque nouvel achat de billet, chaque nouvelle visite permet au spectateur de créditer son compte, puis d’utiliser ses points pour une autre manifestation.

 d’offrir aux prestataires culturels une visibilité accrue pour leurs manifestations via le site de la plateforme, l’opportunité de réaliser des opérations marketing ciblées (bons de réductions), ainsi que la possibilité de remplir les places vides.

 de créer une nouvelle dynamique de consommation qui favorise le décloisonnement de la culture et la mobilité du public.

Nous pouvons déterminer les contours de ce programme assez précisément, tout en sachant que sa mise en œuvre reste tributaire de l’émergence des nouvelles technologies dans l’équipement des consommateurs et des infrastructures culturelles. Nous devons donc envisager un programme qui sera effectif dans un délai d’environ trois ans. Une solution d’avenir, qui doit toutefois être envisagée dans les meilleurs délais, au vu de la vitesse à laquelle évoluent les nouvelles technologies.

7.1. Le fonctionnement de Culture+

Le fonctionnement de Culture+ se conçoit au travers de la collaboration entre trois entités : le consommateur (toute personne en possession d’un smartphone), le prestataire culturel et l’Etat de Fribourg. Tous trois sont actifs et tiennent des rôles précis et complémentaires.

Dès lors que la technologie NFC aura conquis nos téléphones intelligents, tous les lieux de culture pourront prendre part au programme, même ceux qui ne sont pas équipés d’une billetterie électronique. Un smartphone à la caisse, mis en contact avec le smartphone d’un visiteur, permettra l’échange des données.

25 Voir aussi chapitre 7.1 « le fonctionnement de Culture+ »

Ainsi, un visiteur qui aura accumulé des points au cours de ses précédentes sorties culturelles en scannant des codes-barres, pourra « payer » sa place ou son entrée en présentant simplement son téléphone à la caisse.

Illustration n°8

L’offre n’est pas illimitée. Elle se présente sous la forme d’un catalogue en ligne, alimenté par les prestataires culturels. Ceux-ci choisissent d’offrir un certain nombre de places ou d’entrées gratuites pour tel ou tel événement de leur programmation. Au travers de la qualité de son offre, le prestataire culturel est responsable de l’image qu’il veut donner de sa manifestation, de son théâtre, de sa salle, de son musée. S’il veut attirer du monde ou faire connaître son lieu, il a avantage à proposer une offre aussi riche et large que possible. Le cas échéant, le Service de la Culture pourrait attendre que, lorsqu’il soutient une création, des billets pour la première soient mis à disposition sur la plateforme. En contrepartie des places offertes, le prestataire culturel bénéficie lui aussi d’avantages, outre une visibilité accrue pour son événement.

En parallèle, le prestataire peut profiter de la plateforme pour mener une action marketing ciblée sur un événement en particulier (couponing), en offrant un bon de réduction sous la forme d’un code-barres placé par exemple sur une de ses affiches. Cette fonctionnalité de Culture+ est particulièrement intéressante pour les lieux de culture qui n’ont ni le temps ni les moyens de développer pour eux-mêmes de pareils outils marketing. Le fonctionnement est le même : le client scanne le code-barres « bon de réduction » puis présente son smartphone à l’entrée. La réduction appliquée à son achat, puis effacée de son smartphone.

Pour terminer, en participant au projet, le prestataire a accès aux statistiques de la plateforme s’agissant du nombre et de la fréquence des scans, de l’âge, de la provenance et des goûts des spectateurs. En effet, lorsqu’un client décide de devenir membre de Culture+, il remplit un formulaire de participation et se voit attribuer un code d’identification. Ainsi, par la suite, chacun de ses contacts avec Culture+ (scans de codes-barres ou achats) seront enregistrés et identifiés. Ces informations sont un atout pour les organisateurs, au service d’une communication de plus en plus réactive, permettant la mise en place de programmes ciblés par segment de publics. Toutefois, l’identité précise des spectateurs n’est pas essentielle. Ceux-ci peuvent très bien s’inscrire sous un pseudonyme. En effet, l’objectif de cette base de données n’est pas de contacter personnellement les utilisateurs par la suite, mais d’avoir une idée des tendances, puis de la provenance et âge des publics. Des informations utiles et exploitables sont ainsi récoltées, mais dans le respect de la sphère privée.

Le rôle de Culture+ consiste à promouvoir le concept auprès de la population (en collaboration avec les prestataires culturels), à assurer le financement et la gestion de la plateforme informatique, à gérer les comptes des utilisateurs, à fournir des codes-barres aux prestataires culturels, à établir et actualiser un catalogue des manifestations faisant office de récompense. Par ailleurs, Culture+ est en mesure de fournir sur demande des statistiques aux organisateurs de manifestations.

7.2. La mise en oeuvre

Le premier point délicat de la mise en place du système Culture+ réside d’abord dans le degré d’adhésion que rencontrera le programme auprès des autorités et des organisateurs. En effet, ceux-ci doivent saisir les avantages que chacun pourrait retirer d’une plateforme cantonale et se montrer sensibles à une politique culturelle nouvelle, allant vers un décloisonnement des secteurs d’activité, notamment vers les pratiques amateurs décrites précédemment.

Lors des contacts que nous avons pu établir avec les salles fribourgeoises dans le cadre de notre recherche de données statistiques de fréquentation, les grandes lignes du projet Culture+ ont déjà pu être succinctement présentées. Nous avons alors constaté un grand intérêt de la part des salles (particulièrement les salles périphériques) à connaître les résultats de ce travail. L’idée d’une plateforme commune, liée à un programme cantonal de fidélisation a été accueillie de prime abord très positivement. Nous pouvons donc espérer avec un certain optimisme que les prestataires culturels seront ouverts à davantage de convergences. Leur adhésion serait également un atout majeur au moment de persuader le Service de la Culture de démarrer le projet.

Quant à l’Etat, sa volonté de consacrer des fonds à ce projet dépendra de son adéquation avec les prérogatives du Service de la culture. Ce service devra évaluer la pertinence de consacrer une part de son budget à cette plateforme, sachant que le montant ainsi prélevé n’ira pas immédiatement à un projet artistique, mais soutiendrait de façon indirecte la promotion de la culture en stimulant la consommation. Culture+ s’intègre déjà parfaitement dans la mission du Service de la culture, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, mettant en regard l’Article 5 b) de la LAC et les spécificités de Culture+.

LAC, Art 5b) :

« Dans l’exercice de ses responsabilités et le choix des moyens mis en œuvre, l’Etat suit les orientations suivantes :

Culture+

a) il favorise le développement d’une culture centrée sur la personne et l’épanouissement de ses facultés, dans le respect de la liberté de création et d’expression artistiques ;

… est alimenté librement par les prestataires culturels. Culture+ n’intervient pas dans les choix de programmation.

c) il facilite l’accès de chacun à la culture ; … offre des gratuités. L’inscription en tant que membre est également gratuite.

d) il respecte la diversité des identités culturelles régionales et favorise la concertation et la coopération entre régions ;

… est ouvert aux pratiques amateurs et professionnelles. Il encourage le

décloisonnement par sa plateforme ouverte à tout genre de manifestations. Son bon

fonctionnement implique de réunir régulièrement les prestataires culturels fribourgeois. Ainsi, la possibilité de voir naître des convergences entre structures est

encourage les publics à circuler, à découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles offres. Il stimule la curiosité et une forme de « zapping » culturel.

Autre point d’achoppement à surmonter et non des moindres : la création concrète de la plateforme informatique. Afin de limiter les frais autant que possible, nous avons réfléchi à la manière la plus rationnelle de mener à bien cet aspect technique et pratique. La démarche s’étendra sur un minimum de deux ans de travail et nécessitera plusieurs mandats, que nous allons détailler ci-dessous. Afin de faire la démonstration de la faisabilité de ce projet, nous estimons judicieux de procéder en trois étapes.

Au départ, nous souhaitons confier le projet pour une première analyse du système d’information à une Haute Ecole. En effet, ce projet pourrait s’inscrire dans le cadre d’un Master of Science en Business Administration, orientation Management des Systèmes d’information (MSI) actuellement dispensé par la HES-SO. Selon les informations figurant sur le site de la HES-SO, cette formation

« offre une opportunité unique de mettre en œuvre les plus-values sociales et durables amenées par la maîtrise des systèmes d'information et de communication. Construite autour de la thématique principale du eManagement, la formation englobe les besoins de divers domaines tels que les sociétés de services, les entreprises de production, les administrations, l'enseignement et la santé.

(…) Le travail de Master (15 ECTS) permet un transfert de connaissances appliqué à une thématique étroitement liée à l'orientation suivie »26. Cette première étape nous permettrait de disposer d’un outil indispensable avant d’aller plus loin : la description précise du système d’information à développer.

Dans un deuxième temps, ce document devrait entrer dans sa phase de réalisation technique. Il pourrait faire l’objet d’un travail de diplôme, toujours auprès d’une HES. Il serait confié à un étudiant Bachelor, au terme de son cursus de six semestres dans la filière « informatique de gestion ». Cette formation permet d’accéder à des professions telles que chef de projet, ingénieur développement dans les nouvelles technologies ou architecte technique. Elle est essentiellement pratique et axée en permanence sur des projets concrets. Ainsi, l’aboutissement de cette deuxième étape nous fournirait un prototype informatique fonctionnel, à moindre frais, que nous pourrions tester sur un certain nombre de lieux et de manifestations. Au cours de cette période d’essai, il sera possible d’évaluer notre prototype, notamment sur la base des feedbacks des utilisateurs, avant d’entrer dans la troisième phase du processus.

A ce stade de la mise en œuvre du projet, nous pensons être en mesure de lancer un appel d’offre auprès de différentes entreprises professionnelles privées. En effet, pour cette étape, nous aurons en main un véritable cahier des charges, composé à la fois de la description complète du système d’information mais aussi du prototype logiciel. De plus, les remarques et les évaluations des utilisateurs constitueront la base des améliorations à apporter au prototype. L’idée de passer par un

« dégrossissage » du travail par une HES, au premier abord assez long voire fastidieux, permettra d’aborder les entreprises privées avec une demande documentée et précise. De cette façon, nous aurons un meilleur contrôle des coûts de développement et pourrons expliciter plus clairement nos attentes.

7.3. Le financement

Notre projet renforce l’image d’une culture plurielle et globale, d’une culture décloisonnée qui met sur pied d’égalité les diverses formes d’arts, de pratiques professionnelles et amateurs. Aussi, pour qu’il soit cohérent avec ses ambitions, le projet doit s’appliquer au minimum à l’échelle cantonale.

Dans cette optique, il revient au Service de la Culture du canton de Fribourg de mener et de financer le projet Culture+.

Les coûts du projet sont de trois ordres :

- Frais d’investissement: conception et réalisation technique de la plateforme.

- Frais d’exploitation: gestion et hébergement du site, entretien et mises à jour.

26 c.f. Site de la HES-SO : http://www.hes-so.ch/CMS/default.asp?ID=1635

- Frais de promotion et de communication.

Une première estimation nous permet de chiffrer globalement ces frais. On évalue à CHF 100'000.- la somme nécessaire à la réalisation de la partie technique par une entreprise privée. La préparation du projet étant effectuée par les étudiants des hautes écoles, elle ne devrait rien coûter.

La promotion de Culture+ s’effectuera en collaboration avec ses partenaires, notamment en insérant l’offre Culture+ dans les programmes habituels des lieux culturels. Toutefois, on ne fera pas l’économie d’une campagne promotionnelle propre au projet au moment du lancement de l’opération. Quelques CHF 50'000.- devraient permettre une information performante via différents médias et supports. Par la suite, la plateforme sera mise à jour et alimentée par les prestataires culturels. Cependant, un poste de supervision à 50% devra être créé, afin de garantir la bonne marche du système. Cet emploi ne nécessite pas un profil particulièrement précis, mais des connaissances de base en informatique, des capacités d’organisation et de rédaction.

Bien que l’Etat soit le promoteur principal du projet, en particulier dans sa phase de mise en œuvre et de gestion, il est possible d’envisager des apports extérieurs de financement ou des partenariats pour tout ce qui concerne la promotion et la communication. Par exemple, les TPF (Transports Publics Fribourgeois) pourraient être abordés dans le but d’une communication conjointe : Culture+

encourage le public à se déplacer aux quatre coins du canton mais suggère d’utiliser les transports en commun. En retour, les TPF mettent à disposition leurs espaces promotionnels (affichage sur les bus, etc). Ils proposent éventuellement une offre couplée qui regroupe l’achat du billet de spectacle et le titre de transport, dans le but d’encourager la mobilité douce.

Dans le cadre d’actions promotionnelles, l’offre du catalogue Culture+ pourrait s’ouvrir ponctuellement à des entreprises privées en lien avec la culture telles que librairies ou restaurants.

Par ailleurs, le site Culture+ peut intéresser des annonceurs privés dans la mesure où il permet des actions ciblées. Grâce aux statistiques que nous aurons pu établir (sur la base des scans de nos utilisateurs) nous aurons des informations sur la provenance de nos visiteurs, leur âge, etc.

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