7.3 Contributions
7.3.2 Analyse et comparaison avec la m´ ethode de Gaudry et Diem
100e
21+ 32e
1e
2+ 55e
1+e
22+ 17e
2+ 81 = 0
29e
21+ 34e
1e
2+ 71e
1+ 83e
2+ 16 = 0
59e
21+ 27e
1e
2+ 31e
1+ 48e
2+ 32 = 0.
Ce syst`eme n’ayant pas de solution, le point R (comme la plupart des points de la courbe) n’est pas
d´ecomposable.
Lorsqu’on essaye de d´ecomposer un autre multiple al´eatoire R = [580657]P = (16t
2+ 94t+
21,80t
2+ 34t+ 41), on obtient l’´equation suivante
(61t
2+78t+59)e
21+(69t
2+14t+59)e
1e
2+(40t
2+20t+57)e
1+e
22+(40t
2+89t+80)e
2+12t
2+11t+77 = 0
qui produit le syst`eme
59e
2 1+ 59e
1e
2+ 57e
1+e
2 2+ 80e
2+ 77 = 0
78e
21+ 14e
1e
2+ 20e
1+ 89e
2+ 11 = 0
61e
21+ 69e
1e
2+ 40e
1+ 40e
2+ 12 = 0.
Cette fois, on trouve que le syst`eme a une unique solution (e
1, e
2) = (69,75). Pour d´eterminer la
d´ecomposition on consid`ere le trinˆome du second degr´eX
2−69X+75, qui admet pour solutions6et
63∈F
101correspondant respectivement aux pointsP
1= (6,77t
2+93t+35)etP
2= (63, t
2+66t+2)∈
F ∪ −F. En testant les 4 choix possibles de signes, on trouve alors que R = P
1+P
2. Comme
#(F ∪ −F) = 108, il reste encore54 relations de cette forme `a trouver avant de compl´eter la phase
de recherche de relations.
7.3.2 Analyse et comparaison avec la m´ethode de Gaudry et Diem
Pour pouvoir estimer la complexit´e de la varianten−1, il faut donner une borne sur la probabilit´e
qu’un point al´eatoire se d´ecompose en une somme den−1 points de F et d´eterminer le coˆut de la
r´esolution du syst`eme polynomial correspondant.
Dans la suite, on suppose v´erifi´ee l’hypoth`ese suivante :
Hypoth`ese 7.3.2. Le nombre de points de E(F
qn) admettant une d´ecomposition en somme de
n−1 points de la base de factorisation F est en Ω(q
n−1/(n−1)!).
Soit la courbe C = {P ∈ E(F
qn) : P = (x
P, y
P), x
P∈ F
q} ∪ {O
E} d´ej`a introduite
pr´ec´edemment. Comme la cardinalit´e du quotient C
(n−1)= C
n−1/S
n−1est approximativement
q
n−1/(n−1)!, cette hypoth`ese signifie que la plupart des points deE ont pour pr´eimages par
l’appli-cation sommeς :C
(n−1)→E(F
qn),(P
1, . . . , P
n−1)7→P
P
i, un nombre fini, born´e ind´ependamment
de netq, de (n−1)-uplets non ordonn´es deC
(n−1).
En fait, on peut montrer de fa¸con plus pr´ecise que cette hypoth`ese est simplement un corollaire
de la conjecture suivante, `a condition que la cardinalit´e de F reste bien en Ω(q) (on a vu que ceci
est toujours vrai, du moment que l’´equation de la courbe de E satisfait la condition 7.2.2 et que
n≤clog
2q o`u c <1/2, voir section 7.2.2).
Conjecture.Soient C
(n−1)=C
n−1/S
n−1le (n−1)-i`eme produit sym´etrique deC, et W
Fqn/Fq(E)
la restriction de Weil de E relativement `a l’extension F
qn/F
q. Soit ς : (P
1, . . . , P
n−1) 7→ P
i
P
ile
morphisme de sommation deC
(n−1)→W
Fqn/Fq(E), d´efini sur F
q. Alors
1. l’application ς est un morphisme de degr´e 1 deC
(n−1)dans ς(C
(n−1))
2. la fibre ς
−1(R) d’un point R∈ς(C
(n−1)) a une dimension positive si et seulement si il existe
des points P
1, . . . , P
n−3∈ C tels que R=ς(P
1, . . . , P
n−3,O
E,O
E).
On note que commeC
(n−1)est une vari´et´e projective, son image par le morphismeς est ferm´ee
dans W
Fqn/Fq(E). Le premier point de cette conjecture a ´et´e v´erifi´e formellement pour n= 3 avec
le logiciel Magma, et a toujours ´et´e satisfait dans les exemples pour les autres degr´es d’extension
consid´er´es. En pratique, pour tester si cette propri´et´e est v´erifi´ee pour une courbe donn´ee, il est
suffisant de trouver un pointR∈ς(C
(n−1)) tel que la fibreς
−1(R) est une vari´et´e z´ero-dimensionnelle
de degr´e 1. Le deuxi`eme point est plus d´elicat `a v´erifier. Il est clair que si le pointRest de la forme
R = ς(P
1, . . . , P
n−3,O
E,O
E), autrement dit tel que R = P
n−3i=1
P
i, alors la fibre correspondante
ς
−1(R) est de dimension au moins 1 : elle contient en effet tout les (n−1)-uplets de la forme
(P
1, . . . , P
n−3, Q,−Q). La r´eciproque est plus compliqu´ee, mais a ´et´e v´erifi´ee exp´erimentalement
par recherche exhaustive pour des petites courbes lorsque n= 5. Il est n´eanmoins raisonnable de
penser que, mˆeme si ce n’´etait pas le cas pour toutes les courbes elliptiques, une grande proportion
d’entre elles vont satisfaire cette conjecture (probablement `a un changement d’´equation pr`es). Dans
tous les cas, sous l’hypoth`ese 7.3.2, le nombre de tests de d´ecompositions `a faire en moyenne avant
d’obtenir une relation est en O((n−1)!q
2).
Comme expliqu´e pr´ec´edemment, le coˆut d’un test de d´ecomposition, not´e ˜c(n, q), se ram`ene au
coˆut de la r´esolution d’un syst`eme surd´etermin´e de degr´e total 2
n−2compos´e de n ´equations et
(n−1) variables. La complexit´e de la phase de recherche de relations est donc en
O((n−1)! ˜c(n, q)q
2).
Pour donner une borne sup´erieure effective de ˜c(n, q), on fait une analyse similaire `a celle donn´ee
dans la section 7.2.2. G´en´eriquement, i.e. lorsque le point R que l’on d´ecompose n’est pas dans
l’image par ς de C
(n−1), le syst`eme surd´etermin´e correspondant n’admet pas de solution. La base
de Gr¨obner de l’id´eal associ´ee est alors{1}pour n’importe quel ordre, y compris grevlex. Dans les
autres cas, i.e. lorsqu’une d´ecomposition existe, le syst`eme admet g´en´eralement un petit nombre
de points, voir exactement un point si la conjecture pr´ec´edente est correcte. L’id´eal
correspon-dant est alors maximal et sa base de Gr¨obner contient seulement des polynˆomes lin´eaires ; trouver
les solutions correspondantes est donc imm´ediat. On note toutefois que mˆeme si l’id´eal est z´
ero-dimensionnel de degr´e strictement plus grand que 1, on s’attend `a ce que ce degr´e reste suffisamment
petit et donc que la r´esolution puisse encore se faire ais´ement. Exceptionnellement, la dimension de
la fibre est sup´erieure `a 1 (ce qui peut se voir ais´ement sur la base de Gr¨obner pour l’ordre grevlex,
voir section 1.1.5) ; il est bien sˆur toujours possible de d´eduire de ces points des relations utiles,
mais le plus simple est encore de ne pas comptabiliser ces rares d´ecompositions.
Remarque 7.3.3. On note que cette situation est en fort contraste avec celle de l’algorithme de
Gaudry et Diem, o`u le degr´e de l’id´eal est g´en´eriquement ´egal `a la borne de B´ezout 2
n(n−1). Ceci
signifie que l’ensemble des solutions contient g´en´eriquement 2
n(n−1), mais que la plupart d’entre
elles sont dans la clˆoture alg´ebrique de F
q, vu que la probabilit´e de trouver une d´ecomposition est
seulement en 1/n!. Dans leur approche, le calcul d’une base de Gr¨obner pour l’ordre grevlex n’est
donc pas suffisant pour r´esoudre le syst`eme et l’algorithme FGLM devient n´ecessaire ; le degr´e
doublement exponentiel en n de l’id´eal devient alors particuli`erement bloquant.
Pour obtenir une borne sup´erieure sur la complexit´e du calcul de la base de Gr¨obner pour l’ordre
grevlex du syst`eme (7.9), on fait l’hypoth`ese suivante
Hypoth`ese 7.3.4. Le degr´e maximal des polynˆomes qui apparaˆıt durant le calcul de la base de
Gr¨obner pour l’ordre grevlex du syst`eme (7.9)ϕ
0, . . . , ϕ
n−1est plus petit que la borne de Macaulay
d=P
n−1i=0
(degϕ
i−1) + 1.
Cette hypoth`ese est en particulier v´erifi´ee d`es que le syst`eme est semi-r´egulier (cas g´en´erique,
cf. section 2.4.3), et a ´et´e satisfaite pour tous les syst`emes test´es en pratique.
Sachant que lesϕ
isont tous de degr´e 2
n−2enn−1 variables, on obtient qued=n2
n−1−n+ 1.
Pour estimer le coˆut du calcul de la base de Gr¨obner, on peut alors comme pr´ec´edemment faire
appel aux r´esultats de la section 3.2.6 o`u l’on majore le coˆut du calcul par celui de la r´eduction de la
matrice de Macaulay jusqu’au degr´ed. La taille de cette matrice est au plus le nombre de monˆomes
en n−1 variables de degr´e inf´erieur ou ´egal `a d, soit
nn2n−−12. On obtient avec des techniques de
r´eduction rapide la borne sup´erieure suivante :
˜
c(n, q) = ˜O
n2
n−2n−1
ω, (7.10)
o`u ω ≤ 3 est l’exposant de complexit´e effective de multiplication matricielle d´ej`a introduit en
section 2.2.2 (en pratique, ω = log
2(7) lorsque l’on utilise la multiplication de Strassen [Str69]).
Comme le nombre d’essais de d´ecompositions `a faire est de l’ordre de (n−1)!q
2, la complexit´e de
la phase de recherche de relations est donc en
˜
O
(n−1)!
2
(n−1)(n−2)e
nn
−1/2 ωq
2.
La complexit´e de l’´etape d’alg`ebre lin´eaire est toujours en ˜O(nq
2), donc n´egligeable par rapport `a
celle de l’´etape pr´ec´edente. Ceci implique le r´esultat suivant :
Th´eor`eme 7.3.5. Soit E une courbe elliptique d´efinie sur F
qnet G un sous-groupe du groupe
des points rationnels de la courbe. Lorsque les hypoth`eses 7.3.2 et 7.3.4 sont v´erifi´ees, il existe un
algorithme permettant de r´esoudre le DLP d´efini sur G avec une complexit´e en
˜
O
(n−1)!
2
(n−1)(n−2)e
nn
−1/2 ωq
2. (7.11)
Il est clair qu’`a cause de ce facteur en q
2dans la complexit´e, les m´ethodes g´en´eriques telles que
Pollard-rho vont rester plus rapides que la varianten−1 lorsquen≤4. En revanche, pour n >4 il
existe une importante plage de valeurs deq pour lesquelles la varianten−1 est la plus efficace. En
effet, avec l’estim´ee (7.11) on peut d´ej`a voir qu’il existe une constantecpour laquelle cette variante
est asymptotiquement plus rapide que les m´ethodes g´en´eriques d`es que 5 ≤ n ≤ clog
2q. Plus
pr´ecis´ement, on peut voir que la varianten−1 est asymptotiquement plus rapide que l’algorithme de
Pollard lorsquen≤
21ω−log
2q. De mˆeme, avec l’analyse de complexit´e faite en 7.2.2, on voit que
la varianten−1 est plus rapide que l’approche de Gaudry et Diem d`es quen≥
3r
2
3−ω
+log
2q.
On note n´eanmoins que ces comparaisons n’ont de sens que du point de vue asymptotique (la
variante n−1 n’´etant pas pertinente lorsque n≤4).
Remarque 7.3.6.
La borne sup´erieure dec(n, q)˜ donn´ee en (7.10) (et donc l’estim´ee du th´eor`eme 7.3.5) est pratique
mais reste tr`es large (de fait, obtenir des bornes pr´ecises pour le coˆut du calcul de bases de Gr¨obner
est encore un probl`eme ouvert). En effet, et comme d´ej`a remarqu´e, on ne prend pas en compte le
fait que la matrice de Macaulay est une matrice creuse et fortement structur´ee. On constate ce
manque de pr´ecision en pratique. Par exemple pourn= 5, l’estimation (7.10) pr´edit de l’ordre de
10
14multiplications dans F
qpour faire le calcul de la base de Gr¨obner, alors que le calcul r´eel avec
F4 ne requiert que 10
10multiplications (et3 fois moins avec la variante F4Remake).
log
2q
n
1 2 3 4 5 6
Dans le document
Attaques algébriques du problème du logarithme discret sur courbes elliptiques
(Page 155-158)