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CHAPITRE III SITE DEPENDENT EFFECTS OF PROXIMITY TO PATCH EDGE

4.2 Contributions majeures

4.2.1 La résistance et la résilience

Le chapitre I a permis de déterminer que la résilience des communautés dépend de la nature et du nombre de stress auxquels est assujettie la communauté et que les macrophytes structurants ont un rôle important pour le maintien de cette composante. L’absence de macrophytes structurants et l’addition des stress ont systématiquement allongé le temps de récupération des communautés, de 2 à plus de 4 mois ici. Il est fréquent d’allonger le temps de récupération d’une communauté en absence de macrophytes structurants et en ajoutant des stress, mais les temps de récupération vont varier énormément selon le milieu et les stress (O'Leary et al., 2017). De plus, la récupération complète des communautés n’a pas été atteinte là où les stress étaient triples. Mes résultats, bien qu’attendus, n’avaient jamais encore été démontrés dans une expérience in situ et viennent confirmer le rôle stabilisant des macrophytes structurants. Mes résultats sont d’autant plus intéressants puisqu’en étudiant seulement les différents indices univariés ou multivariés, chose faite la plupart du temps dans la littérature, il

n’était pas possible de déterminer que l’addition de stress avait un réel impact sur la stabilité des communautés alors qu’ici on peut l’affirmer.

Les résultats du chapitre II indiquent que l’herbier étudié est relativement robuste face aux stress appliqués dans mon expérience. Effectivement, l’herbier serait résistant aux stress multiples puisqu’aucun effet triple n’a été observé. L’herbier étudié a aussi montré une bonne résilience puisque la majorité des effets observés n’étaient plus détectables à la fin de l’expérience. Ces propriétés sont une excellente nouvelle et n’avaient pas été anticipées ainsi lors du choix et de l’intensité des stress. Il serait donc intéressant de tester des intensités et des durées différentes dans le but de définir un seuil de résistance et de déterminer si la récupération devient plus difficile à partir d’une certaine durée ou intensité d’un stress. Aussi, vu la récupération rapide, davantage de mesures sur les communautés seraient souhaitables pour capturer l’ensemble de la réponse.

4.2.2 Les macrophytes structurants

Les macrophytes structurants ont des effets importants sur leurs communautés associées. Par exemple, l’enlèvement de la canopée macroalgale dans le chapitre I est le stress ayant eu les plus grands impacts sur les espèces associées en modifiant de plusieurs façons les indices de diversité, la structure des communautés et a aussi ralenti voire rendue impossible une récupération. L’absence des macroalgues structurantes a notamment permis l’établissement d’algues éphémères et a diminué l’abondance des invertébrés (voir Schiel et Lilley, 2011 pour des résultats similaires). Il est fréquemment rapporté dans la littérature que lors de la succession en milieu rocheux, des algues éphémères opportunistes s’établissent puis sont remplacées par des macroalgues structurantes (e.g., Korpinen et Jormalainen, 2008; Sousa, 1979). Or, nous n’avons pas observé cela dans le premier chapitre ce qui laisse présager que la succession d’algues éphémères à la suite d’un enlèvement des macroalgues de canopée

n’est pas un passage obligé, et ce, même en situation d’enrichissement ou en présence de brouteurs réduits.

Dans les chapitres II et III, une densité de zostère réduite à seulement 20 % de sa densité initiale était suffisante pour maintenir des assemblages riches, denses et diversifiés. Les résultats du chapitre II suggèrent que les assemblages épifauniques sont fortement liés à la disponibilité de l’habitat, mais aussi à la ressource alimentaire que représentent les algues épiphytes.

Les résultats du chapitre III montrent que les effets de bordure et la diminution de complexité d’habitat n’ont pas forcément des effets négatifs sur la diversité et la composition de l’épifaune. Effectivement, l’hétérogénéité du milieu à l’échelle d’un herbier est importante pour la diversité de l’épifaune ainsi que pour d’autres processus comme le démontrent les effets importants dépendants des sites. La richesse était plus élevée aux bordures des herbiers malgré une plus forte densité de zostères à l’intérieur des herbiers. Aussi, plus d’individus par gramme de zostères ont été retrouvés sur certains des sites là où la densité des zostères était réduite sans changement au niveau de la richesse. L’utilisation des traits biologiques a identifié la taille, les habitudes de consommation et les capacités natatoires comme étant les traits (ou catégories) les plus importants reliés à la complexité d’habitat pour les espèces épifauniques.

Lorsque les macrophytes structurants sont absents ou que leur densité est réduite, les invertébrés qui s’y trouvent sont plus petits. Cette constatation a été constante dans toutes mes expériences (chapitres I, II et III) et serait caractéristique d’habitats perturbés et stressés (Pearson et Rosenberg, 1978).

Sans surprise, les résultats du chapitre II indiquent que l’accès à la lumière est extrêmement important pour la productivité et la survie des macrophytes. Nos résultats démontrent que le transfert des ressources au niveau des rhizomes entre les plants de zostère devient primordial en situation de stress. Effectivement, bien que la croissance des plants de zostères soumis à la fois à l’ombrage et à la réduction de densité de zostère n’ait pas été affectée (additivité des effets sur la lumière disponible), les glucides non structuraux y étaient les plus bas.

4.2.3 Les indices liés à la diversité

Les divers stress utilisés dans cette thèse ont eu des impacts variés sur les variables de diversité étudiées. Ceci indique que des mesures complémentaires à la richesse sont nécessaires pour capter l’ensemble des effets que les stress ont sur les communautés.

Les résultats de cette thèse confirment que la richesse seule est impuissante pour décrire les effets des stress sur les communautés. Effectivement, les communautés associées du traitement d’enrichissement au chapitre I montraient une récupération complète de la richesse après deux mois d’expérience alors que l’identité des espèces présentes était tout autre. Dans le chapitre II, la plupart des traitements n’ont pas affecté la richesse, alors que les autres composantes ont été affectées de façon plus récurrente.

Ma thèse permet donc de recommander davantage de variables que la richesse seule et plus particulièrement l’utilisation d’indices multivariés pour capter les changements les plus subtils. Notamment, une approche par traits biologiques, ou traits fonctionnels dans certains cas, pourrait être avantageuse pour définir les effets de changement d’identité ou d’abondances d’espèces (voir Beauchard et al., 2017; Ricotta et Moretti, 2011; Vinagre et al., 2017). Il serait très hasardeux et réducteur à ne prendre qu’une seule dimension, comme le nombre d’espèces, pour en conclure un quelconque effet.

4.2.4 Les stress et les perturbations

Les résultats obtenus dans cette thèse confirment que les stress auront des effets cumulatifs difficilement prédictibles. L’influence des stress sur les communautés va varier en fonction des espèces, des variables étudiées et du type de stress induits. Leur influence devrait aussi varier en fonction des sites et des processus biotiques et abiotiques qui s’y retrouvent. Les résultats suggèrent donc que d’autres stress auront des effets différents sur les communautés et qu’ils auront des effets cumulatifs non prédictibles.

Cette thèse souligne l’importance des études qui manipulent des stress multiples au niveau de la compréhension des effets qu’ils peuvent avoir sur les communautés. Ce qui est intéressant ici, c’est que la plupart des interactions entre les stress étaient de type dominant et la dominance émanait généralement du stress ayant le plus grand impact. Ceci est une bonne nouvelle en soit puisque les impacts ne sont pas plus grands en cumulant les stress. Cependant, l’absence de synergie positive est sans doute due à l’identité des stress étudiés. Il est important de conserver un certain niveau de précaution de ce côté puisque de dire que les stress n’interagissent que très rarement de façon synergique pourrait minimiser cette possibilité et faire pencher vers des décisions qui pourraient être coûteuses pour les écosystèmes sans connaître le réel type d’interaction.

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