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I.1. Formalisation de l’existant

La première étape a consisté à formaliser les pratiques existantes chez SPX. La méthode initiale de

maîtrise des risques a été initiée en 2003 sous l’influence principale d’une personne. Elle part d’une

véritable volonté sans pour autant avoir réussi à se propager complètement et à fonctionner

réellement. Elle est entourée d’un certain flou qui lui aura permis toutefois de beaucoup évoluer

entre 2003 et 2007. Nous décrirons, dans ces pages, son fonctionnement au début de notre

expérimentation, en mai 2007.

La méthode est centrée autour d’un objectif : l’élaboration d’un plan d’investissement (PI)

qui correspond au plan d’actions de notre méthode (Figure 31). Le plan d’investissement contient

des opérations techniques de maintenance, d’amélioration et d’aménagement. Il est pluriannuel

(prévu pour 5 années) et glissant (remis à niveau régulièrement).

Analyse de l’état du patrimoine

Synthèse des notes par bâtiment

Élaboration du plan d’investissement

Lancement des actions

Mise en cohérence du PI

Réalisation des actions

Questionnaire de diagnostic Potentiel technique du patrimoine Plan d’investissement Fiches FDA DE Études AA Analyse de cohérence Responsables techniques Responsables techniques Direction Techniciens

I.1.1. Les acteurs

SPX rassemble de nombreux acteurs que l’on peut globalement classer selon trois niveaux

organisationnels :

• Techniciens

• Responsables techniques

• Direction

Les techniciens sont des acteurs spécialisés à fortes compétences techniques et ayant une

bonne connaissance du patrimoine, du moins, dans leur champ de spécialité. Ils œuvrent tous dans

un domaine de spécialité limité (électricité, CVC…).

Les responsables techniques gèrent plusieurs domaines techniques. Ce sont eux qui

prennent en charge l’élaboration du plan d’actions. Ils possèdent une bonne culture technique

généraliste qui leur permet de dialoguer facilement avec les différents techniciens (sans pour autant

avoir les mêmes connaissances qu’eux, dans chacun des domaines du bâtiment).

Sous le terme direction, nous regrouperons toutes les personnes en charge des décisions de

SPX. On intègre dans cette catégorie les administrateurs de biens et le gestionnaire de patrimoine

(au sommet de la pyramide hiérarchique). Ils ont un profil moins technique et plus économique. Ils

ont une vision plus globale, intégrant aussi des aspects économiques et sociaux, et en même temps

plus stratégiques du parc immobilier. Ce sont eux qui font l’interface avec les autres services de

l’entreprise à commencer par la direction de l’entreprise.

I.1.2. Déroulement, pas à pas

Afin de bien présenter la démarche existante, nous nous proposons de dérouler les différentes

phases. En creux se dessineront les limites de la méthode qui seront développées dans la partie

suivante.

I.1.2.1. Analyse de l’état du patrimoine

Cette étape orchestrée par les techniciens, consiste à évaluer l’état des différents éléments de

patrimoine. Pour ce faire, il a été mis à leur disposition des fiches d’évaluation (questionnaire de

diagnostic) telle que celle présentée dans le Tableau 23. Il y a une fiche par corps d’état et par

bâtiment. Chaque fiche décompose le corps d’état en éléments qui sont eux même décomposés en

sous-éléments. On obtient ainsi une vingtaine d’items à renseigner par fiche. Pour chacun de ces

éléments, les techniciens doivent estimer l’état général (mauvais état, état moyen, état correct et très

bon état).

Tableau 23 : Extrait d’une grille de notation (Bâtiment 63)

Appréciation de l’Etat général de vétusté Mauvais état Etat moyen Etat correct Très bon état

1 Structure/Ossature

1.1 Dallages X

1.2 Structure verticale X

1.3 Structure horizontale + Planchers

1.4 Charpente X

2 Clos/Couvert

2.1 Clos

2.1.1 Parement extérieur de façade X

2.1.2 Bardage X

2.1.3 Menuiseries extérieures

2.1.3.1 Portes X

2.1.3.2 Châssis X

… …

Il est à noter que le nombre de niveau de décomposition n’est pas le même en fonction des

éléments (par exemple : 2 pour Structure/Ossature et 4 pour Clos/Couvert). Le niveau de notation

n’est pas homogène sur les différents éléments. On peut aisément imaginer que cela risque de poser

un problème pour la consolidation des notes (si cette différentiation de niveau n’est pas intégrée).

En plus de ces évaluations, il existe d’autres fiches qui traitent de l’état des équipements

(Tableau 24). Pour chaque équipement, il faut répondre à des assertions liées à différents aspects

(état général, exploitation, maintenance et conformité) à l’aide de réponses types: faux, plutôt faux,

plutôt vrai, vrai.

Tableau 24 : Extrait d’une grille de notation d’équipement (Chauffage, Bat. 35)

Etat général Faux Plutôt

faux Plutôt vrai Vrai

La durée de vie se situe « au jugé » dans sa moyenne standard X

L’état général est satisfaisant X

La rénovation a été régulière X

La remise à niveau peut être différée d’un an X

Les caractéristiques techniques sont adaptées à l’usage courant X

Pour ces deux types de grille, afin de pouvoir manipuler plus facilement les différentes

qualifications, il est attribué à chaque champ renseigné, une note allant de 1 (situation la plus

défavorable) à 4 (situation la plus favorable). Cela permet ainsi de comparer les notes des

équipements avec celles des bâtiments et d’utiliser des formules pour consolider les notes.

I.1.2.2. Synthèse par bâtiment

A ce stade, on dispose d’un très grand nombre d’évaluations. Du fait même de cette multitude, il

n’est pas possible d’appréhender l’état global du patrimoine. Il faut pour cela pouvoir consolider ces

notes à des niveaux supérieurs. La méthode propose deux niveaux de consolidation :

• Une consolidation par corps d’état et par bâtiment

• Une consolidation par bâtiment

Pour calculer les indices consolidés, la méthode propose de faire simplement la moyenne

des indices de niveau inférieur. La note est ensuite remise sur une échelle sur 20 en multipliant cette

moyenne par 5. La note ainsi obtenue varie de 5 à 20. Plus la note sera faible, plus l’état sera jugé

mauvais et plus il y aura donc nécessité d’intervention.

Un document de synthèse, appelé potentiel technique du patrimoine (Figure 32), regroupe

les notes de chaque bâtiment. Il permet de donner au décideur une vue d’ensemble du patrimoine

immobilier. deux problèmes se posent tout de même. Le premier est lié à la qualité de l’information.

En parcourant le document, on pourra s’apercevoir que toutes les notes ne sont pas renseignées

(difficulté à noter, problème de délai…). Il se pose un problème de mise à jour. Le document étant

présenté sous format papier, l’ajout ou la modification de notes ne peut que se faire lors de l’édition

suivante. Le deuxième problème, plus grave, a trait à la quantité d’informations. Le document

compile des centaines de notes, toutes mises au même niveau (pas de mise en exergue des notes

critiques ou des éléments importants de patrimoine). Même si (presque) toutes les informations sont

là, il est extrêmement difficile de s’en faire une idée globale ou d’en ressortir les points importants.

Cela limite ainsi beaucoup l’intérêt de ce document.

Figure 32 : Extrait d’une fiche de potentiel technique d’un bâtiment

I.1.2.3. Elaboration du plan d’investissement

Le plan d’investissement présente les actions que les responsables techniques souhaitent voir

réaliser pour les cinq prochaines années. Il est élaboré par les responsables techniques à l’aide des

documents présentés précédemment et par des discussions avec les techniciens (consultés par

groupe de discussion). Il doit ensuite être validé par la direction.

Il n’y a pas de démarche formalisée pour passer des évaluations du patrimoine au plan

d’investissement. Sur le principe, c’est aux techniciens d’émettre leur liste d’actions. Ils doivent

ensuite justifier et argumenter la nécessité ou l’intérêt de réaliser les actions qu’ils proposent auprès

du responsable technique.

I.1.2.4. Lancement des actions

La validation du plan d’investissement n’entraîne pourtant pas la validation de toutes les actions

contenues dans ce plan. Il s’agit d’une simple validation de principe. Les actions doivent faire

l’objet d’un autre développement avant validation définitive.

Les actions d’un montant inférieur à une somme seuil (environ 150 000€ ; un certain flou

entoure cette valeur) sont passées sous forme de fiche FDA (Fiche Détaillée d’Action). Ces fiches

comprennent un descriptif de l’action et sa date de réalisation escomptée. Lorsque la fiche FDA est

validée par la direction, l’action pourra alors être effectivement réalisée.

Les actions d’un montant très important (supérieur à la somme seuil) doivent faire l’objet

d’une procédure particulière. Elles font l’objet d’un dossier d’expertise (DE), puis d’études

complémentaires et après validation, d’une autorisation de dépense (AD) qui vaut permission de

lancement.

I.1.2.5. Mise en cohérence du plan d’investissement

Dans l’étape de mise en cohérence du plan d’investissement, les responsables techniques cherchent

à analyser l’écart entre le plan d’investissement prévu et les actions programmées. L’objectif est de

remettre au premier plan les actions du plan d’investissement qui n’ont pas encore fait l’objet d’une

validation alors qu’elles auraient du l’être. La mise en cohérence du plan d’investissement ne vise

donc pas à actualiser le plan d’investissement, mais plutôt à permettre aux actions initialement

prévues d’être véritablement réalisées.

La mise en cohérence du plan d’investissement n’était pas une phase prévue au lancement de

la méthode en 2003. Mais peu à peu s’est opéré un glissement. Il n’était pas prévu dans la méthode

initiale de processus de réactualisation du plan d’investissement. Il n’y avait aucun moyen de

comparer les nouvelles actions à celles déjà prévues et de les intégrer ainsi au plan

d’investissement.

L’observation des actions réalisées a suffit à dégager l’usage : la priorité a été donnée aux

nouvelles actions qui paraissaient urgentes en négligeant celles initialement prévues. Il y a deux

éléments pouvant expliquer cela. Le premier est organisationnel. Les personnes en charge de la

programmation des actions ne sont pas celles qui ont élaboré le plan d’investissement. Les

programmateurs devraient en principe suivre le plan d’investissements (cahier des charges), mais ne

le font pas en pratique. Ils préfèrent faire leur propre choix quant aux actions à réaliser. Le

deuxième élément pouvant expliquer la faible application du plan d’investissement est