6.2 Technique GHS
6.2.2 Caract´ eristique 2
/Jac
C0(F
qd)
TrF qd/Fq//Jac
C0(F
q)
Jac
H(F
qn)
π∗O
O
TrF qn /Fqd/
/Jac
H(F
qd)
π∗O
O
Dans le cas contraire, le noyau de l’application de transfert ne comprend que des ´el´ements
d’ordre une puissance de 2, et donc ne peut pas contenir un sous-groupe d’ordre premier grand.
Proposition 6.2.3 ([Die03, Hes04]). On suppose que m = m et que σ se prolonge en un
auto-morphisme d’ordre n de F
0. Si pour tout 1≤ i≤n−1, σ
i(F
qn(H)) 6=F
qn(H), alors le noyau de
l’application conorme-norme est inclus dans Jac
Fqn(H)[2
m−1].
Il est `a noter toutefois que mˆeme si H est d´efinie sur un sous-corps, il est possible de faire
fonctionner l’attaque GHS en choisissant pourHune ´equation `a coefficients dans F
qnet non dans
un sous-corps.
6.2.2 Caract´eristique 2
On commence par donner un encadrement des valeurs possibles du genre de la courbeC
0obtenue
par l’attaque GHS, montrant que ce genre est n´ecessairement exponentiel en le “nombre magique”
m :
Proposition 6.2.4 ([Hes03, Th. 2]). On suppose que m ≥ 2 et que F
0admet pour corps de
constantesF
qn. Alors
2
m−2g(H) + 1≤g(F
0)≤n(2
m−1)g(H).
Afin d’estimer plus pr´ecis´ement le genre de la courbe C
0obtenue, on va expliciterm (resp.m).
On utilise `a cet effet la th´eorie des extensions d’Artin-Schreier. Quitte `a faire le changement de
variables y7→y/h
0(x) dans (6.1), on se ram`ene `a une ´equation pourHde la formey
2+y=h(x),
o`u h∈F
qn(x).
On note ℘:f 7→f
2+f l’op´erateur d’Artin-Schreier agissant sur le corps de fonctionsF
qn(x),
resp. F
q(x), et on consid`ere le F
2-espace vectoriel d´efini par P = F
qn(x)/℘(F
qn(x)) obtenu en
quotientant le corps des fonctions rationnelles par l’image de ℘, resp. P = F
q(x)/℘(F
q(x)). La
th´eorie d’Artin-Schreier permet de montrer (voir [GHS02b, Lemme 6]) que m est la dimension du
F
2-sous-espace vectorielU ⊂ P engendr´e par les classes dansP deh, h
σ, . . . , h
σn−1, resp.mest celle
du sous-espace U ⊂ P correspondant. De plus, il existe une correspondance entre les extensions
interm´ediairesF
qn(x)⊂H ⊂F
0avec [H:F
qn(x)] = 2
det lesF
2-sous-espaces vectorielsU
0deU de
dimensiond, donn´ee parH =F
qn(x)(℘
−1(V
0)) o`u V
0est un ensemble de repr´esentants deU
0dans
F
qn(x).
Le F
2-espace vectoriel P, resp. P, poss`ede une structure suppl´ementaire de F
2[t]-module, o`u
l’action d’un polynˆome de F
2[t] sur un ´el´ement de P, resp. P, provient de l’action sur F
qn(x)
donn´ee par (P
a
it
i)·f(x) =P
a
if
σi(x). Il est alors naturel de s’int´eresser `a l’id´eal
I
h={P ∈F
2[t] :P·h(x)∈℘(F
qn(x))}.
Le polynˆome minimalM
hde cet id´eal est de degr´e exactementmet v´erifieM
h|(t
n+ 1) ; de plus, on
a un isomorphisme entreU etF
2[t]/hM
hi. Similairement, on trouve quemest le degr´e du polynˆome
M
hminimal tel que P ·h(x)∈℘(F
q(x)), etM
hdivise n´ecessairementM
h.
Proposition 6.2.5 ([GS91]). Sous l’hypoth`ese que F
0admet pour corps de constantesF
qn, on a
g(F
0) =
2m−1
X
i=1
g(F
i),
o`u les F
isont les corps interm´ediaires F
qn(x)⊂F
i⊂F
0tels que [F
i:F
qn(x)] = 2.
Par la th´eorie d’Artin-Schreier, les F
isont en correspondance avec les ´el´ements non nuls de
U 'F
2[t]/hM
hi, et sont tous de la formeF
qn(x, z) o`uz
2+z=P·hetP ∈F
2[t]/hM
hi. Connaissant
h etm, on peut alors en d´eduire le genre de F
0.
Le fait queM
hdiviset
n+1 limite les valeurs possibles dem, et permet dans certains cas d’obtenir
une borne inf´erieure sur le genre deF
0ne d´ependant que den. Par exemple, pournpremier impair,
en introduisant la d´ecomposition en facteurs irr´eductiblesQ
i
Φ
n,idun-i`eme polynˆome cyclotomique
Φ
n, on a
t
n+ 1 = (t+ 1)Φ
n(t) = (t+ 1)Y
iΦ
n,i(t).
Soit d
n,ile degr´e de Φ
n,i. Siζ est une racine de Φ
n,i, elle engendre le corps F
2dn,isurF
2etd
n,iest
donc le plus petit entier d tel que σ
2d(ζ) = ζ
2d=ζ. Comme ζ est une racine primitive n-i`eme de
l’unit´e, on a ζ
2d=ζ si et seulement si 2
d= 1 modn; on obtient ainsi que le degr´e de chacun des
Φ
n,iest l’ordre de 2 dans (Z/nZ)
∗, not´e ϕ
2(n). Si Hn’est pas d´efinie sur F
q, ceci implique que m
est de la forme kϕ
2(n) ou kϕ
2(n) + 1, avec k ∈N
∗. Or les valeurs de n pour lesquelles ϕ
2(n) est
petit sont relativement rares (tels les nombres de Mersenne ou les nombres de Fermat qui donnent
la valeur quasi-optimale pour m). En particulier, il n’y a qu’un nombre restreint de valeurs de n
pour lesquelles l’attaque GHS peut ˆetre efficace.
Il reste enfin `a d´eterminer l’´equation de C
0, autrement dit ˜y tel que F =F
q(x,y). Ceci impose˜
que F
0= F
qn(x, y
0, . . . , y
m−1) =F
qn(x,y) et donc que le polynˆ˜ ome minimal de ˜y sur F
qn(x) (qui
est aussi le polynˆome minimal de ˜ysurF
q(x)) soit de degr´e 2
m. Une possibilit´e est de prendre alors
pour ˜y :
˜
y=
n−1X
i=0σ
i(θ)y
i, avec{θ, σ(θ), . . . , σ
n−1(θ)}base normale deF
qn.
On v´erifie alors sans difficult´e queσ(˜y) = ˜y(donc ˜y∈F). De plus #{τ(˜y) :τ ∈Gal(F
0/F
qn(x))}=
2
m= #Gal(F
0/F
qn(x)) ; en effetτ(˜y) =P
n−1i=0
σ
i(θ)τ(y
i) = ˜y+P
n−1i=0
σ
i(θ)(τ(y
i)+y
i) o`uτ(y
i)+y
i∈
F
2, et τ(˜y) = ˜y si et seulement si τ(y
i) = y
ipour tout i, i.e. si et seulement si τ = Id. Le
polynˆome minimal de ˜y sur F
qn(x) est ainsi ´egal `a Q
τ∈
Gal
(F0/Fqn(x))(T −τ(˜y)), de degr´e 2
m, et
fournit une ´equation de la courbe C
0d´efinie sur F
q. Pour trouver l’application de recouvrement
π : C
0(F
qn) → E(F
qn), il faut exprimer y = y
0en fonction de ˜y; cela peut se faire en calculant
la base de Gr¨obner pour un ordre d’´elimination de l’id´eal de F
qn(x)[y
0, . . . , y
n,y] contenant les˜
´
Cas des courbes elliptiques
Soit E une courbe elliptique ordinaire d´efinie sur F
qn(o`u q = 2
d), d’´equation y
2+xy =
x
3+ax
2+b. En rempla¸cant y par yx+√b puis en divisant parx
2, on obtient une ´equation de la
forme Artin-Schreiery
2+y =x+a+√b/x. Une forme plus g´en´erale est obtenue par un changement
de variablex7→λx,λ∈F
qn, on a alors
E: y
2+y=h(x) o`u h(x) =βx+α+γ/x. (6.3)
Un argument simple sur le degr´e montre que si P ∈F
2[t] est tel queP·h=℘(f) pour un certain
f ∈F
qn(x) ouF
q(x), alors n´ecessairementP·β=P·γ = 0. R´eciproquement, si P·β =P ·γ = 0,
alorsP·h=P·α∈℘(F
q(x)) carP·α∈F
qn⊂℘(F
q). On introduit alors les polynˆomes minimaux
M
γet M
βdes id´eaux {P : P ·γ = 0} et {P : P ·β = 0} de F
2[t] ; on vient de montrer que
M
h=ppcm(M
β, M
γ). Pour d´eterminerM
h, on note que si Tr
Fqn/F2(α) = 0, alors P·αest toujours
dans℘(F
qn) ; si Tr
Fqn/F2(α) = 1, alorsP ·α∈℘(F
qn) si et seulement si (t+ 1)|P. Par cons´equent,
M
h=
(
ppcm(M
β, M
γ) si Tr
Fqn/F2(α) = 0,
ppcm(M
β, M
γ, t+ 1) sinon.
En particulier, on am=msi et seulement si Tr
Fqn/F2(α) = 0 ou (t+ 1)|M
h. Sinest impair, ceci
peut se reformuler en
m=m⇔Tr
Fqn/F2(α) = 0 ou Tr
Fqn/Fq(β)6= 0 ou Tr
Fqn/Fq(γ)6= 0.
Dans la suite, on suppose que m = m. Pour calculer le genre, on applique la Proposition 6.2.5.
Chacun des corpsF
iapparaissant dans la formule a une ´equation de la forme z
2+z= (P
i·β)x+
P
i·α+ (P
i·γ)/xo`u P
iest de degr´e inf´erieur `a celui M
h. Le genre deF
ivaut 1 sauf si P
i·β = 0
ou P
i·γ = 0, i.e. siM
β|P
iou M
γ|P
i(commeM
h=M
h=ppcm(M
β, M
γ), on ne peut pas avoir les
deux conditions simultan´ement). On trouve alors que le genre de F
0est
g(F
0) = 2
m−1−(2
m−degMβ−1 + 2
m−degMγ−1) = 2
m−2
m−degMβ−2
m−degMγ+ 1. (6.4)
Lorsqueγ ∈F
qouβ ∈F
q, il est facile de d´emontrer queC
0est un recouvrement hyperelliptique.
Supposons par exemple que γ ∈F
q(le raisonnement est identique lorsque β ∈ F
q). CommeF
0=
F
qn(x, y
0, . . . , y
m−1) o`u les fonctions y
iv´erifient les ´equations suivantes
y
02+y
0=βx+α+γ/x
..
.
y
m2−1+y
m−1=σ
m−1(β)x+σ
m−1(α) +γ/x,
en posant z
i=y
i+y
0, on obtient le syst`eme d’´equations ´equivalent
y
02+y
0=βx+α+γ/x
z
12+z
1= (β+σ(β))x+α+σ(α)
..
.
z
m2−1+z
m−1= (β+σ
m−1(β))x+α+σ
m−1(α),
et F
0= F
qn(x, z
1, . . . , z
m−1)(y
0). Par cons´equent, F
0est une extension de degr´e 2 du corps de
fonctions F
qn(x, z
1, . . . , z
m−1) de genre 0 ;F
0est donc un corps hyperelliptique.
Ainsi en caract´eristique 2, on peut toujours se ramener, quitte `a faire un changement de variable,
`
a un recouvrement hyperelliptique. Mais bien entendu, ce recouvrement ne sera pas n´ecessairement
celui pour lequel la valeur du nombre magique m sera minimal.
Exemple 6.2.6. On consid`ere la courbe elliptique d´efinie sur F
27'F
2(θ) o`u θ
7+θ
6+ 1 = 0 (de
telle sorte que θ engendre une base normale de F
27) d’´equation
E: y
2+xy=x
3+ (θ
2+ 1).
En rempla¸cant y par yx+√θ
2+ 1, on obtient l’´equation sous forme d’Artin-Schreier
E: y
2+y=x+ (θ+ 1)/x.
La d´ecomposition en facteurs irr´eductibles de X
7+ 1 est (X + 1)(X
3+X
2+ 1)(X
3+X + 1),
et l’ordre de 2 modulo 7 est ϕ
2(7) = 3, donc les valeurs possibles pour m sont 3,4,6 ou 7. Les
polynˆomes minimaux de β = 1 et γ = θ + 1 sont alors M
β= X + 1 et M
γ= P
6i=0
X
i, en
particulier M
h= X
7+ 1. Par cons´equent le genre du recouvrement obtenu par la m´ethode GHS
est g = 2
7−2
6−2 + 1 = 63. En posant y˜ = θy
0+θ
2y
1+· · ·+θ
64y
6, o`u y
iv´erifie l’´equation
y
i2+y
i= x+ (θ
2i+ 1)/x, on trouve qu’une ´equation de C
0, donn´ee par le polynˆome minimal
Q
τ∈
Gal
(F0/F27(x))(T −τ(˜y)), est
x
16(˜y
128+ ˜y) =x
80+x
48+x
32+x
24+x
20+x
18+x
17+x
8+ 1.
Cependant cette ´equation masque le fait que la courbe C
0est hyperelliptique puisque β ∈ F
2. Le
sous-corps L
0de genre 0 et d’indice 2 de F
0est F
27(x, z
1, . . . , z
6) o`uz
i=y
i+y
0v´erifie l’´equation
z
i2+z
i= (θ
2i+θ)/x. On montre que L
0=F
27(x, w) = F
27(w) o`u w est une racine du polynˆome
X
64+X
32+· · ·+X
2+X+ 1/x∈F
27(x)[X], et que F
0=F
27(w,y), o`¯ u y¯=y
0+· · ·+y
6v´erifie
¯
y
2+ ¯y=x; une ´equation de C
0est donc
¯
y
2+ ¯y =
6X
i=0w
2i!
−1,
qui se ram`ene `a un changement de variables pr`es `a l’´equation ´equivalente
¯
y
2+ (
6X
i=0w
2i)¯y=
6X
i=0w
2i.
En rempla¸cantx par (θ
5+θ
4)x, on obtient une nouvelle ´equation d’Artin-Schreier pour E :
E: y
2+y= (θ
5+θ
4)x+ (θ
3+θ
2)/x.
Pour cette ´equation, les polynˆomes minimaux de β = θ
5+θ
4et γ = θ
3+θ
2sont M
β= M
γ=
X
3+X+ 1, en particulier M
h=M
h=X
3+X+ 1 (puisque α= 0) etm=m= 3. Pour trouver
l’´equation de la courbe C
0d´efinie sur F
2de genre 2
3−2
0−2
0+ 1 = 7qui recouvre E, on consid`ere
encore y˜=θy
0+θ
2y
1+· · ·+θ
64y
6; la courbeC
0(qui n’est pas hyperelliptique) est alors donn´ee par
x
2(˜y
8+ ˜y
4+ ˜y) =x
6+ 1.
Sur cet exemple, on voit que le choix de l’´equation de E a des grandes r´epercussions sur le type de
revˆetement obtenu.
Dans le document
Attaques algébriques du problème du logarithme discret sur courbes elliptiques
(Page 125-129)