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Le comportement humain peut se découper en deux phases : - comportement avant la prise de conscience du danger ; - comportement après la prise de conscience du danger.

Par conséquent, la prise de conscience du danger par un individu ainsi que son comportement avant et après cet événement doivent être représentés.

Le comportement avant la réalisation de la situation de danger consiste à vaquer à ses occupations. In fine, en sécurité incendie, la connaissance de ses occupations est plutôt importante pour localiser la personne au cours du temps que pour savoir précisément ce qu’elle fait et pourquoi.

A l’inverse, le comportement après la prise de conscience du danger requiert une description plus poussée, et il est possible de décomposer ce comportement en actions du type :

- déplacement (dans le but d’évacuer, de se confiner, de lutter contre le feu…) ; - propagation de l’alerte ;

- secours aux victimes ; - lutte contre le danger.

De plus, pour mener à bien ses actions, un individu peut être amené à manipuler des ventaux (p. ex. : ouvrir une porte, la refermer derrière lui, la déverrouiller, briser un vitrage…)

Enfin, { tout instant et ce quel que soit son état d’alerte, un individu peut, sous l’effet des sources de danger, perdre (temporairement ou totalement) sa capacité d’agir. Ce point sera traité dans la partie III.E.b).

Remarque :

À ce jour, SCHEMA-SI n’intègre pas de modèle continu d’évacuation des personnes et cette évacuation est représentée comme une succession d’événements discrets. Pour cette raison, tous les exemples suivants correspondent à une description événementielle du comportement humain. Toutefois, il est important de noter que le langage, étant

adapté pour représenter une description hybride, permettra d’épouser les évolutions potentielles de SCHEMA-SI.

III.C.a) Prise de conscience du danger

En admettant que le message « danger dans l’établissement » soit un élément noté i, qui puisse être propagé dans le système ; l’individu peut alors être considéré comme une entité capable de mémoriser (processus de stockage) cet élément lorsqu’il le reçoit. Se basant sur ce principe, l’exemple de la Figure 46 peut être construit. Dans cet exemple, l’individu peut détecter la fumée (représentée par une boite fonctionnalisée d’un processus de création d’information). La fumée est alors considérée comme un signal de danger c’est-à-dire un signe détectable de la présence d’un feu dans l’établissement.

Remarque :

Une source de danger est un vecteur de danger, tandis qu’un signal de danger est un vecteur d’information. Cette distinction a été introduite car elle permet de séparer ce qui a trait aux échanges de matière et d’énergie (source de danger) de ce qui a trait aux échanges d’information (signaux de danger).

Légende :

FIGURE 46 :EXEMPLE DE REPRÉSENTATION DE LA PRISE DE CONSCIENCE DU DANGER PAR UN INDIVIDU

La prise de conscience du danger étant événementielle, les possibilités sont binaires : soit le message est reçu et l’individu est alerté, soit le message n’est pas encore reçu et l’individu ignore la présence de danger. En outre, le transfert de message d’une boite { l’autre se fait instantanément, dès que la vanne est ouverte par un processus d’action. Ainsi, le processus d’action permet de définir les conditions { respecter pour que le message soit transmis ou bloqué. Par exemple, les deux figures suivantes représentent deux processus d’action : l’un exprimant le transfert du message et l’autre son blocage. Enfin, puisque l’information n’obéit pas aux principes de conservation (elle est, par nature, duplicable à loisir), elle peut coexister simultanément dans différentes boites. Le transfert d’un message d’alerte n’a donc pas pour effet de vider la boite source pour remplir la boite cible ; au contraire, il maintient la boite source remplie et remplit également la boite cible (phénomène de mémorisation). Pour être plus rigoureux, il conviendrait d’utiliser plutôt le terme de processus de transmission que de processus de transfert pour ce qui est de l’information.

L’individu détecte la fumée dans un délai compris entre 30 et 45 secondes après que la fumée ait commencé à envahir le local (hauteur libre de fumée inférieure à la hauteur du plafond). Cette détection ne peut avoir lieu qu’{ la condition que la vanne soit disponible, c’est-à-dire qu’aucun autre processus d’action ne l’ait préalablement bloquée.

Toutefois, une fois sur quatre, l’individu est endormi au début du scénario, ce qui le rend incapable de détecter le danger. Dans ce cas, la vanne V1 est bloquée fermée, et l’individu ne sera donc pas alerté lorsque la fumée envahira le local (la vanne V1 étant bloquée, le processus précédent ne pourra pas se réaliser).

III.C.b) Déplacement – évacuation, confinement, intervention

En considérant que chaque local a la capacité d’accueillir des individus, il est possible de représenter les locaux par des boites (processus de stockage). Les individus sont alors des éléments notés p (comme « personnes »), qui se déplacent de local en local (de boite en boite) par l’intermédiaire des voies de passage (des connections). La Figure 47 illustre un exemple de déplacement dans lequel un individu, initialement dans la chambre peut passer soit dans le couloir (par une porte ; cf. flux d’individu – vanne V1), soit directement dehors (par une fenêtre, si la chambre est de plain-pied ; cf. flux d’individu – vanne V2).

Légende :

Le déplacement des personnes étant traité de manière événementiel, la description est binaire, c’est-à-dire que soit l’individu (ou le groupe d’individus) est dans la pièce, soit il n’y est pas. En outre, le passage d’un local { un autre se fait instantanément, dès que la vanne est ouverte par un processus d’action. En conséquent, il convient de définir, pour chaque individu ou groupe d’individus, les conditions de passage d’un local { un autre sous forme de processus d’action. À ce titre, deux exemples de processus d’action sont proposés ci-après.

Lorsque la personne est alertée, elle sort de la chambre par la porte dans un délai de 30 secondes à 1 minute (ouverture de la vanne V1 et transfert de la personne de la chambre au couloir).

Toutefois, dans 1 scénario sur 10, la porte est initialement fermée à clef, ce qui a pour effet d’empêcher la sortie de la personne (vanne V1 bloquée, et donc impossibilité de réaliser le processus d’action précédent).

Dans ce cas, 8 fois sur 10, la personne a l’idée de sortir par la fenêtre, sortie qui lui réclame entre 45 secondes et 1 minute 30 pour être accomplie (ouverture de la vanne V2 et transfert de la personne de la chambre vers l’extérieur).

Ainsi, dans cet exemple, la personne reste bloquée à l’intérieur de sa chambre dans 2% des scénarios puisque :

( )

III.C.c) Propagation de l’alerte

De la même manière que pour la prise de conscience du danger, il est possible de représenter :

- toute entité pouvant être alertée ou activée par une boite (processus de stockage) ; - un message d’alerte par un élément ;

- les possibilités de communication, d’alerte et d’activation par des connexions et des flux. Puis, il convient de définir, { l’aide des processus d’action, les conditions { respecter pour que ces échanges d’information se réalisent ou se bloquent.

Dans l’exemple de la Figure 48, un individu - l’individu A -, détecte la fumée dans une chambre. Suite { cela, il peut alerter les secours et activer l’alarme de type « coup de poing » du couloir. Cette alarme, lorsqu’elle retentit, peut { son tour alerter les individus B et C se trouvant dans le hall.

FIGURE 48 :EXEMPLE DE REPRÉSENTATION DE LA PROPAGATION DE L’ALERTE

Remarque :

Lorsque de nombreuses boites sont impliquées dans la propagation de l’alerte, il est utile de spatialiser les entités représentées par des boites par des bulles colorées représentant les locaux et l’environnement, appelé ici milieu extérieur. Lorsque les entités se déplacent, il convient de représenter au moins leur position initiale.

Les processus d’action ci-dessous illustrent quelques conditions de transfert et de blocage du message d’alerte. D’autres processus d’action peuvent être construits, donnant cohérence et variété à la trame (p. ex. : détectabilité de la fumée, réception de l’alarme, sommeil, surdité…).

Lorsque l’individu A est alerté (boite B pleine) et qu’il parvient dans le couloir (événement initiateur), il active l’alarme 3 fois sur 10 (fréquence d’occurrence).

Toutefois, 1 fois sur 100, l’alarme est défaillante et ne s’active pas { la sollicitation (vanne V3 bloquée fermée, impossibilité de réaliser le processus d’action précédent).

Lorsque l’individu parvient hors du bâtiment (événement initiateur), il reprend ses esprits et cherche un téléphone, ce qui lui prendre entre 1 à 5 minutes après sa sortie (délai). Une fois ces actions réalisées, il compose le 18 et alerte les secours (ouverture de V2, remplissage de la boite C).

III.C.d) Secours aux victimes

Lors d’un incendie, le secours aux victimes consiste dans un premier temps à évacuer les victimes afin de les soustraire { la situation de danger. Ce n’est que dans un deuxième temps, lorsque les victimes sont en sécurité, que les soins sont apportés. Dans le cadre d’une étude d’ingénierie, c’est surtout le premier temps qui est important { modéliser car il se déroule { l’intérieur du système.

La Figure 49 ainsi que le processus d’action suivant donnent un exemple de secours aux victimes. Dans cet exemple, un sapeur-pompier peut pénétrer dans une chambre par la fenêtre pour en sortir une victime inanimée.

Légende :

FIGURE 49 :EXEMPLE DE REPRÉSENTATION DU SAUVETAGE D’UNE PERSONNE

Les deux processus d’action suivants détaillent le déroulement de l’intervention de sauvetage.

Le sapeur-pompier, après être arrivé sur site (événement initiateur), entre dans la chambre par la fenêtre en 1 minute.

Une fois sur les lieux (boite A pleine), il porte secours à la victime inanimée (la vanne V3 bloquée représente l’incapacité de la victime { sortir d’elle-même). Il sort du bâtiment avec la victime (ouverture simultanée des deux vannes V2 et V3) en 45 secondes.

Remarque :

Il est possible de définir un seul processus d’action pour deux vannes. III.C.e) Lutte contre le danger

Les actions de lutte contre le danger ont pour objectif la réduction des sources de danger, telles que le foyer ou la fumée. Ces actions ont donc un impact direct sur le modèle physique, qu’il convient de modéliser (p. ex. : calcul des débits massiques et énergétiques extraits et injectés au

niveau d’une installation de désenfumage mécanique ; modélisation du phénomène d’extinction…).

Dans le langage ISI-Systema, ce type d’action se représente par un processus d’action impactant les vannes de masse et d’énergie. Le recours { un processus d’action permet de définir l’entité qui réalise l’action, les conditions { respecter pour que cette action ait lieu ainsi que les flux de masse et d’énergie { modifier dans le modèle physique. Par exemple, une action d’extinction totale menée par les secours peut se représenter par la fermeture des vannes V1, V2 et V3 de la Figure 44. Cette action a pour effet de supprimer le foyer de la chambre, puisque toutes les connexions du foyer avec le reste du système sont interrompues.

III.C.f) Actionnement de ventaux

De la même manière, l’ouverture et la fermeture des ventaux (portes et fenêtres) sont représentées par des processus d’action impactant des vannes du modèle physique.

Par exemple, les processus d’action suivants représentent des exemples d’action qu’un individu peut avoir sur une porte.

Lorsqu’il se déplace de la chambre au couloir (l’événement initiateur correspond { l’entrée dans le couloir), l’individu ouvre la porte de la chambre (cf. vannes V1 et V5 de la Figure 45) si celle-ci est fermée (cf. état initial des vannes).

De même, lorsque l’individu se déplace de la chambre au couloir, il ferme la porte de la chambre une fois sur deux. Cette action est vérifiée que la porte ait été initialement ouverte ou que l’individu ait été amené { l’ouvrir pour passer.

Remarque :

Les actions d’ouverture de porte et de déplacement sont définies comme des processus d’action distincts. Ce parti a été pris puisqu’il s’agit d’actions potentiellement indépendantes. En effet, il est possible d’ouvrir une porte sans sortir tout comme il est possible de sortir sans ouvrir une porte si celle-ci l’est déj{.

III.C.g) Synthèse

Les paragraphes précédents permettent de tirer deux conclusions.

Tout d’abord, dans un incendie, un individu est amené { remplir plusieurs rôles. Pour cette raison, le comportement humain est décomposé en une multitude de processus élémentaires, et donc également en une multitude de symboles. Par exemple, une même personne peut à la fois être représentée par :

- des boites stockant de l’information ; car elle peut avoir conscience de la présence de danger dans l’établissement en feu ;

- des flux d’informations ; car elle peut recevoir et émettre l’alerte c’est-à-dire qu’elle peut communiquer ;

- des éléments, eux-mêmes stockés dans des boites représentant les locaux et transférés dans des connexions représentant les ouvrants ; car elle peut rester dans un local et/ou se déplacer de local en local en passant à travers les ouvertures ;

- des modèles de processus d’action, car il faut :

 définir les conditions pour que les possibilités de communication et de déplacement détaillées ci-avant se réalisent (p. ex. : elle décide de sortir deux minutes après avoir vu le feu) ou s’inhibent (p. ex. : si elle dort, elle ne réalise pas qu’il y a le feu) ;

 définir des conditions pour que la personne ait des actions sur le reste du système (p. ex. : elle ouvre la porte quand elle sort, elle tente d’éteindre le feu dès qu’elle le voit, elle emporte un extincteur en sortant).

Ensuite, avec SCHEMA-SI, le comportement humain est représenté par une série d’événements et non par un modèle continu comme c’est le cas pour la masse et l’énergie. Toutefois, les cinq mêmes processus sont utilisés pour décrire le comportement humain. Cela n’est possible que si les conditions suivantes sont respectées :

- il n’y a qu’un seul élément processé (p. ex. : une personne ou un groupe de personne dont le comportement est similaire, un message d’alerte) ;

- les débits sont infiniment rapides, ce qui revient à adopter une description binaire (p.ex. : soit le message est transmis, soit il ne l’est pas ; soit la personne est dans la pièce, soit elle ne l’est pas) ;

- tous les événements représentant le comportement humain doivent être décris par des processus d’action (il peut donc y avoir beaucoup de processus d’action dans une trame).