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Crèche, socialisation et développement de la communication

2) La crèche, véritable lieu de prévention

2.4 Crèche, socialisation et développement de la communication

La crèche offre aux enfants un environnement propre à favoriser leur développement, tant sur le plan affectif, que sur le plan intellectuel et social.

73 Par la présence des pairs et d’adultes familiers, la crèche apporte une meilleure intégration sociale des enfants, c’est-à-dire facilite, entre autres : l’acquisition de savoir-faire sociaux tels que le respect des règles, l’intégration dans le groupe de pairs, le sens de la coopération, et plus largement la compréhension et l’intégration des normes et des valeurs sociales (ZAOUCHE GAUDRON, 2010). Le développement des capacités sociales va de paire avec le développement de la communication et du langage.

MARTINAUD (2000) a étudié l’influence du type d’accueil (accueil individuel versus collectif) et des lieux d’accueil (crèches, halte-garderies et assistantes maternelles) sur les compétences sociales de communication, les conduites imitatives et la nature des jeux entre enfants. Les principaux résultats montrent que l’expérience de la collectivité a une influence sur les comportements communicatifs et sociaux qualifiés de positifs (offrandes, imitations, sollicitations, jeux de groupe…).

Cependant, pour ZAOUCHE GAUDRON (2010), les enfants accueillis en structure parentale sont davantage intégrés dans le groupe de pairs que les enfants des crèches collectives. Elle précise notamment que « l’accueillante, en crèche collective, semble la moins satisfaite de l’intégration de l’enfant dans le groupe de pairs ». En effet, dans ces structures, les adultes semblent « suspendre » plus souvent leur interaction. Cela s’explique par la multitude d’activités d’éveil proposées (motrices, langagières, cognitives, culturelles…) qu’il faut mettre en place et « superviser ». L’adulte interagit alors avec un enfant en particulier au détriment des interactions multiples et notamment des interactions entre pairs.

Les enfants qui fréquentent les structures d’accueil collectif ont donc l’opportunité d’acquérir des savoir-faire sociaux, mais les conditions ne sont pas toujours optimales pour garantir le développement effectif de la communication et du langage, notamment avec les pairs.

D’après ANTHEUNIS et al (2004), les professionnels de la petite enfance peuvent prévenir ou minimiser les difficultés ultérieures de langage chez l’enfant en agissant sur les conditions environnementales d’émergence et de développement de celui-ci. Ces professionnels sont donc de véritables partenaires de prévention aux côtés des orthophonistes.

74 En dépit de ces pratiques de vie collective précoce, on note que ces dernières années, le souci grandissant du développement cognitif des enfants conduit les crèches à proposer un milieu favorisant surtout l’activité individuelle « supervisée » par l’adulte (BAUDIER et CELESTE, 2010). Les professionnels de crèche n’ont pas toujours conscience des compétences à encourager pour favoriser le développement langagier et communicationnel. Or, ce sont des partenaires à privilégier dans la prévention des troubles du langage.

L’information et la formation des équipes de crèche apparaît donc comme nécessaire et constitue un enjeu majeur de la prévention des développements déficitaires du langage et de la communication.

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PROBLEMATIQUE

C’est dans les interactions avec leur entourage que les jeunes enfants développent des compétences communicationnelles, d’abord non-verbales, puis verbales, nécessaires au développement du langage.

L’adulte, en tant qu’expert, a un rôle important de soutien dans ce développement. Grâce à des procédés d’étayage adaptés, il permet à l’enfant d’évoluer à son rythme en favorisant l’acquisition progressive de nouvelles habiletés.

Le développement de la communication et du langage nécessite des bases socio-affectives solides. Les études montrent que les expériences précoces avec des pairs semblent protéger les enfants contre les problèmes psychologiques, sociaux et affectifs ultérieurs.

Ainsi, bénéficier de relations positives avec de jeunes enfants contribuerait à prévenir les développements déficitaires du langage et de la communication.

Les structures collectives d’accueil de jeunes enfants, telles que les crèches, constituent un lieu privilégié pour l’établissement de relations sociales précoces avec de jeunes pairs. Les professionnels de ces structures ont un rôle nécessaire à jouer dans la mise en place et le maintien de tels comportements sociaux.

Or, l’environnement proposé ne permet pas toujours l’établissement de relations positives entre les enfants. On constate notamment la préférence des activités individuelles aux activités de groupe et l’instauration privilégiée de relations duelles entre l’accueillante et l’enfant.

Comment aider les accueillantes de crèche à proposer un étayage adapté afin d’influencer positivement les interactions entre les jeunes enfants et le développement de la communication ?

Pour répondre à cette problématique, nous émettons deux hypothèses :

76 interactions entre pairs.

Hypothèse 2 : Une action d’information permettrait aux professionnels de crèche d’utiliser un étayage adapté afin de favoriser les interactions et la communication entre les jeunes enfants.

Afin de vérifier ces hypothèses, nous allons tenter de mener une action auprès d’une population témoin, représentative d’une équipe de professionnelles de crèche. Dans un premier temps, nous proposons d’étudier l’influence des procédés d’étayage utilisés par l’accueillante sur la qualité des interactions au sein d’un groupe d’enfant. L’outil vidéo est un support à privilégier dans cette recherche.

Puis, au vu des résultats obtenus et des attentes de l’équipe, nous tenterons d’amener une réflexion commune sur l’importance du rôle de l’accueillante dans l’établissement des interactions entre jeunes pairs. La valorisation de leur pratique professionnelle permettra d’optimiser un environnement favorable au développement langagier de l’enfant.

Enfin, nous analyserons l’impact de cette action de promotion grâce à une analyse comparative des comportements avant et après l’action.

Nous espérons ainsi démontrer l’efficacité d’une action de promotion auprès de professionnels de crèche sur la qualité des interactions entre les jeunes enfants. Les résultats de notre action auprès d’une population témoin justifieront une possible généralisation de cette approche dans les structures d’accueil de jeunes enfants et renforceront la place de l'orthophoniste comme partenaire de prévention.

Notre travail s’inscrit à la fois dans la promotion de la santé par la reconnaissance et l’encouragement de comportements à privilégier chez l’adulte comme chez le jeune enfant, et dans le champ de la prévention primaire par la prévention des développements déficitaires du langage et de la communication.

Au terme de cette recherche, nous espérons apporter un axe de progrès dans la pratique professionnelle des accueillantes de crèche. Le développement harmonieux de l’enfant étant notre priorité à tous, l’établissement d’un partenariat dynamique entre professionnels de la petite enfance, notamment par des actions d’information et de promotion, contribuerait à la prévention des troubles du langage.

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