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C Construction et analyse des séquences d’événements possibles dans une trame

La construction et l’analyse des séquences d’événements fait suite { l’identification de l’ensemble des enchaînements et des empêchements de la trame. Cette étape repose sur les arbres d’interaction, qui ont été construits pour visualiser toutes les séquences

d’événements probabilisées et temporisées de l’ensemble des scénarios. Un scénario

correspond à une coupe des arbres, c’est-à-dire une combinaison d’événements en interaction, représentée par certaines branches de l’arbre seulement.

Pour construire ces arbres, il suffit de représenter les interactions entre les événements par un trait bleu lorsqu’il s’agit d’un enchaînement et par un éclair rouge lorsqu’il s’agit d’un empêchement (cf. Figure 56). Dans ces arbres, chaque événement de l’enchaînement est repéré par le numéro du processus d’action qui le représente ainsi que par le nom donné { ce processus. De plus, chaque événement inhibiteur est représenté par un symbole traduisant la nature de l’inhibition (p. ex. : une croix latine pour symboliser le décès, la lettre grecque lambda pour symboliser la défaillance, etc.). In fine, l’arbre obtenu représente l’ensemble des séquences événementielles débutant ou finissant par un événement particulier, préalablement défini. Lorsque cet événement est le premier de l’arbre, alors la logique d’analyse est déductive puisque l’on cherche { dérouler la (les) séquence(s) { partir de ce point. A l’inverse, lorsque l’événement étudié est le dernier de l’arbre, alors la logique d’analyse est inductive puisque l’on cherche { remonter la (les) séquence(s) menant à ce point.

IV.C.a) Analyse déductive (arbre des conséquences)

La construction d’un arbre déductif commence par la définition d’un événement de départ, généralement identifié { un processus d’action initial. Il peut donc exister plusieurs arbres déductifs pour une même trame. Ensuite, il faut chercher dans la matrice d’interaction tous les processus d’action initiés par ce processus initial et les relier par des traits bleus. Sous chaque trait bleu, la fréquence d’occurrence et le délai du processus d’action initié sont ajoutés. Ils représentent alors la fréquence et le délai de l’enchaînement. Ce travail de recherche et de représentation des enchaînements se poursuit pour chaque nouveau processus d’action identifié jusqu’{ atteindre un processus terminal. Les branches de l’arbre sont alors construites. La dernière étape consiste à ajouter, au-dessus de chaque processus d’action de l’arbre, autant

d’éclairs rouges que de processus d’action pouvant les inhiber. Au-dessus de chaque éclair, un symbole indiquant la nature de l’inhibition est ajouté.

Exemple :

Considérons qu’un feu démarre dans un bâtiment. Dans cet exemple, l’arbre déductif démarrant par l’événement « détection automatique et alarme » (correspondant au processus d’action initial n°7) est celui de la figure suivante. Dans cet exemple, peuvent être dénombrés :

- un processus d’action initial, déclenché par les conditions physiques (cf. le PA n°7 déclenché par le symbole représentant la fumée) ;

- cinq processus d’action initiés, puisque des traits bleus partant d’un autre processus d’action y mènent (cf. PA n°9, n°13, n°2, n°1, N°9 et n°42) ;

- cinq processus d’action inhibiteur représentés par les symboles rouges au-dessus des cinq éclairs rouges (cf. , et ) ;

- quatre processus d’action inhibés, puisque touchés par des éclairs rouges (cf. PA n°7, n°13, n°2 et n°1).

FIGURE 56 :EXEMPLE D’ARBRE DÉDUCTIF

Cet exemple de trame peut se détailler comme suit. La détection est impossible si le détecteur est défaillant (cf. le symbole au-dessus de l’éclair rouge impactant le PA n°7). Si la détection survient dans un scénario, deux événements sont initiés (cf. les

traits bleus partant du PA N°7) : d’une part l’alerte de Madame A (cf. PA n°13) et d’autre

part celle du personnel (cf. PA n°9). Dans cet exemple, le personnel n’entend l’alarme que dans 99 scénarios sur 100 (cf. la probabilité d’enchaînement entre le PA n°7 et le PA n°9). Ensuite, le personnel, appelle les secours (cf. PA n°42) dans un délai compris entre 3 et 5 minutes après avoir été alerté (cf. délai d’enchaînement entre le PA n°9 et le PA n°42). Quant à Madame A, après avoir été alertée, elle sort soit par la porte (cf. PA n°1) soit par la fenêtre (cf. PA n°2). Si la porte est verrouillée (cf. le symbole au-dessus de

l’éclair rouge impactant le PA n°1), elle ne peut pas sortir par cette issue. Enfin, tout au

long de son séjour dans le bâtiment, Madame A peut perdre la vie et ainsi sa capacité

d’action (cf. le symbole au-dessus des éclairs rouges impactant les PA n°12, n°1 et

n°2).

En définitive, ces arbres servent l’analyse des séquences événementielles et ce pour deux raisons.

D’une part, ils permettent de mesurer les conséquences d’un événement sur la suite des événements. Ceci explique d’ailleurs pourquoi ces arbres s’apparentent { des arbres des

- un grand nombre de branches (il correspond donc d’un processus d’action nœud) ; - de longues branches.

D’autre part, ils mettent en évidence { la fois l’étendue du rôle d’une entité et sa fragilité. En effet, une entité est d’autant plus importante qu’elle est l’acteur de nombreux processus d’action (c'est-à-dire qu’elle réalise beaucoup d’événements) et que ces processus d’action initient eux-mêmes beaucoup d’autres processus (c’est-à-dire que ses actions ont d’importantes conséquences). En parallèle, une entité est d’autant plus fragile que les processus d’action qu’elle réalise sont susceptibles d’être inhibés par des événements bloquants (c’est-à-dire que ses actions peuvent être contrecarrées).

IV.C.b) Analyse inductive

La construction d’un arbre inductif commence également par la définition d’un événement de départ, généralement identifié { un processus d’action terminal. Ensuite, il faut chercher dans la matrice d’interaction tous les processus d’action initiateurs de ce processus terminal et les relier par des traits bleus. La suite de la construction est identique aux arbres déductifs, à la différence près que l’on cherche { remonter l’enchaînement (et donc { trouver les processus initiateurs) jusqu’{ trouver un processus d’action initial.

Exemple :

Reprenons l’exemple précédent (cf. Figure 56) et cherchons toutes les séquences d’événements pouvant mener au processus d’action terminal « Madame A sort par la porte ». Dans cet exemple, deux branches d’arbre y mènent : celle initiée par de la détection humaine (cf. PA n°15) et celle initiée par de la détection automatique (cf. PA n°7). Il y a donc redondance, ce qui signifie que Madame A tente de sortir par la porte qu’elle ait pris conscience du danger par elle-même (cf. PA n°15) ou par l’intermédiaire de l’alarme (cf. PA n°13). De plus, dans cet exemple, Madame A ne voit pas le foyer dans un scénario si elle dort (cf. le symbole au-dessus de l’éclair rouge impactant le PA n°15). Les autres éléments sont identiques { ceux de l’exemple du paragraphe IV.C.a).

FIGURE 57 :EXEMPLE D’ARBRE INDUCTIF

En définitive, ces arbres servent { l’analyse des séquences événementielles en mettant en évidence le degré de redondance des branches menant à un événement. En effet, à chaque fois qu’une redondance existe, un nœud apparaît dans les arbres. En général, il suffit qu’une seule des branches menant au nœud se réalise pour causer l’événement du nœud. Ainsi, avant les simulations, il est possible de déduire qu’un événement a d’autant plus de chance de se réaliser :

- que de nombreuses branches y mènent ;

- que les fréquences d’enchaînement sur ces branches sont proches de un ;

- que les branches sont peu soumises aux ruptures, c’est-à-dire que peu de processus d’action inhibiteurs les impactent ;

- que les ruptures sont peu fréquentes, c’est-à-dire que les processus d’action inhibiteurs sont durs { réaliser (soit leur fréquence d’occurrence est proche de zéro, soit leur événement initiateur est rare).