4.4 Probl` emes non standards
5.1.1 Courbes
Vari´et´es affines
SoientKun corps alg´ebriquement clos etIun id´eal deK[X
1, . . . , X
n]. On rappelle que lavari´et´e
affineassoci´ee `aI est l’ensemble
V(I) ={(x
1, . . . , x
n)∈K
n:f(x
1, . . . , x
n) = 0, ∀f ∈I}.
R´eciproquement, un sous-ensemble deK
nest une vari´et´e s’il peut s’´ecrire sous la formeV(I) pour un
certain id´ealI ⊂K[X
1, . . . , X
n]. La topologie de Zariski deK
nest celle pour laquelle ces ensembles
sont exactement les ferm´es. Il est possible que deux id´eaux diff´erents engendrent la mˆeme vari´et´e ;
cependant si l’on se restreint aux id´eaux radicaux(i.e. tels que f
n∈I ⇒f ∈I), le Nullstellensatz
de Hilbert montre que la correspondance entre l’ensemble des vari´et´es affines de K
net l’ensemble
des id´eaux radicaux deK[X
1, . . . , X
n] est une bijection. On noteI(V) l’id´eal radical correspondant
`
a une vari´et´e V.
Un espace topologiqueEest ditirr´eductiblesi pour tous ferm´esF
1, F
2deEtels queE=F
1∪F
2,
on a E =F
1ou E = F
2(i.e. E n’est pas la r´eunion de deux sous-ensembles ferm´es stricts). Une
vari´et´e affine est alors irr´eductible pour la topologie de Zariski si et seulement si elle est de la forme
V(I) o`u I est un id´eal premier. En pratique, toute vari´et´e alg´ebrique admet une d´ecomposition
finie en composantes irr´eductibles V = ∪
iV
i(unique `a permutation des facteurs pr`es) telle que
V
i*V
jpour tout i6=j. On d´efinit alors la dimensionde V comme le maximum des entiersdtels
qu’il existe une suite Z
0⊂Z
1⊂ · · · ⊂Z
dde ferm´es distincts irr´eductibles de V ; en particulier, la
dimension de V est ´egale au maximum des dimensions de ses composantes irr´eductibles. On peut
montrer que cette notion co¨ıncide avec la dimension de l’id´ealI telle que d´efinie au chapitre 1.
Soit k un corps dont la clˆoture alg´ebrique est K. Un id´eal I de K[X
1, . . . , X
n] est dit d´efini
sur k s’il admet un syst`eme de g´en´erateurs dans k[X
1, . . . , X
n]. Similairement, une vari´et´e V est
d´efinie sur k, et on note V
|k, si I(V) est d´efini sur k. L’ensemble V(k) des points k-rationnels
de V est alors par d´efinition l’intersection V ∩k
n. Si f
1, . . . , f
m∈ k[X
1, . . . , X
n] est un syst`eme
de g´en´erateurs de I d´efinis sur k, une autre caract´erisation de l’ensemble des points k-rationnels
de V = V(I) est V(k) = {(x
1, . . . , x
n) ∈ k
n: f
1(x
1, . . . , x
n) = · · · = f
m(x
1, . . . , x
n) = 0}. Soit
Gal(K/k) le groupe de Galois absolu dek; il agit naturellement surK[X
1, . . . , X
n] via l’action sur
les coefficients des polynˆomes, ainsi que sur l’espace affineK
ncoordonn´ees par coordonn´ees, et on a
σ(f(P)) =f
σ(σ(P)) pour toutf ∈K[X
1, . . . , X
n] et toutP ∈K
n. SiV est d´efinie surk, alorsI(V)
et V sont laiss´es globalement invariants par ces actions et on a V(k) = {P ∈V :σ(P) =P,∀σ ∈
Gal(K/k)}. On remarque finalement qu’une vari´et´e V d´efinie surk est en particulier d´efinie surL
pour tout corpsk⊂L⊂K, ce qui permet de consid´erer l’ensembleV(L) de ses pointsL-rationnels
pour toute extension alg´ebriqueL de k.
Si V est une vari´et´e affine d´efinie surk, sonanneau de coordonn´ees affinesest le quotient
k[V] =k[X
1, . . . , X
n]/(I(V)∩k[X
1, . . . , X
n]).
Quand V est irr´eductible, cet anneau est int`egre et son corps de fraction, not´e k(V), est appel´e
corps de fonctionsde V; son degr´e de transcendance sur kest ´egal `a la dimension deV. Ici encore,
Gal(K/k) agit naturellement surK[V], resp.K(V), et l’ensemble des ´el´ements laiss´es fixes estk[V],
resp.k(V). `A tout ´el´ement dek[V] correspond une application deV(k)→kdonn´ee par l’´evaluation
en un point de V(k). Il n’y a pas d’´equivalent pour k(V) : tout ´el´ement f ∈ k(V) correspond `a
une fonction `a valeurs danskd´efinie seulement sur un ouvert dense de Zariski deV(k), en g´en´eral
diff´erent deV(k) lui-mˆeme. Les points en dehors du domaine de d´efinition correspondent soit `a des
pˆoles de f, soit `a des points d’ind´etermination (de la forme 0/0).
SoitP un point deV. On note M
P={f ∈K[V] :f(P) = 0}, c’est un id´eal maximal deK[V].
L’anneau localK[V]
Pde V en P est le localis´e deK[V] en M
p; siV est irr´eductible, il s’identifie `a
un sous-anneau du corps de fonctions, i.e.
K[V]
P={f ∈K(V) :∃g, h∈K[V], f =g/heth(P)6= 0}.
Une fonctionf estr´eguli`ere en P si elle appartient `a l’anneau local enP et dans ce cas l’´evaluation
def enP a un sens. On d´efinitl’espace cotangent`aV enP comme leK-espace vectorielM
P/M
2P
; si
V est irr´eductible, une d´efinition ´equivalente de l’espace cotangent est comme le quotientm
P/m
2P,
o`u m
Pest l’id´eal maximal deK[V]
P. On dit queV estlisseau pointP si la dimension de l’espace
cotangent enP est ´egale `a la dimension de V, et queV est lisse si elle l’est en chacun de ses points.
Vari´et´es projectives
SoitI un id´eal homog`ene de K[X
0, . . . , X
n]. La vari´et´e projectiveassoci´ee `aI est l’ensemble
V(I) ={[x
0:. . .:x
n]∈P
n(K) :f(x
0, . . . , x
n) = 0, ∀f ∈I, f homog`ene}.
Comme dans le cas affine, l’ensemble des vari´et´es projectives forme les ferm´es de la topologie de
Zariski de P
n, et on a une correspondance bijective entre les id´eaux homog`enes radicaux et les
vari´et´es projectives deP
n. On dit aussi qu’un id´eal homog`ene est d´efini sur ks’il est engendr´e par
des polynˆomes homog`enes dek[X
0, . . . , X
n], et qu’une vari´et´e projective est d´efinie surk si l’id´eal
associ´e est d´efini sur k; l’ensemble de ses pointsk-rationnels est encore
V(k) =V ∩P
n(k) ={P ∈V :∀σ∈Gal(K/k), σ(P) =P}.
L’irr´educibilit´e et la dimension se d´efinissent similairement au cas affine.
Soit H un hyperplan de P
n. Son compl´ementaireU
Ha une structure naturelle d’espace affine
A
n' K
n, pour lequel H joue le rˆole d’hyperplan `a l’infini. On peut alors faire le lien entre les
notions de vari´et´e affine et projective : en particulier, si V est une vari´et´e projective alors V ∩U
Hest une vari´et´e affine, et r´eciproquement siV
0est une vari´et´e affine de U
Halors son adh´erence V
0dansP
nest une vari´et´e projective telle queV
0∩U
H=V
0. SiHest donn´e par une ´equationX
i= 0,
on note alorsU
ilacarte affinecorrespondante, et pour toute vari´et´e projectiveV, l’id´ealI(V ∩U
i)
s’obtient `a partir de l’id´eal homog`eneI(V) en d´eshomog´en´eisant par rapport `a X
i:
I(V ∩U
i) ={f(X
0, . . . , X
i−1,1, X
i+1, . . . , X
n)∈K[X
0, . . . , X
i−1, X
i+1, . . . , X
n] :f ∈I(V)}.
R´eciproquement, si V
0est une vari´et´e affine deU
i, alorsI(V
0) est obtenu en homog´en´eisant I(V
0)
(cf section 1.1.4). Par ailleurs, si V (resp. V
0) est d´efinie sur k alors V ∩U
i(resp. V
0) est d´efinie
sur k.
Soit V une vari´et´e projective, on dit que V est lisse au point P s’il existe une carte affine U
Hcontenant le point P telle que V ∩U
Hest lisse au point P. Si V est irr´eductible (i.e. si I(V) est
premier), alors pour toute carte affine U
H, la vari´et´e affine V ∩U
Hest irr´eductible et on a soit
V ∩U
H=∅, soit V ∩U
H= V. On d´efinit alors le corps de fonctions k(V) de V comme ´etant le
corps de fonctions de V ∩U
ipour tout choix de U
itel queV ∩U
i6=∅. Une autre caract´erisation
de k(V) est donn´ee par
k(V) ={f /g∈k(X
0, . . . , X
n) :g /∈I(V), f etg homog`enes de mˆeme degr´e}/∼,
o`u f /g ∼ f
0/g
0si f g
0−f
0g ∈ I(V). Similairement, l’anneau local de V en P est d´efini comme
l’anneau local en P de V ∩U
ipour toute carte U
icontenant P.
Morphismes
Soient V
1⊂P
metV
2⊂P
ndeux vari´et´es projectives irr´eductibles. Une application rationnelle
de V
1dansV
2est une fonctionφd’un ouvert dense U ⊂V
1dansV
2qui est localement donn´ee par
des fractions rationnelles : pour tout point P
0∈ U, il existe un ouvert U
0⊂ U contenant P
0et
des fonctions f
0, . . . , f
n∈K(V
1) r´eguli`eres sur U
0tels queφ(P) = [f
0(P) : . . .: f
n(P)] pour tout
P ∈ U
0. On demande de plus que le domaine de d´efinition U soit maximal pour cette propri´et´e.
Une application rationnelle estr´eguli`ereen un pointP siP appartient `a son domaine de d´efinition,
et est appel´eemorphismesi elle est r´eguli`ere en tout point deV
1. SiV
1etV
2sont d´efinies surk, le
groupe de Galois Gal(K/k) agit sur les applications rationnelles de V
1dansV
2de fa¸con naturelle
parφ
σ(P) = [f
0σ(P) :. . .:f
nσ(P)]. Une application rationnelle ou un morphismeφest d´efinie sur k
siφ
σ=φpour toutσ∈Gal(K/k) (ou de fa¸con ´equivalente, si l’on peut choisirf
0, . . . , f
n∈k(V
1)).
Si φ : V
1→ V
2et φ
0: V
2→ V
3sont deux applications rationnelles, il n’est pas forc´ement
possible de les composer car l’image de φ peut ne pas rencontrer le domaine de d´efinition de φ
0.
Pour garantir l’existence de la composition, on demande que φ(V
1) soit dense dans V
2: une telle
application rationnelle est appel´ee dominante. Si φ d´efinie sur k est dominante et f ∈ k(V
2), le
tir´e en arri`ere φ
∗(f) =f ◦φ est dans k(V
1). L’applicationφ
∗induit alors une extension de corps
k(V
2)→k(V
1) fixantk; le degr´e de cette extension [k(V
1) :φ
∗(k(V
2))] est appel´edegr´e de φ.
Enfin, une application rationnelle dominante φ : V
1→ V
2est birationnelle si elle admet un
inverse, i.e. une application rationnelle ψ:V
2→V
1telle queφ◦ψetψ◦φsoient l’identit´e sur des
ouverts denses. On dit alors que V
1et V
2sont birationnellement ´equivalentes; en particulier leurs
corps de fonctions sont isomorphes (cette condition est en fait suffisante, voir ci-dessous pour le cas
des courbes).
Courbes
Une courbe est une vari´et´e (affine ou projective) irr´eductible de dimension 1. La propri´et´e
principale d’une courbe C est que pour tout pointP lisse deC, l’anneau local enP est unanneau
de valuation discr`ete. Si f ∈K(C) est r´eguli`ere en P, on d´efinit son ordre d’annulation (ou juste
ordre) enP comme ´etant le plus grand entierv= ord
P(f) tel quef ∈m
vP. Sinon 1/f est r´eguli`ere
en P et on pose ord
P(f) =−ord
P(1/f) ; on dit alors quef a un pˆole d’ordre ord
P(1/f) en P. On
appelle uniformisante en P toute fonctiont∈K(C) telle que ord
P(t) = 1. Une autre cons´equence
est qu’une application rationnelle φ:C →V o`u V est une vari´et´e projective, est r´eguli`ere en tout
point lisse de C; en particulier, si C est lisse, alors toute application rationnelle de C dans une
vari´et´e projectiveV est en fait un morphisme.
Soient C
1et C
2deux courbes projectives d´efinies sur k, et φ : C
1→ C
2d´efinie sur k; on
peut montrer queφest soit constante soit surjective. Dans le second cas, on a vu queφinduit une
extension de corpsk(C
1)/φ
∗(k(C
2)) fixantk: cette extension est n´ecessairement alg´ebrique (puisque
le degr´e de transcendance des deux corps est 1) de degr´e fini. R´eciproquement, si l’on se donne une
injection ı :k(C
2)→ k(C
1) fixant k, il existe une unique application rationnelle φd´efinie sur k de
C
1vers C
2telle que φ
∗=ı.
On a ainsi une correspondance ´etroite entre les courbes et leurs corps de fonctions, que l’on va
pr´eciser. Un corpsF est appel´e corps de fonctionssurk, et on noteF/k, siF est une extension de
degr´e de transcendance 1 dek. Le corps des constantes deF est ´egal `aF ∩K (o`u Kest la clˆoture
alg´ebrique de k). En particulier, le corps de fonctions k(C) d’une courbe C d´efinie sur k est bien
un corps de fonctions au sens pr´ec´edent, de corps de constantesk; on peut montrer que tout corps
de fonctions F/k de corps de constantes k s’obtient ainsi pour une courbe unique `a application
birationnelle pr`es. Comme par ailleurs toute courbe est birationnellement ´equivalente `a une courbe
lisse, on obtient une ´equivalence (contravariante) de cat´egories :
Courbes lisses d´efinies sur k
Morphismes non constants
d´efinis surk
−→
Corps de fonctions F/k
de corps de constantesk
Extensions de corps fixant k
Dans le document
Attaques algébriques du problème du logarithme discret sur courbes elliptiques
(Page 101-104)