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IV.B.a) Définition des types d’interaction entre événements

Dans les étapes précédentes de la démarche, les événements ont été identifiés de manière indépendante, { l’aide du modèle du processus d’action. Pour reconstituer la vue d’ensemble de la trame, il est nécessaire d’identifier les interactions entre événements. Le langage a été construit pour définir deux types d’interactions entre processus d’action :

- des enchaînements : l’occurrence d’un processus d’action, dit processus initiateur, entraîne l’occurrence potentielle d’un autre processus d’action, dit processus initié ; - des empêchements : l’occurrence d’un processus d’action, dit processus inhibiteur,

empêche la réalisation d’un autre processus d’action, dit processus inhibé. Concrètement :

- identifier des enchaînements d’événements revient à reprendre les événements terminaux d’un processus d’action et de chercher dans quels autres processus ils apparaissent en tant qu’événements initiateurs, et ainsi de suite tant que ce couplage existe ;

- identifier des empêchements d’événements revient { reprendre les vannes bloquées par un processus d’action et { chercher dans quels autres processus ces vannes apparaissent comme cibles devant être bougées.

Exemple :

Soient les trois processus d’action suivants :

- PA n°1 : ouverture d’une porte par un occupant ;

- PA n°2 : fermeture de cette même porte par un ferme-porte ; - PA n°3 : ruine thermique de cette porte.

La lecture de la Figure 54 met en lumière les deux types d’interactions entre processus : l’enchaînement en bleu et l’empêchement en orange. D’une part, le processus d’action PA n°1 (ouverture de la porte) conduit au processus d’action PA n°2 (fermeture de la porte) dans 99% des scénarios, car l’événement terminal du processus PA n°1 (porte ouverte) est également l’événement initiateur du processus d’action PA n°2 (porte ouverte) et car la fréquence d’occurrence du PA n°2 est de 99%. D’autre part, le processus d’action PA n°3 (destruction de la porte), s’il survient, empêche la réalisation des PA n°1 et PA n°2 puisque le PA n°3 bloque les vannes V1 et V3 utilisées dans les PA n°1 et n°2.

FIGURE 54 :LES INTERACTIONS ENTRE PROCESSUS DISCRETS

IV.B.b) Outil mis à disposition pour gérer les interactions entre événements

Sachant que le nombre de processus d’action d’une trame peut très facilement dépasser la dizaine, un outil a été construit à la fois pour repérer l’ensemble des interactions (enchaînement et empêchement) entre les processus d’action et pour évaluer l’impact d’un événement sur les autres événements. Cet outil, inspiré de (Dassens, 2007) porte le nom de

matrice d’interaction. Une matrice d’interaction est une matrice carrée NxN (avec N le nombre

de processus d’action) dans laquelle il convient de noter l’existence d’enchaînements et d’empêchements entre les processus d’action. Pour y parvenir, le remplissage de la matrice est réalisé ligne par ligne, en regardant pour chaque processus d’action en tête de ligne (i) s’il peut engendrer ou inhiber la réalisation d’un ou de plusieurs processus d’action(s) indiqué(s) en tête de colonne (j). S’il s’agit d’un engendrement, alors l’interaction est de type enchaînement de processus et lien est matérialisé par la lettre I (comme initiation) dans la coordonnée i,j. S’il s’agit d’une inhibition, alors l’interaction est de type empêchement, et lien est matérialisé par la lettre B (comme blocage) dans la coordonnée i,j.

Exemple :

La matrice d’interaction de l’exemple précédent (celui de la porte) est la suivante. Dans cette matrice, la lettre I dans la coordonnée (1,2) signifie que le processus d’action n°1 entraîne le processus d’action n°2. De même, les lettres B aux coordonnées (3,1) et (3,2) signifient que le processus d’action n°3 empêche la réalisation des processus d’action n°1 et n°2.

FIGURE 55 :EXEMPLE TRÈS SIMPLE DE MATRICE D’INTERACTION

1 2 3

1 I

2

3 B B

Processus initié (I) ou inhibé (B) Pr o ce ss u s in iti ate u r (I ) o u in h ib ite u r (B )

La matrice d’interaction est incontournable pour construire les réseaux de Petri car elle renseigne sur la manière dont les événements s’agencent les uns par rapport aux autres au cours du temps. De plus, elle est destinée { identifier l’impact et le degré d’impact d’un processus d’action sur les autres.

Pour illustrer l’évaluation de cet impact, considérons un processus d’action dont les interactions avec les autres processus d’action sont identifiées dans la ligne i et dans la colonne j de la matrice d’interaction. Concernant la ligne i, les trois cas de figure extrêmes suivants sont possibles :

a) La ligne i est vide

Dans ce cas, le processus d’action n’initie ni inhibe aucun autre processus d’action. En d’autres termes, l’occurrence de cet événement ne conditionne pas la suite des événements de la trame. Un tel événement correspond { un processus d’action dit terminal, car il n’a pas de processus enfants (p. ex. : l’extinction).

b) La ligne i est remplie de beaucoup de « I »

Dans ce cas, le processus d’action peut initier de nombreux autres processus d’action. Un tel processus est appelé processus d’action nœud, ce qui signifie que l’événement qu’il représente présente un très fort potentiel d’impact la suite des événements. Son occurrence est stratégique.

c) La ligne i est remplie de beaucoup de « B »

Dans ce cas, l’occurrence de ce processus d’action peut inhiber beaucoup d’autres processus d’action. Ce type d’événement dispose d’un fort potentiel de perturbation sur la suite des événements.

De la même manière, les trois cas de figure extrêmes suivants peuvent être identifiés pour la colonne j :

a) La colonne j est vide

Cette constatation signifie que le processus d’action n’est ni initié ni inhibé par un autre processus d’action. Ce type de processus d’action est dit initial (car sans parents) et ce cas correspond à un événement déclenché soit par les conditions physiques, soit par le début du scénario (p. ex. : la détection).

b) La colonne j est remplie de beaucoup de « I »

Cette constatation indique que le processus d’action peut être initié par de nombreux autres processus d’action. Ce type de processus est également appelé processus « nœud ». Ce cas signifie que l’occurrence de l’événement est augmentée par la redondance des événements y menant.

c) La colonne j est remplie de beaucoup de « B »

Dans ce cas, le processus d’action peut être inhibé par beaucoup d’autres processus d’action. L’occurrence de l’événement représenté est d’autant plus compromise que les « B » sont nombreux.

IV.B.c) Synthèse

Dans le langage ISI-Systema, deux types d’interactions entre processus d’action existent : les enchaînements d’une part et les empêchements d’autre part. Ces interactions sont regroupées dans une matrice, appelée matrice d’interaction. Cette dernière est particulièrement utile pour mesurer leur degré d’interaction entre deux processus d’action. Cette mesure s’obtient en comptant le nombre d’interactions (enchaînements ou empêchements) d’un processus d’action sur les autres. Plus le nombre est élevé, plus l’événement représenté dispose d’un degré d’interaction fort avec les autres événements. En d’autres termes, son occurrence dépend fortement de ce qui s’est passé dans le scénario et/ou conditionne fortement la suite du scénario. Toutefois, pour que cette mesure soit plus fine, il serait nécessaire d’ajouter dans ces matrices les fréquences d’occurrence conditionnelles des événements, définies dans les conditions d’initiation de chaque processus d’action. Cet ajout pourrait être envisagé, en s’inspirant de la méthode MACR détaillée en partie IV.C du premier chapitre. Pour pallier cette limite, ainsi que pour visualiser les séquences d’événements possibles, les représentations arborescentes ont été élaborées. Elles sont détaillées dans le paragraphe suivant.

IV.C Construction et analyse des séquences d’événements possibles dans une