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Les arrêts de travail font l’objet d’un traitement médiatique extrêmement fort. Ainsi durant tout l’été 2018 une série de déclarations publiques provenant du Ministère de la santé ou des représentations syndicales (employeurs et médecins) illustre les tensions autour du sujet. Par ailleurs, la prescription des arrêts de travail est l’un des indicateurs pris par l’Assurance maladie pour contrôler la pratique des médecins. Ce contexte peut peser sur les accords et le contenu des réponses dans le cadre des entretiens semi-directifs.

L’étude des arrêts de travail menée en partenariat avec la CPAM peut par conséquent susciter des réactions de méfiance des médecins et des assurés du fait de l’aspect controversé de l’objet. Comme la réalisation des entretiens semi-directifs suppose d’identifier nominativement les personnes pour pouvoir aller à leur rencontre, une décision sur la protection des données des personnes interrogées a été validée par la direction de la CPAM et inscrite au registre des décisions de la CPAM. L’Université de Bretagne Occidentale (UBO) assure quant à elle la protection des données recueillies.

Un courrier à en-tête de la CPAM et de l’UBO (précisant l’origine des données, la référence et le nom des différents partenaires du programme) a été envoyé aux médecins afin de les informer de l’enquête (cf. Annexe 8. p. 161) et de recueillir leur consentement pour participer à la recherche32 (cf.Annexe 9. p. 162). Afin de prévenir leurs réticences, il est rappelé dans ce courrier

que le traitement des données produites dans le cadre de l’étude poursuit uniquement un objectif de connaissance sociologique des caractéristiques des arrêts de travail et ne sert en aucun cas une démarche de contrôle de l’activité des médecins. Par ailleurs, selon les normes déontologiques en vigueur dans le milieu académique, les sociologues s’engagent à ne pas divulguer le contenu des entretiens dans leur intégralité et à préserver l’anonymat des personnes enquêtées.

Anticipant un faible taux de réponse de la part des enquêtés du fait des modalités de contact choisies, il est décidé de pré-sélectionner un nombre important de médecins, relativement au nombre d’entretiens effectivement réalisés. Plus d’une centaine de médecins ont finalement été contactés. Une trentaine de généralistes et autant de spécialistes lors de premières vagues et face au nombre important de refus ou de non-réponses, une quarantaine de médecins généralistes et une quinzaine de spécialistes lors de secondes vagues. Selon la composition des groupes issus de la classification, les médecins appartenant à chacune des classes retenues ont été tirés au hasard.

Suite à l’envoi des courriers, les enquêtés sont relancés par téléphone par la sociologue33. La

prise de contact constituant une « interaction exploratoire » (Sifer-Rivière 2016, 93), elle nous renseigne sur le rapport qu’entretien la population enquêtée à l’étude et son objet. Lors de la première prise de contact, dû fait du début de la période estivale, mis à part un médecin de la classe 1 en cessation d’activité, cinq médecins sont en congés (dont une en congé maternité). Par ailleurs les réactions des secrétaires et des médecins contactés, peu patients et disponibles, laissent entendre qu’ils se sentent surchargés de travail et fatigués. Deux médecins m’annoncent directement qu’ils ne sont pas intéressés par l’enquête et cinq qu’ils n’ont pas de temps à lui consacrer. Par ailleurs cinq secrétaires médicales « filtrent » les appels en annonçant que la ou le médecin me recontactera éventuellement mais ceux-ci ne donnent pas de nouvelles. Cinq médecins acceptent cependant de participer à l’enquête (dont un en septembre lorsqu’il sera moins débordé).

Si fin août et début septembre, la période estivale joue également en défaveur de l’enquête (onze médecins sont en congés) et mis à part les réticences habituelles (14 médecins ne répondent pas, huit disent ne pas avoir le temps, trois disent ne pas avoir reçu le courrier et autant me recontacteront éventuellement), les médecins semblent un peu plus disponibles (mis à part deux à la retraite). Huit médecins généralistes acceptent de participer à l’enquête dont deux qui renvoient le recueil de consentement d’eux-mêmes.

Les entretiens avec les médecins ont été réalisés de début juillet à mi-octobre 2018, d’abord avec les médecins généralistes puis avec les spécialistes. Ils ont été menés dans les cabinets médicaux et avec l’accord oral des enquêtés (l’un d’entre eux a refusé), ils ont été enregistrés (audio) et retranscrits afin de faciliter le travail d’analyse34.

Tableau 12. Entretiens semi-directifs avec les médecins généralistes Informations sur l’enquêté Informations surl’entretien Classe

statistique Sexe Classe d’âge Indicedéfav. Durée

entretien

exploratoire Homme de 35 à 44 ans 3 4 50 min

1

Femme moins de 35 ans 4 16 35 min

Homme de 55 à 64 ans 2 13 30 min

Homme de 55 à 64 ans 1 7 22 min

Homme plus de 65 ans 1 9 35 min

2

Femme de 35 à 44 ans 2 14 57 min

Femme de 35 à 44 ans 2 17 47 min

Homme de 35 à 44 ans 3 20 1h38min

Femme de 35 à 44 ans 3 25 46 min

Femme de 45 à 54 ans 1 19 1h20 min

Femme de 55 à 64 ans 3 3 40 min +48 min

Informations sur l’enquêté Informations surl’entretien

Homme de 45 à 54 ans 2 8 43 min

Homme de 45 à 54 ans 2 21 42 min

Homme de 55 à 64 ans 4 11 55 min

Lors de la relance téléphonique, les réactions des médecins spécialistes ont été similaires à celles des médecins généralistes. Parmi les réponses à l’appel, dix ont refusé de participer (quatre n’étaient pas intéressés, trois assistantes m’ont annoncé que les médecins ne participaient pas à des enquêtes, deux m’ont dit que le médecin me recontacterait éventuellement et une que le médecin n’avait pas reçu le courrier), six étaient en congés, un à la retraite et cinq ont accepté l’entretien. Notons que si comme pour les médecins généralistes, les médecins spécialistes rencontrés dans le cadre de l’étude prescrivent des arrêts de travail, il s’agit d’une proportion beaucoup plus faible d’entre eux (un peu moins de 30 %) chez les spécialistes (cf. Tableau 6. p. 54).

Tableau 13. Entretiens semi-directifs avec les médecins spécialistes

Informations sur l’enquêté Informations surl’entretien Classe

statistique Spécialité Sexe Classe d’âge

Indice

défav. Durée

1

Psychiatre Homme de 35 à 44 ans 3 18 52 min

Chirurgien Homme de 55 à 64 ans 4 24 22 min

Rhumatologue Femme de 55 à 64 ans 4 23 57 min

2 Gynécologue Femme de 55 à 64 ans 3 22 27 min

3 orthopédiqueChirurgien Homme de 45 à 54 ans 3 15 32 min