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Construction d’une connexion de Cartan en partant d’une

Nous avons montr´e qu’une g´eom´etrie parabolique induit bien une struc-ture parabolique infinit´esimale. Nous allons `a pr´esent montrer une r´eciproque, c’est-`a-dire qu’`a partir d’une structure parabolique infinit´esimale nous allons reconstruire une connexion de Cartan. Le probl`eme ´etant, nous allons le voir, que cette construction n’est pas canonique. Il nous restera alors du travail pour ´etablir un th´eor`eme d’unicit´e.

2.4 Construction d’une connexion de Cartan

en partant d’une structure parabolique

infinit´esimale

Donnons-nous, sur une vari´et´e M , une structure parabolique infinit´ esi-male (p0 : E → M, {TiM }, {θi}). Nous cherchons `a construire une connexion de Cartan dont la structure infinit´esimale induite est notre structure initiale. Cependant une telle connexion n’est pas unique et notre construction va donc n´ecessiter un certain nombre de choix.

Pour construire un P -fibr´e principal p : G → M il nous faut une inclusion i : P0 ,→ P afin de d´efinir G par E ×iP . De plus pour recoller les θi entre eux il va nous falloir un isomorphisme g −→ gr(g). Pour ces deux raisons notre premier choix va ˆetre celui d’une structure alg´ebrique de Weyl  : g−→ gr(g). Ensuite nous pouvons voir que mˆeme recoll´ees, les θi ne d´efinissent pas une 1-forme sur E car il nous manque une 1-forme dans Γ(L(T0E, g0)) (ici se situe le choix fondamental). Nous allons voir que ces deux choix vont ˆetre suffisants.

Fixons-nous alors une structure alg´ebrique de Weyl  : g −→ gr(g). Cela nous procure ainsi une inclusion i : P0 ,→ P . Posons G0 = i(P0) et d´efinissons

`

a pr´esent le P -fibr´e principal p : G → M par G := E ×iP = E ×G0P . Comme nous avons fix´e cette structure alg´ebrique de Weyl, utilisons-l`a compl`etement, c’est-`a-dire qu’en notant g = g−k⊕ · · · ⊕ gk la d´ecomposition de g associ´ee `a notre structure alg´ebrique de Weyl nous consid´erons les ´el´ements θi comme ´

etant `a valeur dans giet non plus dans gri(g/p), nous consid´erons p0 : E → M comme un G0-fibr´e principal et non plus comme un P0-fibr´e principal etc...

Maintenant choisissons une connexion sur p0 : E → M , c’est-`a-dire la donn´ee d’un espace horizontal HE invariant sous l’action principale de G0. Notons γ ∈ Ω1(E , g0), la projection sur V E = ker(p0) parall`element `

a HE dans T E . Cette 1-forme peut bien ˆetre vue `a valeur dans g0 car V E = ker(p0) = T0E = {ζX : X ∈ p0} avec ζX le champ de vecteurs fonda-mental associ´e `a X. Nous avons donc γ(ζX) = X pour tout X ∈ g0 et l’inva-riance de HE se traduit sur γ par une G0 ´equivariance : (rg)γ = Ad(g−1) ◦ γ pour tout g ∈ G0.

Posons HiE := TiE ∩HE pour tout i ∈ {−k, . . . , −1}. Rappelons que TiE est d´efini par p0(TiM ) lorsque nous nous donnons une structure parabolique infinit´esimale. Soit u0 ∈ E, l’application Tu0p0 induit un isomorphisme de Hu0 −→ T xM avec x = p0(u0). Par construction, cet isomorphisme pr´eserve les filtrations.

Cet espace horizontal ainsi que notre structure alg´ebrique de Weyl nous fournissent des projections canoniques de T E sur chaque HiE. Construisons ces projections. Commen¸cons par rappeler que gr(T M ) ' E ×G0 gr(g/p). Ainsi notre structure alg´ebrique de Weyl  : g −→ gr(g) induit un iso- morphisme g/p −→ gr(g/p), G 0-´equivariant (car G0 est exactement le sta-bilisateur de  ∈ w) et donc un isomorphisme ˜Ψ : T M −→ gr(T M ). Comme T p0 respecte les filtrations nous avons mˆeme un isomorphisme Ψ : HE −→ gr(HE). L’espace tangent T E se d´ecompose donc comme T E = V E ⊕ HE = V E ⊕ L−1

j=−kΨ−1(grj(HE )). Nous pouvons ainsi na-turellement d´efinir les projections annonc´ees πi : T E → HiE pour tout i ∈ {−k, . . . , −1} comme ´etant les projections sur HiE parall`element `a V E ⊕L j<iΨ−1(grj(HE )). Posons `a pr´esent : ˜ θ0 := γ ˜ θi := θi◦ πi ∀i ∈ {−k, . . . , −1}.

Avec notre structure alg´ebrique de Weyl nous pouvons voir ces applications dans gi et ainsi d´efinir pour tout u0 ∈ E :

˜ θ(u0) : Tu0E −→ g⊕ g0 ξ 7−→ P−k i=0θ˜ i(ξ) o`u g=L−1 j=−kgj.

Proposition 24 Soit (p0 : E → M, {TiM }, {θi}) une structure parabolique infinit´esimale sur une vari´et´e M . Fixons en plus une structure alg´ebrique de Weyl  : g−→ gr(g) qui nous procure ainsi une inclusion i : P 0 ,→ P et fixons une connexion sur p0 : E → M .

Alors nous avons un P -fibr´e principal sur M donn´e par G := E ×i P et la 1-forme ˜θ pr´ec´edemment d´ecrite ce prolonge en une unique connexion de Cartan ω sur le P -fibr´e principal G : nous disposons ainsi d’une g´eom´etrie parabolique (p : G → M, ω) sur M de type (G, P ).

Preuve de la proposition

Commen¸cons par ´enoncer le lemme suivant.

Lemme 25 La 1-forme ˜θ est une connexion de Cartan sur E de type (Pop, G0) avec Pop la composante connexe rencontrant G0 de {g ∈ G : Ad(g)(gi) ⊂ g−k ⊕ · · · ⊕ gi ∀i ∈ {−k, . . . , k}}.

Preuve du lemme

Nous avons trois points `a v´erifier pour voir que ˜θ est une connexion de Cartan sur E . Soit u0 ∈ E, montrons que ˜θ(u0) : Tu0 = E → g ⊕ g0 est un isomorphisme. Soit ξ ∈ ker(˜θ(u0)) alors γ(u0)(ξ) = 0 donc ξ ∈ HE est un vecteur horizontal. Or sur HE , π−k est ´egal `a l’identit´e donc θ−k(ξ) = 0 ce qui signifie que ξ ∈ T−k+1E. R´ep´etons le mˆeme argument qui provient de l’observation que sur HiE, πi = id. Nous montrons ainsi que ξ ∈ T0E = V E. Finalement, ξ ∈ V E ∩ HE = {0}. Notre application ˜θ est alors injective donc isomorphe par dimension.

Montrons ensuite que ˜θ reproduit les g´en´erateurs des champs de vecteurs fondamentaux. Soit X ∈ g0, le champ de vecteurs fondamental associ´e `a X est ζX ∈ T0E. Comme il est dans T0E, ˜θiX) = 0 pour tout i < 0. Et par d´efinition de γ, ˜θ0X) = γ(ζX) = X, donc ˜θ(ζX) = X.

Montrons enfin que ˜θ est G0-´equivariante. Comme G0 pr´eserve la d´ ecom-position g−k⊕ · · · ⊕ g0, il suffit de v´erifier la G0-´equivariance pour γ et pour les ˜θi de mani`ere ind´ependante. Pour γ cette ´equivariance est d´ej`a connue. Soit i ∈ {−k, . . . , −1}, u0 ∈ E, ξ ∈ Tu0E et g ∈ G0 alors

˜

θi(u0· g)(Tu0rg(ξ)) = θi(u0· g)(πi(Tu0rg(ξ))) = θi(u0· g)(Tu0rgi(ξ)))

car comme G0 pr´eserve la d´ecomposition g−k ⊕ · · · ⊕ g0 et que la structure alg´ebrique de Weyl est G0-´equivariante, l’action de G0 pr´eserve la d´ ecom-position T E = V E ⊕ L

G0-´equivariantes. Reprenons le calcul :

(rg)θ˜i(u0)(ξ) = θi(u0· g)(Tu0rgi(ξ))) = Ad(g−1) ◦ θi(u0)(πi(ξ)) = Ad(g−1) ◦ ˜θi(u0)(ξ).

La 1-forme ˜θ ∈ Ω1(E , g⊕ g0) est donc bien une connexion de Cartan. 

Pour enfin obtenir une connexion de Cartan sur G comme souhait´ee, il faut remonter cette g´eom´etrie parabolique sur G = E ×i P . Pour cela nous allons invoquer la proposition suivante (qui est une version cibl´ee pour notre probl`eme et non celle plus g´en´erale de ˇCap et Slov´ak [ ˇCS09, p. 105]).

Lemme 26 Soient L un groupe de Lie d’alg`ebre de Lie l, G ⊂ L et K ⊂ L deux sous-groupes ferm´es tels que la G-orbite de eK dans L/K soit ouverte. Posons H = G ∩ K, et i : H ,→ K. Notons Φ : G ,→ L et α = Φ0 : g ,→ l. Soit (p : G → M, ω) une g´eom´etrie de Cartan de type (G, H) sur une vari´et´e M .

Alors il existe une unique connexion de Cartan ωα ∈ Ω1(G ×iK, l) de type (L, K) telle que jωα = α ◦ ω ∈ Ω1(G, l) avec j : G → G ×i K qui `a u ∈ G associe la classe de (u, e) dans G ×iK.

Ce lemme nous dit alors qu’il existe une connexion de Cartan ω ∈ Ω1(G, g) caract´eris´ee par jω = ˜θ o`u j : E ,→ G est l’inclusion j(u) = J(u, e)K. Pour finir, montrons que cette connexion de Cartan induit bien la structure pa-rabolique infinit´esimale initiale. Soit u0 ∈ E et ξ ∈ Tu0E alors j(u0) ∈ G, Tu0j(ξ) ∈ Tj(u0)G et par caract´erisation de ω, ω(Tu0j(ξ)) = ˜θ(ξ). Or si main-tenant ξ ∈ TiE pour un i < 0, ˜θ(ξ) = P

j≥iθjj(ξ)) et donc [˜θ(ξ)]i = θii(ξ)) = θi(ξ). Reste simplement `a observer que [˜θ(ξ)]i = [ω(Tu0j(ξ))]i d´efinit justement la structure parabolique infinit´esimale de ω. 

Pour conclure notre construction de la connexion de Cartan il ne nous reste plus qu’`a d´emontrer le lemme pr´ec´edent.

Preuve du lemme

Pour ´etendre notre connexion de Cartan, trois propri´et´es de α : g ,→ l sont mises en ´evidence : elles sont primordiales et apparaissent clairement dans le cas g´en´eral trait´e par ˇCap et Slov´ak [ ˇCS09, p. 105] . Ces propri´et´es sont directes dans notre cas et sont les suivantes. Pour tout h ∈ H,

En effet, comme la G-orbite de eK dans L/K est ouverte, l’application Φ : G ,→ L induit un diff´eomorphisme local Φ : G/H → L/K et nous avons donc, par nature de l’action adjointe, la relation suivante Ad(Φ(h))(Φ0(X)) = Φ0(Ad(h)(X)) pour tout X ∈ g. Par d´efinition de α, cette relation est exac-tement celle recherch´ee. La deuxi`eme propri´et´e souhait´ee est que

(2.4.2) α|h= i0 : h → k.

Il est clair que nous avons bien cette propri´et´e car i = Φ|H et α = Φ0. La troisi`eme propri´et´e est que l’endomorphisme induit par α,

(2.4.3) α : g/h → l/k est un isomorphisme lin´eaire, ce qui est le cas car α = T0Φ.

Ayant rappel´ees les propri´et´es utiles `a α pour construire notre connexion de Cartan sur G ×i K, commen¸cons donc cette construction. Notons q : G ×iK → M . Soit u ∈ G, l’espace tangent `a Tj(u)(G ×iK) est engendr´e par des vecteurs verticaux (c’est-`a-dire les ´el´ements de ker(q)) et des ´el´ements de Tuj(TuG) : en effet, q ◦ j = p donc Tj(u)q(Tuj(TuG)) = Tup(TuG) = Tp(u)M . Nous d´efinissons alors ωα(j(u)) par :

(2.4.4) ωα(j(u))(Tuj(ξ) + ζA(j(u))) := α(ω(u)(ξ)) + A

pour tout ξ ∈ TuG et tout A ∈ k avec ζA le champ de vecteurs fondamental engendr´e par A.

Montrons que ωα(j(u)) est bien d´efinie de cette mani`ere grˆace `a la pro-pri´et´e (2.4.2). Si Tuj(ξ) est vertical alors T q ◦ T j(ξ) = T p(ξ) = 0 donc il existe X ∈ h tel que ξ = ζX(u). Or par d´efinition de j, pour tout h ∈ H, j(u · h) = j(u) · i(h). Posant h = exp(tX) et diff´erenciant en t = 0 nous obtenons Tuj(ζX(u)) = ζi0(X)(j(u)). Comme i0 = α|h,

ωα(j(u))(Tuj(ζX(u))) = α(ω(u)(ζX(u))) = α(X) = i0(X). Ainsi ωα(j(u)) est bien d´efinie.

`

A ce stade l`a, ωα(j(u)) : Tj(u)(G ×iK) → l reproduit les g´en´erateurs des champs de vecteurs fondamentaux. Montrons que c’est un isomorphisme. Puis nous prolongerons cette d´efinition `a tout G ×iK de mani`ere `a avoir la derni`ere propri´et´e manquante pour d´efinir une connexion de Cartan et cette propri´et´e est la K-´equivariance. Si ωα(j(u))(Tuj(ξ) + ζA(j(u))) = 0, alors projetant sur l/k nous obtenons 0 = α(ω(u)(ξ))+k = α(ω(u)(ξ)+h). Par la propri´et´e (2.4.3) cela nous assure que ω(u)(ξ) = X ∈ h c’est-`a-dire que ξ = ζX. En conclusion Tuj(ξ) + ζA(j(u)) est un vecteur vertical. Or par construction ωα(j(u)) est

injective sur les vecteurs verticaux donc Tuj(ξ) + ζA(j(u)) = 0. Nous avons donc bien l’isomorphisme souhait´e.

´

Etendons `a pr´esent la d´efinition de ωα `a tout G ×iK. Soit k ∈ K, u ∈ G et η ∈ Tj(u)·k(G ×iK) posons :

(2.4.5) ωα(j(u) · k)(η) := Ad(k−1)(ωα(j(u))(Tj(u)rk−1η)).

Montrons que ωα d´efinie ainsi est bien d´efinie. Soit (u, ˜u) ∈ G2 et (k, ˜k) ∈ K2 tels que j(u) · k = j(˜u) · ˜k, alors il existe h ∈ H tel que ˜u = u · h. En effet, j(u) = j(˜u)·(˜kk−1) donc il existe h ∈ H tel que ˜kk−1 = i(h−1) et alors j(u) = j(˜u) · i(h−1) = j(˜u · h−1) d’o`u la conclusion par injectivit´e de j. Comme nous venons de voir nous avons aussi la relation ˜k = i(h)k. Revenant `a ωα nous avons ωα(j(˜u)·˜k)(η) = Ad(k−1)◦Ad(i(h)−1)(ωα(j(u·h))(T ri(h)−1◦T rk−1(η))). Ainsi ωα est bien d´efinie si pour tout η ∈ Tj(u)(G ×iK) nous avons

Ad(i(h))(ωα(j(u))(η)) = ωα(j(u · h))(T ri(h)−1η). Or si η est de la forme η = ζA(j(u)) pour un A ∈ k alors

Ad(i(h))(ωα(j(u))(η)) = Ad(i(h))(A) = α(Ad(h)(A)) grˆace `a la propri´et´e (2.4.1). Et par ailleurs,

ωα(j(u·h))(T ri(h)−1ζA(j(u))) = ωα(j(u·h))(ζAd(h)(A)(j(u·h)) = α(Ad(h)(A)). Maintenant si η est de la forme η = Tuj(ξ) pour un ξ ∈ TuG alors

Tj(u)ri(h)−1(η) = Tu(ri(h)−1 ◦ j)(ξ) = Tu·h−1j(Turh−1(ξ)). Ainsi,

ωα(j(u))(T ri(h)−1(η)) = α(ω(u · h−1)(Turh−1(ξ))) = α(Ad(h)(ω(u)(ξ))) = Ad(i(h))(α(ω(u)(ξ)))

grˆace `a la propri´et´e (2.4.1) et nous obtenons donc bien la relation souhait´ee. La 1-forme ωα est donc bien d´efinie sur tout G ×i K. Par construction elle est K-´equivariante. Les autres propri´et´es qui d´efinissent une connexion de Cartan sont v´erifi´ees sur Tj(u)(G ×i K) puis par ´equivariance sur tout

T (G ×iK). 

Avant de continuer sur notre identification entre g´eom´etrie parabolique et structure parabolique infinit´esimale nous allons d´efinir une notion de r´ e-gularit´e. En effet plus tard nous demanderons aux structures paraboliques que nous regarderons de correspondre pleinement `a la g´eom´etrie gradu´ee de l’espace filtr´e T M .

Chapitre 3

R´egularit´e