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2.2) La conversion de la notion d'opinion publique en opinion sondagière

Nous allons maintenant nous pencher sur le cas particulier de la notion d'opinion publique et de sa construction épistémologique au travers de l'histoire. Cette notion est particulièrement importante et significative dans le cadre de notre problématique, et ce, pour de multiples raisons. Premièrement, si comme nous l'avons vu, Jürgen Habermas faisait de l'opinion publique un acteur social fondamental sur lequel repose la modélisation de l'espace public, de multiples auteurs issus des sciences humaines et sociales, et plus particulièrement des sciences politiques et de la sociologie, vont au contraire s'attacher à en montrer le caractère fictif, et participer au renforcement et à la pérennisation des institutions politiques fondées sur la représentation. En effet, deuxièmement, les modes de construction de l'opinion publique montrent au cours de l'histoire, et ce, jusqu'à sa récente conversion en opinion sondagière, à la fois une progressive mise à distance des individus et collectifs composant les publics citoyens, des lieux de l'expression publique des positions et discussions comportant potentiel politique. Une histoire de la mobilisation des acceptions de l'opinion publique va également présenter un phénomène de substitution de l'expérience sociale par une expérience scientifique. Troisièmement enfin, cette l'étude des méthodologies contemporaines permettant de réifier une opinion publique par la seule et exclusive conduite des sondages d'opinion, montre certaines dispositions et configurations des sciences face au domaine de la politique représentative, qui ne sont pas sans lien avec le domaine de l'épistémologie et les conceptions que les acteurs scientifiques ont de leurs propres fonctions sociales. L'usage technique et opérationnel qui est aujourd'hui fait de la notion n'est pas sans reposer à la fois sur une conception des sciences sociales obsolète, et sur une validation a priori des postulats, normes et conventions sociales faites par la représentation. Or, ce phénomène s'accompagne, dès les premières heures de l'histoire de la production et de la reproduction, d'une distinction ontologique entre deux catégories qui apparaissent diamétralement opposées : « la science » d'une part et l'opinion de l'autre. Autrement dit, la conversion de l'opinion publique en technique sondagière procède à une stabilisation des systèmes représentatifs, stabilisation qui s'accompagne d'une réduction technique et opérationnelle de l'objet d'étude lui-même. Or, les enjeux sociaux et communicationnels relevant de la mutation de la notion d'opinion publique deviennent des tensions et enjeux également lisibles au sein d'une « communauté scientifique » : une telle conversion est elle-même l'objet d'âpres discussions académiques et de critiques méthodologiques légitimes. Toutefois, les éléments de cette controverse, aussi pertinents soient-ils sur le plan épistémologique, ne semblent pas peser assez lourd face aux intérêts et nécessités des acteurs sociaux de la représentation. Ainsi, nous pensons que sur le plan fondamental, l'étude de la notion d'opinion publique fournit une interface heuristique à la

compréhension du complexe sciences sociétés. La notion d'opinion publique s'avère pertinente dans le sens où elle constitue elle-même une série d'indicateurs pertinents, quant aux engagements, valeurs, intérêts et représentations de ses théoriciens et praticiens eux-mêmes. En d'autres termes, une critique de la notion révèle, au cours d'un phénomène de « rationalisation » technique de l'espace public, les liens et intérêts entre, d'un côté, l'activité des acteurs scientifiques et, de l'autre, la notion et les pratiques de l'espace public lui-même largement ouvert à un phénomène de contrôle social.

2.2.1) Histoire des acceptions de la notion d'opinion publique

Pour tenter de bâtir une histoire des conceptions et acceptions de l'opinion publique, nous devons à l'instar de l'étude de la notion d'espace public remonter loin en arrière, aux origines de la pensée philosophique antique. Celle-ci constituera longtemps et pour bonne part, un socle culturel caractérisant les sociétés européennes jusqu'à une époque contemporaine. La mise en place et la praxis communicationnelle des dispositifs propres aux fonctionnements de l'agora hellénique nécessitaient des concepts communs sur lesquels socialiser les expériences individuelles, les philosophes de cette époque se sont très vite attachés à catégoriser et à hiérarchiser les formes d'opinions et de discussion. La thèse de la philosophe Bernadette Bensaude-Vincent repose sur l'idée que les activités scientifiques se sont construites socialement et institutionnalisées à partir de la production d'une distinction conceptuelle forte et néanmoins artificielle entre opinion et science. Cette auteure va en particulier rapporter de nombreux indices propres à la tradition philosophique allant dans ce sens. Ainsi, Socrate rapporte dans le Théétète, le mythe de la servante de Thrace. Il nous conte la célèbre histoire du mathématicien et physicien Thalès de Milet :

Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu'il s'évertuait à savoir ce qui se passe dans le ciel et qu'il ne prenait pas garde à ce qui se trouvait devant lui, à ses pieds. La même raillerie s'applique à tous ceux qui passent leur vie à philosopher. Il est certain en effet qu'un tel homme ne connaît ni proche ni voisin ; il ne sait pas ce qu'ils font, sait à peine si ce sont des hommes ou des créatures d'une autre espèce ; mais qu'est-ce que peut être l'homme et qu'est-ce qu'une telle nature doit faire ou supporter, qui la distingue des autres êtres, voilà ce qu'il cherche et prend peine à découvrir.223

223 Platon, Théétète, 174a-b rapporté par Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un

Le héros Thalès apparaît ici en tant que figure et archétype de l'individu inadapté à la vie quotidienne. En face de lui se trouve une servante réputée ignorante et de condition laborieuse. Celle-ci ne peut, par nature, être au fait des connaissances possédées par Thalès. C'est en fait deux formes de savoirs qui se rencontrent ici : d'un côté, le mathématicien incarne la science, l'épistémê, et de l'autre la servante l'opinion, la doxa. Et ces deux figures ne peuvent se comprendre, elles restent étrangères l'une à l'autre, dans le sens où elles ne partagent pas le même monde.

L'opinion ne peut en aucun cas concerner le même objet que la science. Ceux qui vivent dans l'opinion, les « philodoxes », ou les prisonniers de la caverne224, aiment et admirent les belles voix, les belles couleurs. Les « philosophes », en revanche, s'attachent à la beauté, à la réalité. Entre la science et l'opinion la différence est la même qu'entre l'être et l'apparence, le monde sensible, ombre ou copie, et la réalité des Idées. Deux mondes s'affrontent. On voit donc que, dès l'aube grecque de la science occidentale, le fossé entre le savant et les autres s'impose comme une évidence. (…) ce qui est significatif c'est que l'idée de fossé reste intimement attachée au portrait des fondateurs de la science, et que cette anecdote donne toujours à penser car elle soulève la question de la place du savant dans la société.225

Un pas supplémentaire peut être franchi avec l'histoire cette fois du personnage de Démocrite, toujours rapportée et commentée par Bernadette Bensaude-Vincent. Celui-ci vivait dans la ville d'Abdère, où il était réputé pour sa sagesse et son savoir. Cependant, un jour, ses concitoyens inquiets contactent un autre savant en la personne du médecin Hippocrate : ceux-ci s'inquiètent car Démocrite semble atteint de folie. Ils constatent que celui-ci rit de tout, mène une vie anormale, écoute les oiseaux et chante pour lui-même, etc. Sur cette demande, le médecin vient donc examiner le sage et fait pour réponse aux habitants de la ville d'Abdère :

Ce n'est pas de la folie, mais d'une vigueur d'âme poussée trop loin que notre homme donne les signes les plus manifestes – lui qui n'a plus dans l'esprit ni enfants, ni femme, ni parents, ni fortune, ni quoi que ce soit, lui qui se replie jour et nuit sur lui-même et vit en solitaire dans des cavernes... Ce ne sont pas seulement les fous qui recherchent les cavernes et les lieux tranquilles, mais aussi ceux qui, pour avoir l'âme en paix, en viennent à mépriser les affaires des hommes... Il ne faut pas longtemps pour comprendre que les Abdéritains, avec leur argent, ne sont pas dans le secret de Démocrite. (…) Pour ma part, je crois qu'il ne s'agit pas d'une maladie, mais plutôt d'un excès de science, d'une science immodérée non pas dans la réalité mais dans l'opinion des citoyens. Car l'excès de vertu n'a jamais lieu d'être dommageable. C'est l'ignorance de ceux qui en décident qui fait prendre la surabondance pour une maladie. De ce qu'il n'a pas lui-même, chacun conclut que chez autrui l'abondance est superflue.226

224 En référence au mythe de la caverne, également de Platon.

225 Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un divorce, Les empêcheurs de penser en rond, 2003, p. 15 – 16.

226 Hippocrate, Sur le rire et la folie, trad. Y. Hersant, Éditions Rivages, 1989, rapporté par Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un divorce, Les empêcheurs de penser en rond, 2003, p. 235.

Ainsi, premièrement, le détachement vis-à-vis des affaires de la vie courante serait une des conditions essentielles à un exercice de la raison. Mais, secondement, cette distanciation peut elle- même produire une erreur de jugement, non pas pour le philosophe, mais plutôt pour ceux qui sont liés aux engagements et contingences de la vie quotidienne. Dans le cas présent, au travers de la réponse formulée par Hippocrate, ce n'est pas le sage Démocrite qui est malade, mais bien au contraire les Abdéritains qui souffrent d'une maladie nommée « ignorance ». Pour Bernadette Bensaude-Vincent, la distinction d'origine platonicienne entre les formes du savoir, et produite entre logos et éthos, est largement discutable : d’abord, l'homme de science est également lui-même un homme et un citoyen. Ensuite, le savoir de celui-ci est limité par sa spécialité, et probablement ignorant des autres disciplines. Enfin, il semble quelque peu hasardeux de considérer fonctionnellement, à la suite de ces fables philosophiques, l'usage de la « raison » comme monopole exclusivement réservé à ceux qui font profession de la science ou de la philosophie. Cependant, nous entrevoyons les avantages sociopolitiques que peut procurer une telle distinction fonctionnellement distribuée : « (…) dans le passage fameux du Théétète, Platon fausse d’emblée le jeu lorsque, au travers d’une description toute négative de la logique de la pratique qui n’est que l’envers d’une exaltation de la skholè, liberté à l’égard des contraintes et des urgences de la pratique qui est donné pour la condition sine qua non de l’accès à la vérité (…), il offre aux intellectuels une « théodicée de leur propre privilège ». »227

Pour la philosophe, les trois acceptions possibles de l'opinion publique que sont l'opinion doxique, l'opinion éclairée et l'opinion publique de masse, sont toutes dépendantes des contextes propres à des époques successives, sans pour autant ne jamais pouvoir s'effacer mutuellement les unes vis-à-vis des autres. Elles se succèdent et s'accumulent en tant que phases historiques correspondant à des traditions distinctes des sciences.

La science antique se pratique comme activité solitaire, voire secrète ; la science classique devient une activité publique, académique ; enfin la science contemporaine se pratique comme un métier. Chaque régime rejoue le partage entre science et opinion et le légitime à sa manière.228

Ainsi, depuis l'antiquité grecque, se rejoue perpétuellement la reconstruction d'un fossé essentialiste entre l'opinion doxique et « la science ». Et dans ce sens, nous pouvons avancer qu’un tel fossé épistémologique serait moins dû à des constats d'ordre empirique, qu'à la manière dont les théoriciens

227 Bourdieu Pierre, Le sens pratique, les éditions de Minuit, 2012 (éd. originale 1980), p. 47.

228 Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un divorce, Les empêcheurs de penser en rond, 2003, p. 21.

définissent ces concepts de manière stricte et ordonnée. Si nous dépassons cette perspective ontologique et que nous nous attachons à l'étude des comportements et des formes de vie, c'est-à-dire aux modalités pratiques qui à la fois gouvernent, induisent et résultent de tels concepts, alors seulement nous pouvons mettre en lumière les jeux d'acteurs. De ce fait, dans le cas du mouvement de politisation propre au siècle des Lumières de la classe bourgeoise, nous nous apercevons que les individus concernés ne sont pas détachés des affaires courantes. L'histoire montre au contraire que c'est bien cette classe sociale qui prend possession de la gestion des affaires courantes, à partir des systèmes commerciaux et productifs, puis au travers des dispositifs culturels à partir desquels la société bourgeoise prend progressivement conscience emphatiquement de son importance sociale et fonctionnelle. Cependant, cette « entorse » à la condition de détachement décrite dans le mythe de Démocrite n'empêche pas la bourgeoisie de revendiquer une certaine « rationalité », en l'opposant dans le même temps, d'un côté à l'irrationalité du droit divin, et de l'autre à celle de l'« homme du peuple » réputé de faible éducation. Cette « distorsion » des concepts procède bien d'une nécessité d'ordre pratique.

La notion d'opinion publique demeure fondamentalement ambivalente, comme nous l'avons vu, suivant le fait qu'elle est mobilisée selon la perspective d'un principe de publicité critique ou d'une publicité démonstrative. Dans ce second cas, elle n'est pas considérée comme « émettrice » de sens, mais à l'inverse comme « réceptrice » d'informations produites, en quelque sorte « au-dessus » d'elle. Et Jürgen Habermas va marquer cette dualité en distinguant d'un côté, une opinion publique correspondant au principe premier de publicité et, de l'autre, une opinion non publique relative au second. Or, les liens entre ces deux principes concurrents sont complexes. Le principe de publicité critique correspond dans une large mesure à une opinion publique réifiée non pas à partir de l'ensemble du public, mais bien sur une minorité active. Par ailleurs, la publicité acclamative s'emploie à donner l'illusion d'une représentativité étendue à l'ensemble de la population, mais ne peut totalement se dégager des normes du principe critique premier, dans le sens où ce dernier demeure le fondement idéologique sur lequel repose la légitimité des institutions étatiques organisées en démocratie « de masse ».

Un autre sens rapporté par Jürgen Habermas de la notion d'opinion est celui de « réputation » exprimant la renommée, la considération, c'est-à-dire ce que l'on se représente en tant qu'opinion de l'altérité selon une prise de posture réflexive et empathique. Opinion présente également une acception péjorative, dans le sens d'une idée non établie, superficielle ou trompeuse. Elle est alors souvent mobilisée avec certains qualificatifs, telles « opinion commune » ou « opinion vulgaire », pour

marquer les distinctions qui sont faites à cet endroit. Le sens d'opinion peut ainsi parfois s'opposer à l'idée de « rationalité » revendiquée par l'opinion publique bourgeoise. La Law of Opinion de John Locke229 en fait un principe « arbitre des vices et des vertus ». Elle désigne ici, non pas son caractère péjoratif, mais plutôt l'ensemble des idées répandues dans la population et, idée importante dans notre travail de thèse, qui exercent un contrôle social indirect plus fort que la censure institutionnelle, dans la représentation qu'a un individu de l'opinion des autres. Ici, opinion ne signifie pas « opinion publique », car pour Locke les personnes privées restent privées d'autorité légiférante, mais cette opinion n'est pas conditionnée à la culture ou à la propriété. Avec Edmund Burke230, l'opinion publique est « le véhicule et l'organe » de la souveraineté et de la légitimé du droit, et sa conception est bien celle d'une opinion produite par un public qui fait un usage privé de la « raison ». En France, les Encyclopédistes vont reprendre l'opinion dans son sens caractérisé par l'incertitude et la vacuité, et vont s'attacher à la dénoncer. Rousseau231, se posant en critique d'un mouvement civilisationnel, va faire l'éloge d'un « bon sens » dénaturé par l'exercice de l'opinion publique, et dont l'origine de l'aliénation et de l'inégalité se situerait dans l'idéologie de « progrès ».

La procédure législative, telle qu'elle est prévue par Rousseau, ne laisse subsister aucun doute à ce sujet. Il suffit d'être en possession de son bon sens pour discerner où réside l'intérêt général. Les raffinements politiques de la discussion publique ne feraient qu'irriter ces hommes simples, voire ingénus ; de longs débats donneraient aux intérêts particuliers occasion de se manifester.232

Mais c'est avec le courant des Physiocrates que l'opinion publique va acquérir en France son sens d'« opinion vraie », en tant que production discursive d'un « public éclairé », rejetant une opposition réalisée entre opinion et critique.

C'est ainsi que Louis Sébastien Mercier qui, au sein de ce courant, semble avoir été le premier à définir rigoureusement le concept d'opinion publique et à approfondir la réflexion sur son rôle social, parvient difficilement à distinguer entre les gouvernants et les savants. Ceux-ci déterminent l'opinion publique, ceux-là appliquent dans la pratique politique les conclusions auxquelles aboutit l'usage que fait le public d'un raisonnement éclairé par les compétences des spécialistes. (…) L'opinion publique est le résultat « éclairé » de la réflexion publique, effectuée en commun, à propos des fondements de l'ordre social. Elle représente le condensé de ses lois naturelles. Elle ne gouverne pas, mais le despote éclairé est tenu d'en suivre les vues.233

229 Rapporté par l'auteur. 230 Rapporté par l'auteur. 231 Commenté par l'auteur.

232 Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un divorce, Les empêcheurs de penser en rond, 2003, p. 107.

233 Bensaude-Vincent, Bernadette, La science contre l’opinion. Histoire d’un divorce, Les empêcheurs de penser en rond, 2003, p. 105, 106.

Alors qu'en Angleterre, l'objectif reconnu du public spirit est de contraindre le pouvoir à se justifier, l'écart entre société et État s'accentue en France dans la mesure où les Physiocrates opèrent une distinction rigoureuse entre opinion publique et pouvoir législatif, avec cependant l'idée de la nécessité d'un processus de rationalisation de la domination sur le plan politique. Là où les ils recommandent un système absolutiste, dirigé par un despote éclairé par une opinion publique critique, Rousseau, quant à lui, préconise une démocratie expurgée de la discussion publique. Il suffirait pour cela d'un certain bon sens pour dissocier l'intérêt général des intérêts particuliers. Quoi qu'il en soit de cette opposition conceptuelle à l'endroit de la définition d'une opinion publique, c'est la pratique de la Révolution elle- même qui va trancher, en faisant coïncider fonction législative et fonction critique en vue de la constitution d'un système démocratique. La Constitution de 1791 valide ainsi l'idée d'une opinion publique bipolaire, entre les principes de souveraineté populaire et de régime parlementaire, donc à la fois critique et populaire.

Cette constitution va instituer une relation entre le triptyque formé par la classe politique, la presse et l'opinion publique, en concevant l'exercice du pouvoir politique sous la forme d'un contrôle permanent de celle-ci lors des débats parlementaires. Ainsi va être consacré « le règne de l'opinion publique », selon la définition que va en donner Guizot :

C'est de plus le caractère du système qui n'admet nulle part la légitimité du pouvoir absolu que d'obliger tous les citoyens à chercher sans cesse, et dans chaque occasion, la vérité, la raison, la justice, qui doivent régler le pouvoir