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lÕensemencement sur milieu Cepacia

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Devant lՎmergence des mycobactŽries du complexe abscessus chez les patients atteints de mucoviscidose et leur extrme rŽsistance aux antibiotiques, nous nous sommes intŽressŽs dans une Žtude prospective ˆ la difficultŽ dÕisoler ces bactŽries au quotidien au laboratoire.

A partir des prŽlvements respiratoires provenant de patients atteints de mucoviscidose, la culture des mycobactŽries est rendue difficile par la colonisation ou infection des patients par P. aeruginosa et donc par la frŽquente contamination des milieux par cette espces. Une Žtape de dŽcontamination des prŽlvements est essentielle. LÕajout de soude ou dÕacides diluŽs aux prŽlvements Žlimine les bactŽries de la flore commensale et respecte au moins partiellement les mycobactŽries. Pour que la dŽcontamination soit de bonne qualitŽ, il faut que les prŽlvements soient homogŽnŽisŽs, cÕest ˆ dire liquŽfiŽs par un agent fluidifiant qui libre les bactŽries contenues dans le mucus, le pus et les cellules. Les bactŽries commensales sont ainsi mises en contact avec lÕagent dŽcontaminant et sont dŽtruites. Toutefois, bien que plus rŽsistantes aux antiseptiques que les autres bactŽries, les mycobactŽries nÕy sont pas compltement insensibles et la dŽcontamination doit tre effectuŽe en respectant scrupuleusement la concentration de lÕantiseptique et le temps de contact avec le prŽlvement (Carbonelle, 2003). Ainsi, nous avons donc voulu comparer deux mŽthodes de dŽcontamination A et B pour toutes les prescriptions de recherche de mycobactŽries chez les patients mucoviscidosiques entre dŽcembre 2011 et avril 2012 : la mŽthode A consiste en une double dŽcontamination et la mŽthode B ˆ une dŽcontamination simple avec un antiseptique, la chlorhexidine.

La recherche de MNT a concernŽ 64 adultes et seulement 9 enfants, avec une moyenne de 1,7 prŽlvements par enfants et par adultes.

94% des prŽlvements ŽtudiŽs Žtaient des crachats (119/126). CÕest un prŽlvement plus facile ˆ obtenir et moins invasif que les autres prŽlvements respiratoires.

106 MŽthodes de dŽcontamination

La mŽthode ˆ la chlorhexidine a ŽtŽ choisie car cet antiseptique possde un large spectre dÕactivitŽ contre les bactŽries contaminantes mais semble avoir des effets minimes sur les mycobactŽries (Ferroni, 2006).

Notre Žtude prospective a montrŽ que la mŽthode A prŽsentait une grande sensibilitŽ gr‰ce ˆ lÕutilisation concomitante des milieux solides et liquides. Lorsque les milieux solides Žtaient nŽgatifs ou contaminŽs, le milieu MGIT nous a permis dÕisoler la MNT prŽsente dans le prŽlvement, sauf pour un prŽlvement dont la quantitŽ Žtait minime. De nombreuses Žtudes (Bange et Bottger, 2002; Bange, 1999; Whittier, 1993; Whittier, 1997) ont montrŽ lÕimportance de lÕutilisation de cette mŽthode pour augmenter le taux dÕisolement des mycobactŽries dans les prŽlvements de patients mucoviscidosiques par apport ˆ une simple dŽcontamination ˆ la soude, utilisŽe pour les prŽlvements hors contexte de mucoviscidose.

Aprs une simple dŽcontamination, une partie des mycobactŽries sont tuŽes (28 ˆ 33%) (Whittier, 1997) ; lÕajout dÕacide oxalique lors de la mŽthode A en dŽtruit probablement dÕautres. Toutefois, une Žtude a montrŽ quÕen cas de concentration forte en MNT (examen direct positif), celles- ci peuvent survivre ˆ la mŽthode A mais quÕen cas de faible concentration ou dÕune quantitŽ insuffisante de prŽlvement, comme nous lÕavons rencontrŽ, cette mŽthode est dŽfaillante car trop agressive.

Sept prŽlvements positifs dŽcontaminŽs par la mŽthode A ont pu tre dŽcontaminŽs par la mŽthode B. Tous les milieux Lšwenstein-Jensen alors ensemencŽs ont permis dÕisoler la mycobactŽrie prŽsente dans le prŽlvement.

Par contre, nous avons remarquŽ un manque de sensibilitŽ de lÕexamen direct quand la mŽthode B Žtait utilisŽe (4 ED nŽgatif sur 7 cultures positives pour la mŽthode B et 6 ED nŽgatif sur 11 cultures positives pour la mŽthode A). Soit le nombre de BAAR observŽ Žtait infŽrieur ˆ celui observŽ aprs mise en Ïuvre de la mŽthode A, soit lÕexamen direct Žtait nŽgatif. Ce constat concerne un trs petit effectif de prŽlvement et doit tre confirmŽ avec un nombre plus important de prŽlvements. De Bel et al. ont Žgalement rencontrŽ ce problme avec la mŽthode B et ont montrŽ que les frottis effectuŽs aprs dŽcontamination ˆ la chlorhexidine sont effectivement plus difficiles ˆ interprŽter.

LÕexamen microscopique ˆ la recherche de mycobactŽrie est dans tous les cas peu sensible. Il faut de 5000 ˆ 10000 bacilles par ml de prŽlvements pour que la probabilitŽ de voir au moins un BAAR sur le frottis atteigne 95% (Carbonelle, 2003). LÕexamen direct est donc toujours effectuŽ sur le culot des prŽlvements, patients mucoviscidosiques ou non. En pratique, les MNT prennent dÕautant

moins bien la coloration que les mycobactŽries tuberculeuses. CÕest pourquoi, un examen direct a ŽtŽ effectuŽ uniquement chez les patients mucoviscidosiques connus antŽrieurement avec une MNT, compte-tenu de la sensibilitŽ limitŽ de cet examen.

Deux Žtudes comportant un nombre dՎchantillons supŽrieur (827 Žchantillons testŽs par Ferroni et al., 795 par De Bel et al.) ˆ la n™tre, se sont intŽressŽes ˆ la comparaison de ces deux mŽthodes de dŽcontamination (De Bel, 2011; Ferroni, 2006). Il a ŽtŽ montrŽ que la mŽthode de dŽcontamination ˆ la chlorhexidine (mŽthode B) est meilleure que la mŽthode de double dŽcontamination (mŽthode A) concernant la culture de MNT des Žchantillons respiratoires des patients mucoviscidosiques. Ferroni et al. ont montrŽ que le taux de faux nŽgatif Žtait de 55% lorsque la mŽthode de double dŽcontamination Žtait utilisŽe alors quÕil est beaucoup plus faible (10%) avec la mŽthode ˆ la chlorhexidine. La mŽthode ˆ la chlorhexidine serait moins agressive et prŽserverait donc la viabilitŽ des mycobactŽries (Ferroni, 2006).

MalgrŽ le manque de sensibilitŽ de lÕexamen direct, la dŽcontamination ˆ la chlorhexidine prŽsente de nombreux avantages et semble tre la mŽthode ˆ adopter pour la recherche de MNT dans les prŽlvements respiratoires des patients mucoviscidosiques. NŽanmoins, un problme majeur ne nous permet pas de lÕutiliser en pratique quotidienne : ˆ lÕheure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de rendre cette mŽthode compatible avec la mise en culture des prŽlvements en milieu liquide MGIT¨, obligatoire selon les recommandations de lÕATS. La chlorhexidine a besoin dՐtre neutralisŽe par un agent tel que la lŽcithine. Malheureusement, lÕajout de lŽcithine dans le milieu MGIT gŽnre une fluorescence non spŽcifique rendant le systme de dŽtection automatisŽe inutilisable. Cette Žtape de neutralisation est inutile avec les milieux de cultures solides qui contiennent dŽjˆ une grande quantitŽ de lŽcithine.

Le taux de contamination des milieux MGITTM Žtait infŽrieur ˆ celui des milieux solides ensemencŽs aprs les mŽthodes A et B. Les bons rŽsultats obtenus avec le milieu MGITTM sont liŽs ˆ lÕajout de PANTA¨ qui inhibe la croissance des bactŽries ˆ gram positif, ˆ gram nŽgatif et des champignons. Notre taux de contamination des milieux Lšwenstein-Jensen Žtait particulirement important avec les prŽlvements traitŽs par de la mŽthode A (35,4%) comparŽ ˆ ceux de la mŽthode B (12,9%).

Pour De Bel et al., la mŽthode B prŽsente Žgalement un taux de contamination infŽrieur ˆ celui de la mŽthode A (15,4% vs 22,5%) alors que pour Ferroni et al., la mŽthode B prŽsente un taux de contamination supŽrieur (20% vs 14,2%). Notre taux de contamination avec la mŽthode de rŽfŽrence A est anormalement plus ŽlevŽ que la plupart des Žtudes, un taux maximal de 26% ayant ŽtŽ dŽcrit dans une Žtude portant sur 406 prŽlvements (Bange, 1999). Puisque que lÕutilisation de la mŽthode B nÕest pas possible ˆ lÕheure actuelle, il faudrait faire des modifications de notre protocole de

108 dŽcontamination (mŽthode A), notamment sur les temps de contact avec la soude et lÕacide oxalique, afin de diminuer le taux de contamination des milieux solides.

Milieux de culture et apport du milieu solide Cepacia¨

LÕensemencement sur milieu de Lšwenstein-Jensen et en milieu liquide MGITTM se fait aprs dŽcontamination des prŽlvements. Le milieu Lšwenstein-Jensen contient des Ïufs (qui apportent des vitamines et sont inhibiteurs de diverses substances toxiques), de lÕamidon de pomme de terre, des sels minŽraux, du glycŽrol et du vert malachite, colorant qui inhibe la croissance dՎventuels contaminants. CÕest un milieu sur lequel la plupart des mycobactŽries se dŽveloppent facilement (Carbonelle, 2003).

Notre Žtude a montrŽ une sensibilitŽ supŽrieure du milieu liquide MGITTM par apport au milieu de culture solide. Parmi les prŽlvements positifs, un seul MGITTM Žtait nŽgatif alors que cinq milieux Lšwenstein-Jensen et deux milieux Cepacia¨ nÕont pas permis la croissance de mycobactŽrie du complexe abscessus. Ces rŽsultats sont en accord avec ceux retrouvŽs dans la littŽrature. Dans une Žtude (Idigoras, 2000), la sensibilitŽ du milieu MGITTM a ŽtŽ ŽvaluŽe ˆ 75,1% et celle du milieu Lowenstein-Jensen ˆ 60,7%.

Le contr™le visuel des milieux MGITTM rendus nŽgatifs par lÕautomate, nous a permis dÕisoler un M. gordonae, une mycobactŽrie considŽrŽe comme un contaminant. La croissance dÕaucune autre MNT nÕa pu tre dŽtectŽe par ce moyen. Pena et al. ont dŽmontrŽ que la lecture visuelle des MGITTM nŽgatifs a permis de rŽcupŽrer 1% de cultures supplŽmentaires ˆ mycobactŽries dont 21 % ˆ M. avium

complex mais aucune ˆ M. du complexe abscessus (Pena, 2012). Le milieu MGIT atteint une

sensibilitŽ de 89,4% aprs ce contr™le visuel (Idigoras, 2000).

Le dŽlai de culture moyen des colonies de MNT ˆ croissance rapide Žtait globalement identique entre le milieu MGITTM et le milieu Cepacia¨ (4 jours) alors quÕil fallait environ 7 jours avec les milieux Lšwenstein-Jensen. Cet avantage du milieu MGITTM par apport au milieu Lšwenstein-Jensen a ŽtŽ dŽcrit de nombreuses fois dans la littŽrature. LՎcart est dÕautant plus grand avec les mycobactŽries ˆ croissance lente, telles que M. tuberculosis : 12 jours pour le milieu MGITTM contre 22 jours pour le milieu Lšwenstein-Jensen (Idigoras, 2000).

Le milieu Cepacia¨ a ŽtŽ introduit dans le but dÕaugmenter le taux dÕisolement des MNT ˆ croissance rapide. Lorsque la quantitŽ de prŽlvement Žtait minime, ce milieu nous a permis de cultiver de rares colonies de M. boletti chez un patient (COU DOR) qui nÕavait pas eu de cultures positives depuis deux ans, alors que la culture sur Lšwenstein-Jensen et milieu MGITTM Žtait nŽgative. NŽanmoins, pour deux des seize prŽlvements positifs, le milieu Cepacia¨ Žtait nŽgatif. LՎtude

dÕEsther et al. a Žgalement observŽ un certain manque de sensibilitŽ du milieu Cepacia¨ et du milieu Lšwenstein-Jensen pour certains prŽlvements de patients mucoviscisosiques colonisŽs ˆ MNT ˆ croissance rapide (Esther, 2011).

Les mycobactŽries du complexe abscessus ont ŽtŽ isolŽes en gŽnŽral en moins de 5 jours sur milieu Cepacia¨, mis ˆ part pour 3 prŽlvements pour lesquels la croissance a ŽtŽ plus longue. Dans lՎtude dÕEsther et al., qui a concernŽ la mise en culture dÕenviron 9000 prŽlvements respiratoires provenant de patients mucoviscidosiques, lÕincubation du milieu Cepacia¨ pendant 14 jours au lieu de 5 initialement, a permis dÕaugmenter le taux de culture des MNT ˆ croissance rapide (2,8% vs 0,7%).

Le taux de contamination des milieux Cepacia¨ Žtait faible bien que lÕensemencement du prŽlvement ait ŽtŽ rŽalisŽ sans dŽcontamination. Ce milieu sŽlectif, normalement destinŽ ˆ la recherche de Burkholderia cepacia, est enrichi en extrait de levure et casŽine et contient de la polymyxine B, de la gentamicine et de la vancomycine. La prŽsence dÕune base peptonŽe et de sucres permet un dŽveloppement optimal des micro-organismes tandis que le cristal violet et les antibiotiques prŽsents dans le milieu inhibent la plupart des espces microbiennes et notamment les Pseudomonas. De plus, le fait quÕil soit coulŽ en bo”te de PŽtri et non en tube comme les Lšwenstein-Jensen, permet de repŽrer les colonies de MNT ˆ c™tŽ de celles des contaminants.

Nous avons observŽ la croissance de champignons et de bacilles ˆ gram nŽgatif non fermentants tels que Stenotrophomonas spp. en conformitŽ avec ses caractŽristiques. Esther et al. suggrent donc que ce milieu soit interprŽtŽ avec prudence chez les patients infectŽs par ces micro- organismes ; un fort inoculum de ces espces pouvant engendrer une inhibition de la croissance des MNT ˆ croissance rapide (Esther, 2011).

Globalement, lÕassociation du milieu Cepacia¨ avec les milieux de cultures traditionnels, permettrait lÕamŽlioration du dŽpistage de la colonisation ˆ MNT ˆ croissance rapide chez les patients atteints de mucoviscidose. Cependant, un tel changement engendrerait des cožts supplŽmentaires et un temps de lecture supplŽmentaire en pratique quotidienne.

Une autre piste dÕamŽlioration concerne lՎvaluation de lÕapport du milieu Coletsos pour les prŽlvements respiratoires des patients atteints de mucoviscidose. CÕest un milieu plus riche que le milieu Lšwenstein-Jensen ; il contient des quantitŽs supŽrieures dÕÏuf, du pyruvate de sodium, de la cendre dÕanthracite et une solution dÕoligo-ŽlŽments. Il est particulirement indiquŽ pour la croissance de mycobactŽries exigeantes (Carbonelle, 2003).

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2.

Etude rŽtrospective des cas dÕinfections dues aux mycobactŽries

du complexe abscessus chez les patients mucoviscidosiques suivis au